Louis Bernard
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Louis Bernard

Entretiens

Michel Sarra-Bournet

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Louis Bernard

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Michel Sarra-Bournet

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Louis Bernard a été une des personnes les plus influentes au sein de l'État québécois pendant plus de trois décennies. Il a tour à tour été qualifié de « mandarin des mandarins », parce qu'il a été le patron de tous les fonctionnaires, et d'« éminence grise », en raison de sa participation aux décisions gouvernementales sous plusieurs premiers ministres. La plupart des Québécois savent peu de choses de celui qui a pourtant été un proche collaborateur de René Lévesque et de Jacques Parizeau, et qui a également conseillé Jean Lesage, Daniel Johnson, Jean-Jacques Bertrand, Robert Bourassa, Lucien Bouchard et Bernard Landry. En recueillant son témoignage sur les événements politiques qu'il a vécus et ses propos sur la gouvernance et l'avenir du Québec, cet ouvrage rend compte de sa contribution aux affaires publiques.

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Información

 
Chapitre 1
UN MOT SUR MOI
Karl Popper, mon maître à penser
 
Monsieur Bernard, vous vous décrivez comme un technicien qui aime la théorie, mais pas nécessairement celle des revues savantes. Vous avez néanmoins des maîtres à penser, n’est-ce pas ?
J’aime à croire que nous avons tous des maîtres à penser. Personnellement, j’ai amplement profité de mon séjour à la London School of Economics and Political Science (LSE) pour approfondir un certain nombre de disciplines qui m’ont beaucoup aidé dans la suite de ma carrière. J’avais reçu une bonne formation en droit à l’Université de Montréal et, à Londres, j’ai pu élargir considérablement mon bagage de connaissances. La LSE est une université où s’enseigne l’ensemble des sciences humaines. Une fois inscrit, on y a accès à des cours de science politique, d’économie, de géographie, de philosophie, de droit, évidemment. Ce qui m’a permis d’approfondir certaines disciplines que je connaissais peu, et notamment l’administration publique, qui m’intéressait particulièrement. J’ai commencé à fréquenter les « bonzes » de la science administrative, Henri Fayol, Herbert A. Simon, Luther Gulick1. C’est de cette façon que je me suis familiarisé avec les sciences de l’administration, y compris la science économique, avec Paul A. Samuelson et son fameux manuel2.
C’est alors que j’ai lu ce qui est devenu mon livre de chevet et la pierre d’assise de ma pensée politique : La Société ouverte et ses ennemis, de Karl Popper3. Popper était professeur à la LSE, mais ce n’est pas comme enseignant qu’il m’a influencé ; plutôt comme penseur. De profession, il est épistémologiste, mais son livre porte sur la science politique. J’y ai trouvé les grands principes qui ont forgé ma conception de la société.
Le premier de ces principes est ce qu’il appelle la piecemeal social engineering4, selon lequel, si on veut améliorer la société, il faut y aller pas à pas, par améliorations successives, par la méthode d’essais et d’erreurs, un peu comme on construit une automobile. Par exemple, quand on compare le modèle T de Ford à ce qu’on trouve maintenant sur le marché, on voit que ce n’est pas du tout le même véhicule. Mais personne n’a directement conçu l’automobile qu’on achète aujourd’hui. Ce sont des améliorations progressives, apportées d’année en année, qui ont fait qu’elle est loin du modèle T de Ford. La philosophie de Popper est que, en ce qui concerne la société, on peut avoir des utopies à l’esprit, des objectifs à atteindre, mais que la bonne façon d’y arriver, c’est de partir du présent et de voir comment on peut, petit à petit, en améliorer le fonctionnement. Ce principe de la piecemeal social engineering a été à la base de ma pensée politique.
La deuxième idée qui m’a beaucoup influencé est que, quand on agit dans le secteur public en particulier, il faut d’abord chercher à corriger les erreurs, à combattre le mal, ou mieux encore à l’éviter. Il vaut mieux faire reculer la misère que chercher à créer le paradis sur terre. Cela ne veut pas dire, évidemment, qu’on ne peut pas tenter de faire les deux. Mais la première action est plus importante que la deuxième. C’est une attitude qui m’a continuellement inspiré.
La troisième idée est que les institutions sont, dans un sens, plus importantes que les individus : si on veut travailler à long terme, il vaut mieux chercher à améliorer les institutions que rechercher le sauveur qui transformera la société. Celle-ci, à la longue, progresse davantage grâce à de bonnes institutions qu’à de bons dirigeants. D’autant plus que, généralement, les bonnes institutions attirent les bons dirigeants.
 
La dernière idée que j’ai retenue de Popper porte sur la nature, le but de nos institutions démocratiques. L’objectif principal de la démocratie est de permettre le changement pacifique des dirigeants, et non de permettre au peuple de diriger directement la société. Plutôt que de tâcher de mettre le pouvoir directement dans les mains du peuple, il faut s’assurer que les dirigeants élus rendront des comptes au peuple et que celui-ci pourra les changer sans violence. Ce principe a coloré ma réflexion sur nos institutions démocratiques et sur ce qu’on peut en attendre.
Voilà comment Karl Popper est devenu mon maître à penser.
1. Henri Fayol (1841-1925) est un pionnier de l’introduction des méthodes scientifiques en administration. Voir Administration industrielle et générale. Prévoyance, organisation, commandement, coordination, contrôle. Herbert A. Simon (1916-2001) est un théoricien multidisciplinaire, notamment du champ de la théorie des organisations et de la prise de décision. Voir Administrative Behavior. A Study of Decision-Making Processes in Administrative Organization. Ce livre en était à sa quatrième édition en 1997. Luther Gulick (1892-1993) est un théoricien et praticien de l’administration publique connu pour sa théorisation des fonctions exécutives. Il a travaillé pour Franklin D. Roosevelt et la Ville de New York.
2. Paul A. Samuelson (1915-2009), lauréat d’un prix Nobel en 1970, est un économiste. Il a cherché à réconcilier le keynésianisme et les thèses néoclassiques. Voir Economics : An Introductory Analysis (en français L’Économique), le manuel qu’il a retravaillé jusqu’à sa douzième édition en 1983.
3. Karl Popper (1902-1994) est un philosophe et professeur de la LSE. Son œuvre classique, écrite durant la Deuxième Guerre mondiale, est une défense de la démocratie libérale. Voir La Société ouverte et ses ennemis. Il a inventé le concept de la réfutabilité comme critère essentiel de la science. Voir Conjectures et réfutations. La croissance du savoir scientifique.
4. L’ingénierie sociale fragmentaire, ou progressive.
Chapitre 2
LA RÉVOLUTION TRANQUILLE
La nature de la Révolution tranquille
Selon vous, le changement doit être graduel. Vous vous définissez comme un réformiste. Cela dit, une période qu’on a appelée la Révolution tranquille a eu lieu. Même si certains ont prétendu qu’il ne s’agissait pas d’une véritable révolution, on a quand même changé l’ordre des choses, l’ordre établi, ne serait-ce qu’en déclassant un pouvoir important, l’Église catholique. La Révolution tranquille représente une prise en main de notre destin par l’intermédiaire de l’appareil étatique, qui est l’institution par laquelle les choses arriveront. En mobilisant l’État, c’est-à-dire le gouvernement, le Parlement et l’administration, on a pu maîtriser d’autres secteurs, comme le culturel et le social. Cette Révolution tranquille que vous avez vécue, quel bilan en faites-vous ?
Ce qui fait qu’à mon sens la Révolution tranquille a été une vraie révolution, c’est qu’il y a eu rupture avec le passé, tandis que dans une simple réforme, on cherche à améliorer ce qui existe en en conservant les caractéristiques principales. Lors de la Révolution tranquille, le Québec a vraiment coupé les liens avec son passé. Je l’ai d’ailleurs moi-même vécu. J’étais alors au début de la vingtaine, et je peux vous assurer que c’était le jour et la nuit entre l’esprit qui animait le Québec après la Révolution tranquille et celui qui animait les forces en place auparavant. Cela a été une vraie libération et, de ce point de vue, c’était une véritable révolution. On dit qu’elle était tranquille, car il n’y a pas eu de violence. Elle ne s’est pas faite dans le sang comme la Révolution française. Mais c’était une cassure. D’ailleurs, certains la regrettent et croient qu’on a mis de côté des choses valables, qu’on aurait pu, au lieu de faire tabula rasa, être plus réformistes.
La nécessité d’une révolution
Pourquoi cette révolution a-t-elle eu lieu chez nous ? Les institutions étaient-elles devenues si inadéquates dans les années 1950 ? Vous qui préconisez les changements graduels, ne pensez-vous pas que certaines choses auraient pu être conservées ?
Si on pense qu’on peut avoir en même temps le beurre et l’argent du beurre, peut-être ; mais, dans les circonstances, ce n’était pas possible. Il fallait rompre avec le passé pour repartir. On ne pouvait pas faire autrement. Est-ce que, malgré tout, on a pu sauvegarder un certain nombre de choses essentielles ? Je le pense. Nous sommes restés catholiques, mais pas avec le même catholicisme qu’autrefois. Nous avons continué à parler le français ; on y a même accordé une importance plus grande. Nous avons conservé le parlementarisme britannique, tout en l’adaptant à notre réalité. Donc, beaucoup de choses ont finalement été conservées. Cela dit, quand nous nous sommes mis en marche, nous avons surtout fait du rattrapage, et nous nous sommes grandement inspirés de ce que nous voyions de mieux chez nos voisins. Prenons l’exemple de la fonction publique. Nous avons décidé d’avoir une fonction publique de carrière plutôt qu’une fonction publique purement discrétionnaire comme celle qui existait auparavant. Mais cette fonction publique de carrière existait au fédéral, en Ontario, ailleurs. Nous l’avons importée, si vous voulez, en l’adaptant à nos besoins. Beaucoup d’autres choses, comme la présence de l’État dans le domaine s...

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