Candide
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Candide

A Dual-Language Book

Voltaire

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Candide

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Voltaire

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Evergreen in its appeal, Candide makes us laugh at human folly and marvel at our reluctance to face reality and the truth. Voltaire's brilliant satire, first published in Paris in 1759, is relentless and unsparing. Virtue and vice, religion and romance, philosophy and science — all are fair game.
Through the adventures of young Candide, his love Cunégonde, and his mentor Dr. Pangloss, we experience life's most crushing misfortunes. And we see the redeeming wisdom those misfortunes can bring — all the while enjoying Voltaire's witty burlesque of human excess.
In this unique volume, readers who wish to follow every nuance of Voltaire's classic tale in the original French can do so with the aid of a new and exacting English translation on facing pages. Shane Weller's critical introduction illuminates the satire of Candide and the reasons for its enduring appeal.

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Informations

Année
2012
ISBN
9780486117638
CANDIDE
OU
L’OPTIMISME
Traduit de l’Allemand
DE MR LE DOCTEUR RALPH
Avec les additions qu’on a trouvĂ©es
dans la poche du docteur,
lorsqu’il mourut à Minden,
l’an de grñce 1759
.

CHAPITRE PREMIER

COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ DANS UN BEAU CHÂTEAU, ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D’ICELUI
Il y avait en Westphalie, dans le chĂąteau de monsieur le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon Ă  qui la nature avait donnĂ© les mƓurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son Ăąme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il Ă©tait fils de la sƓur de M. le baron et d’un bon et honnĂȘte gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais Ă©pouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre gĂ©nĂ©alogique avait Ă©tĂ© perdu par l’injure du temps.
M. le baron Ă©tait un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son chĂąteau avait une porte et des fenĂȘtres. Sa grande salle mĂȘme Ă©tait ornĂ©e d’une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin; ses palefreniers Ă©taient ses piqueurs; le vicaire du village Ă©tait son grand aumĂŽnier. Ils l’appelaient tous Monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.
Mme la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par lĂ  une trĂšs grande considĂ©ration, et faisait les honneurs de la maison avec une dignitĂ© qui la rendait encore plus respectable.
CANDIDE
OR
OPTIMISM
Translated from the German
OF DOCTOR RALPH
With the additions that were found
in the doctor’s pocket
when he died at Minden
in the year of our Lord 1759
.

CHAPTER I

HOW CANDIDE WAS BROUGHT UP IN A BEAUTIFUL COUNTRY RESIDENCE, AND HOW HE WAS DRIVEN FROM IT
There lived in Westphalia, in the country residence of Baron Thunder-Ten-Tronckh, a young lad whom nature had granted the sweetest of dispositions. His soul was revealed in his countenance. He had fairly sound judgment and the most artless mind; it is, I believe, for this reason that he was named Candide. The old servants of the household suspected that he was the son of the baron’s sister by a good-natured and respectable gentleman of the neighborhood, whom that lady refused ever to marry because he had only been able to give proof of seventy-one heraldic quarterings, the rest of his genealogical tree having been lost through the ravages of time.
The baron was one of the most powerful noblemen in Westphalia, for his country residence had a door and windows. His great hall was even adorned with a tapestry. All the dogs from his farmyards constituted a hunting pack when necessary; his grooms served as his whippers-in; the village curate was his grand almoner. They all addressed him as “My Lord,” and they laughed when he told stories.
The baroness, who weighed about three hundred and fifty pounds, acquired on that account a very high esteem, and did the honors of the household with a dignity that made her still more
Sa fille CunĂ©gonde, ĂągĂ©e de dix-sept ans, Ă©tait haute en couleur, fraĂźche, grasse, appĂ©tissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son pĂšre. Le prĂ©cepteur Pangloss Ă©tait l’oracle de la maison, et le petit Candide Ă©coutait ses leçons avec toute la bonne foi de son Ăąge et de son caractĂšre.
Pangloss enseignait la mĂ©taphysico-thĂ©ologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu’il n’y a point d’effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le chĂąteau de monseigneur le baron Ă©tait le plus beau des chĂąteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.
«Il est dĂ©montrĂ©, disait-il, que les choses ne peuvent ĂȘtre autrement: car, tout Ă©tant fait pour une fin, tout est nĂ©cessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont Ă©tĂ© faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituĂ©es pour ĂȘtre chaussĂ©es, et nous avons des chausses. Les pierres ont Ă©tĂ© formĂ©es pour ĂȘtre taillĂ©es, et pour en faire des chĂąteaux, aussi monseigneur a un trĂšs beau chĂąteau; le plus grand baron de la province doit ĂȘtre le mieux logĂ©; et, les cochons Ă©tant faits pour ĂȘtre mangĂ©s, nous mangeons du porc toute l’annĂ©e: par consĂ©quent, ceux qui ont avancĂ© que tout est bien ont dit une sottise; il fallait dire que tout est au mieux.»
Candide Ă©coutait attentivement, et croyait innocemment; car il trouvait Mlle CunĂ©gonde extrĂȘmement belle, quoiqu’il ne prĂźt jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu’aprĂšs le bonheur d’ĂȘtre nĂ© baron de Thunder-ten-tronckh, le second degrĂ© de bonheur Ă©tait d’ĂȘtre Mlle CunĂ©gonde; le troisiĂšme, de la voir tous les jours; et le quatriĂšme, d’entendre maĂźtre Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par consĂ©quent de toute la terre.
Un jour, CunĂ©gonde en se promenant auprĂšs du chĂąteau, dans le petit bois qu’on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expĂ©rimentale Ă  la femme de chambre de sa mĂšre, petite brune trĂšs jolie et trĂšs docile. Comme Mlle CunĂ©gonde avait beaucoup de disposition pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expĂ©riences rĂ©itĂ©rĂ©es dont elle fut tĂ©moin; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s’en retourna tout agitĂ©e, toute pensive, toute remplie du dĂ©sir d’ĂȘtre savante, songeant qu’elle pourrait bien
respectable. Her daughter CunĂ©gonde, seventeen years of age, was of a rosy complexion, hale, fleshy and desirable. The baron’s son seemed in every respect worthy of his father. The tutor Pangloss was the oracle of the household, and young Candide listened to his lectures with all the good faith of his age and character.
Pangloss taught metaphysico-theologo-cosmolonigology.1 He proved admirably that there is no effect without a cause, and that, in this best of all possible worlds, the baron’s country residence was the most beautiful of country residences and his wife the best of all possible baronesses.
“It is proven,” he would say, “that things cannot be otherwise: for, everything having been made for a purpose, everything is necessarily made for the best purpose. Observe that noses were made to support spectacles, hence we have spectacles. Legs were obviously instituted to be clad in breeches, and we have breeches. Stones were formed to be hewn, and for country residences to be constructed from them, and so His Lordship has a very beautiful country residence; the greatest baron in the province must be the best housed; and, pigs having been created to be eaten, we eat pork all year round; consequently, those who have proposed that all is well have spoken nonsense; they should have said that all is at its best.”
Candide listened attentively and believed innocently; for he found Miss Cunégonde extremely beautiful, although he never presumed to tell her so. He concluded that after the good fortune of having been born Baron Thunder-Ten-Tronckh, the second degree of good fortune was to be Miss Cunégonde; the third, to see her every day; and the fourth, to listen to Master Pangloss, the greatest philosopher in the province and, consequently, in all the world.
One day CunĂ©gonde, while walking near the house, in the little wood that was called the “park,” saw Doctor Pangloss among the thickets giving a lesson in experimental physics to her mother’s chambermaid, a very pretty and very docile little brunette. As Miss CunĂ©gonde had a considerable inclination for the sciences, she observed breathlessly the repeated experiments to which she was witness; she saw clearly the doctor’s sufficient reason, the effects and their causes, and went away thoroughly agitated, deeply pensive and completely filled with the desire to be learned, musing that she might
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1 The French nonce word cosmolonigologie compounds cosmologie with nigaud (foolish).
ĂȘtre la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi ĂȘtre la sienne.
Elle rencontra Candide en revenant au chĂąteau, et rougit; Candide rougit aussi; elle lui dit bonjour d’une voix entrecoupĂ©e, et Candide lui parla sans savoir ce qu’il disait. Le lendemain aprĂšs le dĂźner, comme on sortait de table, CunĂ©gonde et Candide se trouvĂšrent derriĂšre un paravent; CunĂ©gonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa, elle lui prit innocemment la main, le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacitĂ©, une sensibilitĂ©, une grĂące toute particuliĂšre; leurs bouches se rencontrĂšrent, leurs yeux s’enflammĂšrent, leurs genoux tremblĂšrent, leurs mains s’égarĂšrent. M. le baron de Thunder-ten-tronckh passa auprĂšs du paravent, et, voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du chĂąteau Ă  grands coups de pied dans le derriĂšre; CunĂ©gonde s’évanouit; elle fut souffletĂ©e par Mme la baronne dĂšs qu’elle fut revenue Ă  elle-mĂȘme; et tout fut consternĂ© dans le plus beau et le plus agrĂ©able des chĂąteaux possibles.

CHAPITRE II

CE QUE DEVINT CANDIDE PARMI LES BULGARES
Candide, chassĂ© du paradis terrestre, marcha longtemps sans savoir oĂč, pleurant, levant les yeux au ciel, les tournant souvent vers le plus beau des chĂąteaux, qui renfermait la plus belle des baronnettes; il se coucha sans souper au milieu des champs entre deux sillons; la neige tombait Ă  gros flocons. Candide, tout transi, se traĂźna le lendemain vers la ville voisine, qui s’appelle Valdberghoff-trarbk-dikdorff, n’ayant point d’argent, mourant de faim et de lassitude. Il s’arrĂȘta tristement Ă  la porte d’un cabaret. Deux hommes habillĂ©s
indeed be young Candide’s sufficient reason, and that he likewise might be hers.
She came across Candide while returning to the house, and blushed; Candide blushed too; she said good morning to him in a broken voice, and Candide spoke to her without knowing what he was saying. The next day after dinner, as everyone was leaving the table, CunĂ©gonde and Candide happened to meet behind a screen; CunĂ©gonde dropped her handkerchief, Candide picked it up, she took him innocently by the hand, the young man innocently kissed the young lady’s hand with quite uncommon vivacity, feeling and grace; their lips met, their eyes blazed, their knees trembled, their hands wandered. Baron Thunder-Ten-Tronckh passed close by the screen and, seeing that cause and that effect, drove Candide from his country residence with great kicks in the backside; CunĂ©gonde fainted; she was slapped by the baroness as soon as she had come to; and all was consternation in the most beautiful and most agreeable of all possible country residences.

CHAPTER II

WHAT HAPPENED TO CANDIDE AMONG THE BULGARIANS2
Candide, driven from his earthly paradise, walked for a long time without knowing where he was going, weeping, raising his eyes to heaven and gazing back often toward the most beautiful of country residences, which contained the most beautiful of young baronesses; he lay down to sleep without having eaten any supper between two furrows out in the fields; snow was falling in large flakes. The next day Candide, chilled to the bone, trudged toward the neighboring town, which was called Waldberghoff-Trarbk-Dikdorff; he was penniless, famished and weary. He stopped gloomily at an inn door.
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2 Voltaire’s Bulgarians represent the Prussians under Frederick the Great (1712–1786). The author is insinuating that Frederick was a pederast, since French bougre (bugger) is derived from Late Latin Bulgarus.
de bleu le remarquĂšrent: «Camarade, dit l’un, voilĂ  un jeune homme trĂšs bien fait, et qui a la taille requise.» Ils s’avancĂšrent vers Candide et le priĂšrent Ă  dĂźner trĂšs civilement. «Messieurs, leur dit Candide avec une modestie charmante, vous me faites beaucoup d’honneur, mais je n’ai pas de quoi payer mon Ă©cot.—Ah! Monsieur, lui dit un des bleus, les personnes de votre figure et de votre mĂ©rite ne paient jamais rien: n’avez-vous pas cinq pieds cinq pouces de haut?—Oui, Messieurs, c’est ma taille, dit-il en faisant la rĂ©vĂ©rence.—Ah! Monsieur, mettez-vous Ă  table; non seulement nous vous dĂ©fraierons, mais nous ne souffrirons jamais qu’un homme comme vous manque d’argent; les hommes ne sont faits que pour se secourir les uns les autres.—Vous avez raison, dit Candide: c’est ce que M. Pangloss m’a toujours dit, et je vois bien que tout est au mieux.» On le prie d’accepter quelques Ă©cus, il les prend et veut faire son billet; on n’en veut point, on se met Ă  table: «N’aimez-vous pas tendrement . . . ?—Oh! oui, rĂ©pondit-il, j’aime tendrement Mlle CunĂ©gonde.—Non, dit l’un de ces messieurs, nous vous demandons si vous n’aimez pas tendrement le roi des Bulgares.—Point du tout, dit-il, car je ne l’ai jamais vu.—Comment! c’est le plus charmant des rois, et il faut boire Ă  sa santĂ©.—Oh! trĂšs volontiers, Messieurs»; et il boit. «C’en est assez, lui dit-on, vous voilĂ  l’appui, le soutien, le dĂ©fenseur, le hĂ©ros des Bulgares, votre fortune est faite, et votre gloire est assurĂ©e.» On lui met sur-le-champ les fers aux pieds, et on le mĂšne au rĂ©giment. On le fait tourner Ă  droite, Ă  gauche, hausser la baguette, remettre la baguette, coucher en joue, tirer, doubler le pas, et on lui donne trente coups de bĂąton; le lendemain il fait l’exercice un peu moins mal, et il ne reçoit que vingt coups; le surlendemain on ne lui en donne que dix, et il est regardĂ© par ses camarades comme un prodige.
Candide, tout stupĂ©fait, ne dĂ©mĂȘlait pas encore trop bien comment il Ă©tait un hĂ©ros. Il s’avisa un beau jour de printemps de s’aller promener, marchant tout droit devant lui, croyant que c’était un privilĂšge de l’espĂšce humaine, comme de l’espĂšce animale, de se servir de ses jambes Ă  son plaisir. Il n’eut pas fait deux lieues que voilĂ  quatre autres hĂ©ros de six pieds qui l’atteignent, qui le lient, qui le mĂšnent dans un cachot. On lui demanda juridiquement ce qu’il aimait le mieux d’ĂȘtre fustigĂ© trente-six fois par tout le rĂ©giment, ou de recevoir Ă  la fois douze balles de plomb dans la cervelle. Il eut beau dire que les volontĂ©s sont libres, et qu’il ne voulait ni l’un ni
Two men dressed in blue3 noticed him: “Comrade,” said one of them, “there’s a very well-built young man who’s of the required height.” They went up to Candide and invited him very politely to dine with them. “Gentlemen,” Candide said to them with charming modesty, “you do me a great honor, but I don’t have enough money to pay my share.” “Ah! sir,” one of the men in blue said to him, “individuals of your build and your merit need never pay anything: aren’t you five feet five inches tall?” “Yes, gentlemen, that’s my height,” he said, bowing. “Ah! sir, sit yourself down; not only will we pay for you, but we’ll never allow a man like you to be short of money; men were created only in order to help one anot...

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