Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II
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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II

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  1. 615 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. II

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À propos de ce livre

pubOne.info thank you for your continued support and wish to present you this new edition. Comment les pickwickiens firent et cultiverent la connaissance d'une couple d'agreables jeunes gens, appartenant a une des professions liberales; comment ils folatrerent sur la glace; et comment se termina leur visite. Eh bien! Sam, il gele toujours? dit M. Pickwick a son domestique favori, comme celui-ci entrait dans sa chambre le matin du jour de Noel, pour lui appreter l'eau chaude necessaire. L'eau du pot a eau n'est plus qu'un masque de glace, monsieur. - Une rude saison, Sam! - Beau temps pour ceux qui sont bien vetus, monsieur, comme disait l'ours blanc en s'exercant a patiner. - Je descendrai dans un quart d'heure, Sam, reprit M. Pickwick, en denouant son bonnet de nuit. - Tres-bien, monsieur, vous trouverez en bas une couple de carabins. - Une couple de quoi? s'ecria M. Pickwick en s'asseyant sur son lit. - Une couple de carabins, monsieur. - Qu'est-ce que c'est qu'un carabin? demanda M. Pickwick, incertain si c'etait un animal vivant ou quelque comestible. - Comment! vous ne savez pas ce que c'est qu'un carabin, monsieur

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Informations

Éditeur
pubOne.info
Année
2010
ISBN de l'eBook
9782819911128
CHAPITRE V.
Entièrement consacré au compte-rendu complet et fidèle du mémorable procès de Bardell contre Pickwick. «Je voudrais bien savoir ce que le chef du jury peut avoir mangé ce matin à son déjeuner, dit M. Snodgrass par manière de conversation, dans la mémorable matinée du 14 février. – Ah ! répondit M. Perker, j'espère qu'il a fait un bon déjeuner. – Pourquoi cela ? demanda M. Pickwick. – C'est fort important, extrêmement important, mon cher monsieur. Un bon jury satisfait, qui a bien déjeûné, est une chose capitale pour nous. Des jurés mécontents ou affamés, sont toujours pour le plaignant. – Au nom du ciel, dit M. Pickwick, d'un air de complète stupéfaction, quelle est la cause de tout cela ? – Ma foi, je n'en sais rien, répondit froidement le petit homme, c'est pour aller plus vite, je suppose.» Quand le jury s'est retiré dans la chambre des délibérations, si l'heure du dîner est proche, le chef des jurés tire sa montre, et dit: «Juste ciel ! gentlemen, déjà cinq heures moins dix, et je dîné à cinq heures ! – Moi aussi,» disent tous les autres, excepté deux individus qui auraient dû dîner à trois heures, et qui en conséquence sont encore plus pressés de sortir. Le chef des jurés sourit et remet sa montre. «Eh bien ! gentlemen, qu'est-ce que nous disons ? Le plaignant ou le défendant, gentlemen ! Je suis disposé à croire, quant à moi.... Mais que cela ne vous influence pas.... Je suis assez disposé à croire que plaignant a raison.» Là-dessus deux ou trois autres jurés ne manquent pas de dire qu'ils le croient aussi, comme c'est naturel; et alors ils font leur affaire unanimement et confortablement. «Neuf heures dix minutes, continua le petit homme en regardant à sa montre, il est grandement temps de partir, mon cher monsieur. La cour est ordinairement pleine quand il s'agit d'une violation de promesse de mariage. Vous ferez bien de demander une voiture, mon cher monsieur, ou nous arriverons trop tard.»
M. Pickwick tira immédiatement la sonnette; une voiture fut amenée, et les quatre Pickwickiens y étant montés, avec M. Perker, se firent conduire à Guildball. Sam Weller, M. Lowten et le sac bleu, contenant la procédure, suivaient dans un cabriolet. «Lowten, dit Perker, quand ils eurent atteint la salle des pas perdus, mettez les amis de M. Pickwick dans la tribune des stagiaires; M. Pickwick lui-même sera mieux auprès de moi. – Par ici, mon cher monsieur, par ici.» En parlant de la sorte, le petit homme prit M. Pickwick par la manche et le conduisit vers un siége peu élevé, situé au-dessous du bureau du conseil du roi. De là, les avoués peuvent commodément chuchoter, dans l'oreille des avocats, les instructions que la marche du procès rend nécessaires. Ils y sont d'ailleurs invisibles au plus grand nombre des spectateurs, car ils sont assis beaucoup plus bas que les avocats et que les jurés, dont les siéges dominent le parquet. Naturellement ils leur tournent le dos, et regardent le juge. «Voici la tribune des témoins, je suppose ? dit M. Pickwick, en montrant, à sa gauche, une espèce de chaire, entourée d'une balustrade de cuivre. – Oui, mon cher monsieur, répliqua Perker en extrayant une quantité de papiers du sac bleu que Lowten venait de déposer à ses pieds. – Et là, dit M. Pickwick en indiquant, sur sa droite, une couple de bancs, enfermés d'une balustrade, là siégent les jurés, n'est-il pas vrai ? – Précisément,» répondit Perker, en tapant sur le couvercle de sa tabatière.
Ainsi renseigné, M. Pickwick se tint debout dans un état de grande agitation, et promena ses regarda sur la salle.
Il y avait déjà, dans la galerie, un flot assez épais de spectateurs, et sur le siége des avocats, une nombreuse collection de gentlemen en perruque, dont la réunion présentait cette étonnante et agréable variété de nez et de favoris, pour laquelle le barreau anglais est si justement célèbre. Parmi ces gentlemen, ceux qui possédaient un dossier le tenaient de la manière la plus visible possible, et de temps en temps s'en frottaient le menton, pour convaincre davantage les spectateurs de la réalité de ce fait. Quelques-uns de ceux qui n'avaient aucun dossier à montrer, portaient sous leurs bras de bons gros in-octavo, reliés en basane fauve à titres rouges. D'autres qui n'avaient ni diplômes ni livres, fourraient leurs mains dans leurs poches et prenaient un air aussi important qu'ils le pouvaient, sans s'incommoder; tandis que d'autres encore, allaient et venaient avec une mine suffisante et affairée, satisfaits d'éveiller, de la sorte, l'admiration des étrangers non initiés. Enfin, au grand étonnement de M. Pickwick, ils étaient tous divisés en petits groupes, et causaient des nouvelles du jour, avec la tranquillité la plus parfaite, comme s'il n'avait jamais été question de jugement.
Un salut de M. Phunky, lorsqu'il entra pour prendre sa place, derrière le banc réservé au conseil du roi, attira l'attention de M. Pickwick. À peine lui avait-il rendu sa politesse, lorsque Me Snubbin parut, suivi par M. Mallard, qui déposa sur la table un immense sac cramoisi, donna une poignée de main à M. Perker, et se retira. Ensuite entrèrent deux ou trois autres avocats, et parmi eux un homme au teint rubicond, qui fit un signe de tête amical à Me Snubbin, et lui dit que la matinée était belle. «Quel est cet homme rubicond, qui vient de saluer notre conseil, et de lui dire que la matinée est belle ? demanda tout bas M. Pickwick à son avoué. – C'est Me Buzfuz, l'avocat de notre adversaire. Ce gentleman placé derrière lui, est M. Skimpin, son junior.»
M. Pickwick, rempli d'horreur, en apprenant la froide scélératesse de cet homme, allait demander comment Me Buzfuz, qui était l'avocat de son adverse partie, osait se permettre de dire, à son propre avocat, qu'il faisait une belle matinée, quand il fut interrompu par un long cri de: silence ! que poussèrent les officiers de la cour, et au bruit duquel se levèrent tous les avocats. M. Pickwick se retourna, et s'aperçut que ce tumulte était causé par l'entrée du juge.
M. le juge Stareleigh (qui siégeait en l'absence du chef-justice, empêché par indisposition), était un homme remarquablement court, et si gros qu'il semblait tout visage et tout gilet. Il roula dans la salle sur deux petites jambes cagneuses, et ayant salué gravement le barreau, qui le salua gravement à son tour, il mit ses deux petites jambes sous la table, et son petit chapeau à trois cornes, dessus. Lorsque M. le juge Stareleigh eut fait cela, tout ce qu'on pouvait voir de lui c'étaient deux petits yeux fort drôles, une large face écarlate, et environ la moitié d'une grande perruque très-comique.
Aussitôt que le juge eut pris son siége, l'huissier qui se tenait debout sur le parquet de la cour, cria: silence ! d'un ton de commandement, un autre huissier dans la galerie répéta immédiatement: silence ! d'une voix colérique, et trois ou quatre autres huissiers lui répondirent avec indignation: silence ! Ceci étant accompli, un gentleman en noir, assis au-dessous du juge, appela les noms des jurés. Après beaucoup de hurlements, on découvrit qu'il n'y avait que dix jurés spéciaux qui fussent présents. Me Buzfuz ayant alors demandé que le jury spécial fût complété par des tales quales, le gentleman en noir s'empara immédiatement de deux jurés ordinaires, à savoir un apothicaire et un épicier. «Gentlemen, dit l'homme en noir, répondez à votre nom pour prêter le serment. Richard Upwitch ? – Voilà, répondit l'épicier. – Thomas Groffin ? – Présent, dit l'apothicaire. – Prenez le livre, gentlemen. Vous jugerez fidèlement et loyalement.... – Je demande pardon à la cour, interrompit l'apothicaire, qui était grand, maigre et jaune, mais j'espère que la cour ne m'obligera pas à siéger. – Et pourquoi cela, monsieur ? dit le juge Stareleigh. – Je n'ai pas de garçon, milord, répondit l'apothicaire. – Je n'y peux rien, monsieur. Vous devriez en avoir un. – Je n'en ai pas le moyen, milord. – Eh bien ! monsieur, vous devriez en avoir le moyen, rétorqua le juge en devenant rouge, car son tempérament frisait l'irritable et ne supportait point la contradiction. – Je sais que je devrais en avoir le moyen, si je prospérais comme je le mérite; mais je ne l'ai pas, milord. – Faites prêter serment au gentleman, reprit le juge d'un ton péremptoire.»
L'officier n'avait pas été plus loin que le vous jugerez fidèlement et loyalement, quand il fut encore interrompu par l'apothicaire. «Est-ce qu'il faut que je prête serment, milord ? demanda-t-il. – Certainement, monsieur, répliqua l'entêté petit juge. – Très-bien, milord, fit l'apothicaire d'un air résigné. Il y aura mort d'homme avant que le jugement soit rendu, voilà tout. Faites-moi prêter serment si vous voulez, monsieur.»
Et l'apothicaire prêta serment avant que le juge eût pu trouver une parole à prononcer. «Milord, reprit l'apothicaire en s'asseyant fort tranquillement, je voulais seulement vous faire observer que je n'ai laissé qu'un galopin dans ma boutique. C'est un charmant bonhomme, milord, mais qui se connaît fort peu en drogues; et je sais que, dans son idée, sel d'Epsom veut dire acide prussique, et sirop d'Ipécacuanha, laudanum. Voilà tout, milord.»
Ayant proféré ces mots, l'apothicaire s'arrangea commodément sur son siége, prit un visage aimable et parut préparé à tout événement.
M. Pickwick le considérait avec le sentiment de la plus profonde horreur, lorsqu'une légère sensation se fit remarquer dans la cour. Mme Bardell, supportée par Mme Cluppins, fut amenée et placée, dans un état d'accablement pitoyable, à l'autre bout du banc qu'occupait M. Pickwick. Un énorme parapluie fut alors apporté par M. Dodson, et une paire de socques, par M. Fogg, qui, tous les deux, avaient préparé pour cette occasion leurs visages les plus sympathiques et les plus compatissants. Mme Sanders parut ensuite, conduisant master Bardell. À la vue de son enfant, la tendre mère tressaillit, revint à elle et l'embrassa avec des transports frénétiques; puis, retombant dans un état d'imbécillité hystérique, la bonne dame demanda à ses amies où elle était. En répliquant à cette question, Mme Cluppins et Mme Sanders détournèrent la tête et se prirent à pleurer, tandis que MM. Dodson et Fogg suppliaient la plaignante de se tranquilliser. Me Buzfuz frotta ses yeux de toutes ses forces avec un mouchoir blanc et jeta vers le jury un regard qui semblait faire appel à son humanité. Le juge était visiblement affecté, et plusieurs des spectateurs toussèrent pour cacher leur émotion. «Une très bonne idée, murmura Perker à M. Pickwick. Dodson et Fogg sont d'habiles gens. Voilà une scène d'un excellent effet, mon cher monsieur, d'un excellent effet.»
Pendant que Perker parlait, Mme Bardell revenait lentement à elle, et Mme Cluppins, après avoir soigneusement examiné les boutons de monter Bardell et leurs boutonnières respectives, le plaçait sur le parquet de la cour, devant sa mère: position avantageuse où il ne pouvait manquer d'éveiller la commisération des jurés et du juge. Cependant cela ne s'était pas fait sans une opposition considérable de la part du jeune gentleman lui-même; car il n'était pas éloigné de croire que ce fût là une formalité légale, après laquelle on le condamnerait à une exécution immédiate ou à la transportation au delà des mers pour le reste de ses jours, tout au moins. «Bardell et Pickwick ! cria le gentleman en noir, appelant la cause qui se trouvait la première sur la liste. – Milord, dit Me Buzfuz, je suis pour la plaignante. – Avec qui êtes-vous, Me Buzfuz ? demanda le juge.»
M. Skimpin salua pour exprimer que c'était avec lui. «Je parais pour le défendeur, milord, dit à son tour Me Snubbin. – Il y a quelqu'un avec vous, Me Snubbin ? reprit le juge. – M. Phunky, milord. – Me Buzfuz et Me Skimpin, pour la plaignante, dit le juge en écrivant les noms sur son livre de notes et en articulant ce qu'il écrivait. Pour le défendeur, Me Snubbin et M. Tronquet. – Je demande pardon à votre seigneurie: Phunky. – Oh ! très-bien, dit le juge. Je n'avais jamais eu le plaisir d'entendre le nom de monsieur.»
Ici M. Phunky salua et sourit, et le juge salua et sourit aussi; et alors M. Phunky, rougissant jusqu'au blanc des yeux, s'efforça d'avoir l'air d'ignorer que tout le monde le regardait, chose qui n'a jamais réussi jusqu'à présent à personne, et qui suivant toutes probabilités, ne réussira en aucun temps. «Procédons,» dit le juge.
Les huissiers, crièrent de nouveau: silence ! et M. Skimpin exposa l'affaire; mais, lorsqu'elle fut exposée, l'audience n'en fut guère plus avancée, car l'avocat avait soigneusement gardé pour lui-même les particularités qu'il savait; et, quand il se rassit, au bout de trois minutes, la religion du jury était précisément aussi éclairée qu'auparavant.
Me Buzfuz se leva alors, avec toute la dignité qu'exigeait la nature de sa cause, chuchota avec Dodson, conféra brièvement avec Fogg, tira sa robe sur ses épaules, arrangea sa perruque, et s'adressa au jury.
Il commença par dire que jamais, dans le cours de sa carrière, jamais depuis le premier moment où il s'était appliqué à l'étude des lois, il ne s'était approché d'une cause avec des sentiments d'émotion aussi profonde, avec la conscience d'une aussi pesante responsabilité; responsabilité, pouvait-il dire, qu'il n'aurait jamais voulu assumer s'il n'avait pas été soutenu par la conviction, assez forte pour équivaloir à une certitude, par la conviction que la cause de la justice, ou, en d'autres termes, la cause de sa cliente, de sa cliente abusée, innocente et persécutée, devait prévaloir auprès des douze gentlemen intelligents, nobles et généreux, qu'il voyait assis en face de lui.
Les avocats commencent toujours de cette manière, parce que cela rend les jurés contents d'eux-mêmes en leur faisant croire qu'ils doivent être des personnages bien difficiles à tromper. Un effet visible fut produit immédiatement et plusieurs jurés commencèrent à prendre avec activité de volumineuses notes. «Gentlemen, vous avez appris de mon savant ami, poursuivit Me Buzfuz, quoiqu'il sût très-bien que les gentlemen du jury n'avaient rien appris du tout du savant ami en question; vous avez appris de mon savant ami que ceci est une action pour violation de promesse de mariage, dans laquelle les dommages demandés sont de 1500 livres sterling; mais vous n'avez pas appris de mon savant ami, attendu que cela n'entrait pas dans les attributions de mon savant ami, quels sont les faits et les circonstances de la cause. Ces faits et ces circonstances, gentlemen, vous allez les entendre détaillés par moi et prouvés par les véridiques dames que je placerai devant vous dans cette tribune.»
Ici Me Buzfuz, avec une terrible emphase sur le mot tribune, frappa sa table d'un poing majestueux en regardant Dodson et Fogg. Ceux-ci firent un signe d'admiration pour l'avocat, d'indignation et de défi pour le défendeur. «La plaignante, gentlemen, continua Me Buzfuz d'une voix douce et mélancolique, la plaignante est une veuve. Oui, gentlemen, une veuve. Feu M. Bardell, après avoir joui, pendant beaucoup d'années, de l'estime et de la confiance de son souverain, comme l'un des gardiens de ses revenus royaux, s'éloigna presque imperceptiblement de ce monde, pour aller chercher ailleurs le repos et la paix, que la douane ne peut jamais accorder.» À cette poétique description du décès de M. Bardell (qui avait eu la tête cassée d'un coup de pinte dans une rixe de taverne), la voix du savant avocat trembla et s'éteignit un instant. Il continua avec grande émotion. «Quelque temps avant sa mort, il avait imprimé sa ressemblance sur le front d'un petit garçon. Avec ce petit garçon, seul gage de l'amour du défunt douanier, Mme Bardell se cacha au monde et rechercha la tranquillité de la rue Goswell. Là elle plaça à la croisée de son parloir un écriteau manuscrit portant cette inscription: Appartement de garçon à louer en garni; s'adresser au rez-de-chaussée.»
Ici Me Buzfuz fit une pause, tandis que plusieurs gentlemen du jury prenaient note de ce document. «Est-ce qu'il n'y a point de date à cette pièce ? demanda un juré. – Non, monsieur, il n'y a point de date, répondit l'avocat. Mais je suis autorisé à déclarer que cet écriteau fut mis à la fenêtre de la plaignante il y a justement trois années. J'appelle l'attention du jury sur les termes de ce document: Appartement de garçon à louer en garni. Messieurs, l'opinion que Mme Bardell s'était formée de l'autre sexe était dérivée d'une longue contemplation des qualités inestimables de l'époux qu'elle avait perdu. Elle n'avait pas de crainte; elle n'avait pas de méfiance; elle n'avait pas de soupçons; elle était tout abandon et toute confiance. M. Bardell, disait la veuve, M. Bardell était autrefois garçon; c'est à un garçon que je demanderai protection, assistance, consolation. C'est dans un garçon que je verrai éternellement quelque chose qui me rappellera ce qu'était M. Bardell, quand il gagna mes jeunes et vierges affections; c'est à un garçon que je louerai mon appartement. Entraînée par cette belle et touchante inspiration (l'une des plus belles inspirations de notre imparfaite nature, gentlemen), la veuve solitaire et désolée sécha ses lames, meubla son premier étage, serra son innocente progéniture sur son sein maternel, et mit à la fenêtre de son parloir l'écriteau que vous connaissez. Y resta-t-il longtemps ? Non. Le serpent était aux aguets, la mèche était allumée, la mine était préparée, le sapeur et le mineur étaient à l'ouvrage. L'écriteau n'avait pas été trois jours à la fenêtre du parloir... trois jours, gentlemen ! quand un être qui marchait sur deux jambes et qui ressemblait extérieurement à un homme et non point à un monstre, frappa à la porte de Mme Bardell. Il s'adressa au rez-de-chaussée; il loua le logement, et le lendemain il s'y installa. Cet être était Pickwick; Pickwick le défendeur.»
Me Buzfuz avait parlé avec tant de volubilité que son visage en était devenu absolument cramoisi. Il s'arrêta ici pour reprendre haleine. Le silence réveilla M. le juge Stareleigh qui, immédiatement, écrivit quelque chose avec une plume où il n'y avait pas d'encre, et prit un air extraordinairement réfléchi, afin de faire croire au jury qu'il pensait toujours plus profondément quand il avait les yeux fermés.
Me Buzfuz continua. «Je dirai peu de choses de cet homme. Le sujet présente peu de charmes, et je n'aurais pas plus de plaisir que vous, gentlemen, à m'étendre complaisamment sur son égoïsme révoltant, sur sa scélératesse systématique.»
En entendant ces derniers mots, M. Pickwick qui, depuis quelques instants écrivait en silence, tressaillit violemment, comme si quelque vague idée d'attaquer Me Buzfuz sous les yeux mêmes de la justice, s'était présentée à son esprit. Un geste monitoire de M. Perker le retint, et il écouta le reste du discours du savant gentleman avec un air d'indignation qui contrastait complètement avec le visage admirateur de Mmes Cluppins et Sanders. «Je dis scélératesse systématique, gentlemen, continua l'avocat en regardant M. Pickwick, et en s'adressant directement à lui; et, quand je dis scélératesse systématique, permettez-moi d'avertir le défendeur, s'il est dans cette salle, comme je suis informé qu'il y est, qu'il aurait agi plus décemment, plus convenablement, avec plus de jugement et de bon goût, s'il s'était abstenu d'y paraître. Laissez-moi l'avertir, messieurs, que s'il se permettait quelque geste de désapprobation dans cette enceinte, vous sauriez les apprécier et lui en tenir un compte rigoureux; et laissez-moi lui dire, en outre, comme milord vous le dira, gentlemen, qu'un Avocat qui remplit son devoir envers ses clients, ne doit être ni intimidé, ni menacé, ni maltraité, et que toute tentative pour commettre l'un ou l'autre de ces actes retombera sur la tête du machinateur, qu'il soit demandeur ou défendeur, que son nom soit Pickwick ou Noakes, ou Stonkes, ou Stiles, ou Brown, ou Thompson.»
Cette petite digression du sujet principal amena nécessairement le résultat désiré, de tourner tous les yeux sur M. Pickwick. Me Buzfuz, s'étant partiellement remis de l'état d'élévation morale où il s'était fouetté, continua plus posément. «Je vous prouverai, gentlemen, que, pendant deux années, Pickwick continua de rester constamment et sans interruption, sans intermission, dans la maison de la dame Bardell; je vous prouverai que, durant tout ce temps, la dame Bardell le servit, s'occupa de ses besoins, fit cuire ses repas, donna son linge à la blanchisseuse, le reçut, le raccommoda, et jouit enfin de toute la confiance de son locataire. Je vous prouverai que, dans beaucoup d'occasions, il donna à son petit garçon des demi-pence, et même, dans, quelques occasions, des pièces de six pence; je vous prouverai aussi, par la déposition d'un témoin qu'il aéra impossible à mon savant ami de récuser ou d'infirmer; je vous prouverai, dis-je, qu'une fois il caressa le petit bonhomme sur la tête, et, après lui avoir demandé s'il avait gagné récemment beaucoup de billes et de calots, se servit de ces expressions remarquables: Seriez-vous bien content d'avoir un autre père ? Je vous prouverai, en outre, gentlemen, qu'il y a environ un an, Pickwick commença tout à coup à s'absenter de la maison, durant de longs intervalles, comme s'il avait eu l'intention de se séparer graduellement de ma cliente; mais je vous ferai voir aussi qu'à cette époque sa résolution n'était pas assez forte ou que ses bons sentiments prirent le dessus, s'il a de bons sentiments; ou que les charmes et les accomplissements de ma cliente l'emportèrent sur ses intentions inhumaines; car je vous prouverai qu'en revenant d'un voyage, il lui fit positivement des offres de mariage, après avoir pris soin toutefois qu'il ne put y avoir aucun témoin de leur contrat solennel. Cependant je suis en état de vous prouver, d'après le témoignage de trois de ses amis, qui déposeront bien malgré eux, gentlemen, que, dans cette même matinée, il fut découvert par eux, tenant la plaignante dans ses bras et calmant son agitation par des douceurs et des caresses.»
Une impression visible fut produite sur les auditeurs par cette partie du discours du savant avocat. Tirant de son sac deux petits chiffons de papier, il continua: «Et maintenant, gentlemen, un seul...

Table des matières

  1. CHAPITRE PREMIER.
  2. CHAPITRE II.
  3. CHAPITRE III.
  4. CHAPITRE IV.
  5. CHAPITRE V.
  6. CHAPITRE VI.
  7. CHAPITRE VII.
  8. CHAPITRE VIII.
  9. CHAPITRE IX.
  10. CHAPITRE X.
  11. CHAPITRE XI.
  12. CHAPITRE XII.
  13. CHAPITRE XIII.
  14. CHAPITRE XIV.
  15. CHAPITRE XV.
  16. CHAPITRE XVI.
  17. CHAPITRE XVII.
  18. CHAPITRE XVIII.
  19. CHAPITRE XIX.
  20. CHAPITRE XX.
  21. CHAPITRE XXI.
  22. CHAPITRE XXII.
  23. CHAPITRE XXIII.
  24. CHAPITRE XXIV.
  25. CHAPITRE XXV.
  26. CHAPITRE XXVI.
  27. CHAPITRE XXVII.
  28. CHAPITRE XXVIII.
  29. Copyright