Histoire de Napoleon et de la Grande-Armee pendant l'annee 1812 Tome II
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Histoire de Napoleon et de la Grande-Armee pendant l'annee 1812 Tome II

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  1. 400 pages
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Histoire de Napoleon et de la Grande-Armee pendant l'annee 1812 Tome II

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Informations

Éditeur
pubOne.info
Année
2010
ISBN de l'eBook
9782819936909
CHAPITRE II.
  Ces trois journées étaient glorieuses. Witgenstein repoussé, Steinheil battu, dix mille Russes et six généraux tués ou hors de combat. Mais Saint-Cyr était blessé, l'offensive perdue, l'orgueil, la joie et l'abondance dans le camp ennemi, la tristesse et le dénuement dans le nôtre; on reculait. Il fallait un chef à l'armée; de Wrede prétendait l'être; mais les généraux français refusèrent même de se concerter avec ce Bavarois, alléguant son caractère et croyant tout accord avec lui impossible; leurs prétentions s'entre-choquaient. Saint-Cyr, quoique hors de combat, fut donc forcé de garder la direction de ces deux corps.
  Alors, ce maréchal ordonna la retraite vers Smoliany, par toutes les routes qui pouvaient y conduire. Lui se tint au centre, réglant l'une sur l'autre la marche de ces différentes colonnes. C'était un système de retraite tout contraire à celui que venait de suivre Napoléon.
  Le but de Saint-Cyr était de trouver plus de vivres, de marcher plus librement, avec plus d'ensemble, enfin d'éviter une confusion trop ordinaire dans les colonnes trop considérables, quand les hommes, les canons et les bagages sont entassés sur une même route. Il réussit. Dix mille Français, Suisses et Croates, ayant en queue cinquante mille Russes, se retirèrent sur quatre colonnes, lentement, sans se laisser entamer, et forçant Witgenstein et Steinheil à n'avancer, en huit jours, que de trois journées.
  En reculant ainsi vers le sud, ils couvraient le flanc droit de la route d'Orcha à Borizof, par laquelle l'empereur revenait de Moskou. Une seule colonne, celle de gauche, reçut un échec. C'était celle de de Wrede et de ses quinze cents Bavarois, augmentés d'une brigade de cavalerie française, qu'il gardait malgré les ordres de Saint-Cyr. Il marchait à volonté. Son orgueil blessé ne se pliait plus à l'obéissance. Il lui en coûta tous ses bagages. Puis, sous prétexte de mieux servir la cause commune, en couvrant la ligne d'opération de Wilna à Vitepsk, que l'empereur avait abandonnée, il se sépara du deuxième corps, se retira par Klubokoë sur Vileïka, et se rendit inutile.
  Le mécontentement de de Wrede datait du 19 août. Ce général pensait avoir eu une grande part à la victoire du 18, et qu'on la lui avait fait trop petite sur le rapport du lendemain. Depuis, il s'aigrit de plus en plus par ce souvenir, par ses plaintes et par les conseils d'un frère qui, dit-on, servait dans l'armée autrichienne. On ajoute aussi que, dans les derniers momens de la retraite, le général saxon Thielmann l'entraîna dans ses projets d'affranchissement de l'Allemagne.
  Cette défection fut à peine sentie. Le duc de Bellune et vingt-cinq mille hommes accouraient de Smolensk. Le 31 octobre, il se réunissait à Saint-Cyr devant Smoliany, dans l'instant même où Witgenstein, ignorant cette jonction, et se fiant à sa supériorité, traversait la Lukolmlia, s'adossait imprudemment à des défilés et attaquait nos avant-postes. Il ne fallait qu'un effort simultané des deux corps français pour le détruire. Les soldats, les généraux du deuxième corps brûlaient d'ardeur. Mais quand la victoire était dans leurs cœurs, et que, la croyant devant leurs yeux, ils demandaient le signal du combat, Victor donna celui de la retraite.
  On ignore si cette prudence, qu'on jugea intempestive, vint de la défiance que lui inspirait un terrain qu'il voyait pour la première fois, et des soldats qu'il n'avait pas encore éprouvés. Il se peut qu'il n'ait pas cru devoir risquer une bataille dont la perte eût, il est vrai, entraîné celle de la grande-armée et de son chef.
  Après s'être replié derrière la Lukolmlia et s'y être défendu tout le jour, il profita de la nuit pour gagner Sienno. Le général russe s'apercevait alors du danger de sa position. Elle était si critique, qu'il ne profita de notre mouvement rétrograde et du découragement dont il fut suivi, que pour se retirer.
  Les officiers qui nous donnèrent ces détails, ajoutèrent que, depuis ce moment, Witgenstein n'avait plus songé qu'à reprendre Vitepsk et à se défendre. Probablement, il crut trop téméraire de tourner la Bérézina par ses sources, pour se joindre à Tchitchakof; car un bruit sourd, qui déjà se répandait, nous menaçait de la marche de cette armée du midi, sur Minsk et Borizof, et de la défection de Schwartzenberg.
  Ce fut à Mikalewska, le 6 novembre, dans ce jour de malheur où Napoléon venait de recevoir la nouvelle de la conjuration de Mallet, qu'il apprit la jonction du deuxième et du neuvième corps et le combat désavantageux de Czazniki. Il s'irrita, et fit dire au duc de Bellune de rejeter sur-le-champ Witgenstein derrière la Düna; que le salut de l'armée en dépendait. Il ne dissimula pas à ce maréchal qu'il arrivait à Smolensk avec une armée harassée et une cavalerie toute démontée.
  Ainsi, les jours heureux étaient passés; de toutes parts arrivaient des nouvelles désastreuses. D'un côté, Polotsk, la Düna, Vitepsk perdus, et Witgenstein déjà à quatre journées de Borizof; de l'autre, vers Elnia, Baraguay-d'Hilliers culbuté. Ce général s'est laissé enlever la brigade Augereau, des magasins, et cette route d'Elnia, par laquelle Kutusof peut désormais nous prévenir à Krasnoé, comme il l'a fait à Viazma.
  En même temps, de cent lieues en avant de nous, Schwartzenberg annonçait à l'empereur qu'il couvrait Varsovie, c'est-à-dire, qu'il découvrait Minsk et Borizof, le magasin, la retraite de la grande-armée, et que peut-être l'empereur d'Autriche livrait son gendre à la Russie.
  Dans le même moment, derrière et au milieu de nous, le prince Eugène était vaincu par le Wop; les chevaux de trait qui nous avaient attendus à Smolensk, étaient dévorés par les soldats; ceux de Mortier enlevés dans un fourrage; les troupeaux de Krasnoé pris; d'affreuses maladies se déclaraient dans l'armée, et dans Paris, le temps des conspirations paraissait revenu: tout enfin se réunissait pour accabler Napoléon.
  Chaque jour, les états de situations qu'il reçoit de chacun de ces corps sont comme des bulletins de mourans: il y voit son armée conquérante de Moskou, réduite de cent quatre-vingt mille hommes à vingt-cinq mille combattans encore en ordre. À cette foule de malheurs il n'oppose qu'une résistance inerte. Sa figure reste la même: il ne change rien à ses habitudes, rien à la forme de ses ordres; à les lire, on croirait qu'il commande encore à plusieurs armées. Il ne hâte même pas sa marche. Seulement, irrité contre la prudence du maréchal Victor, il lui renouvelle l'ordre d'attaquer Witgenstein, et d'éloigner ce danger qui menace sa retraite. Quant à Baraguay-d'Hilliers, qu'un officier vient d'accuser, il le fait comparaître, et ce général, dépouillé de ses distinctions, part pour Berlin, où il préviendra son jugement en mourant de désespoir.
  Mais ce qui surprenait davantage, c'était que l'empereur laissât la fortune lui arracher tout, plutôt que de sacrifier une partie pour sauver le reste. Ce fut sans ordre que les chefs de corps brûlèrent des bagages et détruisirent leur artillerie: pour lui, il laissa faire. S'il donna quelques instructions pareilles, elles lui furent arrachées: ils semblait qu'il s'attachât sur-tout à ce que rien de lui n'avouât sa défaite, soit qu'il crût ainsi faire respecter son malheur, et, par cette inflexibilité, dicter aux siens un courage inflexible; soit fierté des hommes long-temps heureux, qui précipite leur perte.
  Toutefois, cette Smolensk, deux fois fatale à l'armée, était un lieu de repos pour quelques-uns. Pendant ce sursis accordé à leurs souffrances, ceux-là se demandèrent: «comment il se pouvait qu'à Moskou tout eût été oublié; pourquoi tant de bagages inutiles; pourquoi tant de soldats déjà morts de faim et de froid sous le poids de leurs sacs, chargés d'or au lieu de vivres et de vêtemens, et sur-tout si trente-trois journées de repos n'avaient pas suffi pour préparer aux chevaux de cavalerie, de l'artillerie et à ceux des voitures, des fers qui eussent rendu leur marche plus sûre et plus rapide?
  »Alors, nous n'eussions pas perdu l'élite des hommes à Viazma, au Wop, au Dnieper et sur toute la route; enfin aujourd'hui, Kutusof, Witgenstein, et peut-être Tchitchakof, n'auraient pas le temps de nous préparer de plus funestes journées!
  »Mais pourquoi, à défaut d'ordre de Napoléon, cette précaution n'avait-elle pas été prise par des chefs, tous rois, princes et maréchaux? L'hiver n'avait-il donc pas été prévu en Russie? Napoléon, habitué à l'industrieuse intelligence de ses soldats, avait-il trop compté sur leur prévoyance? le souvenir de la campagne de Pologne, pendant un hiver aussi peu rigoureux que celui de nos climats, l'avait-il abusé; ainsi qu'un soleil brillant dont la persévérance, pendant tout le mois d'octobre, avait frappé d'étonnement jusqu'aux Russes eux-mêmes? De quel esprit de vertige l'armée, comme son chef, a-t-elle donc été frappée? Sur quoi chacun a-t-il compté? car en supposant qu'à Moskou l'espoir de la paix eût ébloui tout le monde, il eût toujours fallu revenir, et rien n'avait été préparé, même pour un retour pacifique! »
  La plupart ne pouvaient s'expliquer cet aveuglement de tous que par leur propre incurie, et parce que dans les armées, comme dans les états despotiques, c'est à un seul à penser pour tous: aussi, celui-là seul était-il responsable, et le malheur, qui autorise la défiance, poussait chacun à le juger. On remarquait déjà que, dans cette faute si grave, dans cet oubli si invraisemblable pour un génie actif, pendant un séjour si long et si désœuvré, il y avait quelque chose de cet esprit d'erreur,
De la chute des rois funeste avant-coureur. Napoléon était dans Smolensk depuis cinq jours. On savait que Ney avait reçu l'ordre d'y arriver le plus tard possible, et Eugène celui de rester deux jours à Doukhowtchina. «Ce n'était donc pas la nécessité d'attendre l'armée d'Italie qui retenait! À quoi devait-on attribuer cette stagnation, quand la famine, la maladie, l'hiver, quand trois armées ennemies marchaient autour de nous?
  »Pendant que nous nous étions enfoncés dans le cœur du colosse russe, ses bras n'étaient-ils pas restés avancés et étendus vers la mer Baltique et la mer Noire? les laisserait-il immobiles aujourd'hui que, loin de l'avoir frappé mortellement, nous étions frappés nous-mêmes? n'était-il pas venu le moment fatal où ce colosse allait nous envelopper de ses bras menaçans? croyait-on les lui avoir liés, les avoir paralysés, en leur opposant des Autrichiens au sud, et des Prussiens au nord, c'était bien plutôt les Polonais et les Français, mêlés à ces alliés dangereux, qu'on avait ainsi rendus inutiles.
  »Mais, sans aller chercher au loin des causes d'inquiétude, l'empereur a-t-il ignoré la joie des Russes, quand, trois mois plus tôt, il se heurta si rudement contre Smolensk, au lieu de marcher, à droite, vers Elnia, où il eût coupé l'armée ennemie de sa capitale; aujourd'hui que la guerre est ramenée sur les mêmes lieux, ces Russes imiteront-ils sa faute dont ils ont profité? se tiendront-ils derrière nous, quand ils peuvent se placer en avant de nous, sur notre retraite?
  Répugne-t-il à Napoléon de supposer l'attaque de Kutusof plus habile ou plus audacieuse que ne l'a été la sienne? Augereau et sa brigade enlevés sur cette route ne l'éclairent-ils point? qu'avait-on à faire dans cette Smolensk brûlée, dévastée, que d'y prendre des vivres, et de passer vite?
  Mais, sans doute, l'empereur croit, en datant cinq jours de cette ville, donner à une déroute l'apparence d'une lente et glorieuse retraite! Voilà pourquoi il vient d'ordonner la destruction des tours d'enceinte de Smolensk, ne voulant plus, a-t-il dit, être arrêté par ces murailles! comme s'il s'agissait de rentrer dans cette ville, quand on ignorait si l'on en pourrait sortir.
  Croira-t-on qu'il veut donner le loisir aux artilleurs de ferrer leurs chevaux contre la glace? comme si l'on pouvait obtenir un travail quelconque d'ouvriers exténués par la faim, par les marches; de malheureux à qui le jour entier ne suffit pas pour trouver des vivres, pour les préparer, dont les forges sont abandonnées ou gâtées, et qui d'ailleurs manquent des matériaux indispensables pour un travail si considérable.
  Mais peut-être l'empereur a-t-il voulu se donner le temps de pousser en avant de lui, hors du danger et des rangs, cette foule embarrassante de soldats devenus inutiles, de rallier les meilleurs, et de réorganiser l'armée? comme s'il était possible de faire parvenir un ordre quelconque à des hommes si épars, ou de les rallier, sans logemens? sans distributions, à des bivouacs; enfin, de penser à une réorganisation pour des corps mourans, dont l'ensemble ne tient plus à rien, que le moindre attouchement peut dissoudre. »
  Tels étaient, autour de Napoléon, les discours de ses officiers, où plutôt leurs réflexions secrètes, car leur dévouement devait se soutenir tout entier deux ans encore, au milieu des plus grands malheurs, et de la révolte générale des nations.
  L'empereur tenta pourtant un effort qui ne fut pas tout-à-fait infructueux: ce fut le ralliement, sous un seul chef, de tout ce qui restait de cavalerie; mais, sur trente-sept mille cavaliers présens au passage du Niémen, il ne s'en trouva que huit cents encore à cheval. Napoléon en donna le commandement à Latour-Maubourg. Personne ne réclama, soit fatigue ou estime.
  Quant à Latour-Maubourg, il reçut cet honneur ou ce fardeau sans joie et sans regret. C'était un être à part: toujours prêt sans être empressé, calme et actif, d'une sévérité de mœurs remarquable, mais naturelle et sans ostentation; du reste simple et vrai dans ses rapports, n'attachant la gloire qu'aux actions et non aux paroles. Il marcha toujours avec le même ordre et la même mesure, au milieu d'un désordre démesuré; et pourtant, ce qui fait honneur au siècle, il arriva aussi vite, aussi haut et aussitôt que les autres.
  Cette faible réorganisation, la distribution d'une partie des vivres, le pillage du reste, le repos que prirent l'empereur et sa garde, la destruction d'une partie de l'artillerie et des bagages, enfin l'expédition de beaucoup d'ordres, furent à peu près tout le fruit qu'on retira de ce funeste séjour. Du reste tout le mal prévu arriva. On ne rallia quelques centaines d'hommes que pour un instant. L'explosion des mines fit à peine sauter quelques pans de murailles, et ne servit, au dernier jour, qu'à chasser hors de la ville les traîneurs qu'on n'avait pas pu mettre en mouvement.
  Des hommes découragés, des femmes, et plusieurs milliers de malades et de blessés furent abandonnés, et à l'instant où le désastre d'Augereau près d'Elnia faisait trop voir que Kutusof, poursuivant à son tour, ne s'attachait pas exclusivement à la grande route; que de Viazma il marchait directement, par Elnia, sur Krasnoé; lorsqu'enfin on aurait dû prévoir qu'on allait avoir à se faire jour au travers de l'armée russe, ce fut le 14 novembre seulement que la grande-armée, ou plutôt trente-six mille combattans, commencèrent à s'ébranler.
  La vieille et jeune garde n'avaient plus alors que neuf à dix mille baïonnettes et deux mille cavaliers; Davoust et le premier corps, huit à neuf mille; Ney et le troisième corps, cinq à six mille; le prince Eugène et l'armée d'Italie, cinq mille; Poniatowski, huit cents; Junot, les Westphaliens, sept cents; Latour-Maubourg et le reste de la cavalerie, quinze cents; on pouvait compter encore mille hommes de cavalerie légère, et cinq cents cavaliers démontés que l'on était parvenu à réunir.
  Cette armée était sortie de Moskou forte de cent mille combattans; en vingt-cinq jours, elle était réduite à trente-six mille hommes. Déjà l'artillerie avait perdu trois cent cinquante canons, et pourtant, ces faibles restes étaient toujours divisés en huit armées, que surchargeaient soixante mille traîneurs sans armes, et une longue trainée de canons et de bagages.
  On ne sait si ce fut cet embarras d'hommes et de voitures, ou, ce qui est plus vraisemblable, une fausse sécurité, qui conduisit l'empereur à mettre un jour d'intervalle entre le départ de chaque maréchal. Mais enfin lui, Eugène, Davoust et Ney ne sortirent de Smolensk que successivement. Ney ne devait en partir que le 16 ou le 17. Il avait l'ordre de faire scier les tourillons des pièces qu'on abandonnait, de les faire enterrer, de détruire leurs munitions, de pousser tous les traîneurs devant lui, et de faire sauter les tours d'enceinte de la ville.
  Cependant, Kutusof nous attendait à quelques lieues de là, et ces restes de corps d'armée ainsi distendus et morcelés, il allait les faire passer tour à tour par les armes.
CHAPITRE III.
Ce fut le 14 novembre, vers cinq heures du matin, que la colonne impériale sortit enfin de Smolensk. Sa marche était encore décidée, mais morne et taciturne comme la nuit, comme cette nature muette et décolorée au milieu de laquelle elle s'avançait.
Ce silence n'était interrompu que par le retentissement des coups dont on accablait les chevaux, et par des imprécations courtes et violentes, quand les ravins se présentèrent, et que, sur ces pentes de glace, les hommes, les chevaux et les canons roulèrent dans l'obscurité les uns sur les autres. Cette première journée fut de cinq lieues. Il fallut à l'artillerie de la garde vingt-deux heures d'efforts pour les parcourir.
Néanmoins, cette première colonne arriva, sans une grande perte d'hommes, à Korythnia, que dépassa Junot avec son corps d'armée westphalien, réduit à sept cents hommes. Une avant-garde avait été poussée jusqu'à Krasnoé. Des blessés et des hommes débandés étaient même près d'atteindre Liady. Korythnia est à cinq lieues de Smolensk; Krasnoé, à cinq lieues de Korythnia; Liady, à quatre lieues de Krasnoé. De Korythnia à Krasnoé, à deux lieues, à droite, du grand chemin, coule le Borysthène.
C'est à la hauteur de Korythnia qu'une autre route, celle d'Elnia à Krasnoé, se rapproche du grand chemin. Ce jour-là même, elle nous amenait Kutusof: il la couvrait tout entière avec quatre-vingt-dix mille hommes; il côtoyait, il dépassait Napoléon, et, par des chemins qui vont d'une route à l'autre, il envoyait des avant-gardes traverser notre retraite.
L'une, qu'Osterman, dit-on, commandait, parut en même temps que l'empereur vers Korythnia, et fut repoussée.
Une seconde vint se poster, à trois lieues en avant de nous, vers Merlino et Nikoulina, derrière un ravin qui borde le côté gauche de la grande route; et là, embusquée sur le flanc de notre retraite, elle attendait notre passage, c'était Miloradowitch avec vingt mille hommes.
Au même moment, une troisième atteignait Krasnoé, qu'elle surprit pendant la nuit, mais dont elle fut chassée par Sébastiani, qui venait d'y arriver. Enfin, une quatrième, lancée encore plus avant, s'interposa entre Krasnoé et Liady, et enleva, sur la grande route, plusieurs généraux et autres militaires qui marchaient isolément.
En même temps Kutusof, avec le gros de son armée, s'acheminait et s'établissait en arrière de ces avant-gardes et à portée de toutes, s'applaudissant du succès de ses manœuvres, que sa lenteur lui aurait fait manquer sans notre imprévoyance; car ce fut un combat de fautes, où les nôtres ayant été plus graves, nous pensâmes tous périr. Les chos...

Table des matières

  1. HISTOIRE
  2. TOME SECOND.
  3. LIVRE HUITIÈME.
  4. CHAPITRE II.
  5. CHAPITRE III.
  6. CHAPITRE IV.
  7. CHAPITRE V.
  8. CHAPITRE VI.
  9. CHAPITRE VII.
  10. CHAPITRE VIII.
  11. CHAPITRE IX.
  12. CHAPITRE X.
  13. CHAPITRE XI.
  14. LIVRE NEUVIÈME.
  15. CHAPITRE I.
  16. CHAPITRE II.
  17. CHAPITRE III.
  18. CHAPITRE IV.
  19. CHAPITRE V.
  20. CHAPITRE VI.
  21. CHAPITRE VII.
  22. CHAPITRE VIII.
  23. CHAPITRE IX.
  24. CHAPITRE X.
  25. CHAPITRE XI.
  26. CHAPITRE XII.
  27. CHAPITRE XIII.
  28. CHAPITRE XIV.
  29. LIVRE DIXIÈME.
  30. CHAPITRE I.
  31. CHAPITRE II.
  32. CHAPITRE III.
  33. CHAPITRE IV.
  34. CHAPITRE V.
  35. CHAPITRE VI.
  36. CHAPITRE VII.
  37. CHAPITRE VIII.
  38. CHAPITRE IX.
  39. LIVRE ONZIEME.
  40. CHAPITRE I.
  41. CHAPITRE II.
  42. CHAPITRE III.
  43. CHAPITRE IV.
  44. CHAPITRE V.
  45. CHAPITRE VI.
  46. CHAPITRE VII.
  47. CHAPITRE VIII.
  48. CHAPITRE IX.
  49. CHAPITRE X.
  50. CHAPITRE XI.
  51. CHAPITRE XII.
  52. CHAPITRE XIII.
  53. LIVRE DOUZIEME.
  54. CHAPITRE I.
  55. CHAPITRE II.
  56. CHAPITRE III.
  57. CHAPITRE IV.
  58. CHAPITRE V.
  59. CHAPITRE VI.
  60. CHAPITRE VII.
  61. CHAPITRE VIII.
  62. CHAPITRE IX.
  63. CHAPITRE X.
  64. CHAPITRE XI.
  65. CHAPITRE XII.
  66. FIN
  67. Copyright