
- 381 pages
- French
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- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
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Informations
Sujet
LiteratureSujet
ClassicsChapitre VIII
Satisfaits de leur régime, ils voulurent s'améliorer le tempérament par de la gymnastique.
Et ayant pris le manuel d'Amoros, ils en parcoururent l'atlas.
Tous ces jeunes garçons, accroupis, renversés, debout, pliant les jambes, écartant les bras, montrant le poing, soulevant des fardeaux, chevauchant des poutres, grimpant à des échelles, cabriolant sur des trapèzes, un tel déploiement de force et d'agilité excita leur envie.
Cependant, ils étaient contristés par les splendeurs du gymnase, décrites dans la préface. Car jamais ils ne pourraient se procurer un vestibule pour les équipages, un hippodrome pour les courses, un bassin pour la natation, ni une «montagne de gloire», colline artificielle, ayant trente-deux mètres de hauteur.
Un cheval de voltige en bois avec le rembourrage eût été dispendieux, ils y renoncèrent ; le tilleul abattu dans le jardin leur servit de mât horizontal ; et quand ils furent habiles à le parcourir d'un bout à l'autre, pour en avoir un vertical, ils replantèrent une poutrelle des contre-espaliers. Pécuchet gravit jusqu'en haut. Bouvard glissait, retombait toujours, finalement, y renonça.
Les «bâtons orthosomatiques» lui plurent davantage, c'est-à-dire deux manches à balai reliés par deux cordes dont la première se passe sous les aisselles, la seconde sur les poignets - et pendant des heures il gardait cet appareil, le menton levé, la poitrine en avant, les coudes le long du corps.
A défaut d'haltères, le charron leur tourna quatre morceaux de frêne qui ressemblaient à des pains de sucre, se terminant en goulot de bouteille. On doit porter ces massues à droite, à gauche, par devant, par derrière ; mais trop lourdes, elles échappaient de leurs doigts, au risque de leur broyer les jambes. N'importe, ils s'acharnèrent aux «mils persanes» et même craignant qu'elles n'éclatassent, tous les soirs, ils les frottaient avec de la cire et un morceau de drap.
Ensuite, ils recherchèrent des fossés. Quand ils en avaient trouvé un à leur convenance, ils appuyaient au milieu une longue perche, s'élançaient du pied gauche, atteignaient l'autre bord, puis recommençaient. La campagne étant plate, on les apercevait au loin ; - et les villageois se demandaient quelles étaient ces deux choses extraordinaires, bondissant à l'horizon.
L'automne venu, ils se mirent à la gymnastique de chambre ; elle les ennuya. Que n'avaient-ils le trémoussoir ou fauteuil de poste imaginé sous Louis XIV par l'abbé de Saint-Pierre ! Comment était-ce construit ? où se renseigner ? Dumouchel ne daigna pas même leur répondre !
Alors, ils établirent dans le fournil une bascule brachiale. Sur deux poulies vissées au plafond passait une corde, tenant une traverse à chaque bout. Sitôt qu'ils l'avaient prise, l'un poussait la terre de ses orteils, l'autre baissait les bras jusqu'au niveau du sol ; le premier, par sa pesanteur, attirait le second, qui lâchant un peu la cordelette, montait à son tour ; en moins de cinq minutes leurs membres dégouttelaient de sueur.
Pour suivre les prescriptions du manuel, ils tâchèrent de devenir ambidextres, jusqu'à se priver de la main droite, temporairement. Ils firent plus : Amoros indique les pièces de vers qu'il faut chanter dans les manoeuvres - et Bouvard et Pécuchet, en marchant, répétaient l'hymne n° 9 :
«Un roi, un roi juste est un bien sur la terre.»
Quand ils se battaient les pectoraux : «Amis, la couronne et la gloire», etc. Au pas de course :
A nous l'animal timide !
Atteignons le cerf rapide !
Oui ! nous vaincrons !
Courons ! courons ! courons !
Et plus haletants que des chiens, ils s'animaient au bruit de leurs voix.
Un côté de la gymnastique les exaltait : son emploi comme moyen de sauvetage.
Mais il aurait fallu des enfants, pour apprendre à les porter dans des sacs ; - et ils prièrent le maître d'école de leur en fournir quelques-uns. Petit objecta que les familles se fâcheraient. Ils se rabattirent sur les secours aux blessés. L'un feignait d'être évanoui ; et l'autre le charriait dans une brouette, avec toutes sortes de précautions.
Quant aux escalades militaires, l'auteur préconise l'échelle de Bois-Rosé, ainsi nommée du capitaine qui surprit Fécamp autrefois, en montant par la falaise.
D'après la gravure du livre, ils garnirent de bâtonnets un câble, et l'attachèrent sous le hangar.
Dès qu'on a enfourché le premier bâton, et saisi le troisième, on jette ses jambes en dehors, pour que le deuxième qui était tout à l'heure contre la poitrine se trouve juste sous les cuisses. On se redresse, on empoigne le quatrième et l'on continue. - Malgré de prodigieux déhanchements, il leur fut impossible d'atteindre le deuxième échelon.
Peut-être a-t-on moins de mal en s'accrochant aux pierres avec les mains, comme firent les soldats de Bonaparte à l'attaque du Fort-Chambray ? - et pour vous rendre capable d'une telle action, Amoros possède une tour dans son établissement.
Le mur en ruines pouvait la remplacer. Ils en tentèrent l'assaut.
Mais Bouvard, ayant retiré trop vite son pied d'un trou, eut peur et fut pris d'étourdissement.
Pécuchet en accusa leur méthode : ils avaient négligé ce qui concerne les phalanges - si bien qu'ils devaient se remettre aux principes.
Ses exhortations furent vaines ; - et dans sa présomption, il aborda les échasses.
La nature semblait l'y avoir destiné ; car il employa tout de suite le grand modèle, ayant des palettes à quatre pieds du sol ; - et tranquille là-dessus, il arpentait le jardin, pareil à une gigantesque cigogne qui se fût promenée.
Bouvard à la fenêtre le vit tituber - puis s'abattre d'un bloc sur les haricots, dont les rames en se fracassant amortirent sa chute. On le ramassa couvert de terreau, les narines saignantes, livide - et il croyait s'être donné un effort.
Décidément la gymnastique ne convenait point à des hommes de leur âge ; ils l'abandonnèrent, n'osaient plus se mouvoir par crainte des accidents, et restaient tout le long du jour assis dans le muséum, à rêver d'autres occupations.
Ce changement d'habitudes influa sur la santé de Bouvard. Il devint très lourd, soufflait après ses repas comme un cachalot, voulut se faire maigrir, mangea moins, et s'affaiblit.
Pécuchet également, se sentait «miné», avait des démangeaisons à la peau et des plaques dans la gorge. «Ca ne va pas», disaient-ils, «ça ne va pas.»
Bouvard imagina d'aller choisir à l'auberge quelques bouteilles de vin d'Espagne, afin de se remonter la machine.
Comme il en sortait, le clerc de Marescot et trois hommes apportaient à Beljambe une grande table de noyer ; «Monsieur» l'en remerciait beaucoup. Elle s'était parfaitement conduite.
Bouvard connut ainsi la mode nouvelle des tables tournantes. Il en plaisanta le clerc.
Cependant par toute l'Europe, en Amérique, en Australie et dans les Indes, des millions de mortels passaient leur vie à faire tourner des tables ; - et on découvrait la manière de rendre les serins prophètes, de donner des concerts sans instruments, de correspondre aux moyens des escargots. La Presse offrant avec sérieux ces bourdes au public, le renforçait dans sa crédulité.
Les Esprits-frappeurs avaient débarqué au château de Faverges, de là s'étaient répandus dans le village - et le notaire principalement, les questionnait.
Choqué du scepticisme de Bouvard, il convia les deux amis à une soirée de tables tournantes.
Était-ce un piège ? Mme Bordin se trouverait là. Pécuchet, seul, s'y rendit.
Il y avait, comme assistants, le maire, le percepteur, le capitaine, d'autres bourgeois et leurs épouses, Mme Vaucorbeil, Mme Bordin effectivement, de plus, une ancienne sous-maîtresse de Mme Marescot, Mlle Laverrière, personne un peu louche avec des cheveux gris tombant en spirales sur les épaules, à la façon de 1830. Dans un fauteuil se tenait un cousin de Paris, costumé d'un habit bleu et l'air impertinent.
Les deux lampes de bronze, l'étagère de curiosités, des romances à vignette sur le piano, et des aquarelles minuscules dans des cadres exorbitants faisaient toujours l'étonnement de Chavignolles. Mais ce soir-là les yeux se portaient vers la table d'acajou. On l'éprouverait tout à l'heure, et elle avait l'importance des choses qui contiennent un mystère.
Douze invités prirent place autour d'elle, les mains étendues, les petits doigts se touchant. On n'entendait que le battement de la pendule. Les visages dénotaient une attention profonde.
Au bout de dix minutes, plusieurs se plaignirent de fourmillements dans les bras. Pécuchet était incommodé.
- «Vous poussez !» dit le capitaine à Foureau.
- «Pas du tout !»
- «Si fait !»
- «Ah ! monsieur !»
Le notaire les calma.
A force de tendre l'oreille, on crut distinguer des craquements de bois. - Illusion ! - Rien ne bougeait.
L'autre jour, quand les familles Aubert et Lormeau étaient venues de Lisieux et qu'on avait emprunté exprès la table de Beljambe, tout avait si bien marché ! Mais celle-là aujourd'hui montrait un entêtement !... Pourquoi ?
Le tapis sans doute la contrariait ; - et on passa dans la salle à manger.
Le meuble choisi fut un large guéridon, où s'installèrent Pécuchet, Girbal, Mme Marescot et son cousin M. Alfred.
Le guéridon, qui avait des roulettes, glissa vers la droite ; les opérateurs sans déranger leurs doigts suivirent son mouvement, et de lui-même il fit encore deux tours. On fut stupéfait.
Alors M. Alfred articula d'une voix haute :
- «Esprit, comment trouves-tu ma cousine ? »
Le guéridon en oscillant avec lenteur frappa neuf coups. D'après une pancarte, où le nombre des coups se traduisait par des lettres, cela signifiait - «charmante». Des bravos éclatèrent.
Puis Marescot, taquinant Mme Bordin, somma l'esprit de déclarer l'âge exact qu'elle avait.
Le pied du guéridon retomba cinq fois.
- «Comment ? cinq ans !» s'écria Girbal.
- «Les dizaines ne comptent pas» reprit Foureau.
La veuve sourit, intérieurement vexée.
Les réponses aux autres questions manquèrent, tant l'alphabet était compliqué. Mieux valait la Planchette, moyen expéditif et dont Mllz Laverrière s'était servie pour noter sur un album les communications directes de Louis XII, Clémence Isaure, Franklin, Jean-Jacques Rousseau, etc. Ces mécaniques se vendaient rue d'Aumale ; M. Alfred en promit une, puis s'adressant à la sous-maîtresse :
- «Mais pour le quart d'heure, un peu de piano, n'est-ce pas ? une mazurka !»
Deux accords plaqués vibrèrent. Il prit sa cousine à la taille, disparut avec elle, revint. On était rafraîchi par le vent de la robe qui frôlait les portes en passant. Elle se renversait la tête, il arrondissait son bras. On admirait la grâce de l'une, l'air fringant de l'autre ; et sans attendre les petits fours, Pécuchet se retira, ébahi de la soirée.
Il eut beau répéter : - «Mais j'ai vu !» Bouvard niait les faits et néanmoins consentit à expérimenter, lui- même.
Pendant quinze jours, ils passèrent leurs après-midi en face l'un de l'autre les mains sur une table, puis sur un chapeau, sur une corbeille, sur des assiettes. Tous ces objets demeurèrent immobiles.
Le phénomène des tables tournantes n'en est pas moins certain. Le vulgaire l'attribue à des Esprits, Faraday au prolongement de l'action nerveuse, Chevreul à l'inconscience des efforts, ou peut-être, comme admet Ségouin, se dégage-t-il de l'assemblage des personnes une impulsion, un courant magnétique ?
Cette hypothèse fit rêver Pécuchet. Il prit dans sa bibliothèque le Guide du magnétiseur par Montacabère, le relut attentivement, et initia Bouvard à la théorie.
Tous les corps animés reçoivent et communiquent l'influence des astres, propriété analogue à la vertu de l'aimant. En dirigeant cette force on peut guérir les malades, voilà le principe. La science, depuis Mesmer, s'est développée ; - mais il importe toujours de verser le fluide et de faire des passes qui, premièrement, doivent endormir.
- «Eh bien, endors-moi» dit Bouvard.
- «Impossible» répliqua Pécuchet «pour subir l'action magnétique et pour la transmettre la foi est indispensable.» Puis considérant Bouvard : - «Ah ! quel dommage !»
- «Comment ? »
- «Oui, si tu voulais, avec un peu de pratique, il n'y aurait pas de magnétiseur comme toi !»
Car il possédait tout ce qu'il faut : l'abord prévenant, une constitution robuste - et un moral solide.
Cette faculté qu'on venait de lui découvrir flatta Bouvard....
Table des matières
- Chapitre I
- Chapitre II
- Chapitre III
- Chapitre IV
- Chapitre V
- Chapitre VI
- Chapitre VII
- Chapitre VIII
- Chapitre IX
- Chapitre X
- Copyright