Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset
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Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset

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  1. 272 pages
  2. French
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Une histoire d'Amour : George Sand et A. de Musset

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À propos de ce livre

pubOne.info present you this new edition. L'extraordinaire curiosite qui tout a coup ramene l'attention sur le roman d'amour de George Sand et de Musset porte son enseignement. Les dernieres ecoles litteraires achevent de fatiguer le public. La vie dans l'art reprend ses droits. Les poetes de l'ideal et de la passion, meme les romantiques, meme les precheurs d'utopies, sont soudain relus et aimes par la generation qui s'avance. Lamartine a reconquis sa royaute sur les ames. George Sand et Musset renaitraient-ils d'un semblable abandon? Voila deux incontestables genies. Leur eclat s'embrumait depuis un quart de siecle; mais pour les ressusciter a la gloire, ce soleil des morts veillait sur les deux ombres une histoire d'amour.

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Informations

Éditeur
pubOne.info
Année
2010
ISBN de l'eBook
9782819931683
IV
Ils s'arrêtèrent deux jours à Lyon et descendirent à Avignon par le Rhône. Sur le bateau, ils rencontrèrent Stendhal qui rejoignait son consulat de Civita-Vecchia. Ce compagnon inattendu les divertit quelques jours par son esprit mordant et ses blagues de célibataire sans préjugés. George Sand, dans l'Histoire de ma vie, insiste sur l'impression à la fois agréable et pénible qu'il lui laissa. Causeur pénétrant et sans charme, observateur profond, il se moqua surtout de ses illusions sur l'Italie. Leur descente du Rhône eut d'amusantes péripéties. «Nous soupâmes avec quelques autres voyageurs de choix, écrit-elle, dans une mauvaise auberge de village, le pilote du bateau à vapeur n'osant franchir le Pont-Saint-Esprit avant le jour. Il (Stendhal) fut là d'une gaîté folle, se grisa raisonnablement, et, dansant autour de la table avec ses grosses bottes fourrées, devint quelque peu grotesque et pas joli du tout76. » Deux dessins de Musset, dans l'album du voyage à Venise, présentent la charge de Stendhal, d'abord de profil, énorme et grave sous sa redingote opulente, puis gracieux avec ses bottes fourrées et son manteau à triple collet, dansant devant une servante d'auberge. Arrivés à Avignon, il choqua ses compagnons par d'inconvenantes plaisanteries sur un Christ de la cathédrale. Ils se séparèrent à Marseille77.
Note 76: (retour) Histoire de ma vie, cinquième partie, chap. III.
Note 77: (retour) Deux lettres de G. Sand sont datées de Marseille (qu'elle a trouvée «stupide», comme Avignon et Lyon), des 18 et 20 décembre 1833. (Correspondance, I. )
Musset et son amie s'arrêtèrent quelques jours à Gênes. Elle y eut un accès de fièvre. Une lettre de lui à sa mère nous le montre émerveillé des galeries de tableaux et des jardins de cette ville. C'est durant ce séjour de Gênes, à en croire Paul de Musset, que leur serait malheureusement apparu le contraste de leurs natures et de leurs éducations, dans la compagnie de deux jeunes Italiens connus sur le bateau qui les avait amenés de Marseille.
George Sand elle-même, dans Elle et Lui78, place à Gênes leurs premiers malentendus. Mais son roman est peu précis, quant à la succession des étapes de leur histoire. La lassitude qu'elle reproche ici à Laurent devant Thérèse malade, doit se rapporter aux premiers jours de Venise79.
Note 78: (retour) Lui et Elle, 83 et sq.
Note 79: (retour) Elle et Lui, 121 et sq.
De Gênes, tous deux se rendirent par mer à Livourne. Une caricature d'Alfred les représente, sur le bateau, en costume de voyageurs, Elle, appuyée au bastingage, la cigarette aux lèvres, Lui, en proie au mal de mer, avec cette légende: Homo sum et nihil humani a me alienum puto.
George Sand raconte qu'en proie aux frissons et défaillances de la fièvre, elle visita Pise et le Campo Santo, dans une grande apathie; que presque indifférents à la suite de leur voyage, ils jouèrent à pile ou face Rome ou Venise; qu'ils se rendirent à Venise par Florence80. Leur séjour à Florence fut de courte durée, George Sand toujours malade, et Musset préoccupé d'y situer un drame qu'il songeait à tirer des chroniques locales. Ce drame est devenu Lorenzaccio. Ils traversèrent seulement Ferrare et Bologne, pour arriver, le l9 janvier 1834, à Venise.
Note 80: (retour) Histoire de ma vie, cinquième partie, chap. III.
On a retrouvé récemment une saisissante page de George Sand, racontant leur entrée à Venise. C'est le premier chapitre d'un roman qu'elle n'a pas écrit; mais l'identité parfaite des personnages avec elle et son compagnon en fait plutôt un fragment de Mémoires. Le voici81:
Note 81: (retour) Publié par M. de Lovenjoul. Cosmopolis de mai 1896.
Il était dix heures du soir lorsque le misérable legno qui nous cahotait depuis le matin sur la route sèche et glacée s'arrêta à Mestre. C'était une nuit de janvier sombre et froide. Nous gagnâmes le rivage dans l'obscurité. Nous descendîmes à tâtons dans une gondole. Le chargement de nos paquets fut long. Nous n'entendions pas un mot de vénitien. La fièvre me jetait dans une apathie profonde. Je ne vis rien, ni la grève, ni l'onde, ni la barque, ni le visage des bateliers. J'avais le frisson, et je sentais vaguement qu'il y avait dans cet embarquement quelque chose d'horriblement triste. Cette gondole noire, étroite, basse, fermée de partout, ressemblait à un cercueil. Enfin, je la sentis glisser sur le flot. Le temps était calme et il ne me semblait pas que nous allassions vite, bien que trois hommes noirs nous fissent voguer rapidement. Ils faisaient entre eux une conversation suivie, comme s'ils eussent été au coin du feu. Nous traversions sans nous en douter cette partie dangereuse de l'archipel vénitien où, au moindre coup de vent, des courants terribles se précipitent avec furie. Il faisait si noir que nous ne savions pas si nous étions en pleine mer ou sur un canal étroit et bordé d'habitations. J'eus, un instant, le sentiment de l'isolement. Dans ces ténèbres, dans ce tête-à-tête avec un enfant que ne liait point à moi une affection puissante, dans cette arrivée chez un peuple dont nous ne connaissions pas un seul individu et dont nous n'entendions pas même la langue, dans le froid de l'atmosphère dont l'abattement de la fièvre ne me laissait plus la force de chercher à me préserver, il y avait de quoi contrister une âme plus forte que la mienne. Mais l'habitude de tout risquer à tout propos m'a donné un fond d'insouciance plus efficace que toutes les philosophies. Qui m'eût prédit que cette Venise, où je croyais passer en voyageur, sans lui rien donner de ma vie, et sans en rien recevoir, sinon quelques impressions d'artiste, allait s'emparer de moi, de mon être, de mes passions, de mon présent, de mon avenir, de mon coeur, de mes idées, et me ballotter comme la mer ballotte un débris, en le frappant sur ses grèves jusqu'à ce qu'elle l'ait rejeté au loin, et, faible jouet, avec mépris? Qui m'eût prédit que cette Venise allait me séparer violemment de mon idole, et me garder avec jalousie dans son enceinte implacable, aux prises avec le désespoir, la joie, l'amour et la misère?
Eh bien, qui me l'eût prédit ne m'eût pas fait reculer; je lui aurais répondu par mon argument philosophique: Tout se peut! Donc, tout ce qui peut arriver peut aussi ne pas arriver, et tout ce qui peut arriver peut être supporté, car tout ce qui peut être supporté peut aussi ne pas arriver.
Tout à coup Théodore, ayant réussi à tirer une des coulisses qui servent de double persiennes aux gondoles, et regardant à travers la glace, s'écria:— Venise!
Quel spectacle magique s'offrait à nous à travers ce cadre étroit! Nous descendions légèrement le superbe canal de la Giudecca; le temps s'était éclairci, les lumières de la ville brillaient au loin sur ces vastes quais qui font une si large et si majestueuse avenue à la cité reine! Devant nous, la lune se levait derrière Saint-Marc, la lune mate et rouge, découpant sous son disque énorme des sculptures élégantes et des masses splendides. Peu à peu, elle blanchit, se contracta, et, montant sur l'horizon au milieu de nuages lourds et bizarres, elle commença d'éclairer les trésors d'architecture variée qui font de la place Saint-Marc un site unique dans l'univers.
Au mouvement de la gondole, qui louvoyait sur le courant de la Giudecca, nous vîmes passer successivement sur la région lumineuse de l'horizon la silhouette de ces monuments d'une beauté sublime, d'une grandeur ou d'une bizarrerie fantastique: la corniche transparente du palais ducal, avec sa découpure arabe et ses campaniles chrétiens soutenus par mille colonnettes élancées; surmontées d'aiguilles légères; les coupoles arrondies de Saint-Marc, qu'on prendrait la nuit pour de l'albâtre quand la lune les éclaire; la vieille Tour de l'Horloge avec ses ornements étranges; les grandes lignes régulières des Procuraties; le Campanile, ou Tour de Saint-Marc, géant isolé, au pied duquel, par antithèse, un mignon portique de marbres précieux rappelle en petit notre Arc triomphal, déjà si petit, du Carrousel; enfin, les masses simples et sévères de la Monnaie, et les deux colonnes grecques qui ornent l'entrée de la Piazzetta. Ce tableau ainsi éclairé nous rappelait tellement les compositions capricieuses de Turner qu'il nous sembla encore une fois voir Venise en peinture, dans notre mémoire, ou dans notre imagination.
— Que nous sommes heureux! s'écria Théodore. Cela est beau comme le plus beau rêve. Voilà Venise comme je la connaissais, comme je la voulais, comme je l'avais vue quand je la chantais dans mes vers. Et cette lune qui se lève exprès pour nous la montrer dans toute sa poésie! Ne dirait-on pas que Venise et le ciel se mettent en frais pour notre réception? Quelle magnifique entrée! Ne sommes-nous pas bénis? Allons, voilà un heureux présage. Je sens que la Muse me parlera ici. Je vais enfin retrouver l'Italie que je cherche depuis Gênes sans pouvoir mettre la main dessus!
Pauvre Théodore! Tu ne prévoyais pas. . .
Alfred de Musset éprouva une joie d'enfant à se sentir à Venise. La somptueuse inconsolée, l'éternelle impératrice des lagunes, cité dolente de ses rêveries, Venise, Venise la Rouge de ses premiers chants romantiques, lui épargna la déception qu'il avait redoutée.
Il s'installa avec son amie sur le quai des Esclavons, dans un vieux palais transformé en albergo, à l'entrée du Grand Canal, devant la Salute, près de la glorieuse place Saint-Marc. C'était l'hôtel Danieli ou Albergo Reale dont le dernier occupant avait été un comte Nani-Mocenigo82.
Note 82: (retour) Ancien palais Bernado-Nani. — Mme Louise Colet raconte longuement dans son voyage en Italie (1859) ses recherches de l'appartement de Musset et de G. Sand à l'hôtel Davieli: deux chambres, sur une ruelle, aboutissant à un grand salon tendu de soie bleu foncé qui regardait la Riva dei Schiavoni. Balzac aurait occupé le même logement en 1835. — Cf. L. COLET, l'Italie des Italiens, t. I, p. 249. In-18, Paris, Dentu, 1862.
Cet illustre nom vénitien de Mocenigo se rattachait au séjour de Byron. «Jadis lord Byron avait habité un palais sur le Grand Canal— «Aveva tutto il palazzo, lord Byron», leur dit leur hôte. Ce souvenir du poète anglais est demeuré si vivace chez Alfred de Musset que, huit ans plus tard, on le retrouve dans son Histoire d'un merle blanc: «J'irai à Venise et je louerai sur les bords du Grand Canal, au milieu de cette cité féerique, le grand palais Mocenigo, qui coûte quatre livres dix sous par jour; là je m'inspirerai de tous les les souvenirs que l'auteur de Lara doit y avoir laissés83. »
Note 83: (retour) MAURICE CLOUARD, Alfred de Musset et George Sand (Revue de Paris du 15 août 1896).
Le charme dolent de Venise, la séduction nostalgique de la dernière capitale du Rêve, enivre pour jamais tous les poètes qui l'ont une fois goûté. C'était le dernier voeu de Théophile Gautier d'endormir ses jours dans un vieux palais de Venise. Ce souhait, la mort l'a réalisé pour Robert Browning et Richard Wagner.
George Sand, toujours languissante de sa fièvre de Gênes, s'était cependant mise au travail. A peine installée, elle abordait la tâche qu'elle-même s'était imposée, d'envoyer le plus tôt possible un roman à Buloz. Aucune autre occupation, aucun plaisir ne devaient l'en distraire. Il fallait gagner sa vie pour pouvoir jouir de Venise. Et sans doute, elle pressait son compagnon de l'imiter84. Musset regardait, écoutait, admirait, parcourait la ville en tous sens, prenant des notes, flânant surtout, vivant la vie vénitienne. Bientôt son amie dut garder la chambre, décidément influencée par la malaria. Tout en continuant ses promenades, manqua-t-il d'égards envers cette compagne souffrante, plus âgée que lui de six ans et surtout occupée de ses productions littéraires? Nous l'examinerons plus loin. Voici que Musset va tomber lui-même gravement malade. Ceci va jeter entre eux un troisième personnage, leur médecin, le docteur Pietro Pagello. Sans l'exceptionnelle qualité de ses deux partenaires, il serait malaisé de le mettre en scène: on sait qu'il est encore vivant. Mais l'universelle rumeur qui a divulgué depuis deux mois l'histoire des Amants de Venise, a fait Pagello légendaire. Nous n'en dirons pourtant que ce qui est essentiel au récit de ce roman d'amour. Né en 1807, à Castelfranco-Veneto, il a passé sa vie à Venise d'abord, puis à Bellune comme médecin principal de l'hôpital civil. Il y demeure, entouré d'une nombreuse famille et fort estimé.
Note 84: (retour) Dans son roman de Lui, curieux à plus d'un titre (1860), Mme Louise Colet a longuement raconté les passe-temps probables du poète, parmi les étoiles du théâtre de la Fenice et leurs amants, durant la réclusion volontaire de G. Sand a l'hôtel Danieli. Sans qu'on puisse peut-être s'y trop fier pour les détails, cette partie de son livre laisse une impression de vraisemblance qu'il fallait signaler. (Lui, pp. 161-248, in-18, Paris, Charpentier. ) Peut-être en tenait-elle le récit du poète lui-même, — qui, comme on sait, eut un caprice pour elle.
Habile et intelligent dans sa profession, avec de vrais dons de poète, il était d'une franche beauté, forte et plantureuse, quand il connut G. Sand à Venise. Un portrait d'alors peint par Bevilacqua en témoigne. Sans insister sur son caractère moral, disons du moins que le Smith de la Confession d'un enfant du siècle nous paraît être de tous ses portraits romanesques le plus proche de la vérité.
Quoique cette aventure, après soixante-deux ans, ne relève plus guère que de l'histoire littéraire, on conçoit les répugnances du docteur Pagello à en entretenir le public85. Je n'ai pas hésité cependant à faire connaître un document précieux qui devait éclairer singulièrement cette aventure fameuse.
Note 85: (retour) Sa discrétion a été remarquable. C'est sans faire même une allusion à la nature de ce roman de jeunesse qu'il a parlé pour la première fois, en 1881, de ses rapports avec George Sand et Musset, dans une lettre au Corriere della Sera (traduite au Figaro du 14 mars 1881). Au cours de la même année, un rédacteur de l'Illustrazione italiana, qui l'avait interrogé sur ses aventures de Venise, cita quelques fragments d'une lettre où il ne se livrait encore qu'à demi-mot. Il y avait alors près de cinquante ans que les confidences littéraires de Musset et de George Sand en instruisaient leurs lecteurs!
Étant, au mois de novembre 1890, à Mogliano-Veneto, l'hôte d'une Italienne du plus noble esprit, feu la comtesse Andriana Marcello, comme je m'enquérais des traces laissées par G. Sand et Musset à Venise, elle voulut bien demander à la fille aînée du médecin de Bellune, laquelle habitait Mogliano, de lui confier les documents qu'elle possédait. Avec plusieurs lettres de G. Sand, Mme Antonini nous communiqua un mémorial autographe de cette histoire, rédigé par son père dans sa jeunesse, — le tout inédit, comme le prétendait la famille de Pagello.
Ces lettres de G. Sand étaient restées inédites en effet; le journal du docteur l'était moins. . . . J'en ai eu dernièrement la preuve dans un volume introuvable, et parfaitement inconnu, où, parmi des essais dramatiques et littéraires de sa façon, Mme Luigia Codemo a glissé le mémorial du médecin de Bellune86. Aux premières lignes, j'ai reconnu le texte même du vieux carnet. Il n'y avait plus d'indiscrétion à le faire connaître. . . . En le traduisant pour la première fois, je l'ai accompagné d'un récit synthétique du drame de Venise, d'observations et de maints détails inédits87.
Note 86: (retour) LUIGIA CODEMO. Racconti, scene, bozetti, produzioni drammatiche, 2 vol. in-8°, Trévise, L. Zopelli, 1882. Le journal de Pagello, accompagné de quelques réflexions de Mme L. Codemo, figure sous ce titre: Sandiana au premier volume (pp. 155-188).
Note 87: (retour) L'histoire véridique des amants de Venise, dans le Gaulois des 16 et 17 octobre 1896. — La vie de George Sand et du docteur Pagello à Venise et Sand-Musset-Pagello: le retour en France, dans l'Echo de Paris des 20 et 21 octobre 1896.
Le journal intime de Pagello est de peu de temps postérieur aux événements qu'il évoque. — Écoutons le docteur raconter comment il entra en relations avec le couple français de l'hôtel Danieli.
Je demeurais à Venise, où, ayant achevé mes études médicales, je commençais à me procurer quelques clients. Je me promenais un jour sur le quai des Esclavons avec un Génois de mes amis, voyageur et lettré de goût. En passant sous les fenêtres de l'Albergo Danieli (ou Hôtel-Royal), je vis à un balcon du premier étage une jeune femme assise, d'une physionomie mélancolique, avec les cheveux très noirs et deux yeux d'une expression décidée et virile. Son accoutrement avait un je ne sais quoi de singul...

Table des matières

  1. INTRODUCTION
  2. UNE HISTOIRE D'AMOUR
  3. II
  4. III
  5. IV
  6. V
  7. VI
  8. VIII
  9. IX
  10. Copyright