Odette
eBook - ePub

Odette

  1. 176 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre

Diplomatie. Méfiance. Filature. Espionnage. Ambiguïté. C'est dans cet univers administratif étouffant que Paul vient d'accéder au poste de directeur général aux Affaires étrangères. Il travaille dans un service diplomatique où les petites intrigues se multiplient dans un contexte de relations sociales difficiles. Il est bel homme, ce Paul. Il attire l'attention de la gent féminine. Il est volage. Il est assez peu sympathique, finalement-presque un antihéros. Qu'à cela ne tienne. Celle qui l'envoûte, qui le tient en haleine, c'est elle, cette belle inconnue. Odette, qu'il croise, mais qu'il ne connaît pas. Il est fasciné. Subjugué. Obsédé. Au fil des jours, des subterfuges et des plans contrecarrés, Paul découvre enfin qui elle est; plus que jamais, il désire faire sa connaissance. Réussira-t-il à établir une quelconque connexion avec celle qui en vient, sans le savoir, à prendre une place démesurée dans sa vie?

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Elle quitte le théâtre en compagnie d’un homme qui semble être son conjoint. Du moins le tient-elle étroitement par le bras, comme si elle était amoureuse de lui. Elle avance d’un pas mesuré qui s’accorde au sien et fait ce qu’il faut pour bien montrer qu’il est son homme et qu’elle est heureuse de se trouver en sa compagnie. C’est l’impression qu’elle donne à ceux qui les entourent.
Malgré tout, Paul a le sentiment que sa démarche tient surtout du jeu ou même du calcul. Il lui semble peu probable qu’elle éprouve pour cet homme sel et poivre un amour passionnel. Il est plutôt d’avis qu’elle est aguerrie à ce genre d’exercice et qu’elle s’y adonne volontiers, avec toute l’habileté et tout le savoir-faire que, très évidemment, elle a déjà acquis. Car il est clair qu’elle est à l’aise dans le milieu chic, presque aristocratique, dans lequel elle se trouve. Elle est dans son élément, alors que Paul, lui, n’a pas l’habitude d’évoluer dans la même société.
Sa première impression ne l’empêche aucunement d’être ébloui par le charme qui émane de cette femme. Il se répand autour d’elle et ensorcelle Paul sans qu’il n’y puisse rien. Sans même qu’il s’en rende pleinement compte ni, non plus, qu’il songe un seul instant à s’y soustraire. Il demeure donc sur place, fasciné, subjugué, conquis par toute cette grâce légère et sinueuse qui déferle devant lui. Elle suscite chez lui une admiration qui, déjà, prend des allures de coup de foudre.
Elle avance vers lui d’un pas lent et rythmé qui accentue le balancement de ses hanches, qui lui-même échappe très évidemment à toute conscience, à toute volonté de séduction de sa part. Il y a dans sa démarche une fraîcheur et une simplicité qui ne se trouvent habituellement pas chez une femme mature, mais plutôt chez une adolescente. Tout ceci fait d’elle une contradiction vivante. On se le demande : comment peut-elle être une femme accomplie tout en conservant autant de traits qui évoquent l’inexpérience, l’innocence et même la vertu ?
Sa robe beige et soyeuse est ornée d’appliques et de passementeries blanches qui imitent les courbures de la vigne et les grappes de raisins. Elle met en valeur la finesse de son corps et ajoute à la légèreté et à l’élégance de ses moindres mouvements. Les épaules et la poitrine, qui vont en s’amenuisant jusqu’à la taille, puis le bassin qui, lui aussi, amorce un dégradé qui va se perdre dans les jambes, rappellent un cœur double et superposé. Jamais la nature n’a si bien tendu le piège qu’elle réserve depuis toujours aux hommes. Piège dans lequel Paul tombe sans aucune résistance. Il y bascule même de son plein gré, avec une ferveur évidente.
Mettant de côté toute réserve, il se précipite sur le passage de la jeune femme, de manière à lui faire face et à la voir de plus près. Elle se rend compte de son geste et se prête avec le sourire à l’impétuosité de Paul, un peu comme une vedette se fait belle et gracieuse devant un appareil photo. Le vieux monsieur grisonnant, lui, semble contrarié par tant de sans-gêne. Il jette à Paul un regard rapide et froid qui le fait reculer dans la foule qui se presse autour d’eux. Mais non avant qu’il puisse dire à la jeune femme :
— À bientôt !
Il aurait pu lui dire plutôt :
— Vous êtes belle.
Peut-être même :
— Je vous aime.
Mais à bientôt ? Que veut-il dire ? Lui-même n’en sait rien. Les mots lui sont sortis de la bouche sans qu’il les y autorise et seulement parce que, sur le moment, rien d’autre ne lui est venu à l’esprit. Il la regarde longtemps s’en aller, se mêler à la foule, puis disparaître derrière les robes de soirée et les complets anthracites des hommes.
Paul demeure sur place un long moment, incertain s’il a eu affaire à une fée, à un archange ou à quelque déesse d’une religion oubliée. Sa petite amie Léa, qui l’accompagne au théâtre, le tire de sa torpeur et, le regard oblique et jaloux, l’entraîne ailleurs, dans la direction opposée.
— Tu la connais, cette femme ?
— Non, je l’ai jamais vue avant maintenant. Pourquoi tu me demandes ça ?
— Parce qu’elle a fait sur toi une forte impression.
— Tu m’accorderas qu’elle est très belle.
— Oui, elle est belle. Elle est plus belle que moi. C’est facile à voir.
— Mais non ! Tu es vraiment pas gentille envers toi-même, Léa !
— Je pense plutôt que je vois clair, que je me regarde avec les yeux d’un autre, sans flatterie et sans indulgence.
— Tu es trop dure avec toi-même. Je pense au contraire que tu es très jolie. C’est d’ailleurs une des raisons qui font que je veux vivre avec toi. Crois-tu vraiment que je resterais là si tu étais pas une femme remarquable, exceptionnelle même ?
— Je sais plus, Paul. Quand je te vois regarder d’autres femmes avec, dans les yeux, l’envie d’être avec elles plutôt qu’avec moi, je perds tous mes moyens. C’est avec des yeux comme ça que tu regardais cette femme, tout à l’heure.
— Pas du tout ! C’est de la pure invention !
— On va pas se chamailler ici, Paul, au beau milieu de la foule.
— Tu as raison. Parlons d’autre chose. De n’importe quoi. De Molière, tiens.
— Aimes-tu vraiment Molière ? Tu avais l’air de t’ennuyer à mourir, surtout vers la fin du spectacle.
— Vraiment ? Pourtant, j’aime bien Molière. Tout le monde a le devoir, tout le monde a l’obligation d’aimer Molière ! C’est un incontournable. Un monstre sacré, comme on dit souvent.
— Tu dis n’importe quoi, Paul. Aimes-tu Molière, oui ou non ?
— Oui, beaucoup même…
— Tu m’écoutes même pas et Molière t’intéresse pas du tout… Qu’est-ce que tu cherches, là-bas ?
— Rien. Je regarde de ce côté-là, à tout hasard.
— Tu mens ! Tu la cherches, la jolie femme qui t’a souri tout à l’heure. Elle est déjà sortie avec son vieil ami. À moins qu’il soit plutôt son vieux mari.
— Bon. Puisque tu es si difficile, il vaudrait peut-être mieux qu’on rentre à notre appartement. Mais si tu préfères aller au restaurant, on pourrait continuer à discuter de Molière…
— Je pense que Molière est le dernier sujet qui t’intéresse. Te souviens-tu au moins du titre de la pièce qu’on vient de voir ?
— Bien sûr que je m’en rappelle ! C’est… Le bourgeois de Paris. Non, c’est Le bourgeois
— Quelle mémoire ! Et quelle culture ! Rentrons chez nous !
— D’accord, mais rentrons à pied, si tu veux. Un peu d’air frais nous fera du bien à tous les deux. Après tout ce temps passé dans cette grande salle remplie de rires et d’applaudissements, j’en suis encore tout étourdi.
— Et la voiture ?
— Je viendrai la chercher demain matin. On est à une dizaine de minutes de notre appartement. Ça se marche facilement. C’est pas la peine de sortir l’auto de là où elle est pour la garer sous notre édifice.
— D’accord, mais il fait très noir et la soirée est vraiment fraîche.
— Viens ! Prends mon bras.
Ils marchent ensemble sur le trottoir. Paul ne se souvient plus de ce que Léa lui a répondu plus tôt. Voulait-elle aller au restaurant ou à l’appartement ? Il le lui redemande.
— Au restaurant ? Pas du tout ! répond-t-elle.
— Je pensais que… Tu n’as pas faim ?
— Non, je préfère rentrer directement.
— Bon ! Allons-y ! On finira la soirée en tête-à-tête.

Ce matin de juin, Paul se présente au travail. Comme d’habitude. Mais il a changé d’emploi récemment. Il entre donc dans un nouveau bureau, celui qu’il occupera durant les mois qui viennent. Peut-être même qu’il y restera pendant plusieurs années.
C’est un bureau de coin, symbole de l’importance de son nouveau poste. Il est plus grand que son ancien, avec trois fenêtres qui donnent sur la ville. Dans un recoin ensoleillé, il y a une plante tropicale en pleine floraison. Juste avant la porte, un grand espace est réservé à son assistante. Tous des privilèges qui viennent avec le rang de Paul, celui de directeur des études externes. Il relève directement du sous-ministre adjoint du ministère qui est le mieux coté et le plus secret en ville. Peut-être même au pays.
Paul s’installe tranquillement, presque timidement, dans son nouveau bureau. Il prend possession des lieux avec lenteur et prudence. Il regarde la ville par la fenêtre. Une mosaïque colorée de toits, de tours et de gratte-ciel en tous genres. Avec des rues rectilignes et transversales qui les séparent proprement. Et de la fumée qui s’échappe de quelques cheminées industrielles.
— Vous voulez du café ?
Une jeune femme est debout dans l’encadrement de la porte. Elle sourit en attendant la réponse de Paul.
— Je croyais que le café ne faisait plus partie des tâches d’une secrétaire… Pardon, je pense que vous êtes plutôt une assistante ?
— Oui, une assistante.
— Eh bien, je croyais que les patrons allaient chercher eux-mêmes leur café.
— Peut-être… Enfin oui, c’est la règle ! Mais ici, on fait des exceptions. C’est un petit geste qui facilite les rapports dans nos bureaux. Et ça va dans les deux sens : la prochaine fois, c’est vous qui m’apporterez du café !
— C’est d’accord.
— Noir avec sucre ?
— Noir seulement… Écoutez. Je me sens mal à l’aise de vous l’avouer, je me souviens pas de votre prénom. On me l’a déjà dit, mais j’ai la mémoire un peu courte.
— Josette. Je m’appelle Josette. Un nom enfantin, vous trouvez pas ? Je vois dans votre visage que vous êtes d’accord ! Que voulez-vous, c’est le nom que ma mère m’a donné il y a vingt-deux ans.
— Vingt-deux ans ? Vous paraissez plus jeune. Je vous en donnerais seulement dix-huit. Vingt tout au plus.
— Merci, mais je suis pas sûre que c’est mieux d’avoir dix-huit ans plutôt que vingt-deux.
— Pas toujours. Vous avez raison. Mais en général, oui. La plupart des femmes préfèrent avoir l’air plus jeunes qu’elles le sont en réalité. Ce que savent d’ailleurs les hommes. C’est pourquoi ils mentent. Chaque fois que l’occasion se présente, ils retranchent trois ans ou même cinq ans à ce qui leur semble l’âge véritable d’une femme.
— Vraiment ? Eh bien, vous venez de me mentir !
— Pas du tout. Je vous répète qu’on vous donnerait à peine vingt ans.
— Bon… je vous crois. Je fais semblant de vous croire. Vous avez dit noir, le café ? Je vous reviens.
Paul l’observe pendant qu’elle s’éloigne. Josette sent son regard posé sur elle. Elle marche donc le mieux possible, en mettant bien les pieds l’un devant l’autre, régulièrement et fermement. Tout comme on le lui a appris à l’agence de mannequins qu’elle fréquente le soir, une fois la semaine. Où on lui enseigne aussi comment se maquiller, comment se tenir droit, comment sourire à quelqu’un, comment regarder les gens selon ce qu’on attend d’eux et, surtout, comment faire dire à son corps ce que les mots ne peuvent bien exprimer.
Aussitôt son assistante disparue, Paul ouvre sa serviette pour y prendre les quelques documents essentiels qu’il a emportés en prévision de cette première journée dans son nouveau poste. Pendant qu’il s’affaire à les ranger sur son bureau, il voit du coin de l’œil une silhouette apparaître dans l’encadrement de la porte.
En levant les yeux, il croit un court instant souffrir d’une hallucination. Celui qui est devant lui n’est nul autre que l’homme sel et poivre de la veille, à la sortie du théâtre. Le même qui avait à son bras cette très jolie femme qui l’a si fortement impressionné.
L’homme s’avance vers lui, la main tendue.
— Je me présente : je m’appelle Max. Je suis le sous-ministre adjoint aux affaires internationales.
— Enchanté ! Dans ce cas, vous êtes mon patro...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Demi-page de titre
  3. Page titre
  4. Page de droits d’auteur
  5. Dédicace
  6. Épigraphe
  7. Odette
  8. Fiction et essais
  9. Couverture arrière