Chapitre I
BERBÈRES DANS
L’ANTIQUITÉ
Au MAGHREB, nous sommes tous des Berbères, mais aussi un peu phéniciens, carthaginois, romains, byzantins, arabes, turcs, espagnols ou français.
Origine :
Nos ancêtres, les Berbères les plus proches en date, les authentiques autochtones dit « Berbère », « Amazigh » ou « Libyen », selon l’hypothèse la plus probable, sont venus à l’origine du cap de Gafsa (Tunisie) vers - 5 000 ans avant Jésus Christ.
Ces hommes supposés avoir un aïeul commun du nom de MAZIGH, duquel descendraient les deux branches BOTR et MADGHIS ou BRANES. Ils vont peupler le Sahara algérien et l’atlas sahélien jusqu’aux confins du Mali et du Niger, à l’époque où ce même Sahara était hospitalier, riche et verdoyant (-5 000 ans av. J-C.), se fondre dans les peuplades locales, monter progressivement, vers le nord de l’actuelle Algérie, les Aurès en premier. (MADRACEN, un de leur ancêtre, est attesté par son tombeau édifié quatre siècles avant Jesus Christ, dans le village Boumia à Batna) et se déverser ensuite sur l’ensemble du territoire algérien et au-delà, tel le territoire mauritanien, marocain, tunisien, libyen et même égyptien.
Si pour les Berbères, leur origine est quasiment établie par la préhistoire, par leur langue et leur présence continue dans la zone du grand Maghreb dont ils sont les vrais autochtones, il n’en demeure pas moins de nombreuses controverses, suscitées par les civilisations, qui s'implantèrent sur la terre berbère.
Chacun d’entre eux avait une définition de l’origine berbère pour des raisons plus idéologiques et politiques qu’historiques afin de justifier leur présence, leur supposée prééminence ou leur domination des territoires berbères.
Ainsi, les Européens évoquent une origine européenne, les Arabes attribuent une origine arabe, sans oublier, les plus fantaisistes d’une descendance juive, persane, celtique, germanique ou ibérique, etc.
Mis à part la notion d’origine, l’on va même qualifier religieusement les Berbères de chrétiens alors que les Berbères, ont toujours été polythéistes (croire en plusieurs dieux) et ce, quasiment jusqu’au quatrième siècle après la naissance de Jésus Christ malgré l’Édit de Thessalonique de l’empereur Théodose, qui décrétait en l’an 380 que le christianisme était la seule religion acceptable dans son empire.
Les peuples, les royaumes et le premier
contact avec d’autres civilisations :
À cette époque, les territoires étaient scindés en confédérations regroupant plusieurs tribus ou sous-tribus, à la tête desquelles il y avait un chef de tribu assisté de chefs de guerre aguerris pour la défense de la communauté, le maintien de l'ordre et la justice, ainsi que des assemblées d'élus choisis parmi les hommes les plus âgés qui géraient les aspects sociaux et l’arbitrage des conflits entre ses membres.
La plus grande masse de ces Berbères s’est progressivement installée dans le Constantinois algérien, essentiellement dans les Aurès et ses environs.
C’est également dans cette région que naissaient la majorité des grands rois de Numidie :
– MADRACEN, ancêtre des tribus berbères né et mort dans LES AURES (Tombeau à DOUMIA – BATNA)
– GAÏA, le père de Massinissa né à AIN FAKROUN et mort à ANNABA
– MASSINISSA né à AIN FAKROUN ? Et mort à CIRTA – CONSTANTINE Tombeau à El Khroub
– TAC FARINAS né à SOUK AHRAS et mort à TLEMCEN
- MICIPSA, né et mort à CIRTA (Constantine)
- JUGHURTA né à Cirta (Constantine) et mort à Rome
– KOCEILA (Agsilla) né dans LES AURES et mort en TUNISIE
– KAHINA née dans LES AURES et morte à KHENCHELA
– JUBA I né à ANNABA et mort à CIRTA (CONSTANTINE)
JUBA II né à ANNABA et mort à TIPAZA (CHERCHELL)
PTOLÉMÉE DE MAURITANIE, né à Cherchell et mort à Rome.
SYPHAX né à EL MADHER – BATNA, mort emprisonné à Rome. Un tombeau vide avait été érigé à sa gloire à AIN T’ÉMOUCHENT, ville de son royaume.
FIRMUS né à THENIA (Kabylie) et mort en Mauritanie Césarienne.
TIN HINAN, reine des Touaregs née au nord du Sahara et morte à Abalessa (Tamanrasset)
C’est à partir de cette époque que se construiront en forme de royaumes dynastiques, les structures étatiques de l’époque, les puissants royaumes de Numidie ayant pour siège initial la ville de Cirta (actuelle Constantine), puis le centre et l’ouest de l’Algérie (dans les actuelles villes de Sétif et de Cherchell) jusqu’au nord-est du Maroc.
La première vague de contact avec les autres peuples fut l’arrivée des Phéniciens, puis les Carthaginois au VIIe siècle avant Jésus Christ, installés en premier dans la célèbre et florissante Tunisie de l’époque.
Les autochtones berbères, tout en préservant leur mode tribal ou confédéral, la langue, les traditions ancestrales et les cultes religieux ont cependant su tirer profit au contact de ces premières civilisations phéniciennes d’abord, puis carthaginoises ensuite.
La création du royaume numide, unifié par le roi berbère MASSINISSA en -204 av. J-C., après la mort de son père GAÏA à Cirta, la ville de Constantine. Notons que du temps de son père GAÏA, des autorités tribales et confédérales existaient déjà et étaient parsemées sur l’ensemble du territoire, avec des alliances ou des rivalités entre elles localisées principalement en Algérie et la Tunisie carthaginoise.
MASSINISSA a eu l’ingénieuse idée d’unifier l’ensemble des tribus berbères et créer un véritable royaume numide, qui s’étendait sur une partie de la Tunisie, l’actuelle Algérie, jusqu’au fleuve de la Moulouya au Maroc, et au-delà telle était l’illustration majeure de ce royaume, bien que les aïeuls Berbères, formassent déjà de puissants royaumes allant jusqu’à annexer des territoires aux puissants pharaons d’Égypte en l’an 950 av. J.-C *.
* CHACHNAK (Sheshong 1er) originaire des tribus berbères de Libye avait trôné en Égypte et au-delà en déposant le roi Ramsès II, un certain mois de Yennayer, il y a de cela presque trois mille ans. Ce mois devenu anniversaire est d’ailleurs considéré comme le jour de l’an amazigh dont nos aïeux ont conservé les pratiques et les rituels de sa commémoration, datant de bientôt trois mille ans. Néanmoins, les Berbères comme tous les autres peuples de l’époque célébraient l’arrivée des saisons, YANNAYER était aussi l’une de ces célébrations, autant dire que YENNAYER n’est pas forcément que l’an amazigh, mais aussi une fête saisonnière pour les récoltes de l’année.
Ethniquement, jusqu’alors, les brassages étaient surtout d’ordre tribal ou confédéral entre Berbères dans ses différentes composantes, mais, à cette époque déjà, le sang berbère reçut quelques hémoglobines étrangères à son ethnie et en donna aussi à d’autres peuples tels que les Phéniciens, les Carthaginois et plus tard, les Romains et les Byzantins.
CHACHNAK lui-même épousa Karoma 1re et Pentreshmès, deux reines égyptiennes, ses troupes militaires et sa descendance avaient brassé le sang berbère non seulement avec les Égyptiens ou sa dynastie régna plus de deux siècles, mais aussi, dans les pays limitrophes tels la Palestine, le Liban, Irak et la Syrie, noms des pays actuels.
La légende était que DIDON, fuyant l’actuel Liban après l’assassinat de son conjoint, vînt avec une nombreuse suite, acheta des terres aux Berbères de l’actuelle Tunisie sur lesquelles elle construisit Carthage. Bien que l’histoire ne le dise pas, il y a lieu de penser que parmi les accompagnants de cette légendaire reine, il y avait probablement des Berbères descendants de la dynastie des CHACHNAK et de ses troupes qui peuplèrent également le Liban.
Ces unions mixtes seront facilitées entre les Berbères et les habitants venus s'installer à Carthage, ainsi que les Phéniciens avant eux, d’autant qu’il n’y avait pas une entrave religieuse, car la plupart des peuples de l’époque, tout comme les Berbères, étaient polythéistes et vénéraient des dieux semblables ou communs tels la sacralisation des animaux, les astres, les ancêtres et des lieux.
La croyance en ces dieux communs dont des historiens de l’antiquité s’accordent à dire qu’un grand nombre des dieux et déesses provenaient de la mythologie berbère comme le dieu Ammon, un culte berbère, qui a été adopté par d’autres civilisations sous une autre appellation, comme "Amon de Siwa" pour les Égyptiens, « Baal Ammon » pour les Carthaginois et même « Zeus » pour les Grecs, pour ne citer que les plus importantes d’entre elles.
Un autre personnage, non des moindres, sera le dieu OSIRIS également d’origine berbère dont les Égyptiens et les Grecs avaient adopté le culte.
Et enfin la déesse TANIT, divinité féminine dont le trophée se trouve de nos jours à SALAMMBO près de Tunis qui, plusieurs siècles après, est encore évoqué du nom de « Oum » ou « Tamou » par les Tunisiens contemporains.
Ces unions se contractaient aussi bien par les citoyens berbères avec les autres peuples, mais également et surtout par des princes et rois berbères avec d’autres ethnies de même rang.
Seul échec, le roi berbère IARBIAS qui avait demandé en mariage la reine Didon ; elle refusa cette alliance et s’immola par le feu pour préserver son peuple de la menace de son prétendant due à son refus de l’épouser.
Malgré l’infortuné roi IARNIAS,
CHACHNAH épousa Karoma 1re et Pentreshmès, deux reines égyptiennes
HANNIBAL épousa IMILCEE, une princesse espagnole
JUBA II épousa Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre, reine d'Égypte et de Marc Antoine, général romain.
MASSINISSA eut plusieurs conjointes d’origine non berbères
MEPHANIA, le roi berbère des Aurès, épousa une Romaine qui donnera naissance à son fils et successeur MASSONÄS appelé aussi MAZUNA.
LAUDAS, également un roi berbère des Aurès épousa une Romaine
CUSINA est né d’un père berbère et d’une mère romaine.
PUBLIUS SEPTIMUS GETA, nom berbère romanisé, épousa la Romaine FULVIA PIA
SEPTIME SÉVÈRE, le premier Empereur de Rome, d’origine berbère, épousa l’impératrice syrienne JULIA DOMNA, sa seconde conjointe.
Les mariages royaux ou princiers étaient, pour l’époque, un gage d’alliance, pour consolider les pouvoirs des rois et leurs puissances contre d’autres royaumes ennemis.
Parmi les exceptions la reine Sophonisbe de sang purement berbère, la fille de HASDROBAL GISCO qui épousa, sous la contrainte, le roi berbère SYPHAX alors qu’elle était promise au roi MASSINISSA et qui au demeurant, pour cette raison, opposa les deux rois berbères à s’allier l’un avec les Carthaginois contre les Romains et le second avec les Romains contre Carthage.
Le sang berbère se mélangea un peu plus avec l’arrivée des Romains vers la fin du IIe siècle av. J.-C., par les alliances de pouvoirs et de sang des royaumes numides et romains pendant quasimen...