Les proverbes et les saints en Espagne au Siècle d'Or
eBook - ePub

Les proverbes et les saints en Espagne au Siècle d'Or

Un aspect méconnu de la figure du saint dans le Vocabulario de refranes y frases proverbiales de Gonzalo Correas (1627)

  1. 136 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Les proverbes et les saints en Espagne au Siècle d'Or

Un aspect méconnu de la figure du saint dans le Vocabulario de refranes y frases proverbiales de Gonzalo Correas (1627)

À propos de ce livre

Dans l'Espagne du XVIIe siècle, de nombreux proverbes mentionnant les saints servent à marquer une date dans le calendrier des activités quotidiennes. Mais d'autres proverbes, plus méconnus, évoquent un saint pour lui-même et reflètent la tradition hagiographique. Comment s'exprime la verve populaire à propos des saints? Sont-ils traités sur le ton de la dévotion ou de la plaisanterie? L'examen d'une sélection de proverbes extraits du vaste répertoire recueilli par Gonzalo Correas, le Vocabulario de refranes y frases proverbiales, en 1627, révèle quelle place occupent les saints dans l'imaginaire et les conversations des Espagnols du Siècle d'Or. Les traductions facilitent l'accès à ces proverbes parfois obscurs pour le lecteur.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Les proverbes et les saints en Espagne au Siècle d'Or par Françoise Cazal en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Literature et Historical Fiction. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2019
Imprimer l'ISBN
9782322099627
ISBN de l'eBook
9782322154807

Les autres saints

Pour juger du ton respectueux d'un proverbe, il ne faut pas s'interroger seulement sur son libellé, mais aussi sur ses contextes d'emplois possibles, dont les commentaires de Correas nous aident à nous faire une idée. Une formulation ouvertement satirique, burlesque ou offensante ne laissera aucun doute au lecteur, mais un emploi décalé peut cacher un sens burlesque sous des apparences anodines et respectables. Quels proverbes peut-on prendre au deuxième degré ?

Saint Bernard

Le proverbe Al que no tiene apetito, denle por caldo la salsa de San Bernardo (A 1406 r)58 propose de soigner le manque d'appétit par « la sauce de saint Bernard », c'est-à-dire par la faim ou le jeûne. Il s'agit, certes, d'une « recette » imparable. Le proverbe peut servir à commenter le spectacle d'un affamé qui engloutit un morceau de pain reçu en aumône, mais on pouvait aussi faire ce commentaire pour se moquer de quelqu'un qui dévorait de façon inconsidérée. Quoi qu'il en soit, ce proverbe fait, finalement, écho plus que d'autres au contenu de la légende hagiographique, vu qu'on peut y voir une allusion, certes distanciée et ironique, à une vertu bien connue de saint Bernard59, la frugalité.

Saint Benoît

Monté comme une petite saynète et glosé par Correas, un long proverbe dialogué sur saint Benoît60 (Benoît le More) met en scène un mauvais tour joué au Diable, personnage ridiculisé car présenté dans ce proverbe dialogué comme assez crédule pour attendre éternellement le retour improbable du saint qui l'a attaché pieds et poings liés en plein milieu de la mer de Sicile, avec la promesse de venir le délivrer plus tard : ¿Andas ahí, Benito? —No, maldito. —Fiaos de monjes de hábitos prietos. [Dicen que San Benito ató el diablo en la mar de Sicilia, y le dijo que se estuviese allí hasta que él volviese; y como tarda, cuando pasa por ahí algún navío, pregunta el diablo si viene allí san Benito; respóndenle: «No, maldito»; y él añade: «Fiaos de monjes prietos». Tocaráse en «El [gran] diablo de Palermo»61]. Cette légende repose sur l'existence effective d'écueils de roche noire au milieu des flots. Le comique ne réside pas seulement dans le ton dépité de Lucifer (« Fiaos de monjes de hábitos prietos », ' Allez donc vous fier à des moines aux habits sombres '), mais dans l'effet de miroir entre ces deux personnages « noirs » que sont le diable et le bénédictin vêtu de sa robe de bure. C'est un comble que, pour le diable, ce soit le bénédictin qui apparaisse comme une « figure noire ». Le diable a trouvé plus diable que lui... Même si le beau rôle est donné au saint et met les rieurs de son côté, saint Benoît est tout de même réduit là à un personnage d'« histoire drôle ». L'écho entre Benito, Bendito (' béni ') et maldito (' le Maudit ') établit de surcroît un parallélisme un peu rabaissant entre le saint et le diable. La figure du saint, même si elle domine celle du diable, ne sort donc pas particulièrement grandie de cette petite scène.

Saint Elme

Au Siècle d'Or, lorsqu'on disait, à propos de quelqu'un, qu'il était « apparu comme saint Elme en haut du mât » : Aparecióse como Santelmo62 en la gavia. [Cuando uno aparece de repente, o pasado el peligro63] (A 2042 r), c'était pour se moquer d'une personne qui arrive soudain, sans qu'on l'attende, provoquant un effet de surprise comparable à celui de ces phénomènes électriques de luminescence qui se produisent en haut des mâts des navires, une fois passé le plus dur d'un orage, et que l'on considérait comme un signe rassurant de protection de la part de saint Elme, patron des marins.

Saint Jacques

Carrément grandguignolesque est la scène évoquée dans «¡Santiago y a ellos!» y era un costal de paja de centeno (S 186 r), parfait exemple de cette catégorie relativement rare de proverbes qu'on appelle les « wellérismes », où une voix ironique, intervenant à propos de la première partie du proverbe, en dénonce le côté absurde. Ce proverbe concerne le principal « saint national » espagnol, saint Jacques64, et tourne quelque peu en dérision le sauvage cri de guerre proféré par les chevaliers chrétiens lors de la Reconquête, en le mettant dans la bouche d'un fanfaron ridicule. L'ennemi maure héréditaire est remplacé ici par une baudruche, un modeste sac gonflé de paille de seigle, ce qui montre une certaine distanciation, dans ce proverbe, face aux valeurs traditionnelles chevaleresques castillanes de courage et de ferveur religieuse. La forme adoptée (le wellérisme) contribue à mettre clairement en relief l'ironie réflexive de cet énoncé.
Mais, dans le recueil de Correas, on trouve une autre expression proverbiale consacrée à saint Jacques, tout de même moins rabaissante, quoique bien familière : Dar un Santiago. [Es: hacer acometida y daño a los enemigos; por metonumia, porque los españoles apellidan a Santiago en las batallas; de aquí dicen: «darle una santiagada» a uno; lo que: «comerle medio lado»65] (D 145 f). Correas pointe le registre burlesque auquel appartient cette rodomontade. Dans ce commentaire, le nom du saint se trouve substantivé sous la forme de « una santiagada » (mot-à-mot, un « coup de Santiago »). Ainsi, tout comme dans « dar un Santiago », le saint se trouve chosifié, son nom venant à signifier un coup violent, en souvenir du cri de guerre des chevaliers. Cette familiarité langagière ne va guère dans le sens d'une glorification de la figure du saint, mais au moins rend-elle hommage à l'efficacité du saint Matamoros sur le champ de bataille66.

Sainte Lucie

Un proverbe consacré à sainte Lucie affiche une indéniable désinvolture : Lo que no se hace en día de Santa Lucía, hácese en otro día (L 1375 r), « Ce que le jour de la sainte Lucie on ne fait pas, un autre jour se fera ». Mais ce qui semble avoir prévalu ici, c'est le choix d'une rime facile avec « día »… Il n'empêche que c'est faire fi de l'aide que sont censés apporter les saints.
Les deux autres proverbes consacrés à Lucie, En el espino de Santa Lucía; o En las espinas de santa Lucía. [Por: estar en aflición67] (E 1598 r), et Pasar por los espinos de Santa Lucía. [Por: mucho trabajo y afán68] (P 270 r)69, sont formulés, eux, d'une manière sérieuse qui ne met pas en danger l'image de la sainte. À propos de ces mystérieuses épines, on n'en trouve aucune trace concrète dans la Légende dorée70. Lucie, certes, subit le martyre à Syracuse au IVe siècle, mais fut brûlée vive et eut la gorge tranchée au fil de l'épée. Le proverbe serait donc très approximatif et évoquerait Lucie comme martyre, sans plus de précision : nécessaire simplification du monde décanté des proverbes. Les « épines de sainte Lucie » pourraient être un symbole du martyre en général, sur le modèle de la couronne d'épines du Christ. Cette approximation de la formule par rapport à la légende serait alors due aux contaminations entre la légende de Lucie, dont on sait si peu, et celles d'autres saintes comme Agathe, Cécile, ou Agnès.
Le culte de sainte Lucie était déjà très répandu en Sicile au Ve siècle (Saint Thomas d'Aquin s'y réfère deux fois dans sa Somme, mais au sujet de la virginité). Le nom de Lucie, dérivé de lux, a plutôt valu à cette sainte d'être invoquée pour les maux d'yeux. D'ailleurs des images représentant la sainte tenant ses deux yeux enfilés sur une brochette (irons-nous jusqu'à voir un lien entre les brochettes et les espinos ?), illustrent une légende selon laquelle elle aurait eu les yeux arrachés (une église de Naples prétend même posséder ses yeux). Mais l'explication du proverbe appartient peut-être, plus qu'à la légende de la sainte, à la spécialisation qui est devenue la sienne dans les pratiques dévotes : elle apparaît dans les litanies récitées aux mourants. On trouve dans le Diccionario de Autoridades un commentaire sur ce proverbe qui va dans ce sens, ainsi que la citation d'une autre expression voisine signifiant « être au dernier degré de l'affaiblissement » : « Estar en espinas, o tener en espinas a uno. Vale estar en trabajos, y hallarse atribulado y lastimado »71 ; « Estar en las espinas de Santa Lucía. Phrase con que se da a entender que uno está muy flaco y atenuado de fuerzas: Cervantes, Quixote, tom. 2, cap. 3, "Que me ha tomado un desmayo de estómago, que si no le reparo con dos tragos de lo añejo, me pondrá en la espina de Santa Lucía" »72.
On remarque que la version proposée par Autoridades met le mot au féminin (espina). Par ailleurs, l'association entre sainte Lucie et le motif des épines existait bien dans la culture populaire de façon concrète, si l'on en croit le nom familier donné à une espèce d'aubépine (Agrimonia eupatoria), appelée « bois de sainte Lucie » ou « cerisier de sainte Lucie », et dont le tronc est couvert d'épines redoutables. Il existe, enfin, une prière à sainte Lucie conservée encore à l'époque contemporaine et recueillie par Isabel Botas San Martín, où l'on peut voir aussi un lien entre sainte Lucie et les objets pointus : « Gloriosa Santa Lucía / tres agujas de plata tenía; / con una bordaba / con otra cosía / y con la otra tiraba / el mal de decipela [erisipela] / a quien lo tenía »73.

Saint Christophe

La représentation iconographique de saint Christophe74 dans les maisons devait être très courante, car ce saint avait la réputation de « délivrer des maladies et de protéger des épidémies tous ceux qui se recommandaient à lui »75. L'un des proverbes le concernant renvoie à des pratiques religieuses quotidiennes, tenues pour de stupides superstitions par les intellectuels comme Correas ([Dicen esto las mujeres, por burlar de otras que todo lo creen]76), comme celle de baiser dévotement le pied de la statue de saint Christophe pour obtenir un bon mariage : La que besare el pie a San Cristóbal será bien casada (L 34 f), « Celle qui baisera le pied de saint Christophe fera un heureux mariage ». On peut se demander pourquoi c'est précisément à saint Christophe qu'était attribuée par ces « femmes crédules » cette faculté de favoriser le mariage. Sans doute ce pied de saint Christophe a-t-il encore à voir avec l'image du phallus.
Plus distancié et plus ironique est l'autre proverbe sur le même saint : Dos San Cristóbales en una pared, no parecen bien (D 698 r), « Deux saints Christophe sur le même mur, cela ne fait pas bon effet ». Le saint y est traité avec une certaine désinvolture et un esprit plutôt matérialiste, puisqu'on envisage la multiplication de ses icônes qui rivaliseraient entre elles, le proverbe servant à exprimer l'idée que deux personnalités importantes dans un même lieu peuvent se porter ombrage. Ce qui semblait une allusion matérielle à la haute taille de saint Christophe dans les représentations traditionnelles (il n'y aurait a...

Table des matières

  1. Epigraphe
  2. Indication
  3. Sommaire
  4. Introduction
  5. Un corpus restreint et difficile à cerner
  6. Proverbes mentionnant un saint précis
  7. Occurrences des divers types de proverbes de saints
  8. Les deux saints préférés : saint Antoine et saint Pierre
  9. Les autres saints
  10. Comparaisons entre proverbes avec ou sans nom de saint
  11. Les proverbes où figure le mot « saint » sans précision
  12. Conclusion
  13. Traduction des proverbes classés alphabétiquement
  14. Liste alphabétique des saints renvoyant aux pages où ils sont commentés
  15. Page de copyright