ANNEXE 1
La grotte de Coliboaia dans les Carpates
Il s’agit des Carpates roumaines, la vallée du Sighistel sur la commune de Câmpani en septembre 2009 et de cinq spéléologues roumains. Ils ont rapporté des photographies de dessins pariétaux.
La première publication, dans la revue INORA de J. Clottes, sous les signatures de spéléologues roumains et B. Gély (INORA 57), rapporte ces photographies. Elles proviennent d’une grotte « classiquement fréquentée par les spéléologues ». La preuve de fréquentation est que les ossements d’ours ont été déplacés pour les passages des spéléologues. On apprend aussi que le conseil départemental de Bihor a pris contact avec J. Clottes mais que le secret est gardé pendant 9 mois, les archéologues roumains n’ont pas été informés.
La grotte de Coliboaia « se trouve au bout d’un « couloir sous-carpatique qui comprend les dépressions des rivières de Crisul Negru et Crisul Repede, où les occupations préhistoriques remontent jusqu’au Paléolithique, le début du Paléolithique supérieur étant assez bien représenté Des habitats aurignaciens et gravettiens sont même répertoriés dans la région de la nouvelle grotte ornée ». Cette indication préhistorique ne sera pas reprise dans les publications suivantes, sans doute par ce que les auteurs n’avaient pas su qu’une exploration systématique avait été faite dans les grottes de cette vallée et n’avait montré aucune trace paléolithique (voir la fin de ce chapitre). On apprend aussi qu’un projet scientifique sera conduit sous l’autorité de J. Clottes. « L’étude de la grotte ornée Coliboaia sera coordonnée par le Musée Tarii Crisurilor d'Oradea (archéologue Călin Ghemiș), sous la responsabilité scientifique de Jean Clottes (actes de l’IFRAO sept 2010).
En mai 2010 eut lieu une visite d’archéologues français sous la direction de J. Clottes (aucun archéologue roumain n’est indiqué dans la liste153) et de spéléologues. Ils procèdent à l’authentification qu’ils publient dans le numéro 61 de la revue INORA en 2011. C.Khemis154 reprend la description de la grotte dans Acta Archaeologica carpathica Khemis Vol. XLVI, 2011.
Au congrès de l’IFRAO, à Tarascon-sur-Ariège, en septembre 2010, une communication Clottes et alii présentait des dates radiocarbone du LSCE avec référence Gif de 2011(GifA11001 et 11002) ce qui est un peu contradictoire comme année. Les prélèvements d’échantillons ont été réalisés par C. Khemis sans autre précision publiée. Elles sont de 27 870 ± 250 BP et 31 640 ± 390 BP.
Une tête (Photos d’après stirileprotv.ro)
Authentification : c’est la traditionnelle étape préliminaire à la plupart des études archéologiques, car des canulars ou des supercheries ne sont pas exceptionnels. Le minimum consiste à effectuer un examen du tracé à la loupe ou en macrophotographie. Il semble que cela n’ait pas été fait, il est simplement indiqué l’aspect ancien des tracés et un trait recouvert de calcite (extrémité de la corne du rhinocéros, alors que dans la première publication des découvreurs, il est écrit : corne inachevée ou érodée155). On remarque l’absence de foyer ou de trace de foyer, alors que les dessins sont dits au charbon de bois.
Le premier article notait des ossements d’ours sur le sol, en particulier un crâne et à côté un os planté dans le sol « la présence d’un crâne d’ours associé à un os planté renforce évidemment l’analogie avec la grotte Chauvet ». Dans les publications suivantes, on indique que les ossements d’ours ne sont pas dans leur position d’origine, mais qu’ils ont été déplacés par des spéléologues. Pourquoi ont-ils planté un os comme à Chauvet ?
Comme autre critère, le style est indiqué, mais les styles pariétaux sont universellement connus, ce n’est donc pas un critère d’authenticité. Même chose pour des griffures : « D’autre part, plusieurs représentations animales sont recoupées par des griffures d’ours, ainsi que par celles de chauves-souris, ce qui prouve leur ancienneté relative. »
Restent les dates : mais les échantillons n’ont pas été récoltés par le laboratoire, ni probablement par les archéologues qui ont authentifié la grotte.
Plus aucune nouvelle archéologique n’a été publiée après 2011, alors qu’avait été annoncé au congrès IFRAO en 2010 que l’étude serait coordonnée sous la responsabilité de J. Clottes et qu’un dossier avait été présenté dans le cadre des projets culturels européens. « L’objet principal de cette étude globale vise à identifier les traces d’activités qui résultent de la fréquentation humaine dans la cavité pendant le Paléolithique supérieur et d’en dresser le cadre chronologique et paléo-environnemental. En parallèle sera conduite l'étude des traces et des vestiges osseux laissés par les Ursidés, tout en étant particulièrement vigilants sur d'éventuels indices d'interrelation Homme/ Ours. Étudier la cavité dans sa globalité et y impliquer des spécialistes de domaines variés sera l’un des enjeux primordiaux des investigations menées dans Coliboaia, ce qui se traduira par une pluralité d’approches complémentaires sous bien des aspects. » (Congrès IFRAO 2010, Clottes et alii)
Des archéologues roumains avaient eu connaissance des publications françaises sur cette grotte, ils ont alors publié les informations qu’ils avaient sur le secteur. En effet, des fouilles systématiques avaient été réalisées dans cette vallée et sur cette commune, comme elles n’avaient fourni aucun indice de présence humaine du Paléolithique, ils n’avaient rien publiée. Ils le firent en 2010 pour ajouter à la connaissance. Il s’agit Marin Cârciumaru et Roxana Dobrescu. Les restes de la faune découverts étaient essentiellement celle des rochers et cavernes, pas de rhinocéros, pas de cheval. Ils concluent156 : « … il faut ne pas omettre une situation spéciale de la vallée, qui se développe dans une sorte de « cul de sac », ce qui ne la recommande pas comme trajet choisi par les animaux dans leur migration, aspect essentiel pour la stratégie d’occupation d’une région de l’homme du Paléolithique. Peut-être la Vallée du Sighistel est-elle un exemple classique de vallée avec bien des grottes et des abris sous roche, à la fois nombreux et favorables à l’habitation, mais qui, vu que les sources de matière première manquent et que la géomorphologie de la vallée est particulière, non attrayante pour l’homme, n’a pas été aussi cherchée au Paléolithique comme nous aurions pu être tentés de penser à première vue. Cela ne signifie pas que les recherches ne pourraient pas continuer, pour voir vraiment dans quelle mesure cette situation que nous percevons aujourd’hui pourrait changer.»
ANNEXE 2
La datation pariétale jusqu’à nos jours
Boucher de Perthes, Lartet, Mortillet, Cartailhac, Breuil, Leroi-Gourhan, ces hommes ont été à l’origine et ont contribué à l’essor de la recherche en préhistoire.
Le Paléolithique supérieur débuta il y a près de 40 000 ans, c’était une longue période qui a connu l'émergence de l'art pictural et son perfectionnement jusqu’au Magdalénien. La datation des vestiges de ces époques, ossements, outils, objets d’art, foyers, est une problématique souvent délicate du fait de leur mauvais état de conservation, conséquence de leur grande ancienneté. On commença au XVIIè siècle à utiliser des méthodes scientifiques avec Linné et Buffon, notamment grâce aux nouvelles connaissances sur les couches géologiques pour tenter d’ordonner dans le temps les étapes de la préhistoire. Le Paléolithique était défini comme l’époque de la pierre taillée. C’est à Boucher de Perthes que l’on doit, au XIXè siècle, la preuve que l’homme était plus ancien que ce que l’on déduisait jusque-là des textes bibliques. On parla de « l’âge du Renne », à cause de l'abondance des vestiges laissés en Europe par ces animaux pendant une grande partie de la préhistoire. Puis Mortillet, un géologue pionnier de l’archéologie préhistorique, identifia une succession de périodes auxquelles il donna des noms, dont certains sont encore utilisés comme le Solutréen ou le Magdalénien, d’après les premiers sites archéologiques où les vestiges de ces cultures ont été découverts. Tout cela a été précisé et amélioré par les travaux de leurs successeurs.
En 1879 avec la découverte des peintures de la grotte d'Altamira en Espagne, débutèrent le recensement et l'étude de l'art pariétal. Déjà un premier problème se posait : ces peintures provenaient-elles vraiment de la préhistoire, ou étaient-elles l'œuvre d'un faussaire, comme l’avait cru le préhistorien Cartailhac à cause de leur bon état de conservation. Ce débat dura quelques années jusqu'à ce que le doute ne fût plus possible lorsqu'on découvrit plusieurs autres grottes ornées en France, qui provenaient à l’évidence d'artistes de la préhistoire puisque certains dessins représentaient des mammouths, animaux disparus. Cartailhac reconnut que les observations démentaient son premier avis, c’est l’honnêteté de l’homme de science qui accepte les faits nouveaux.
Superpositions
Émile Cartailhac, au début du XXè siècle, constata dans la grotte de Marsoulas que certains dessins en recouvraient d’autres, il en déduisit la succe...