Le sursaut des panthères
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Le sursaut des panthères

  1. 192 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le sursaut des panthères

À propos de ce livre

Au sortir des élections présidentielles d'aout 2016 au Gabon, une ferveur de résistance dont la diaspora gabonaise est l'épicentre se révélait au monde. Son ambition: interpeller la communauté internationale au sujet des résultats officiels fournis sont vivement contestés; dénoncer moult arrestations arbitraires;ainsi que protester contre la violence postélectorale devenue systématique dans ce relatif petit pays d'Afrique centrale. L"auteur nous livre une analyse de paradigmes sociopolitiques qui, à petit feu, ont conduit au sursaut de patriotisme observé depuis le septembre 2016, et manifesté par ce que l'on nomme depuis lors: la Résistance gabonaise.

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Informations

Année
2019
Imprimer l'ISBN
9782322146932
ISBN de l'eBook
9782322168682

PARTIE I
ÉTAT DES LIEUX D’UN RÉGIME RÉFRACTAIRE À
LA DÉMOCRATIE

L'un des combats qui fondent la Résistance gabonaise, c'est celui de la protestation contre les nombreuses atteintes faites au multipartisme depuis des décennies, et qui sont un frein au processus de démocratisation, tant elles dépossèdent totalement le peuple de sa souveraineté. Pourtant consacrée de nouveau par la Constitution de 24 mars 1991, le multipartisme se vit encore comme une fiction sous les yeux des Gabonais. Par ailleurs, les différents mouvements sociaux en faveur de la démocratie depuis le début des années 1990, prouvent à suffisance l’immense soif des Gabonais de disposer de leur avenir en exerçant pleinement et en toute liberté leur souveraineté, à tout point de vue non négociable.
Force est malheureusement de constater que, la démocratie multipartite, qui au départ était censée offrir au peuple souverain l'opportunité de choisir librement sa destinée et de contribuer à l'ouvrage du bien commun de tous à travers l'expression des différentes sensibilités, s'est vue dénaturée au fil des années à travers des mécanismes rodés, dans l'ultime but de maintenir le régime Bongo-PDG au pouvoir par tous les moyens. Entre rejet idéologique, semblant d'élections crédibles, et séquestration des institutions étatiques, le Pouvoir ne sait ménager aucun effort pour substituer sa volonté à celle du peuple. Dans son attitude quotidienne le Pouvoir défie le peuple dont il aurait dû être l'émanation.
Or, la démocratie étant le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple5, il faudrait pour évoquer une démocratie au Gabon, que le choix soit sans appel et qu'il s'exprime en toute liberté, sans être biaisé le moins du monde. Qu’elle ne soit pas un instrument factice vidé de son contenu essentiel ; une vulgaire formule idéologique ou encore un simple élément de langage dans la communication politique, plutôt qu’elle soit une réalité dans la pratique quotidienne du pouvoir au Gabon. Tant par la qualité et le niveau de la vie politique, que ceux des populations, à travers le respect de leurs droits et libertés, individuelles et collectives, qui en sont les corollaires, mais surtout et avant tout, par le respect du vote des électeurs gabonais. Car, en procédant autrement, le système Bongo-PDG exclut de facto la voix du citoyen gabonais, au bénéfice d’une « caste » politique qui se donne la vocation de décider du sort commun sans le consentement de la communauté.
Cette définition d’Abraham Lincoln, résume assez bien l'idée que la gestion de la cité, ne saurait se faire en marge de la volonté souveraine du peuple qui est la première source du pouvoir. Lequel peuple, s’exprimant par le biais de modalités préalablement établies par tous et pour tous à travers la loi, cette dernière elle-même, puisant son pouvoir coercitif dans le contrat social qui lie la puissance publique aux citoyens. Ce qui ipso facto, induit que les modalités et les outils (élections, manifestations pacifiques, etc.) au service de cette participation, ne sauraient être entachés d’éléments viciés, de nature à compromettre la liberté du citoyen dans ce processus de gestion de la Res publica.
La démocratie s’inscrit donc plus que jamais, comme une nécessité pour le développement politique ; économique et social du Gabon. Mieux, elle est une culture à laquelle aspire vivement ce peuple. L’effectivité de la démocratie multipartite y est par conséquent, un enjeu politique majeur, puisqu'elle est l’objet d’une profonde volonté du peuple.
L'évolution de la notion de démocratie, fait qu'elle représente aujourd’hui bien plus que le système politique que l’on doit à la Grèce antique. Elle s'est imposée, comme le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes en se prévalant de leurs droits. Cette conception de la démocratie, implique qu’elle ne soit ni un luxe ni un don offert au peuple par les gouvernants. Mais, que les politiques publiques engagées et les décisions rendues par les institutions au nom du peuple, soient en parfaite adéquation avec la volonté de ce dernier. C’est en cela que la démocratie ne s'impose pas, ne se décrète pas, mais se vit au travers des actions quotidiennes. Elle se construit et s’installe comme une évidence culturelle en chaque citoyen. Mais pour cela, il faudrait au préalable que les gouvernants fassent montre de sincérité avec les exigences qu’impliquent le multipartisme et l’expression du pluralisme, ce qui n’est actuellement pas le cas.
Au Gabon, la culture de la « politique » est si omniprésente, et les terminologies « opposition » et « opposant » tellement galvaudées, que toute opposition sociale satisfaisant simplement la légitimité du droit élémentaire d’un regard citoyen sur la gestion de la chose publique, se confond systématiquement à de l’opposition politique.
Cette omniprésence de la politique qui empêche de considérer la voix du citoyen lambda, crispe les Gabonais qui souvent, se voient obligés de s’automuseler face aux situations les plus improbables qui devraient en réalité susciter leur indignation, au risque de se rendre coupables du crime « d’opposition au régime Bongo ». Cette manipulation politique n’est pas tombée du ciel, mais fut savamment orchestrée depuis l’établissement du régime en 1967.
Bien que l’opposition politique soit dans son droit de mener le combat pour le respect de la souveraineté du peuple, c’est avant tout le combat de chaque citoyen gabonais. Il revient donc à ce dernier de veiller à son respect pour lui et pour ses concitoyens. Car, si l’on considère la souveraineté populaire comme une addition de souverainetés individuelles abstraites représentées par les diverses sensibilités, alors, veiller au seul respect de sa souveraineté individuelle, reviendrait à se satisfaire de l’atteinte d’un objectif individuel ou communautaire, et non général, sans avoir le souci des conditions qui maintiennent ses semblables en laisse.
Or, la démocratie qui est certes la raison de la majorité, a besoin pour son bon fonctionnement de maintenir un équilibre de solidarité, en considérant les sensibilités minoritaires autant que les majoritaires. En l’absence de cela, nous tombons sans aucun doute dans une forme de dictature de la majorité, occasionnée par une lecture inadaptée du principe de démocratie.
Malheureusement, le nombrilisme que l’on pourrait reconnaître comme étant propre à tout partisan, et qui aveugle ce dernier, le conduit parfois sous l’instrumentalisation des politiques, à ne prendre en considération que les situations à son avantage en usant d’une démagogie, et croyant à tort se trouver indéfiniment du bon côté de l’histoire.
Il fut un temps, où certains analystes arguaient que les insuffisances démocratiques du continent africain en général, et du Gabon en particulier, étaient la conséquence d'une constitution syncrétique de l'État, mélangeant cultures traditionnelles et acquis coloniaux. Cette conception de la démocratie, certes réductrice à bien des égards, a pour le moins le mérite de traduire que la conception patronale des rapports au sein de l’État, et la patrimonialité de la gestion de la chose publique, sont des raisons du statu quo démocratique actuel que connait le Gabon.
Il est d’une évidence implacable, que les problèmes relatifs à la consolidation la démocratie multipartite au Gabon que dénoncent et combattent les résistants gabonais, sont étroitement liés à la volonté politique originelle de ceux qui ont la direction de ce pays depuis 1967, et qui continuent aujourd’hui de trouver voies et moyens, pour empêcher l’essor d’un réel multipartisme à travers lequel toutes les sensibilités s’affronteraient politiquement à armes égales.

5 Abraham Lincoln, Homme d'État, Président des États-Unis (1809 - 1865)

Chapitre 1

LES FONDEMENTS HISTORIQUES DE
L’HOSTILITÉ FACE AU MULTIPARTISME
La sagesse bantoue commande de regarder où l’on a trébuché avant de s’intéresser avec insistance à son point de chute. Ainsi, aborder la situation des carences démocratiques objectives qui sévissent au Gabon, commande que l’on en identifie clairement les causes. Car, s’il est acquis pour le commun des citoyens gabonais, que le Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir, s’évertue par tous les moyens de conserver seul l’exercice du pouvoir, cette situation n’est pas le fruit d’une politique récente et hasardeuse que l’on imputerait aux seuls dirigeants actuels du Gabon. Elle est l’expression voire la manifestation, de l’ambition originelle qui a occasionné la création de ce parti.
En effet, le PDG a été créé pour être le seul parti de pouvoir, le parti d’État. Et, même si le contexte qui l’a vu naître est à un cinquantenaire derrière nous, il n’en demeure pas moins, au vu de son fonctionnement et malgré les évolutions vantées, congrès après congrès, des statuts qui le régissent et l’organisent depuis le retour du multipartisme, que l’ambition que portaient ses créateurs continue de faire autorité en son sein.
Primo, il faudrait restituer la vérité historique qui veut que l’imposition du parti unique fût avant tout, l’aboutissement d’un projet porté par le Président Léon Mba, qui pensait en 1964 que, l’opposition contrarierait son dessein et qu’il fallait nécessairement un parti unique6. Il n’aura pas eu le temps de matérialiser cette volonté, puisqu’il décédera le 27 novembre 1967 à Paris. Toutefois, ce projet de mettre fin à toute opposition sera mis sur pied par son successeur Omar Bongo, qui semblait en avoir profondément saisi son immense intérêt.
Les différents Chefs d’État gabonais successifs depuis l’indépendance du pays en 1960 (Léon Mba, Omar Bongo et Ali Bongo), n’ont donc jamais porté la démocratie multipartite au cœur de leurs idéaux politiques. C’est en tout cas, ce que démontrent avec éloquence, les faits historiques et la tradition politique perpétuée jusqu’alors. Et, bien que considérer les insuffisances de la démocratie au Gabon exige la rigueur et l'honnêteté de ne pas les circonscrire et les imputer aux seules personnes de ces gouvernants, leur manifeste manque de volonté politique à œuvrer pour la consolidation de la démocratie multipartite, voire leur acharnement à néantiser toute opposition, sont des sources majeures de ces insuffisances démocratiques.
Après la dérive autoritaire de Léon Mba qui ne supportait plus son opposition, son successeur Omar Bongo qui lui, aurait pu œuvrer à la mise en place d’un cadre plus serein de multipartisme, s’est plutôt employé à y mettre définitivement un terme, à peine quelques mois seulement après sa prise de fonction comme chef de l’État gabonais. Durant son impérial règne de quarante-deux (42) ans, il se sera acharné à esquiver l’établissement d’un réel multipartisme libre et transparent, en se fondant sur des motivations pour le moins assez discutables.

Le monopartisme au nom de l’unité nationale

Témoin privilégié de la virulente adversité qui régnait entre le Président Léon Mba du Bloc démocratique gabonais (BDG) et ses opposants, dont l’un des principaux était Jean-Hilaire Aubame de l’Union sociale et démocratique gabonaise (USDG), Omar Bongo qui fut directeur de cabinet puis Vice-président du Président Léon Mba, en accédant au pouvoir le 2 décembre 1967, aura tout fait pour ne pas connaître un climat semblable sous son règne. À peine quatre (4) mois après son accession à la magistrature suprême, il supprima le multipartisme au Gabon. C’est ainsi que le 12 mars 1968, par simple ordonnance, le PDG fut créé. Nonobstant la suprématie que conférait la hiérarchie des normes à la Constitution sur les ordonnances. Il eut fallu, pour que cette manœuvre politique porte le sceau de la légalité, modifier au préalable la Constitution du 21 février 1961 qui consacrait le multipartisme au regard des dispositions de son article 4 :
« Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement, dans le cadre fixé par les lois et règlements. Ils doivent respecter les principes démocratiques, la souveraineté nationale et de l'ordre public »7.
Nous pouvons néanmoins, au vu de la pratique politique de cette époque, nous forger la conviction que cela ne se fit pas sans l’influence des réseaux françafricains de Jacques Foccart, à cette époque tapis dans l’ombre des politiques des pays francophones d’Afrique. Ces réseaux qui avaient tout intérêt dans un contexte de Guerre froide, à éviter l’émergence d’oppositions aux idéologies communistes, dans la moindre de leurs anciennes colonies qui accédaient à peine à leur souveraineté internationale.
Ainsi, pour justifier de cette réforme qui changera la nature même de l’État gabonais, Omar Bongo brandit la raison de l’unité nationale. Une doctrine sur laquelle se sont fondés d’autres partisans du monopartisme dans d’autres pays africains pendant les années 1960.
La promotion de l’unité nationale, semble-t-il, aurait eu pour objectif de rassembler les Gabonais de toutes les sensibilités dans un appareil politique commun, avec à sa tête un dirigeant en la personne du chef de l’État. Ce qui aurait eu pour conséquence escomptée de mettre fin aux divisions politiques, que beaucoup à cette époque pensent être la principale raison des crises institutionnelles qu’a connues le Gabon. Les « promoteurs » de cette doctrine, éludant expressément une certaine volonté de concentration des pouvoirs des Présidents Léon Mba puis Omar Bongo, pour qui la préférence pour un régime présidentialiste n’était plus à démontrer. Ils f...

Table des matières

  1. Epigraphe
  2. Sommaire
  3. INTRODUCTION
  4. PARTIE I : ÉTAT DES LIEUX D’UN RÉGIME RÉFRACTAIRE À LA DÉMOCRATIE
  5. PARTIE II : PLURALISME ET ÉTAT DE DROIT BAFOUÉS
  6. PARTIE III : L’ÉMERGENCE DE LA LIBÉRATION DU GABON À TRAVERS UN NOUVEAU FORMAT DE L’OPPOSITION
  7. PARTIE IV : LA DIASPORA DANS L’ÉMERGENCE DE LA RÉSISTANCE GABONAISE
  8. CONCLUSION
  9. Bibliographie
  10. Page de copyright