Place St-Etienne
Dès le XIIe siècle, elle est une des places les plus importantes et fréquentées de Toulouse et possède déjà sa dénomination actuelle.
Les cadastres anciens la nomment « Platea Sancti Stephani » puis vers 1478 Place Saint-Estèphe.
Le tableau de l’An II la rebaptise Place La Raison.
Au-devant de l’Eglise et sur le côté nord s’étendait le Cimetière Notre-Dame.
Les jardins au nord de l’Eglise, formant l’actuel Square du Cardinal Saliège, étaient occupés initialement par tout un groupe de maisons couvrant tout le flanc nord de la Cathédrale qui furent démolies en 1914. Cet ensemble immobilier était délimité par la rue des Cloches, la Porte Saint-Étienne et la rue Riguepels.
Il subsiste sur le mur nord de l’abside de la Cathédrale une ancienne plaque de la rue des cloches.
La rue des Cloches en 1894 (peinture de Georges Castex)
Lors des fouilles réalisées avant la construction du parc de stationnement souterrain de la place, en 1987, on découvrit les vestiges de l’Aqueduc en briques qui amenait les eaux de la colline du Caousou vers les rues de la Charité et de l’Aqueduc jusqu’à la Fontaine du Griffoul (ou Griffon).
Cette fontaine, légèrement déplacée vers l’ouest lors de cette construction, est la plus vieille fontaine publique de Toulouse.
Elle fut construite en 1549 par Jean Ranci, puis surmontée d’un obélisque en marbre en 1593.
Les Capitouls la restaurèrent en 1720.
En 1830, la municipalité mit au concours le projet de remplacement de cette fontaine, mais les deux projets présentés furent rejetés et l’on garda la fontaine.
Cette même année, on décida d’installer sur la place une statue de Riquet par le sculpteur Dorval ; le projet échoua également et la statue fut érigée au bout des Allées Lafayette.
Quatre marmousets de bronze, au pied de l’obélisque, déversent l’eau dans la fontaine. Ils le faisaient à l’origine de la façon la plus naturelle qui soit…
Au XIXe siècle, on préféra leur adjoindre de petits dauphins verseurs jugés beaucoup plus décents pour l’époque.
Furent également retrouvés lors de ces fouilles les vestiges d’un établissement thermal romain privé et les traces d’un habitat gallo-romain de plan orthogonal.
Furent aussi découverts plus de 250 sépultures d’époques diverses et un important mobilier.
Comme les rues Croix-Baragnon et Saint-Étienne, la Place fut le théâtre des moments historiques importants de la ville notamment lors des terribles affrontements entre les troupes de Simon de Montfort et les Toulousains de 1216 à 1218.
En 1304, lorsque Philippe le Bel tint un lit de justice et préside un parlement à Toulouse, il le fait Place Saint-Étienne.
Cinq siècles plus tard, lorsque Napoléon donne audience en 1808 à Toulouse, il le fait au Palais Épiscopal converti en Préfecture.
La Cathédrale Saint-Étienne
Elle est située sur l’emplacement d’un temple romain édifié entre le Ier et les IIIe siècles à l’une des trois grandes entrées de la ville.
À la fin du IVe siècle, le temple est remplacé par une église qui réutilise son soubassement et ses colonnes, devenant la future église Saint Jacques. Un peu plus au nord, une deuxième église à l’emplacement actuel de la Cathédrale est créée.
Aux XIème et XIIe siècles, l’évêque de Toulouse, Isarn de Lavaur commence l’édification de l’église romane, voulant faire entrer son diocèse dans le grand mouvement de transformation du catholicisme.
Elle sera plus longue que la précédente (85 mètres) et présentera deux tours en façade. Un cloître fera le lien avec l’église Saint Jacques et la place devant l’église servira de cimetière.
Au début du XIIIe siècle, le nouvel évêque Foulque nommé à Toulouse en 1206 par le pape Innocent III, rebâtit la cathédrale s’appuyant sur les murs de l’église romane, ajoutant une travée vers l’ouest avec triple portail et une rosace en façade.
En 1271, Toulouse est rattachée à la Couronne de France et l’évêque depuis 1270 Bertrand de Lisle rêve d’une cathédrale gigantesque tel qu’il s’en bâtit dans le nord.
Sa mort puis le démembrement de l’immense archevêché de Toulouse par Jean XXII en 1317 mettent fin au chantier de reconstruction au milieu du XIVe siècle.
La guerre de cent ans commence.
À la fin de cette guerre, l’archevêque Pierre du Moulin remanie l’édifice, dotant la façade de Foulque d’un grand portail gothique qui devait être la partie droite d’une immense façade dans l’alignement du chœur.
L’archevêque Jean d’Orléans construit la sacristie, le chœur et le clocher.
Une travée prolonge le chœur qui devait donner naissance à un immense transept jamais réalisé.
Les guerres de religion et le déclin économique du pastel, richesse de la ville, arrêtent toute modification de l’édifice.
Au début du XVIIe siècle, le Cardinal de Joyeuse reprend les travaux après l’incendie de 1609 de la toiture du chœur avec l’aide de l’architecte Levesville. La voûte du chœur est reconstruite à une hauteur inférieure à la voûte originelle, le chevet de l’église d’Isarn est détruit.
Au XIXe siècle, un nouveau projet de prolongement du chœur par un transept et une nef gothiques est relancé, mais le financement du projet n’aboutit pas.
En 1911, le projet d’élargissement de la nef de Foulque est adopté mais partiellement réalisé, détruisant au passage la belle chapelle du purgatoire.
Le cardinal Jules-Géraud Saliège (1870 – 1956) Né le 24 février 1870 à Mauriac dans le Cantal, il fait ses études au Petit Séminaire de Pleaux puis au Grand Séminaire d’Issy-les-Moulineaux.
Ordonné prêtre en 1895 puis professeur au Séminaire de Pleaux, il est nommé en 1905 professeur puis en 1907 supérieur du Grand Séminaire de Saint-Flour.
Mobilisé en août 1914, affecté à la 163e division d’infanterie, il participe au conflit comme infirmier puis comme aumônier militaire.
Démobilisé en octobre 1917 après avoir été intoxiqué par les gaz, il retrouve ses fonctions au Grand Séminaire de Saint-Flour.
Nommé évêque de Gap en 1925 puis de Toulouse en 1928, il sera de tous les combats contre le communisme, le fascisme et le nazisme.
Gravement malade à partir de 1932, il ne cesse de dénoncer dans des lettres l’antisémitisme hitlérien.
Au sein de l’Institut Catholique qu’il dirige il met en place des structures d’accueil des familles des républicains espagnols et plus tard, à partir de septembre 1939, des étudiants polonais.
Dès 1941, Jules Saliège prend ses distances avec le gouvernement de Vichy et accueille désormais les intellectuels et les étudiants juifs frappés d’interdiction de travailler par la législation de Vichy.
Il continue son action en patronnant des œuvres caritatives en faveur des détenus des camps de Noé et Récébédou ouverts en 1941 et s’insurge contre le sort réservé aux juifs dont le départ vers les camps d’extermination commence en août 1942.
Le 23 août 1942, il fait lire dans son diocèse une lettre restée célèbre, interdite par arrêté préfectoral :
« LETTRE DE S.E. MONSEIGNEUR SALIEGE ARCHEVÊQUE DE TOULOUSE SUR LA PERSONNE HUMAINE
Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine ...