Mis piedras de dawson

Simbolos de resistencia

Edicto Garay, Victor Escobar

• Éditeur: Books on Demand
• Année: 2016
• Imprimer l'ISBN: 9782810627189
• ISBN de l'eBook: 9782322003020
• Édition: 1
• Sujet: Literatura
• Sujet: Poesía

Le sujet de ce livre sont les pierres de basalte gravées par Edicto Garay en 1974 pendant son internement comme prisonnier politique de la dictature chilienne au camp de concentration de l'Ile Dawson. Ces pierres, destinées à ses enfants et à son épouse furent un acte de résistance humaine dans un lieu de négation de l'humanité.Ces pierres, miraculeusement préservées, sont présentées par des photographies de Jean-françois Noël. Le camp de Dawson, l'internement et le travail forcé, la résistance des hommes et les pierres gravées sont la matière des poèmes d'Edicto Garay et de son ami Victor Escobar (présentés en langue espagnole avec leur traduction en français par Béatrice Brunet).

Pierres de Dawson

Dawson 1974

Sous le vent froid du crépuscule polaire,

c’est avec des fils de fer barbelés tels des rafales sans pitié

que nait cette histoire sans notion de l’heure ni du jour.

Ce n’est pas un poème mais un court récit

qui surgit de mon être,

une inébranlable volonté.

Et jaillit le cri du silence submergé dans des pierres de basalte,

depuis l’écorce terrestre, entre mes mains.

Car nul mot, même s’il surgit du fond de la terre,

ne suffira pour décrire des lieux qui ne sont que des noms

et parfois seulement des souvenirs.

Mais Dawson est davantage qu’un nom, que des souvenirs,

c’est un visage effrayant de peur, de terreur, de tortures

et de travaux forcés qui bouleversent le monde,

où demeurent enterrés des coups d’agonie

qui incarnent la vie et la mort.

Et c’est aussi là où gisent et résistent les patriotes

et les pierres noires de basalte,

nos pierres,

mes héroïques et adorées pierres clandestines aux pouvoirs magiques.

En effet, ébloui devant la mer démontée

aux vagues noires, blanches et rouges,

pendant les heures de répit,

je cheminais, les pieds nus

à peine cicatrisés,

stigmate de la violence régnante,

je les rencontrai, patientes et nues,

noires et tirant sur le jaune,

sur le sable humide,

murmurant à mon oreille :

« nous sommes fatiguées d’être immobiles ».

J’ai voulu, mais sans pouvoir, les embrasser, les caresser et les étreindre toutes.

Mais je n’ai pris que celles taillées par la mer,

et elles, silhouettes nobles, noires, belles, douces et poétiques,

s’inclinèrent devant la captivité et la douleur

des milliers d’entre nous qui passâmes par Dawson ;

et, altières, vives, héroïques et sublimes,

d’une pureté incomparable,

elles me souhaitèrent la bienvenue.

Je crus voir en elles de véritables bijoux taillés par un artiste,

arrachés de la nature océane.

Et au beau milieu de cet horizon surréaliste,

c’était à ne pas croire,

près d’elles, assis sur le sol écologique,

empli d’une incomparable et sauvage beauté,

il me sembla vivre un rêve curieux

sous le sein paisible des sables froids et salés

de cet environnement singulier.

Ces pierres amies,

pierres sœurs,

pierres mères,

belles et nobles

m’aidèrent à me maintenir vivant et debout,

elles m’injectèrent des forces et une voix venue des profondeurs,

elles me formèrent puis m’honorèrent du savoir de l’artisan talentueux,

de l’architecte, sculpteur et dessinateur.

Ce fut ainsi que, sur leurs beaux corps de basalte,

je pus continuer à sculpter et graver

l’obscurité du camp de prisonniers,

glacé comme la mort, dans les ténèbres.

Je gravai les forteresses du bourreau aux mains sales,

ses nids d’aigle, de bombes et de mitraillettes,

je gravai mes camarades supportant des humiliations

avec un stoïcisme inébranlable,

j’écrivis nos intactes idées d’hier,

d’aujourd’hui et aussi celles de demain,

j’appris à créer des images,

ton image d’humanité

et ma propre image,

comme d’impérissables tatouages pour la mémoire.

Et sur les corps testimoniaux de murmures, chant et musique,

accompagné du vol musical de mouettes et des caïques sillonnant le ciel gris obstiné,

je gravai pour l’histoire des empreintes de la vérité à l’état brut

et des visages humains monumentalisés de la tragédie,

pour que mes pierres noires de basalte chéries et magiques

parcourent le monde comme des colombes messagères,

dénonçant la monstrueuse force destructrice

de la vipère aux mille têtes.

Et avec l’adresse de mes mains devenues calleuses par les coups de hache,

je gravai aussi les cicatrices et les grillages

pour changer la mémoire captive des heures difficiles

en heures joyeuses, limpides, propres,

e...

Table des matières

• Sommaire
• Introduction
• Mes pierres de Dawson, symboles de résistance
• La memoria es pertinaz, es obstinada, es un arma de larga duración. No se rinde.
• Edicto Garay
• Noire, noire et brillante
• Murs de barbelés et couteaux crochus
• Pour ceux-là qui ne pensent pas
• Pierres de Dawson
• Víctor Escobar
• Dawson
• 53°58’S 70°35’0
• Pierres de Basalte
• Souvenirs de Dawson
• Introducción
• Mis piedras de Dawson, símbolos de resistencia
• Negra, negra y brillante soy
• Muros de puas y cuchillos corvos
• Para aquellos que no piensan
• Piedras de Dawson
• Dawson
• 53°58’S 70°35’0
• Piedras de Basalto
• Recuerdos de Dawson
• Edicto GARAY OYARZO
• Page de copyright