Il était une fois au Moyen-Orient
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Il était une fois au Moyen-Orient

  1. 312 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Il était une fois au Moyen-Orient

À propos de ce livre

Les Chrétiens du Moyen-Orient vivaient mal sous l'occupation ottomane. Boutros choisit l'immigration pour mettre fin à sa misérable vie. Il part au Mexique et se trouve impliqué, malgré lui, dans la révolution mexicaine à côté de Zapata. Menacé par la dictature en place, il retourne à son pays qu'il croyait avoir quitté à tout jamais. Ses anciens amis ne sont plus les mêmes. Ils les voient réduits à former une chaîne de générations qui défilaient, du plus vieux au plus jeune, dans une démarche silencieuse, ténébreuse, sans fin, constamment renouvelée par un jeune qui accédait au dernier maillon, lorsque le plus vieux se détachait du premier pour tomber dans l'oubli de l'existence.Tous défilaient incognito, avec une ressemblance frappante, même posture, mêmes habits, même regard, mais la marche à l'arrière était plus vigoureuse et poussait ceux qui se trouvaient devant pour garder la cadence; et si un vieux ralentissait, les jeunes poussaient par-derrière, accélérant sa chute. Et la chaîne continuait à avancer.La première guerre mondiale éclate et le voilà de nouveau entre les griffes de l'armée turque qui l'enrôle de force. Comment trouvera-t-il son village natal à son retour de la guerre? Rencontres amoureuses, aux débuts très intenses, se terminent parfois par un drame. Conflits sociaux et politiques se mêlent dans la vie d'un homme en quête de paix et d'amour.

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Informations

Année
2017
Imprimer l'ISBN
9782322084944
ISBN de l'eBook
9782322105410

Troisième partie

Au Mexique

I - Sur la route de Puebla

José Abdo, l’oncle de Boutros, et sa femme Matilda formaient un couple sans enfants. Leur souhait n’avait jamais été exaucé malgré les prières répétées et la multiplication de promesses qu’ils juraient de tenir en échange d’une faveur divine. L’arrivée du neveu leur parut comme un don du ciel qui comblerait le manque frustrant dont ils avaient souffert des années durant. Boutros n’avait pas encore débarqué que José confia à sa femme : « Ce garçon est prometteur. Il comblera nos vies de bonheur ».
Après un accueil chaleureux et de longues accolades, Boutros avait hâte de s’arracher au quai qui faisait, en quelque sorte, partie de son voyage. Son univers maritime éphémère avait volé en éclat avec la disparition de Karim, l’absence de Marco et l’adieu de Marta. Il se trouva tout à coup privé de ses repères et ne lui resta qu’une grande confusion dans ses pensées et un tumulte déstabilisant son esprit. Il avait le sentiment d’être horripilé par des fantômes. Plusieurs images se superposaient pêle-mêle sous ses yeux et il entendait des voix étranges, incompréhensibles, qui l’étourdissaient. Dans ce panorama cauchemardesque, se perdaient les voix de son oncle et les rires de Matilda. Il eut une absence d’esprit et n’était pas capable de se souvenir s’il avait répondu aux innombrables questions qu'on lui posait. Il se souvint cependant, quand le cocher conduisit l'hippomobile vers la gare ferroviaire, avoir jeté un coup d’œil sur le paquebot qui l’avait débarqué sur la côte du nouveau monde, fuyant l’empire ottoman.
Boutros avait grand besoin de silence et de repos. Mais le train n’était pas le meilleur endroit pour cela. Des passagers transportaient des ustensiles de cuisine, d’autres de la volaille. Il y avait même quelques porcelets et des lapins. On eût dit une basse-cour ambulante. Des marchands portaient des accessoires de mercerie et autres petits objets qu’ils présentaient aux passagers en enjambant les animaux et les paniers posés au sol. Les cris des marchands s’ajoutaient aux cris des animaux et aux tintements des casseroles dans un tumulte assourdissant.
Nonobstant, le bruit régulier et monotone produit par le passage du train sur les traverses de la voie ferrée endormait l’esprit de Boutros qui admirait silencieusement les paysages défilant sous ses yeux alourdis. Le train filait à toute vitesse sur une voie ferrée bordée de fenouils extraordinairement géants. En contrebas de la voie ferrée, s’étalaient, à des grandes distances, des taudis abritant les misérables que la société urbaine refoulait. Ces concentrations de baraques reflétaient la misère morale d’une humanité vile et déchue. Cependant, à la vitesse du train, et dans l’abattement physique, Boutros ne pouvait s’attarder sur les détails qui l’auraient carrément déprimé s’il pouvait s’y concentrer. Il regardait l’étendue d’une vallée et ça l’apaisait. Il avait l’air hypnotisé et ses paupières tombaient lourdement, le plongeant dans un petit somme duquel il se réveillait par des gestes saccadés.
Les voilà enfin à la gare de Puebla. José et les siens prirent une calèche et se dirigèrent vers la résidence qui se trouvait à plusieurs kilomètres de là. Après quelques détours, la voiture s'éloigna de la ville empruntant une piste carrossable. Le soleil ardent de ces derniers jours rendit la piste poussiéreuse. Il s'y trouvait, de-ci de-là, des bosses, des mottes de terre et des ornières qui cahotaient la carrosse. Les voyageurs se cognaient ainsi les épaules s'offrant les tout premiers souvenirs d'une rencontre vouée à une construction pérenne. Une centaine de mètres plus loin, des cochons d'Inde barraient la route dans un bain de soleil calme et paisible. À l’approche de la calèche, ils sentirent la cavalerie foncer droit sur eux et, comme une armée en débâcle, se dispersèrent, çà et là, se rangeant inquiets dans un champ de maïs en simples rongeurs. Quant à Boutros, il ne détournait pas son regard des paysages agricoles qui le fascinaient.
La voiture avançait à travers champs et des paysans relevaient la tête, tirant lentement leur grand sombrero de paille pour répondre aimablement aux passagers qui saluaient d’un geste de la main. Et tout à coup, un serpent à sonnettes se trouva au beau milieu de la route. Les chevaux hennirent et se cabrèrent effrayés. Boutros s’accrocha à la banquette. Le cocher, habitué à ce genre de situation, sauta à terre, maîtrisa sans peine les chevaux, fit fuir le serpent, puis continua sa route.
La frayeur passée, le rire de José confondit Boutros qui avoua sa peur. L’oncle lui tapa sur l’épaule en lui disant :
— Peur n’est pas honte ! Si tu maîtrises la peur, tu vaincs le danger. Ton aveu est une preuve de courage et il va en falloir pour affronter la vie ensemble.
« Affronter la vie ensemble », ce n’était pas une phrase anodine ou une expression proférée à tout hasard. Elle était bien réfléchie et avait un dessein bien singulier qui se dévoilera plusieurs mois plus tard. Pour Boutros, cette expression, en ce moment précis, n’était qu’une généralité que l’on peut interpréter de mille façons et que l'on peut, de surcroît, mettre à toutes les sauces. Voilà pourquoi, dans l’immédiat, il n’y prêta pas attention.
Son voyage n’était pas encore terminé. Après le bateau, puis le train, la calèche prolongeait le trajet et la fatigue eut raison de ce jeune homme qui s’assoupit net, laissant choir lourdement sa tête sur l’épaule de son oncle. Mais ce ne fut qu’un bref instant, car il tressaillit au cahot de la voiture qui le secoua violemment.
— Allons, mon grand ! lui dit José. Nous y sommes.
Les voilà enfin arrivés à l’hacienda familiale. En franchissant le portail extérieur, ils traversèrent une longue allée ombragée par des acacias qui formaient un tunnel de branches et de feuilles. L’air devint tout d’un coup plus frais et plus agréable. À la sortie du tunnel, une vaste clairière apparut ; une poulie maintenait un sot suspendu au-dessus d’un puits ; à côté, quelques animaux domestiques s’abreuvaient dans une gamelle faite d’un demi-tonneau en bois ; plus loin, une roue de chariot, appuyée contre un tronc d’arbre, attendait sa réparation ; au fond de la clairière, et au milieu d’une vaste exploitation agricole, se trouvait la demeure avec une véranda en façade. Boutros eut la surprise de rencontrer tous les employés de l'hacienda en comité d'accueil. Il accéda ainsi à son nouveau domicile sous les applaudissements et l’acclamation d’un mémorable Bienvenu !

II - Vives émotions

Une fois dans la demeure, José tendit le bras, enlaça le cou de son neveu et l'étreignit fortement contre lui. Boutros mesura l’affection qu’on lui attestait et, dans son assurance, chut lourdement sur un fauteuil censé supporter tout le poids qu’il amassait depuis longtemps. Il s’enfonça dans le creux du fauteuil, le visage blafard après tant d'épreuves, les yeux mornes semblant examiner le néant, et l'esprit errant dans une terre inconnue.
Avec le sentiment d’une imminente délivrance, il se trouvait partagé entre deux sentiments qui le déchiraient. Son vécu d'abord. Toutes ses peines et ses joies composaient le compost qui amendait sa vie, traversant des épreuves de toute nature, bonne ou mauvaise, en dépit des odeurs désagréables des souffrances morales qui s'amoncelaient au fil de sa courte existence, et qui l'obligèrent à abréger son adolescence. Cela devint comme un corps étranger, introduit accidentellement dans le corps humain ; celui-ci développe autour de son hôte une couche cellulaire pour se protéger mais, en fin de compte, il s'y habitue, l'adopte et vit avec. Enlever ensuite le corps étranger revient à s'attaquer à la chair vive qui supportera une incision et replongera dans l'instant de l'accident qui, il est vrai, l'avait fait souffrir une fois, mais ne le fait plus maintenant. L'appréhension de ce moment est forte et l'on sent que l'on perdra quelque chose qui fait désormais partie du corps, de soi, de son histoire personnelle, de ses souvenirs et même de son amitié. Oui, l'amitié. Car à force de dialoguer avec ce corps étranger, d'en prendre soin en quelque sorte, en surveillant son évolution, en le tâtonnant quotidiennement pour s'assurer qu'il ne lui fera plus de mal, en le cachant aux autres comme une partie intime, et ne le montrant qu'aux professionnels de santé à qui l'on fait confiance, il devient précieux. Et la séparation, comme l'accouchement, ne se fera pas sans douleur. Puis il y a ce qui viendra. Cette affection soudaine des gens qu'il connaît à peine, cette demeure qui sera la sienne sans qu'il en soit ni le propriétaire ni le locataire, ce travail qui l'attend dont il ignore la nature, les jours qui vont bientôt se bousculer avant même qu'il n'ait le temps de prendre pied. Jusqu'alors, il a vécu chaque seconde de sa vie pour se former et se préparer. Désormais, les jours lui sont comptés pour faire ses preuves.
Le visage pâle de Boutros s'assombrit d'un bleu ténébreux ; son regard flou devint aigu et méfiant comme un prédateur qui défend son gibier. Il étendit ses bras sur les accoudoirs, tira ses jambes en avant et balança sa tête en arrière. Puis il croisa les mains derrière la nuque et respira profondément comme pour voir toutes les peines qui l’appesantissaient, couler du fond d’un sac percé, à l’image d’un sablier.
Un temps de silence s’écoula sous un orage d’émotions. Il fut très difficile d’interrompre ce rituel sacré de la pensée et du cœur qui valsaient pieusement comme deux partenaires qui tenaient, entre leurs bras entrelacés, toute la conscience humaine. Et tout d’un coup, il éclata en sanglots.
Celui qui a assisté à un naufrage aurait pu voir quelqu’un user de toutes ses forces pour nager jusqu’à la côte. Malgré l’épuisement, la peur et le froid, le naufragé continue à lutter et se surpasser. Il trouve des forces qu’il n’aurait jamais pu déployer dans d’autres circonstances. Quelque chose qui le maintien en éveil et active son dynamisme, surgit d’un souffle qui ne disparaît qu’avec la délivrance. Finalement, le naufragé échoue sur une grève et toutes ses forces s’évanouissent d’un seul coup. Il devient comme une feuille morte aplatie contre le sol, mais il garde le germe de la vie qui le ranime au moindre secours. C'était, en quelque sorte, le cas de Boutros qui, après son périple, s'abandonna au fauteuil. Toute l’énergie qu’il avait déployée pour y arriver, s’évanouit, et il sombra dans une léthargie en attendant le moindre secours pour réagir et se rendre compte qu’il venait de se délester de tant de peines et d’angoisses, sinon définitivement, du moins pour un temps.
— Sois à ton aise ! dit Matilda en lui tendant un mouchoir. Tu n’es pas obligé de parler. Laisse tes émotions jaillir. Ne les empêche pas. Il faut que tu évacues…Je te comprends.
José, au contraire, estimait que la parole était une façon plus habile d’affronter les émotions douloureuses car, au lieu de laisser la personne se perdre seule dans le labyrinthe de ses souvenirs, le bavardage embrouille son esprit et l’empêche d’y penser. Mais au-delà de cette idée, José était impatient de conclure son projet révolutionnaire qu’il mijotait et voulut lui parler de son avenir et comment il le prévoyait. Sa femme, qui surveillait son discours, l’interrompit afin qu’il ne commette pas de bêtises par son enthousiasme précipité.
Matilda était une femme belle, patiente et réfléchie, qui s’intéressait quasiment à tout, mais qui n’intervenait que lorsqu’elle était sollicitée ou lorsqu’elle en trouvait la nécessité. Avec une voix douce et des mots bien choisis, elle s’adressa à son mari :
— S’il te plaît, chéri ! Nous avons souhaité offrir à ton neveu une place parmi nous. Laissons-lui le temps de la découvrir puis de décider s’il l’accepte ou pas. Tu as tout le temps qu’il faudra pour lui raconter ce que tu as envie de dire. Mais il n’est pas concevable d’accélérer le temps ou de forcer le destin. Chaque chose en son temps.
Puis, en regardant Boutros, elle ajouta :
— Aujourd’hui, la vedette c’est lui. Il a besoin de repos et peut-être qu’il préfère le silence. C’est à lui de prendre la parole et nous faire part de ses besoins immédiats. Supposons que son voyage s’est bien passé ; pour l’instant nous n’en savons rien, à moins qu’il ne veuille nous le raconter. Il aurait tout de même connu la fatigue, le mal de mer, la promiscuité, le bruit. Alors, s’il veut garder le silence, nous comprendrons ; et s’il veut nous en parler, nous l’écouterons avec plaisir.
Puis elle retourna son regard vers José et continua :
— Je pense qu’avant même de parler du futur, il vaut mieux, peut-être, régler son compte au passé, sinon on se trouvera entre deux adversaires, l’un derrière, l’autre devant ; dans ce cas, il faut s’imaginer dans la peau d’une créature fabuleuse avec un troisième œil à l’arrière de la tête et des bras multiples manipulés par un cerveau de pieuvre.
À entendre le mot « pieuvre », Boutros s’agita, se rappelant le monstre dont Marta lui en parlait. Mais il n’en dit rien sinon qu’il fixait Matilda pour saisir la suite. Marta et Matilda ! Cela sonnait à son oreille presque pareille. Seraient-elles deux femmes extraordinairement intelligentes, belles et attendrissantes, que le bon Dieu envoya à son chevet ? Un ange gardien qui prend le relais d’un autre ? Boutros en était persuadé.
— Bienvenu chez toi ! proféra Matilda, s’adressant directement à Boutros. Celle-ci est désormais ta demeure. Fais ce qu’il te plaît et sois à ton aise ! Pour le moment, ne t’inquiète pas pour ton avenir et ne te tracasse pas pour ce qui est du lendemain. À chaque jour suffit sa peine ! Nous ferons tout pour que tu trouves le repos dont tu as besoin et tu peux toujours compter sur nous.
Puis, toute souriante, elle décida de mettre fin à ce bouleversement émotionnel et passer à autre chose. Elle se leva alors et, pour changer d’ambiance, proposa une boisson rafraîchissante.
— Maintenant je vous laisse à vos histoires d’hommes, dit-elle. Mais avant que je ne parte préparer le dîner, je vais vous servir quelque chose pour vous rafraîchir. Qu’est-ce que tu préfères, Boutros : une limonade ou un sirop aux fruits ?
Boutros regarda perplexe son oncle qui persiflait :
— Sirop ! Mais c’est une boisson pour femmes ! Tu sais bien, Matilda, que nous avons besoin d’une boisson tonifiante, une boisson explosive, quoi ! Sers-nous de la tequila s’il te plaît !
— Ah le macho ! plaisanta Matilda. Je ne suis pas sûre que Boutros soit de ton avis mais, après tout, c’est à lui de choisir.
— Et c’est quoi la tequila ? demanda-t-il.
— Dis-toi qu’elle remplace l’arak ! C’est une boisson nationale, expliqua José ; une eau-de-vie distillée à base d’agave bleu. Je te montrerais cette plante à l’occasion.
— Mais j’ai à peine seize ans et je ne suis pas encore initié à l’alcool.
— Eh bien, il y a un début à tout.
— Ne crois-tu pas que tu exagères ? protesta Matilda.
— Bien sûr que non, voyons ! rétorqua José. Dans notre société, il va rencontrer un tas de gens et à chaque occasion il va être confronté à la même situation. S...

Table des matières

  1. Sommaire
  2. Première partie : Au pays
  3. Deuxième partie : En mer
  4. Troisième partie : Au Mexique
  5. Quatrième partie : La grande guerre
  6. Page de copyright