
- 116 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
"La maladie et l'infirmité engendrent des tempêtes d'émotions épuisantes. L'état de faiblesse qui en découle rend vulnérable et sensible aux processus puissants qui altèrent la vie. Ainsi nous rencontrons des forces qui nous épuisent. Et ainsi la faiblesse devient la ressource qui nous oriente."Voici le journal d'une année scolaire passée auprès d'enfants handicapés. Dans une classe, en marge du monde, j'ai découvert de quelle manière des enfants handicapés vivaient et redéfinissaient les notions communes de faiblesses et de forces.
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Informations
Ce que dit l’épilogue …
Où en étais-je ?...
Je sais n’avoir jamais cru pouvoir vivre au-dessus de mes échecs, de mes déchets, de mes faiblesses. Le mal devait rester le mal. Par désarroi et par crainte, j’ai donc frayé avec les noires éclaboussures et les rejets toxiques. J’ai incisé ma vie d’un sillon stérile. Et de moi, je n’ai retourné vers le soleil qu’une âme inconsistante, pullulante de frayeurs.
Je n’avais plus la lumière des rêves qui éclairent la réalité. L’interrupteur de ma confiance était perdu dans le noir.
Je voyais les hommes consommer le bonheur et la réussite avec une telle rapacité, que le monde brillait par ce qu’il lui en coûtait de malheurs et d’éch-ecs.
…Je devais en être là, lors de ma rencontre avec des enfants handicapés. Je végétais innocemment, et mon énergie ne stimulait plus que mes peurs. Je m’accommodais presque à l’idée d’être un débris, flottant dans les sillages désolés de l’espèce humaine. Mais ces enfants et leurs souffrances me firent découvrir le caractère fécond de ces décharges où je me trouvais, et où ils vivaient eux aussi. Car dans les fosses où l’homme se débarrasse de ses défaites, de ses ruines et de sa culpabilité, étaient ensevelis des êtres et des pensées bienveillantes. Et je me retrouvai dans cette marge du monde : véritable débarras d’ordures constituées de rêves, d’idées, de poésie, d’amour, et de dévouement abandonné. Car tout ce que les hommes avaient ici délaissé semblait être essentiel. Même la nature y était ensevelie — vivante ou morte, sans plus de considération.
Et la grâce s’offrait ainsi à portée de main, dans un dépotoir de miracles et de simplicités.
_
Je n’ai ni la volonté ni l’opiniâtreté de goûter à mes faiblesses afin de les connaître, d’en user, et de les conquérir. Mes douleurs et mes difficultés personnelles demeurent donc à mes côtés telles d’in-times inconnues. Elles sont des objets posés en moi dans une pièce noire, et je les heurte sans jamais oser les éclairer. Je m’y blesse pourtant en permanence. Peut-être me demandent-elles de renaître au travers d’elles, de les affronter pour en retirer les bénéfices d’une vie affranchie ? Je ne sais pas. Les concernant, je ne me hasarde qu’au doute, et les réprouve continuellement sans m’en départir.
Pour cela, je quitte toute réalité. J’oublie, je nie, je mens, je fantasme. Cela dévie l’attention que je porte à mes problèmes et mes émotions. Mais ce traitement est une substance active qui migre dans tout mon corps. Ainsi, j’abandonne progressivement mes plaisirs et mes peines. Je me défais de mes certitudes et de mes espoirs. Je me débarrasse de mes envies comme de mes dégoûts. Je coupe mes nerfs pour interrompre tout influx de bien-être ou de mal-être. J’amende ma somnolence.
En somme, je ne vois dans mes défaillances et mes blessures que les vents noirs d’un orage intraitable. Et quand je m’évertue à vivre, à garder les yeux ouverts, il s’abat pour me tremper de douleurs et d’angoisses. Alors je me retranche dans une apnée d’indifférence. Et je délaisse tout.
Ma mémoire, mon corps, mon imagination sont des lieux de conflits avec lesquels je prends mes distances. Et par cet éloignement, je me détache de moi même — affamé et avide d’apathie.
Mais la lumière du monde est comme l’eau : elle s’infiltre, rentre dans mon regard clos, passe sous mes chapes de léthargie, et se coule dans les gravats de peurs où je m’enterre. Puis elle m’entête, m’ouvre les yeux. Et je vois, comme toujours, ce grand nombre de personnes aux fatalités bien plus sombres et écrasantes que les miennes agir avec joie.
Il y a ces enfants dont les blessures n’ont pas de justifications naturelles acceptables. Il y a cet excès de souffrance, abominablement consubstantiel à l’ê-tre handicapé, condamné, mutilé, violé, détroussé, abusé, exploité, torturé, traumatisé, enfermé. Et je constate qu’envers et contre tout, un grand nombre d’entre eux conduisent leurs existences en stimulant leur engagement dans la vie. Ils s’appliquent à conserver une conscience ouverte, et sensible au monde autant qu’à eux mêmes. Et cela malgré la contrainte de devoir mobiliser leurs corps et leurs esprits souffrants. Car plus ils se battent, plus ils éprouvent durement les contours de leurs infirmités.
Ils mènent une marche exemplaire. En dépit du mal inaltérable qui les accable, ils tendent instinctivement vers ce qu’il y a de plus rare et de plus difficile à atteindre : une probité spirituelle.
Dans l’indifférence générale, ils s’emploient à l’épreuve de la sagesse. Négligés par la société, ils luttent avec humilité pour réinventer des vertus. Amoindris, ignorés, ils représentent par leur décence et leur courage ce qui subsiste de la noblesse humaine.
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Comment laisser mes émotions et mes pensées s’exprimer ? Comment laisser libre cours à ma vie, si ce n’est par un débordement, une rupture, un déferlement ?
Car je marche continuellement au pied du barrage de mon existence, ne cherchant qu’à l’étayer, à le consolider. Et derrière ce mur, je retiens la totalité de mes élans, de mon enthousiasme, de mes rires, de ma créativité… et la pression devient folle. Alors comment prononcer un seul mot, comment m’ou-vrir à la parole sans craindre d’être submergé par une vie criante de mutisme ?
Depuis l’enfance, je m’impose une dictature, m’inflige une oppression. Au petit peuple de mes pensées, j’ordonne un couvre-feu. Et je m’éteins dans l’ombre des vivants.
Ainsi je me cantonne à l’immobilité. Je me cache dans la prudence, dans le silence.
Il est hors de question de m’aventurer à vivre. J’ai l’habitude de mes peurs, de mes douleurs, de mes fuites : j’y trouve un confort aveugle et une façon de posséder le monde — en rêve, en vain.
Etrangement, tout cela pèse sur moi comme un handicap anodin, invisible. Je m’aperçois ainsi que certaines faiblesses sont socialement ignorées. De véritables impotences de l’être se résument en de vulgaires et ordinaires défauts de caractère. Quelle plus vaste infirmité, pourtant, que de ne pas pouvoir prononcer un mot ou tenter un geste pour dire simplement qui l’on est.
En chacun de nous, une image de la planète se déploie telle une terre vierge et personnelle. Dans ce monde intérieur, j’entreprends tous les voyages et ne cesse d’être moi-même. Je rêve de la réalité de mon âme, je mets du vent dans mes songes, et m’é-lance librement dans des courants tumultueux et gonflés d’illusions. J’oublie que tout cela n’est que le théâtre de mon imaginaire ; et que la mélancolie de ne pas vivre m’inspire bien souvent des histoires d’errances. Au final, je m’enfonce dans un désert où toutes choses s’abstiennent d’exister. Pourtant, en société, le visage de mon incapacité à vivre continue à se grimer d’apparences banales et anonymes : c’est le cas d’un grand nombre de handicaps.
Au besoin, une société peut travestir ses déviances, enterrer sa conscience sous des pelletées de mensonges. Tel un individu, elle peut destituer la réalité — nier les pathologies sociales du pouvoir, de la richesse, de la guerre, et en dédaigner les conséquences.
Ce maquillage de nos structures et valeurs culturelles est une forme de handicap mental et moteur à grande échelle. L’autisme normé des règles et idéologies d’une telle civilisation est d’une violence inouïe. On peut ainsi constater, aujourd’hui encore, que la mort d’un homme est presque toujours due aux effets de sa culture : guerre, esclavage, pollution, malnutrition, stress, solitude, pauvreté, discrimination… Nous avons rarement le temps de mourir de vieillesse.
Nous ignorons tout cela. Et la réalité devient un fondement vital négligeable pour l’homme.
Notre cécité volontaire ne trouve de répit qu’à la condition d’une lumière étriquée et fallacieuse. C’est de cette manière que nous administrons et supportons les horreurs d’un champ de batail éternel : en gardant un bandeau sur les yeux, et en désaltérant de temps en temps nos regards dans des restes de clartés saumâtres — flaques de lumières émaciées, anémie du réel.
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POST-FACE
Il faut que les causes sociales prennent la lumière par toute les voix. Chaque silence et chaque omission avantagent nos difficultés. Mettre en évidence ce qui est incontournable est le plus important défi de notre modernité.
Le handicap nous informe sur notre nature. Les soins que l’on porte aux personnes fragilisées rendent compte de l’état de santé décisif du tissu social.
Multiplier les courants de formations et de professionnalisations produirait une vague d’idées et d’énergies nouvelles. Il serait essentiel de libéraliser l’accès à la formation, et d’affranchir l’exercice des métiers du soin et du social. Pour l’heure, nos connaissances manquent d’entendement : nos protocoles de fonctionnement étouffent la créativité.
Si l’on ne finance pas les professions du soin, les coûts et les besoins à venir du tissu social vont exploser comme une bulle financière !
Malheureusement, en ce domaine toute alerte ne fait qu’endormir un peu plus tout sentiment d’urgence.
Oui, ces professions sont ingrates. Nous prenons ici le contre-pied de nos références économiques. Il faut semer énormément pour obtenir très peu. Mais par ce défaut de bénéfice consenti, on capitalise l’essentiel de la bienfaisance humaine. Le libéralisme prédateur fait l’économie de l’âme sensible, et ne peut ainsi générer une aide sociale.
Interagir est le fondement de la vie. Le partage de la faiblesse est donc essentiel !
Remerciements…
Je tiens à remercier mes collègues de travail et les enfants de leur bienveillance qui rend cette profession supportable et gratifiante.
Je remercie tout particulièrement mes proches — amis et famille — qui m’ont conseillé durant l’écriture.
© 2015 Jean-Noël Thomann
Édition : BoD – Books on Demand GmbH, 12/14 rond-point des
Champs-Élysées, 75008 Paris. Impression : BoD - Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne
Champs-Élysées, 75008 Paris. Impression : BoD - Books on Demand GmbH, Norderstedt, Allemagne
ISBN 9782322088577
Dépôt légal : Mars 2018
Table des matières
- Indication
- Sommaire
- Préambule…
- Premiers jours…
- 7 Septembre, à l’écart du monde…
- 14 Septembre, vue d’ensemble…
- 15 Septembre, dialecte abscons…
- 21 Septembre, l’épuration souveraine…
- 27 Septembre, les carences…
- 12 Octobre, les présences éthérées…
- 25 Octobre, ce qui n’est pas moi…
- 3 Novembre, la vie dans les combles…
- 12 Novembre, la trace des non-dits…
- 21 Novembre, le prétexte de l’utopie
- 28 Novembre, la couleur cachée…
- 9 Décembre, les terres rares…
- 21 Décembre, l’entrave d’un hiver éternel…
- 4 Janvier, retenu ailleurs…
- 16 Janvier, le cauchemar que l’on cache… et le rêve que l’on enserre.
- 28 Janvier, les tournesols…
- 4 Février, l’abandon…
- 17 Février, la fosse aux excuses…
- 28 Février, les vents contraires…
- 6 Mars, l’emprise d’une inondation…
- 10 Mars, la constante du prisonnier…
- 14 Mars, quelques flocons noirs dans la neige…
- 29 Mars, les sentiments évadés…
- 7 Avril, exil de la faiblesse…
- 15 Avril, le microcosme à éduquer…
- 2 Mai, le mensonge de l’arc-en-ciel…
- 17 Mai, l’antagonisme des forces…
- 3 Juin, l’errance des gens utiles…
- 10 Juin, la duperie de soi…
- 16 Juin, la garde est au bourreau…
- 22 Juin, l’incidence du vide…
- 30 Juin, le cœur à l’aube…
- 2 Juillet, faire œuvre de rejet…
- 4 Juillet, fin d’exploitation…
- 9 Août, l’ingéniosité du rêve…
- Ce que dit l’épilogue …
- Post-Face
- Remerciements…
- Page de copyright