
- 208 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Billets du Blog "Porteuse d'eau" année 2016. Réflexions sur la honte et la culpabilité.Textes bibliques et Vie des personnages bibliques.
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Informations
CHAPITRE 1
AUTOUR DE LA HONTE ET DE LA CULPABILITE.
INTRODUCTION
Cette introduction assez spécifique reprend un peu l’introduction générale, mais elle me semble nécessaire pour comprendre l’origine de ces billets.
Bien que retraitée, je travaille par internet avec un certain nombre de personnes que je connais maintenant depuis des années, et qui pour la plupart ont vécu des maltraitances tant physiques que psychiques et psychologiques durant leur enfance et leur adolescence. Je découvre petit à petit les ravages des ces maltraitances. Je ne sais pas si l’on peut guérir de cela, car je dirais que ce qui leur est tombé dessus, car elles n’y sont pour rien, c’est un peu comme si elles avaient été infectées par le virus de la poliomyélite, cette maladie qui a tué tant d’enfants et qui en a laissé tant d’autres infirmes. Bien souvent ces personnes se demandent pourquoi elles ont survécu, pourquoi elles sont là, avec ces séquelles avec lesquelles il faut vivre un jour après l’autre, séquelles qui peuvent se majorer en fonction des aléas de la vie.
Les séquelles pour ces personnes, outre un corps qui est souvent en grande souffrance, ce sont donc des séquelles permanentes qui pourrissent la vie: des flashs, des angoisses insoutenables qui prennent tout le corps et qui donnent envie de mourir, des dissociations qui mettent à distance mais qui coupent de tout, des replis sur soi bien proches de l’autisme, un contrôle incessant et usant de l’environnement, souvent accompagné d’une hyper-activité qui évite de penser; mais aussi une honte permanente avec le désir de disparaître et une très grande culpabilité.
Je dirais aussi que l’image que ces personnes ont d’elles est une image dévastée, abîmée et ce d’autant plus qu’elles n’ont pas été reconnues comme des personnes, mais traitées comme des objets.
Tout enfant ayant besoin de donner un sens à ce qu’il vit, il est évident que pour eux, c’est de leur faute, d’où la culpabilité qui est une montagne avec laquelle ils vivent. Je me rends compte aussi que leur demander de couper les relations familiales qu’elles sont parfois obligées de maintenir avec les parents est très difficile. On ne rompt pas comme cela avec ceux qui malgré tout restent vos parents.
Au fur et à mesure que j’apprends avec ces personnes, qui sont toutes différentes, à essayer de comprendre un tout petit peu, à m’adapter, à ne pas vouloir imposer un savoir, à renoncer même à mon savoir, je me rends compte que culpabilité et honte sont souvent confondues, alors qu’il ne s’agit pas de la même chose. Pour beaucoup d’entre elles, faire des démarches basiques (entrer dans une banque, aller à la mairie) sont très difficiles parce que d’emblée elles se sentent coupables de quelque chose, qu’elles ont honte de demander, honte d’exister.
Il me semble aujourd’hui que le terme de culpabilité est une espèce de mot valise dans lequel s’engouffrent beaucoup de choses; et de mon point de vue la honte, qui est différente de la culpabilité, en fait partie. De nos jours, on est coupable de tout ou presque. Et que ce soit le regard social ou le regard ecclésial, y échapper est très difficile.
Je pense que les cures psychanalytiques, ces cures « rigoureuses » avec une régularité dans le temps, avec un transfert qui se déployait, permettaient de se sortir au moins partiellement de cette culpabilité qui est un véritable fardeau.
Lorsque je rencontre des personnes qui disent aller mal, mon désir - qui est le mien (puisque je reconnais en avoir un) - est dans un premier temps de les aider à sortir de la culpabilité et à restaurer l’image qu’elles ont d’elles (ce qu’on appelle le narcissisme primaire).
J’avais remarqué dans ma pratique hospitalière que quand un enfant vient au monde avec un handicap, ce que ressent la mère ou la famille, ce n’est pas tant de la culpabilité que de la honte. Et cette honte qui fait qu’on n’ose pas montrer cet enfant, pèse lourdement sur l’enfant qui ne peut en comprendre le pourquoi, car la honte finalement touche à la différence. Être la mère d’un enfant qui risque d’être montré du doigt par la société engendre une honte considérable et dire que c’est la « génétique » qui en est responsable ne change pas considérablement les choses, car on s’en veut toujours d’avoir mis au monde un enfant pas comme les autres. La société permet de se sentir moins coupable, "parce que ce n’est pas de votre faute", mais la honte à mon avis demeure quand même.
Par ailleurs, quand je vois le poids de la honte qui pèse sur les personnes qui ont vécu ces maltraitances dans leur enfance, mais qui continuent à « leur pourrir la vie en permanence » dans leur présent, sur leur manière de vivre, dans leurs relations avec les autres, (je pense aux dissociations qui sont des mécanismes de défense, mais qui plombent complètement la vie de tous les jours, aux flashs qui remettent dans le passé, aux troubles de l’alimentation), je me dis qu’une réflexion s’impose, en tous les cas pour moi, surtout pour permettre à ces personnes de ne pas confondre honte et culpabilité.
J’ai donc au cours de cette année écrit pas mal de textes qui traitent de la culpabilité, de la honte. Je les ai regroupés dans ce chapitre, qui ne suit pas un ordre chronologique. Il y aura d'abord des généralités sur ces concepts, puis une recherche plus biblique, et enfin un questionnement sur comment sortir de la honte. Avec certainement beaucoup de répétitions, je m’en excuse auprès de mes lecteurs.
I GÉNÉRALITÉS.
Différents types de honte
De manière simple on pourrait dire qu’il y a plusieurs types de honte.
Il y a la honte personnelle : je veux faire quelque chose de bien et je n’y arrive pas (et le regard des autres est là pour se moquer de moi); c’est le cas du petit qui ne veut plus porter de couches et qui se mouille quand même. C’est la honte-échec, et le regard de l’autre est très important. Si le regard de l’autre n’est pas consolateur (tu n’y es pas arrivé, mais tu y arriveras la prochaine fois) un vécu d’échec s’installe et la confiance en soi se perd.
Il y a un autre ennui, c’est que dans une famille, l’échec d’un enfant est parfois l’échec de la famille.
C’est le cas quand un enfant vient au monde avec un handicap, ou quand l’enfant par la suite, ne fait pas honneur à la famille. Cette honte là (pour les psychanalystes, on pourrait parler de narcissisme primaire), façonne un certain type de personnalité, mais quand on quitte le registre de la honte pour aborder celui de la culpabilité, l’enfant se croit responsable d’avoir fait quelque chose de mal, sans savoir ce qu’il a fait et cela peut être très nocif sur son développement.
Il y a la honte liée à l’autre : la comparaison entre soi et l’autre, entre un plus faible et un plus fort. Quand le plus fort est vaincu par le plus faible, l’humiliation est insupportable et ne peut se laver que par violence. C’est ce qui se passe entre Caïn et Abel. Caïn pour une fois n’est pas le meilleur et cela lui est tellement insupportable que le seul moyen de laver ce qu’il vit comme un affront est de tuer Abel. Bien sûr, on peut parler de rivalité, d’envie, mais à aucun moment Caïn ne se reconnait coupable et il conteste même la sanction divine qui est l’exclusion du clan et le refus de la terre de lui donner son fruit alors qu’il était agriculteur.
C’est le cas de toutes les guerres. Le vaincu est dans la honte, il est humilié, il a perdu. Le vainqueur en profite, le vaincu devient victime d’humiliations sans nombre, pour qu’il comprenne bien qui est le plus fort. Cette honte là, se lave souvent dans le sang car elle renvoie au déshonneur, mais souvent elle se traduit aussi par une haine ou des haines qui perdurent au-delà des siècles..
Il y a enfin la honte subie consécutive à ce que vous a fait subir un autre. C’est la honte dont parlent tous ceux qui ont été en position de victime. Cela renvoie à l’esclavage de toute nature, en particulier sexuel. Normalement c’est celui qui se sert de l’autre qui devrait être porteur de la honte, mais il n’en n’est rien. C’est la victime qui est honteuse, car elle n’a pas pu se défendre, dire non, riposter; elle se vit à juste titre comme salie, bafouée.
Premiers regards sur ces deux mots : honte et culpabilité.
Il me semble que, de nos jours, si à un niveau collectif on peut parler de la honte par exemple en disant que, parce qu'Untel a dit ou fait quelque chose, alors c’est « la honte » pour un certain nombre de personnes, on préfère et de loin remplacer ce mot par culpabilité . Or la culpabilité renvoie à une faute commise contre quelqu’un, elle est donc dans la relation (les psychanalystes parlent de Surmoi); alors que la honte renvoie à une image de soi abimée, et renvoie au Moi Idéal et donc au Narcissisme.
Il me semble que cette confusion est grave. La culpabilité peut être réparée on peut demander pardon, la honte elle se lave, dans le sang bien souvent car elle va avec le déshonneur, l’humiliation. Je pense que bien souvent c’est la honte sous-jacente à la culpabilité (même si la faute est grave) qui pousse au suicide. La honte est à l’origine de ces secrets de famille, de ces vendettas qui se perdent dans la nuit des temps, mais qui restent terriblement actives ; la honte, il faut la masquer, mais il faut aussi la venger . Le déshonneur est insupportable.
La honte
La honte par définition se cache. C’est un peu un tabou. Ces secrets de famille qui empoisonnent tant les relations et même les vies sont bien liées à ce tabou : on ne dit pas ce qui a provoqué la honte, le déshonneur, donc l’exclusion de son groupe social, ou sa place dans sa famille. La honte, il faut la masquer voire l’enterrer. Et pourtant, elle est là, elle stigmatise un individu, une famille, un village, une nation.
La question de la « honte » est une question qui me semble importante, car les personnes que je connais, et qui ont vécu des abus dans leur enfance, parlent certes de culpabilité (c’est de leur faute si telle ou telle chose leur est arrivée parce qu’elles n’ont pas su crier ou se défendre ou dire non, elles l’ont bien cherché); mais surtout, ce sont ces actes mauvais, interdits par la société, qui les ont couvertes de honte, alors que ce devrait être l’auteur de ces actes qui devrait en être couvert.
Or souvent ceux qui font de tels actes hors norme s’en glorifient; ils ne se rendent pas compte du mal qui peut être fait quand on « joue » avec son fils ou avec sa fille et quand on lui demande de se taire. Bien sûr on parle de pardon, de demande de pardon. Mais si demander pardon c’est reconnaître qu’on a fait le mal, est-ce suffisant pour qu’une guérison soit possible? Je n’en suis pas si sûre. Peut-être cependant cela permet-il de quitter la position de victime et de vivre au lieu de survivre; mais je n’en suis pas certaine. Peut-on pardonner à quelqu’un qui vous a détruit en sachant ce qu’il faisait? Même si je transforme un peu la phrase, car je ne sais pas de quel petit il s’agit, mais Jésus a bien dit « malheur à celui qui scandalise un seul de ces petits. Il vaudrait mieux lui attacher une meule au cou et le jeter dans la mer » Luc 17, 2 ; il ne parle pas de pardon mais de châtiment.
Mais ce mot de honte ("j’ai honte d’être ce que je suis devenu ou ce qu’on m’a fait devenir") n’est que rarement prononcé, car en lui-même il fait honte. La honte doit être cachée. Pourtant ces personnes portent, sur elles et en elles, cette espèce de peau (un peu comme Peau d’Ane) qu’elles sont seules à voir et à porter, mais qu’elles imaginent être vue par tous ceux qui les croisent. Alors, souvent elles sont voûtées, parfois à la limite de l’obésité, elles n’osent pas poser de questions aux autres, elles n’osent pas demander de renseignements, et elles se cachent. Elles vivent dans la peur (comme Adam dans le livre de la Genèse) que quelque chose ne se voie.
On peut dire que souvent la honte est inculquée à l’enfant avant même qu’il ne sache vraiment parler. il ne doit pas faire honte à sa famille . C’est une phrase qu’il entend quand il est invité avec sa famille à l’extérieur, il doit dire « s’il te plait », il ne doit pas faire dans sa culotte (enfin avec les couches culottes cela change la donne, mais peut-être pas l’odeur). Ne pas faire honte, c’est montrer que sa famille est une bonne famille, qui l’éduque selon les règles. Il fait donc honneur à sa famille. La honte est aussi un lien social: la honte de l’un atteint en général tous les autres, et elle pousse à se terrer, à se cacher ou à faire semblant.
Il arrive aussi que la honte soit présente chez l’enfant avant même qu’il ne puisse parler: il ne correspond pas à ce qu’on attendait de lui, il n’est pas l’enfant désiré (la fille au lieu de garçon attendu; celui qui ramène le mari infidèle...). Il n’a rien réparé (parfois il doit réparer la mère ou la famille). D’emblée il a failli à ce que l’on attendait de lui, alors il est mal aimé, rejeté. Cela fabriquera ce qu’on appelle un narcissisme primaire de mauvaise qualité qui fera le lit de la culpabilité inconsciente : l’enfant ne comprend pourquoi il n’est pas aimé et s’en attribuera la faute. On parlera de culpabilité alors qu’il s’agit de honte . Les psys savent que dans ce contexte, l’enfant pourra commettre des fautes pour se faire punir puisqu’il se sait être mauvais, pas bon, donc coupable, et que faire des actes qui conduisent à la punition lui permet donner un sens que l’enfant ne peut trouver par lui-même à ce moment de sa vie.
La culpabilité
La culpabilité, du moins telle qu’elle est décrite en général, consiste à faire quelque chose qui va blesser l’autre, qui donc atteint la relation. Le petit enfant, le nourrisson lors de son développement (normal), se rend compte que par son comportement il fait du mal à sa mère (refus de manger par exemple), et comme il aime sa mère, il ne demandera pas pardon, parce qu’il est trop petit pour cela, mais il va soit essayer de réparer, soit de plaire et par exemple de faire des efforts d’autonomie, car il sent que cela fait du « bon » pour sa maman. La culpabilité a donc un versant positif, surtout quand la maman valorise son enfant qui sourit, qui gazouille, qui accepte mieux qu’elle ne soit pas à sa disposition.
Les psychanalystes parlent en fait de deux culpabilités et de deux hontes. Car chacune d’entre elles, suivant ce qu’elle atteint dans l’enfant, donne naissance à des comportements différents . Il y a une culpabilité primaire (l’enfant ne sait pas ce qu’il a fait, mais il l’a fait, et cela touche à l’identité et à la réparation impossible) et une culpabilité secondaire, celle que nous connaissons tous plus ou moins et qui, si elle coupe la relation, peut quand même (le pardon) permettre de rétablir ce qui a été coupé. De même il y a une honte primaire, qui peut être liée à l’histoire de la famille, à la maladie, qui d’emblée ne permet pas à l’enfant d’avoir sa place de sujet, et la honte plus banale liée à ces échecs que nous connaissons tous et qui renvoie...
Table des matières
- Du même auteur
- Sommaire
- Introduction
- CHAPITRE 1 : AUTOUR DE LA HONTE ET DE LA CULPABILITÉ.
- CHAPITRE 2 : AUTOUR DES MOTS
- CHAPITRE 3 : AUTOUR DES PERSONNAGES
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