Peur de son ombre...
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Peur de son ombre...

La Lumière est en nous

  1. 184 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Peur de son ombre...

La Lumière est en nous

À propos de ce livre

Ce livre refuse l'idée d'une Puissance extérieure et antérieure à nous, que nous projetons et imaginons pour justifier nos craintes et nos espoirs. D'où son titre: "Peur de son ombre..." En réalité cette puissance est en nous-mêmes, si nous savons bien l'y chercher. D'où son sous-titre: "La Lumière est en nous".A côté de cela, l'ouvrage peut aussi permettre à chacun de parfaire sa culture religieuse, qui est malgré l'oubli actuel une partie essentielle de la culture générale.

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Informations

Année
2017
Imprimer l'ISBN
9782322100859
ISBN de l'eBook
9782322124879
La religion-lien

Acheter Dieu ?

Montpellier, église Saint-Roch
Je me promenais l’autre jour en l’église Saint-Roch, à Montpellier, lorsque mon attention fut attirée par tout un pan de mur recouvert d’une multitude d’ex-voto, véritable iconostase d’inscriptions avec, en fond, un reliquaire contenant la statue du saint sous forme de gisant. Je notai aussi la présence, au milieu de toutes ces plaques affichées, de troncs dont les ouvertures ressemblaient à celles de boîtes aux lettres, destinés évidemment à recevoir les offrandes des fidèles qui accompagnaient ainsi les marques visibles de leur reconnaissance. D’abord je pensai au côté bien intéressé et bien matérialiste d’une réactionconsistant de la sorte à monnayer la gratitude, et aussi à la position bien enviable apparemment des bénéficiaires de telles offrandes. Je pensai aussi à ces cierges qui brûlaient devant les plaques, et qu’on invitait les visiteurs à acheter. Puis je me dis qu’en aucune matière la seule polémique ne fait avancer les choses, que l’agressivité n’est pas toujours bonne conseillère, et je mis à réfléchir sur le fondement réel de tels usages.
Par-delà le fait qu’on s’adresse ici à un saint, ce qui est propre à l’église catholique, puisqu’on sait bien que pour les protestants il vaut mieux s’adresser directement à Dieu plutôt qu’à ses intermédiaires ou médiateurs, il me semble que l’important est la forme religieuse en général qu’implique cette attitude, faite d’abord de demande, et puis de remerciement.
Elle me paraît être la suivante : dans le cas de Dieu, qui est le seul qui va m’intéresser ici (je laisse saint Roch où il est), on s’adresse à une puissance extérieure et antérieure à soi, avec laquelle on négocie. Elle est conçue comme transcendante au monde et à ses règles ordinaires, créatrice omnipotente, ainsi que le dit notre Credo en son début. Notez que comme on s’adresse effectivement à cette puissance, elle est évidemment conçue comme une personne, puisqu’on dialogue avec elle malgré l’abîme infini qui nous sépare d’elle. À elle donc on se relie, et avec elle on passe contrat, comme par exemple Moïse le fit, nous dit-on, sur le Sinaï. Je renvoie donc ici le mot de religion, qui vient du latin religio, à religare, relier : c’est ce qu’ont fait les auteurs chrétiens, comme Lactance et Tertullien. Comme celle d’obligation, l’idée d’alliance aussi vient de ce mot ligare, lier (adligatio). Elle est connue, on le sait, des juifs (première alliance), et des chrétiens (seconde alliance).
De quelle nature donc est ce contrat dont il est ici question ? Il est comme disent les juristes, synallagmatique, c’est-à-dire qu’il est basé sur un échange (en grec allagè) qui met ensemble en les unissant (en grec sun) les deux parties. On échange son obéissance contre une protection ou une gratification quelconque. Et à l’inverse, si on désobéit on est puni, car on n’a pas respecté le contrat. Rien de plus intéressé que cela, dans le fond. C’est une attitude basée sur un donnant-donnant, un do ut des (je te donne pour que tu me donnes). L’obéissance y est un intérêt bien compris. La soumission même est conditionnelle : « J’irai à Lourdes si je guéris », ou « à Saint-Jacques pour mon salut », etc.
De là vient que pour la majorité des croyants les prières sont des demandes : on parlait naguère en milieu catholique chez nous de rogations, du latin rogare, demander. Ainsi on demandait que vienne la pluie en période de sécheresse. Mon vieux missel latin parle de processions pour faire venir la pluie (ad petendam pluviam). On pourrait tout aussi bien demander que cesse la pluie, en période d’inondation. Ce même missel, que je fréquente bien souvent sans en être jamais déçu, comporte aussi bien des formules d’exorcisme et de pétition pour prémunir contre divers fléaux, par exemple contre les animaux nuisibles : rats infectant les maisons, insectes ravageurs des récoltes, etc., en oubliant que dès la Genèse Dieu bénit tous les animaux vivants sans exception, et les invite à croître et multiplier (1/22).
Corrélée à cette attitude demandeuse est l’idée que ce qui nous frappe est dû à une faute de notre part, selon la vieille et selon moi très barbare théologie de la rétribution, que Job a bien tenté de contester en son temps, mais pour à la fin abandonner son attitude récriminante, s’inclinant devant la majesté superlative du Créateur à lui apparue. Il suffit donc d’essayer de le fléchir par des demandes, des protestations de fidélité, et des promesses ou engagements pour le futur : donc de le soudoyer ou de l’acheter. On fait rappel et voeu d’obéissance, et une fois exaucé on remercie, fidèle au voeu que l’on a fait : c’est le sens de l’ex-voto (d’après un voeu). Littré précise à cet égard : « La formule latine entière est ex voto suscepto, d’après un voeu par lequel on s’est engagé. On la trouve dans les inscriptions sous cette forme : E. V. S. » Et il ajoute assez malignement une citation de Sévigné : « Il n’y a pas beaucoup d’ex-voto pour les naufrages de la Loire »…
Dans le fond, il s’agit de donner sens au hasard. Qu’un marin réchappé d’un naufrage offre en hommage son ancien habit, ou qu’un paralysé guéri accroche ses béquilles, en ex-voto, dans une chapelle, et voici de l’espoir donné à tous les autres. En soi cette attitude est évidemment très humaine, et en tant que telle très compréhensible. Mais elle ne doit pas il me semble dispenser de réfléchir sur le fond. Il s’agit de faire toujours que ce qui arrive ait un sens pour nous. Mais à y bien regarder on voit que lire une quelconque finalité dans la nature ne fait que renvoyer, simplement, à notre désir. Ce qu’on appelle cause finale, dit Spinoza dans l’Éthique, n’est rien d’autre que le désir humain en tant qu’il est considéré comme cause de quelque chose. Le sens n’est que le désir de sens. Mais bien sûr nous avons toujours ce désir de sens chevillé au corps…
Relativement à cette puissance que nous appelons Dieu, nous voulons nous la lier à nous, un peu comme ces juifs pieux qui s’enveloppent ou s’emmaillotent de ces bandelettes ou tephilim qui les corsètent comme des momies (voyez le début du film d’Amos Gitai, Kadosh). Nous voulons qu’il nous vienne en aide. Mais en cela, si on raisonne un peu, on voit que cette conception d’abord détruit la perfection de Dieu, car si Dieu agit pour une fin, selon ce que dit encore Spinoza, nécessairement il désire quelque chose dont il est privé. D’autre part, on en a une vision anthropomorphique, on lui prête des sentiments humains, et en particulier un des moins nobles des sentiments humains, un incessant désir d’être loué et remercié pour les gratifications dont il nous comble. Et à suivre cette idée, si Dieu éprouve un tel sentiment, il n’y a pas de raison qu’il n’en éprouve pas d’autres aussi, dont par exemple du mépris pour des créatures si viles qu’elles passent leur temps à s’humilier de la sorte devant lui. À l’absurdité de l’anthropomorphisme s’unit ici l’inconséquence de la conception qu’on se fait de Dieu.
Toujours dans l’idée du contrat dont je suis parti, on sait qu’un contrat fonctionne de sorte qu’un manquement lèse une des deux parties contractantes. Il faudrait donc dire que Dieu, s’il ne rencontre pas la gratitude de sa créature, est lésé en quelque façon par ce manquement ou cet oubli : et par voie de conséquence, que, créant l’homme, il a pensé, comme on dit, faire une affaire. « Ô vanité, cause première… », disait Valéry.
Il est significatif que la prière chrétienne du Notre Père, celle que le Seigneur Jésus adresse à ses disciples (appelée pour cela prière du Seigneur ou oraison dominicale) précise bien en son contexte qu’il ne faut pas prier Dieu « comme les païens », dont les prières sont toujours des demandes : « Dieu votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous le lui demandiez. » (Matthieu 6/8) Et le Notre Père contient bien le refus de toute demande personnelle : « Que ta volonté soit faite ! » (ibid., 6/10)
Feraient bien de méditer tout cela tous les orants du monde qui lui substituent volontiers un « Que ma volonté soit faite ! » L’attitude de base ici est au contraire celle d’un Fiat !, analogue à celle de Marie lors de la salutation angélique : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! » (Luc 1/38) Les Beatles l’ont reprise dans leur célèbre chanson Let it be !, qui fait expressément allusion à cet épisode évangélique. Il est dommage à mon sens que malgré cela le Notre Père comporte tout de même des demandes, qui maintiennent l’idée d’un Dieu extérieur et transcendant : « Sanctifié soit ton nom », etc. Jésus se maintient ici dans le cadre juif traditionnel, qui relève de ce que le théologien américain John Shelby Spong appelle le théisme.
Il est vrai aussi que son humanité l’a amené selon les textes, lors de l’agonie aux Oliviers, à incarner l’opposition entre la volonté de l’homme et celle de Dieu : « Que ta volonté soit faite, et non la mienne » (Luc 22/42). D’où les discussions théologiques futures sur le monothélisme : y a-il eu en lui dualité ou unité de volonté avec son Père ? Certes ces hésitations sur la personne du Christ, à qui on a ensuite, au Concile de Chalcédoine, attribué une double nature (entièrement homme et entièrement Dieu) renforcent le dramatique de la situation ici, mais n’éclairent guère sur les difficultés qu’il y a à maintenir l’idée d’un Dieu transcendant.
Une dernière caractéristique de la religion conçue comme lien est qu’elle permet aussi de relier les hommes entre eux. À côté de la Transcendance verticale (le lien entre le croyant et Dieu), il y en a une horizontale : le rôle de la religion-lien est alors de lier et homogénéiser les sociétés. Mais cet argument, peut-être justificatif aux yeux du sociologue, n’est pas sans poser de problèmes. Car la vision peut aller du simple In God we trust, visible sur le dollar états-unien, au sinistre Gott mit uns !, des nazis. En fait je ne suis pas sûr que dans l’histoire des sociétés le recours à un dieu vu comme protecteur du groupe ait toujours des conséquences bénéfiques, au regard de la simple humanité.
En fait, un autre sens et une autre étymologie sont possibles au mot religion : on peut rattacher religio, après le grand Cicéron, à relegere, accueillir respectueusement, et aussi relire en soi les scénarios de sa vie (par la méditation intériorisée des textes importants, comme les paraboles par exemple). Cette deuxième perspective me semble bien plus intéressante que celle de la religion conçue comme lien ou liaison. D’abord elle est plus mature, elle implique un effort de la part du fidèle, qui au contraire reste infantilisé dans la première vision, puisqu’il attend tout passivement de l’extérieur. Comme le dit le proverbe : « Aidetoi, et le ciel t’aidera. » Ce n’est pas pour rien que mon cher évangile selon Thomas insiste toujours sur la nécessité pour le disciple à faire effort en lui-même, à chercher constamment pour atteindre le vrai.
Accueillir les choses, les recueillir en soi, c’est le propre d’une attitude authentiquement pieuse, elle est faite de constat lucide de ce qu’elles sont objectivement, débarrassées de toute projection, faite aussi de désintéressement, de doute profond vis-à-vis de notre capacité réelle à les changer. Heidegger, dans Le Principe de raison, montre que le réflexe, cher à l’Occidental, qui consiste à vouloir rendre compte des choses, s’oppose à l’accueil inconditionnel des choses, qui est les accepter, quelles qu’elles soient, dans leur surgissement inouï, surprenant et magique. C’est cette attitude d’accueil qui est seule impliquée dans le sens premier du grec legein, et du latin legere.
Seuls les mystiques ou les poètes chez nous ont touché ces domaines. « La rose est sans pourquoi », dit Angelus Silesius (que commente précisément Heidegger). Il suffit donc de voir ce qui est, ne pas le vouloir autre, et voir dans ce que nous voyons devant nos yeux un signe de la profusion diaprée et inépuisable de la Vie. À cela sert l’attention, objective et impartiale, donnée aux choses et aux événements, attention dont on ne fera jamais assez l’éloge. Et c’est en quoi l’accueil est plus pieux et au fond plus fécond que la demande : la vie prend et donne, c’est ainsi. Et elle ne prend jamais sans donner (autre chose). Demander est vouloir puérilement l’infléchir ou la changer.
Au fond la vraie prière devrait être toujours de remerciement ou eucharistique, au sens initial de ce mot en grec. Et la méditation où elle devrait nous conduire nous accoutumerait à ne plus faire grand cas de notre petit moi, de notre ego, et nous pousserait à mesurer l’ampleur incommensurable de la Vie qui nous englobe et nous dépasse. « Les vagues appartiennent à l’océan, mais l’océan n’appartient pas aux vagues », dit le métaphysicien hindouiste Shankara. Le centre de l’être est ce point nodal, et ce moment ou mouvement (c’est le même mot) où essentiellement le moi perd toute centralité, pour se fondre dans plus grand que lui, dans ce que Jung appelait le Soi. À la paranoïa des demandes il faut donc opposer la metanoïa de la conversion, telle que par exemple Jean l’a formalisée : « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (12/24)
Bien sûr il faut prendre ici « mourir » au sens symbolique, au sens ou Goethe disait : « Meurs et deviens ! ». Le prendre au sens littéral serait catastrophique, puisque l’on irait de l’éloge du martyr innocent à celui du fou de Dieu ou du terroriste kamikaze.
Bossuet reprochait en son temps aux Quiétistes, dont Madame Guyon, un « désintéressement outré » : pourquoi, disait-il, ne demandentils rien « pour eux », dans leurs prières ? C’est qu’il n’avait rien compris à l’attitude d’abandon impliquée dans cet esprit. On pourra objecter qu’une telle attitude conduit à la pa...

Table des matières

  1. Epigraphe
  2. Sommaire
  3. Avant-propos
  4. Les peurs
  5. La religion-lien
  6. La religion-relecture
  7. Du même auteur
  8. Page de copyright