Généalogie d'un régiment: le 31ème régiment d'infanterie 1610-1940

André-Pierre Chavatte

• Éditeur: Books on Demand
• Année: 2016
• Imprimer l'ISBN: 9782322114528
• ISBN de l'eBook: 9782322141050
• Édition: 1
• Sujet: Histoire
• Sujet: Histoire du monde

Descendant des Régiments de Gentilshommes du début du 17ème siècle, le 31ème Régiment d'Infanterie a, de 1610 à 1940, traversé presque tous les conflits auxquels la France a participé, en Europe (France, Hollande, Belgique, Allemagne, Italie, Suisse), à St Domingue, en Afrique du Nord (conquête de l'Algérie), en Crimée... et pendant les guerres de 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1940.Dans cet ouvrage, le lecteur découvrira non seulement ces conflits décrits parfois au jour le jour, mais aussi l'organisation et la vie d'un Régiment de l'Infanterie française pendant plus de trois siècles.

1^ère partie.

Le 31ème Régiment d’Infanterie de 1791 et ses ascendants 1621-1794

Chapitre 1^er

Les Régiments de Gentilshommes 1621-1762

Drapeau d’ordonnance des Régiments de Castel-Bayard à Aunis.

Baron de Castel-Bayard : 7 juillet 1621

Baron de Montausier (Hector de Ste Maure) : 1^er janvier 1632

Marquis puis Duc de Montausier (Charles de Ste Maure, frère du précédent) : 7 août 1635

Comte de Crussol (Emmanuel puis Duc d’Uzès, gendre du précédent) : 16 octobre 1665

Marquis de Crussol (Louis, puis Duc d’Uzès, fils du précédent) : 24 avril 1687

de Crussol (Jean Charles, puis Duc d’Uzès, fils du précédent) : 31 juillet 1693

de Gondrin (Antoine Louis de Pardaillan, Marquis puis Duc d’Antin, gendre du précédent) : 3 décembre 1702

Marquis de Gondrin(Louis de Pardaillan d’Antin, fils du précédent) : 19 décembre 1703

de la Gervaisais (Auguste Nicolas Magon) : 26 juillet 1712

Marquis de Gondrin (Louis de Pardaillan, Duc d’Antin, fils du précédent Marquis de Gondrin) : 10 mars 1734

Marquis de Gondrin (Louis de Pardaillan, Duc d’Antin, fils du précédent) : 6 mars 1743

Vicomte de Montboissier (Charles Henri Philippe) : 1^er décembre 1745

Marquis de Joyeuse (Jean Armand) : 27 février 1751

Marquis de Vaubécourt (Jean Charles de Nettancourt Haussonville) : 15 juillet 1755

Comte de Jumilhac (Pierre Marie Chapelle) : 1^er décembre 1762

Régiment d’Aunis : 10 décembre 1762

Le Régiment de Castel-Bayard. 1621-1631.

En tête de la longue liste de Régiments de Gentilshommes, dont le dernier reçut en 1762 le nom de la province d’Aunis, se trouve celui de Castel-Bayard.

Il semble , autant qu’il est possible de fixer une date précise dans cette époque troublée, où les Corps, tantôt licenciés, tantôt rétablis, n’avaient qu’une existence éphémère, que ce fut quelques années après la mort de Henri IV, vers 1615, que le baron de Castel-Bayard, hobereau gascon, réunit quelques centaines de ses compatriotes en un régiment pour le compte de son maître, le Duc d’Epernon, Colonel Général de l’Infanterie et gouverneur de la Guyenne.

La Cour se rendait alors à Bordeaux pour y célébrer le mariage de Louis XIII avec l’Infante Anne d’Autriche. Le Duc qui était investi de nombreux privilèges, jugeait prudent, pour faire honneur au Roi, de prendre quelques précautions de défense.

Constitué à son origine à dix enseignes, bandes ou compagnies de 150 hommes chacune, dont une, « la Colonelle » était la propriété du Colonel Général de l’Infanterie, et une autre, « la Mestre de Camp » appartenait au mestre de Camp, Chef du Corps, le Régiment ne comptait que ce chef comme officier supérieur et n’avait pas ses enseignes groupées par bataillon.

« Castel-Bayard » ne fut pas classé dès 1615 comme étant au service du Roi, mais resta à celui du Duc d’Epernon. Licencié dès que la paix de Loudun (16 mai 1616) signée par Marie de Médicis avec les rebelles, donna au Duc l’assurance qu’il ne serait pas inquiété, il fut remis sur pied le 3 février 1617, lorsque ce même Duc eut à craindre de voir son autorité et ses immenses privilèges menacès par la guerre civile qui venait de recommencer ou par le mouvement des grands contre le Maréchal d’Ancre. « Castel-Bayard » dont il était habile de justifier la levée, fut envoyé par d’Epernon observer les Calvinistes à La Rochelle ; cette guerre qu’on appela « Guerre d’Aunis »⁶ une fois terminée, le Duc le licencia (septembre 1617).

Dès la fin de 1620, nouveaux préparatifs des protestants qui réunissent, en février 1621, malgré la défense du Roi, une assemblée générale des Eglises Réformées. Louis XIII marche en personne contre les rebelles et le 7 juillet 1621, alors qu’il va lui-même soumettre la Guyenne, il invite le Duc d’Epernon à lever des troupes et à aller bloquer La Rochelle. Celui-ci qui, à chaque nouveau trouble, s’empressait de s’entourer de forces capables de le protéger, n’avait pas attendu cette invitation et avait remis sur pied son régiment de « Castel-Bayard » dès janvier de cette année. Mais ce 7 juillet 1621 marque, par l’ordre royal que reçut le Duc d’Epernon, l’époque où le régiment fut appelé au service du Roi : on peut considérer que c’est la date effective de la réunion, en tant que Régiment Royal des bandes de « Castel-Bayard » bien que ce Corps n’eut pas encore le Drapeau blanc, signe de la permanence. A ce moment les compagnies « Colonelles » des six Régiments d’Infanterie seulement en sont pourvues.

Le blocus de La Rochelle (1621)

C’est certainement dans cet esprit que cette date de 1621 est celle donnée comme époque de création, à la fois par le « Tableau historique et chronologique du militaire de M. de Roussel »⁷ et par le registre matricule des officiers d’ « Aunis ».⁸

A partir de ce moment, le régiment sera bien réformé en 1623 et 1626, pour être rétabli en 1625 et 1627 ; mais pour les régiments « entretenus », la réforme, à cette époque, semble correspondre à une sorte de mise sur le pied de paix plutôt qu’à un licenciement sans conditions.

« Castel-Bayard » qui a rejoint le Duc d’Epernon sous La Rochelle, à son quartier général de La Jarrie, bataille devant cette place jusqu’au commencement de 1622. Au mois d’avril de cette année, il poursuit avec l’Armée royale le Duc de Soubise dans les Bas Poitou, il accompagne Louis XIII sous les murs de Royan, y ouvre la tranchée du côté de Fossillon, puis une fois cette ville prise, il se sépare de l’Armée du Roi, pour reprendre son poste autour de La Rochelle que bloque le Comte de Soissons. Il établit son camp à Lalen, participe aux travaux de Port-Louis et de la Digue, se distingue le 1^er juillet 1622 dans un combat contre les Rochelois, près du village de St Maurice, et est réformé en fin de la même année après la conclusion de la paix de Montpellier entre le Roi et les huguenots (18 octobre 1622).

Cette réforme paraît n’avoir été que théorique car dès 1623, on retrouve « Castel-Bayard » à Bergerac où le Duc d’Epernon le fait garnisonner dans son gouvernement de Guyenne.

En janvier 1625, Richelieu qui vient de prendre le pouvoir, fait appel à ses services contre les Rochelois à nouveau soulevés par Soubise et Rohan. Le régiment qui compte alors 15 enseignes, est employé jusqu’au 26 mai 1626 dans les îles de l’Aunis, réformé lors de la paix provisoire conclue avec les protestants, puis rappelé le 22 juin 1627, à la reprise des hostilités, pour coopérer au siège de La Rochelle. L’existence et les services de « Castel-Bayard » vont, dès lors, se poursuivre sans interruption.

La ville de La Rochelle prise (novembre 1628), le régiment y tient garnison puis est dirigé sur l’Armée de Savoie. C’est l’époque où Richelieu, en partie débarrassé des luttes religieuses, commence à intervenir activement dans les évènements de la guerre de Trente Ans. Pour ses débuts, « Castel-Bayard » se trouve aux prises avec le célèbre Spinola et sa conduite à Rusignano (près de Casal) et à Casal même, où il avait dû rejoindre le Maréchal de Toiras, arrache au Général espagnol ce haut témoignage d’admiration : « Qu’on me donne 50000 hommes aussi vaillants et aussi bien disciplinés, je me rendrais maître de l’Europe »⁹.

Spinola, en effet, avait dû, le 14 mai 1630, accorder une capitulation des plus honorables à 400 hommes de « Castel-Bayard » qui étaient retranchés dans Rusignano et avaient résisté héroïquement « dans cette mauvaise bicoque, pendant 14 jours, malgré les effets de 1500 coups de canon et de 3 mines ». Ce détachement eut la liberté de rentrer en France par Finale, et ses officiers furent autorisés à rejoindre le reste du régiment à Casal, place qui, malgré les efforts du même Spinola, tenait encore lorsque fut signée la paix de Ratisbonne (1630).

Le Baron de Montausier qui obtint le commandement du Régiment le 1^er janvier 1632 à l’âge de 23 ans, s’était distingué au siège de Rusignano et à Casal, et avait été blessé au cours d’une sortie de la garnison à Casal.

Les deux Régiments de « Montausier ». 1632-1665.

Rentré en France, le régiment avait pris part aux opérations contre le Duc de Lorraine dont les provinces sont occupées en 1631. Il participe à la prise de Moyenvic, de Bar-le-Duc, de St Mihiel et à celle de Trèves, sous les ordres de son nouveau « Mestre de Camp » (1632). On le trouve en 1633 à celle de Nancy où il est placé en garnison. En 1634, il rejoint à Rambervillers la petite Armée qu’y rassemble de Duc de Rohan pour opérer en Alsace. C’est là qu’il passe le commencement de 1635 à batailler contre le Duc de Lorraine qu’on rejette deux fois au-delà du Rhin, la dernière parès la victoire d’Ottersheim sur Mercy et la prise de la ville de Ruffac.

« Montausier » compte à ce moment 12 compagnies de 100 hommes chacune qui, dès cette époque, sont quelquefois groupées en bataillons commandés par les plus anciens Capitaines.

En mai 1635, il entre avec l’Armée de Rohan dans la Valteline qu’il gagne par Bâle, Zürich et Splügen.

« Montausier » était alors le plus ancien des régiments français qui accompagnaient Rohan. Ce rang va lui valoir l’honneur des postes les plus périlleux. Le « Rang » qui eut tant d’importance jusqu’à la Révolution était déterminé par l’ancienneté du Corps ; il servait à fixer les préséances dans l’ordre de bataille, dans les tours de service et nul Corps n’aurait consenti à céder à un autre le pas que son numéro lui assurait, dussent la rapidité et la bonne ordonnance des opérations en souffrir.

En Valteline, « Montausier » fut complètement digne d’occuper la première place qui lui était échue. La « Chronologie historique et militaire Pinard » aussi bien que les mémoires du Duc de Rohan, nous disent quelle guerre active il y mena, à la garde du col de Luvigno, dans les marches vers Bormio et dans la haute Engadine (juin 1635), à l’attaque du val Luvigno contre les Espagnols (27 juin), à la défense du pont de l’Adda, à Mazzo, contre le général allemand Fernamund (29-30 juin), puis à la bataille de Mazzo (3 juillet) où 4000 hommes de pied, Français et Grisons, défirent 6000 Allemands et Espagnols de Fernamund et de Serbelloni, gens de cœur pourtant puisque « dans une aussi complète déroute, on ne leur prit qu’un seul drapeau qui fut trouvé roulé dans le pourpoint d’un enseigne mort ». Rohan, dans son rapport au Roi sur l’affaire des 29 et 30 juin à Mazzo, écrivait : « Je puis dire à Vostre Majesté que je n’ay jamais vu de si bonne Infanterie de ce que j’en ay ici de franç...

Table des matières

• Sommaire
• Avant-propos
• Edmond Ferry (1861-1936)
• Avant-propos du Capitaine Ferry
• 1ère partie: Le 31ème Régiment d’Infanterie de 1791 et ses ascendants 1621-1794
• 2ème partie: La 31ème 1/2 Brigade de Bataille 1ère formation 1794-1796
• 3ème partie: La 31ème 1/2 Brigade de Ligne (2ème formation) 1796-1804
• Appendice aux 3 premières parties
• 4ème partie: La Légion de l’Orne (n°60) et le 31ème Régiment d’Infanterie de Ligne. 1816-1901
• Le 31ème Régiment d’Infanterie pendant la 1ère Guerre Mondiale. 1914-1918
• Le 31ème Régiment d’Infanterie pendant la 2ème Guerre Mondiale. 1939-1940
• La bibliographie du Capitaine Ferry
• Remerciements
• Page de copyright