Journal de bord d'un délégué syndical
eBook - ePub

Journal de bord d'un délégué syndical

  1. 136 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Journal de bord d'un délégué syndical

À propos de ce livre

Je m'appelle José, je suis portugais. Je travaille dans une grande entreprise du bâtiment que j'appellerai L.A.D.E. Je suis délégué syndical mais également délégué du personnel, secrétaire du Comité d'entreprise ainsi que secrétaire du Comité d'hygiène et sécurité et des conditions de travail. Oh, cela n'a pas été facile de s'imposer. Mais j'ai réussi!Sans fausse modestie, je dois être aujourd'hui l'un des rares portugais occupant tous ces postes dans le bâtiment.Bien sûr, pour en arriver là, j'en ai bavé tous les jours. La vie est dure dans ce milieu, d'autant plus lorsque l'on est étranger et ouvrier. Mais on a rien sans rien et moi l'injustice je ne supporte pas.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Journal de bord d'un délégué syndical par J.L Martins,Eunice Martins en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Social Sciences et Sociology. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2017
Imprimer l'ISBN
9782322137183
ISBN de l'eBook
9782322079865
Édition
1
Quelques-unes de mes journées types sur les chantiers Prises au hasard pendant cette vingtaine d’années

Juin 1992,

Un des chantiers sur lesquels j’ai travaillé était assez loin de chez moi. Je devais donc me lever de bonne heure pour être à huit heures sur mon lieu de travail. Cinq heures trente, le réveil sonna. Il fallait faire vite, le train était à six heures vingt. Train, métro, bus, c’était la totale.
J’arrivai sur le chantier vers sept heures quarante. Avant d’attaquer la journée, il me fallait un remontant, un bon petit café bien chaud, rien de tel pour se donner du courage. Je me dirigeai ensuite vers les vestiaires.
— Salut les gars, ça va ? Je crois qu’on va encore avoir une dure journée, je viens d’apercevoir le chef et il n’a pas l’air de bonne humeur.
— Comme d’habitude, répondit Ahmed. Le chantier est en retard et c’est toujours nous qui prenons.
— Ouais ! Ajouta Ali. On travaille comme des robots et on n’a aucune reconnaissance.
Alors que nous discutions tout en nous préparant, le chef est arrivé dans les vestiaires.
— Il est huit heures moins cinq, qu’est-ce que vous attendez pour sortir des vestiaires, bande de fainéants ?
J’ai essayé de garder mon calme, mais mon sang a commencé à bouillir malgré moi.
— Écoutez chef, ne commencez pas à nous provoquer dès le matin, parce qu’un de ces jours vous risquez de vous prendre un coup de marteau sur le crâne. On commence à en avoir marre de votre acharnement.
— Quoi ! Tu me cherches ?
— Je ne cherche personne, c’est vous qui nous agressez à peine arrivé. Laissez-nous en paix ! On sait ce que l’on a à faire, on n’a pas besoin que l’on vienne nous appeler comme à l’école primaire. Venez les gars, on y va.
Et nous sommes sortis des vestiaires.
La matinée avançait vite et le travail aussi. Du haut de son perchoir, le grutier dirigeait son engin comme un chef d’orchestre. La moindre erreur pouvait être fatale aux ouvriers qui, vus d’en haut, ressemblaient à de petites fourmis travaillant d’arrache-pied.
Plus tard, alors que je revenais des toilettes, j’ai croisé le chef qui inspectait le chantier histoire de voir si tout était en ordre :
— D’où viens-tu ? Comment se fait-il que tu ne sois pas à ton poste de travail ?
— Écoutez, c’est bon maintenant ; lâchez-moi un peu, j’ai le droit d’aller faire mes besoins ou vous voulez que je les fasse sur place ?
— Tais-toi et dépêche-toi de reprendre le travail, m’ordonna-t-il sèchement.
— Premièrement, vous me respectez et vous ne me tutoyez pas quand vous m’adressez la parole. Je ne suis pas votre chien !
Mais il avait décidé, ce jour-là, de s’en prendre à moi.
— Tu me pourris vraiment la vie, petit con !3
À ce moment-là, le ton est monté et j‘ai commencé vraiment à m’énerver.
— Qu’est-ce que vous dites, répétez ce que vous avez dit, je crois que je n’ai pas très bien entendu !
— Tu as très bien entendu. Tu me pourris la vie, petit con !
Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je l’ai attrapé par le col de sa veste de travail, je l’ai soulevé et plaqué contre le mur. Il l’avait cherché.
— Vous allez répéter ce que vous venez de dire, mais dans le bureau du directeur. Puisque vous êtes si fort, vous lui expliquerez votre comportement. Mais je vous préviens, si vous essayez de me harceler pour me faire craquer et quitter l’entreprise, vous vous trompez, je ne lâcherai pas facilement.
— Il n’est pas encore arrivé, bégaya-t-il, ne s’attendant pas à une réaction aussi brusque de ma part.
— Vous avez de la chance, mais cette histoire aura des suites, je vous le promets. Si vous avez peur de parler devant lui, pas moi !
Puis je suis parti en le laissant planté là en plein milieu du chantier.
Fin de matinée.
Voilà, je m’y attendais ! J’ai été appelé dans le bureau du directeur. En me voyant passer, le chef de chantier n’a pas pu cacher son plaisir. Il était convaincu que le directeur allait m’attribuer un avertissement.
— Bonjour, dis-je en entrant dans le bureau, vous désirez me parler ?
— Oui, répondit le directeur, asseyez-vous. Il paraît que vous avez eu un accrochage ce matin avec Monsieur Lorian ? Vous savez que c’est lui votre responsable, que vous devez lui obéir et le respecter ?
Il a été droit au but, moi aussi.
— Oui, bien sûr que je le sais ! Mais je suppose qu’il ne vous a pas tout raconté. Depuis ce matin et tous les jours d’ailleurs, il nous presse, nous insulte en nous prenant pour des chiens et vous voudriez qu’on le respecte ? Vous savez Monsieur le Directeur, dans une équipe, pour que le travail se fasse, il faut qu’il y ait de l’entente et un respect mutuel. Or, ce n’est pas le cas. Et s’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est de me faire insulter. Il y a des limites à ne pas dépasser quand même !
J’étais hors de moi et j’avais à haussé le ton sans m’en rendre compte. Néanmoins, je crois qu’intérieurement il a reconnu que j’avais raison, car il s’est montré courtois.
— Je comprends votre réaction. Je vous connais depuis longtemps et je connais aussi la valeur de votre travail. Je vais lui parler. La prochaine fois, si vous avez un problème, ne discutez plus avec lui, venez me voir directement.
— Merci Monsieur le Directeur, mais il faut lui dire d’arrêter de nous harceler, sinon, vous vous retrouverez bientôt avec une grève sur le dos.
En me dirigeant vers mon poste de travail, j’ai croisé à nouveau mon chef qui me regardait avec dédain. Décidément, je le voyais partout celui-là. Mais bon, à l’époque, les directeurs étaient assez compréhensifs et plus humains que les supérieurs intermédiaires. Il faut dire que certains d’entre eux étaient plutôt incompétents. Montés en grade à force de lèche-bottes, ils se vengeaient souvent sur nous pour masquer leurs erreurs professionnelles qu’ils n’arrivaient pas à assumer. J’avais l’impression que parfois il ne leur manquait plus que le fouet pour que la scène de l’esclavage soit parfaite.4

3 Annexe 1
4 Annexe 2

Mars 1994,

Fin de journée

Il était 16 h 30, c’était la fin de la journée. Carlos et moi nous nous dirigions vers les vestiaires.
— Où allez-vous ? demanda le chef. La journée n’est pas finie. Il y a encore beaucoup de travail. Il faut finir de coller le béton avant de partir.
Comme d’habitude, je n’ai pas pu tenir ma langue.
— Écoutez ! Qu’il y ait du béton ou pas à coller, je m’en fiche. Cela fait une semaine que je rentre chez moi à 20 h 30 à cause de votre béton. Alors, que vous le vouliez ou non, je rentre, j’ai fini ma journée.
— Si vous ne reprenez pas le travail immédiatement, je vous supprime la prime de rendement.
— Ça, c’est encore à voir ! Et puis d’abord, pourquoi commandez-vous le béton à seize heures alors que vous savez que nous quittons à seize heures trente.
— C’est comme ça, point barre ! m’a-t-il rétorqué d’un air de suffisance.
Il avait le don de me mettre en colère par ses réponses agressives. Je suis resté calme, car je savais très bien ce qu’il cherchait.
— Tu viens Carlos, on s’en va.
J’ai senti alors que mon collègue était gêné, qu’il avait peur, mais je ne l’ai pas forcé à me suivre.
— Tu n’es pas obligé, tu sais !
— Vas-y José, ce n’est pas grave je vais rester.
Je suis parti. Carlos et quelques autres compagnons ont fait, ce soir-là, comme beaucoup d’autres soirs, des heures supplémentaires. Bien souvent je me suis demandé si le chef ne le faisait pas exprès de nous obliger à rester par pure méchanceté. Encore aujourd’hui, je crois surtout qu’il ne savait pas calculer la quantité de béton nécessaire et qu’il ne se rendait compte de son erreur qu’à la dernière minute. Il ne faut pas se leurrer, la moitié des heures n’étaient pas pointées, donc pas payées. Sans s’en rendre compte, les ouvriers travaillaient souvent gratuitement. Je m’explique : étant donné que ces heures étaient la plupart du temps payées en prime, ils n’y voyaient que du feu.
Personnellement, je ne faisais, déjà à l’époque, des heures supplémentaires que lorsque je voyais qu’il y avait vraiment un problème sur le chantier, indépendant de qui que ce soit, ou pour aider notre chef d’équipe, qui était un compagnon comme nous et sur qui tout retombait lorsque le travail se passait mal. Je suis quand même professionnel. En revanche je notais toujours toutes mes heures et lorsque je recevais ma fiche de paie, je faisais mes calculs, confirmant de la sorte que la prime correspondait bien au nombre d’heures que j’avais effectué. Bien entendu, j’étais déjà conscient à l’époque que nous étions perdants puisque les heures supplémentaires ouvrent le droit à un repos compensatoire. Or, étant donné que celles-ci étaient payées sous forme de prime, ce repos nous passait sous le nez. Eh oui, pas d’heures supplémentaires inscrites sur la fiche de paye, pas de repos compensatoire.

Avril 1996,

Ce matin-là sur un autre chantier, la journée avait commencé un peu tendue, comme d’habitude. J’étais avec mes compagnons sur le terrain et nous nous préparions à installer un garde-corps quand le chef est arrivé :
— Qu’est-ce que vous faites ?
Évidemment, comme d’habitude, il a fallu que je réponde.
— On installe le garde-corps pour pouvoir travailler en sécurité. 5
— Mais vous êtes fous ! Vous croyez qu’on a le temps ? Le chantier est déjà en retard sur les délais prévus par le client. Il faut que le bâtiment soit prêt dans quelques semaines. Alors pour la sécurité, on s’en passera.
— Vous savez que c’est interdit de travailler sans sécurité. Ce n’est pas à vous qu’il risque d’arriver un accident.
— Vous n’avez qu’à faire attention, continua le chef.
J’ai insisté en lui répondant que c’était impossible de travailler vite et bien sans accident.
— Débrouillez-vous ! De toute façon, il n’arrivera rien, j’en prends la responsabilité. Allez, maintenant mettez-vous au travail et dépêchez-vous.
Alors que déjà à l’époque le BTP détenait le triste record des accidents du travail : un blessé par minute et un décès par jour ouvré, pourquoi ne pas faire le nécessaire pour éviter cela ? Surtout quand on sait qu’il existe des équipements de travail permettant aux compagnons de travailler en sécurité. D’ailleurs, les accidents les plus nombreux et les plus graves sont les chutes de hauteur, depuis le poste de travail, provoquées par rupture, effondrement ou basculement du support sur lequel se trouve la victime. Pourquoi ne pas éviter ces risques ? Surtout qu’en appliquant les règles de sécurité en vigueur, on peut améliorer la vie dans le bâtiment et réduire les risques courus régulièrement par les compagnons. La sécurité devrait être l’une des principales préoccupations de tous les responsables de chantiers. Avoir une mort sur la conscience n’est jamais facile à vivre ! Le problème, c’est que la course aux profits fait oublier aux employeu...

Table des matières

  1. Site internet de l’auteur
  2. Indication
  3. Sommaire
  4. Novembre 2013
  5. Avril 1990
  6. Quelques-unes de mes journées types sur les chantiers Prises au hasard pendant cette vingtaine d’années
  7. Annexes
  8. Page de copyright