
- 172 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Journal tenu par l'auteur (1888-1962), soldat et sous-officier de l'armée française d'août 1914 à mars 1919.L'auteur a combattu sur les fronts de Lorraine, de l'Aisne, de Verdun et de Champagne.Les dessins et les croquis qui illustrent son journal ont été faits par lui sur les lieux des combats.
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Informations
EN CHAMPAGNE
Reims, 19 Mars 1917
Nous avons quitté Hermonville, hier matin, sans regret : ce village, où nous avons eu des tués, était marmité tous les jours. Au camp, les planches des baraques ne nous protégeaient même pas des éclats. L’artillerie Boche est active et fait du mal. Leur aviation est plus hardie que jamais. De notre côté, les préparatifs dépassent tout ce que j’avais vu jusqu’ici.
Nous cantonnons dans une usine à demi démolie. Certaines parties de la ville sont détruites ; les quartiers riches n’ont pas trop souffert. La cathédrale, une merveille, est fort endommagée, moins pourtant que je ne croyais. La tour de gauche est calcinée ; par endroits, la pierre, effritée, a des tons rougeâtres qui ne sont pas sans beauté. La nef est splendide, par l’ensemble et par le détail. Son architecture massive semble défier les obus.
Il y a ici beaucoup de soldats russes. J’ai parlé à deux d’entre eux. Ils ne m’ont point paru si arriérés qu’on se plaît à le dire. Fort réjouis de l’abdication du Tzar, ils n’avaient à la bouche que le mot de « Répoublique » !… Il y a encore des civils. Les principaux magasins sont ouverts : on y trouve tout ce que l’on veut.
21 Mars 1917
Hier, nous avons réglé un tir de 120 long dans un parc, près de la verrerie du Pont-Huon. Le secteur paraît calme.
Le repli des Boches est encourageant. Mais ce ne peut être, jusqu’à présent, considéré comme une victoire. J’ai l’impression que le retrait du gros de leurs forces est passé inaperçu. Que de préparatifs colossaux à refaire, devant ces nouvelles lignes !
23 Mars 1917
Hier, nous avons occupé une batterie de 120 long, près de l’église Sainte-Clotilde. Nous y étions bien, mais nous partons tout à l’heure pour Sillery. Ce matin, j’ai assisté, de près, à un marmitage en règle du Collège d’Athlètes et du Château Polignac, où sont établies des batteries. D’un boyau, j’ai pu en suivre les effets : au moins 200 obus de 150 et de 210, en un peu plus d’une heure. Deux avions réglaient le tir.

Puisieulx, 25 Mars 1917
Nous avons gagné, avant-hier soir, notre nouvelle position : six pièces de 95 dans des ruines, à l’est du village. Je n’en ai jamais vu de pareille. Nous avons blanchi les pièces avec de la chaux, pour les rendre un peu moins visibles. Du matin au soir, des avions Boches nous survolent, au point qu’il est à peu près impossible de rien faire de jour. Nous logeons au premier étage d’une maison restée debout, dans le village, où demeurent encore quelques civils.
27 Mars 1917
Depuis deux jours, comme brigadier de tir, j’habite, avec trois téléphonistes, le poste de commandement. C’est un abri léger en tôle cintrée, au milieu de la batterie, dans les décombres d’un pâté de maisons dont il ne subsiste que quelques murs branlants.
Nous sommes adossés à une route. Derrière, c’est une triste plaine, jusqu’à la montagne de Reims, à l’horizon.
La situation générale ne semble pas mauvaise : la retraite des Allemands paraît bien conduite, mais enfin, c’est une défaite. Si l’on réussissait à les décrocher du Chemin des Dames et du plateau de Craonne, où ils sont très solides, il s’en suivrait sans doute un repli beaucoup plus important. La révolution russe prend, malheureusement, une tournure inquiétante.
29 Mars 1917
Ce matin, de bonne heure, nous avons participé à un coup de main qui a, paraît-il, réussi. Notre matériel est détestable : c’est à croire qu’on ne le laisse en service que pour justifier l’existence des batteries à pied ! On se débrouille avec du fil de fer, des bouts de bois, voire de vieilles boîtes de conserves, pour le « perfectionner ». Notre mission, semble-t-il, consiste à tenir les positions dans ce secteur, où rien ne se prépare.
Il pleut à verse ; le vent souffle en rafales.
1er Avril 1917
Nous tirons souvent, nuit et jour. Les batteries ennemies demandent des ripostes de plus en plus fréquentes. Un premier 150 est tombé près de la batterie, en bonne direction, quelques mètres long ; sommes-nous repérés ?

4 Avril 1917
Je crois que nous sommes repérés. A la tombée de la nuit, pendant une petite attaque ennemie, nous avons reçu des rafales de 105 fusants, d’une précision et d’une intensité impressionnantes. Des camions de munitions étaient arrêtés sur la route ; un de leurs conducteurs, aplati dans le fossé, contre le mur, a été tué : il avait dans le dos un trou grand comme la main. Cette position ne vaut rien.
5 Avril 1917
L’aviation allemande fut aujourd’hui extrêmement active : j’ai vu descendre un de nos appareils, un Caudron, mitraillé par deux Boches. L’un d’eux est tombé à pic, dans leurs lignes. Ses ailes blanches, détachées, tournoyèrent quelque temps au gré du vent, comme des feuilles de papier.
Nous tirons beaucoup.
7 Avril 1917
On tire presque sans arrêt. La « saucisse » qui pouvait le mieux nous voir a été détruite, hier, par un de nos avions. La canonnade est assez vive.
Reims brûle depuis deux jours. Les nuages, le soir, ont des reflets rouges, qu’avivent, par instants, les lueurs des explosions d’obus.
Les Boches ont attaqué entre Sapigneul et le Godat.
10 Avril 1917
Nous tirons toujours : 380 coups aujourd’hui.
Ce soir, les Boches ont marmité Puisieulx. J’étais au P.C. de la batterie. On m’a téléphoné qu’un obus venait de tomber sur une maison, qu’il y avait des blessés. Bien que le bombardement fût peu nourri, tout le cantonnement, comme saisi d’épouvante, s’était, ce soir là, terré dans le boyau, derrière le village. Par les rues désertes, nous sommes allés, un camarade et moi, avec une civière, à la recherche des « blessés » : c’était, gisant sur le carreau d’une cuisine, un pauvre diable du 90ème territorial ; abrutis par l’explosion, qui avait démoli une partie de la maison, jonché la cour de gravats et de débris de tuiles, ses camarades l’avaient porté là. Il perdait son sang. Au poste de secours, une cave pleine de soldats, à peine éclairée par une lampe, un major l’a pansé : sa jambe meurtrie, dont la chair se mêlait à des lambeaux d’étoffe, était affreuse. Il geignait et, en patois gascon, parlait de ses enfants. Il est mort quand on l’a mis dans la voiture…
Tir de concentration. Vers le Nord-Ouest, canonnade intense.
11 Avril 1917
Avec trois camarades, j’ai quitté la batterie, ce matin à deux heures, pour l’Ecole de Fontainebleau.
Camp de Mailly, 5 Mai 1917
Chaleur étouffante. Avec D…, recalé, comme moi, à l’examen d’entrée, nous avons passé l’après-midi en compagnie de Russes, de Sénégalais, et de prisonniers Boches. Tous ces hommes, vêtus de livrées différentes, étaient animés des mêmes pensées, qu’ils essayaient de s’exprimer mutuellement…
Châlons, 6 Mai 1917
Nous avons passé la nuit étendus sur le sol, dans la gare de Châlons, qui est un bien triste lieu ! A trois heures, nous partirons pour Bouzy.
Puisieulx, 7 Mai 1917
Couché à l’échelon. Ce matin, nous avons rallié la batterie qui, depuis notre départ, a été sérieusement marmitée par du très gros calibre. Il y a, devant les pièces et sur la route, des entonnoirs énormes, certains déjà pleins d’eau…Nous logeons dans une maison. Les arbres sont en fleur.
L’impression est que l’offensive du mois dernier a été « loupée » ; on ne sait trop pourquoi. Le bruit court qu’il y a eu des changements dans le commandement et que certains généraux, hier des plus en vue, sont maintenant disgraciés. On finit par en avoir le vertige !
8 Mai 1917
Le village est sans cesse marmité, et nous n’avons aucun abri. L’une après l’autre, les maisons « descendent » : la route est jonchée de terre, d’ardoises, de branches de marronniers chargées de feuilles. Le 12ème Cuirassiers joue de malheur : tout à l’heure, dans le boyau où nous nous étions réfugiés, pendant un marmitage de 150, deux cavaliers ont été tués, pas loin de moi. Un troisième, un bras meurtri, et qui pendait, le corps troué d’éclats, haletant, arrosant le sable de son sang, a eu la force inconsciente de venir mourir dans l’abri le plus proche. Guerre plus hideuse que celles de jadis, où l’on se mesurait, homme contre homme. Maintenant, on meurt, le plus souvent, sans agir, braves et lâches indifféremment.
Mais le plus poignant, c’est de voir dans les rues de Sillery, de tout petits enfants trotter, sous la mitraille : tolérer cela, c’est un crime…
11 Mai 1917
Chaque nuit, les Boches tirent sur Puisieulx, lentement, mais sans répit.

La corruption de l’armée russe va sans doute permettre aux Allemands de nous opposer de nouvelles forces : un succès stratégique quelconque me semble de plus en plus improbable. Prétend-on nous faire attendre ainsi le secours militaire de l’Amérique, qui ne sera peut-être pas prêt dans une année d’ici ?
Les Allemands font une dépense de munitions incroyable. De notre côté, on réagit à peine. Leurs avions font ce qu’ils veulent. Les journaux trompent ridiculement le public.
13 Mai 1917
Je crois que la guerre ne peut plus aboutir qu’à un désastre général. Je n’ai plus aucune confiance. A la batterie, c’est un laisser-aller complet, une incurie qui, en d’autres temps, m’eût paru criminelle. On ne peut malheureusement que se résigner : il le faut, dans l’intérêt « du droit, de la liberté »… et des fabricants de ferraille.
…Cet après-midi, un obus a éclaté sur le hangar, dans la cour de la maison.
15 Mai 1917
Nous vivons dans une saleté inimaginable. A part le tir, on ne peut plus rien demander aux hommes. Depuis quelques jours, l...
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