La Procuration
eBook - ePub

La Procuration

  1. 401 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La Procuration

À propos de ce livre

Jeune ingénieur, Sack exerce un job à la con dans une agence parisienne. Coincé dans son quotidien ennuyeux, il se rêve en aventurier moderne; il a été bercé par les quêtes épiques des grands noms de l'Histoire et des univers de fiction. Mais surtout, il se rêve amoureux, car il est encore vierge. A 28 ans, cette condition de "vierge tardif" lui pèse de plus en plus. Il se sent seul, il se sent nul. Un jour, il fait la découverte du rêve lucide: c'est-à-dire la possibilité de contrôler ses songes lorsqu'il dort. Excité par cette trouvaille, Sack commence alors à explorer ses nuits.La Procuration est l'histoire d'une fuite; un roman où le réalisme se mêle au fantastique, où le héros s'égare entre rêve et réalité.

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Informations

Année
2019
ISBN de l'eBook
9782322152865

PARTIE IV

Devenir quelqu’un d’autre

* – Début d’aventure

– Oh ça va ! C’était pas bien méchant... me dit Navi, perchée et penchée sur la tranche arrondie d’un des murs en demi-lune de ma forteresse.
Je la regarde, méfiant. Je me tiens à la limite de ma « zone libre ». Face à moi, l’étendue verte est inchangée, et j’aperçois encore des volutes de fumées qui s’élèvent de lointaines toitures.
À peine endormi, pleinement conscient, je me suis retrouvé projeté en haut de ma tour d’ivoire. Tout est incroyablement stable, pas de flou, pas d’odeur trompeuse, seulement un nouveau monde qui m’appelle. Mais je n’ose pas franchir la limite. J’ai peur de « mourir », broyé encore. C’est idiot comme sentiment, je sais que je vais simplement me réveiller si cela se produit de nouveau. Je sais que je ne souffrirais même pas. Mais j’ai peur. Instinct animal, sans doute. Et puis je ne connais pas la responsabilité de Navi dans ce qui m’est arrivé précédemment. Je n’aime pas l’idée qu’elle contrôle tout.
Guide onirique mon cul oui !
– Hey ! J’ai entendu ça !
Donc elle peut toujours entendre mes pensées, même dans ma zone.
Je peux pas mal de chose, mon ptit père. Mais le rocher ce n’était pas moi, juré. Bon je l’ai un peu senti venir, j’aurais pu te prévenir à la limite. Mais fallait que tu comprennes que tout n’est pas aussi simple au-dehors.
Elle a pris son ton professoral. Moi ça m’emmerde tout ça, je commence à regretter mes anciens rêves lucides. Tout n’était pas parfait certes, tout n’était pas aussi stable. Bien souvent la réalité empiétait sur mes songes. Par exemple une fois j’étais tombé sur un dessin animé des schtroumpfs avant de me coucher. Ça n’avait pas manqué, les nabots bleus avaient foutu le bordel dans mon rêve. J’étais en pleine opération commando accompagné de quelques chevelus sous les ordres de Brennus pour prendre d’assaut le Capitole. Les Romains ne se doutaient de rien. Ça allait comme sur des roulettes, même les oies roupillaient. Quand, sans crier gare, les sales petits lutins ont surgi de derrière des colonnes – très jolies au passage, à la mode de Corinthe – et ont sauté sur les oies pour leur triturer les plumes, plus excités que des diables. Le vacarme qui s’ensuivit eut réveillé un mort, les Romains ont rappliqué fissa, tout pilum dehors. On a dû déguerpir comme des lapins, pas très fiers.
Bref, ces rêves n’étaient pas toujours parfaits, mais au moins je tenais un minimum les manettes.
Là je me fais écrabouiller sans raison, tu parles d’une chance.
– T’inquiètes paupiette, tu peux sortir tranquille maintenant. Alors va ! Au lieu de ruminer !
– Tu ne me suivras pas ?
– Nope, mais ne t’en fais pas, je te dis que rien ne t’arrivera cette fois-ci.
Contre mauvaise fortune bon cœur, je décide de sortir de ma zone de confort. Adieu sécurité bénie !
De toute façon j’allais pas passer le restant de mes nuits emprisonné avec le piaf.
– C’est pas beau d’être vulgaire ! me dit Navi.
Sur ces dernières paroles, la chouette s’envole vers le lointain jusqu’à disparaître complètement.
Je suis seul, donc.
Timidement, j’ose un pied dehors, puis un autre. Rien ne se passe. Pas de rocher sifflant tombant du ciel, pas de tremblement de terre, ni de zombies à l’horizon.
Bon.
Je continue, marche sur l’herbe, si verte. Je me promène, laissant derrière moi mon palais de chrome. J’ai pris le cap du hameau, guidé par les fumerolles repérées plus tôt. De toute manière je n’ai nulle part d’autre où aller. Ce n’est pas comme si on m’avait filé une carte.
Après un certain temps, le village commence à m’apparaître. C’est un amas de petites maisons en chaume et en pierres qui s’organisent autour d’une petite église et d’un cimetière ; d’où s’érigent de maigres croix en bois. Alors que je m’engage dans le bourg, des gens vêtus façon Moyen-âge s’affairent avec des brouettes, ou bien mènent quelques cochons, ou bien tirent de l’eau d’un puits. Comme si tout ici s’était toujours passé ainsi.
Je vais faire tache avec mon vieux jean et mon T-shirt Star Wars.
Arrivé sur la place centrale, devant l’église, je contemple un instant la petite fourmilière occupée. Personne ne semble faire attention à moi. J’arrête un type qui passe avec un fagot de bois sur l’épaule.
– Excusez-moi, monsieur. Pourriez-vous me dire où je me trouve ?
Il est moustachu, avec un visage rond et rougeaud.
– T’es dans le canton de Fel, mon ptit gars.
Pas préoccupé pour un sou par mon regard de paumé, il s’apprête à repartir. Mais je ne lui en laisse pas le temps et lui tire sur l’épaule.
– Et, vous vous appelez comment ?
Il grommelle, je sens bien que je l’embête.
– Bastien, je suis assez pressé.
– Merci Bastien, pardonnez-moi je vous dérange encore. Où puis-je trouver le maire ?
Il écarquille les yeux, visiblement il n’a pas compris.
– Quoi ? T’as perdu ta mère ?
– Non non ! Un maire, un chef de village quoi.
– Y a pas de ça chez nous, non non.... T’es pas du coin toi ça se voit. Je peux y aller ?
Incroyable, il semble si réel, si... conscient. Comme pour Navi, la réalité du personnage me frappe.
– Euh… une dernière chose, et je vous libère, promis ! Êtes-vous croyant ?
Bastien vire au rouge.
– Tu me traites d’hérétique ? Qui t’es toi d’abord ? Je crois en Dieu le Père, et chui pas un mauvais chrétien, je vais à la messe et j’aide même le curé à faire son bois des fois. Alors m’échauffe pas les oreilles !
Dieu le Père...
S’il savait, le pauvre bougre, qu’il n’était qu’une manifestation de mon esprit. Que son démiurge, c’est moi. Ça me donnerait presque envie de multiplier les pains ; juste pour voir la tête qu’il tirerait.
Me voyant absent, il s’apprête enfin à filer quand sonne le tocsin. Un bonhomme sort de l’église en hurlant :
– Les Écorcheurs ! Les Écorcheurs arrivent ! Tous aux muches !
Un mouvement de panique saisit les braves gens autour de moi, tous se précipitent dans l’église ; certains tiennent des poules dans leur bras. Le regard stoïque de ces dernières au milieu de cette cohue ainsi que leurs têtes rebondissant au rythme des pas m’arrache un sourire. Je ne bouge pas, j’observe, jusqu’à ce qu’une femme me prenne par le coude et m’entraine à sa suite, elle me jette :
– Vous n’avez pas entendu ? Les Écorcheurs sont là, venez il faut se mettre à l’abri !
Je suis donc la foule qui s’amasse en cris et en pleurs dans la nef. Je peux voir un gros curé en robe de bure, debout dans le transept, soulever une énorme dalle par un anneau de fer situé en son centre, le tapis qui la couvrait ayant été négligemment poussé sur le côté. Un à un, femmes et enfants d’abord, les habitants disparaissent sous terre ; sous les yeux d’un Christ en croix tirant la tronche.
Comme d’hab, je l’ai jamais vu se marrer celui-là.
Je suis le dernier à passer, le curé qui reste à côté de la trappe me presse, me poussant presque. Je découvre alors un réseau de souterrains éclairés dans lequel je m’aventure sur une centaine de mètres, slalomant entre les gens qui semblent tous savoir où aller. En effet, de petites alcôves ont été creusées de ci et de là, dans lesquelles chaque famille s’installe. Les femmes rassurent les enfants effrayés pendant que les hommes discutent entre eux. Je me taille une place près d’un groupe de gaillards animés dans un couloir, je remarque toutefois une jeune femme en habits d’arme derrière le groupe. Elle est adossée contre la roche, tranquille, et aiguise un coutelas. Mais avec les mouvements de bras et de jambes autour de moi, je la distingue mal.
L’un de mes nouveaux compagnons, le regard grave, s’exprime :
– Bon sang de bois ! Ils vont encore nous piétiner la récolte !
– Te bile pas Jacques, il vaut mieux ça que d’être tué ! répond un moustachu.
D’autres y vont de leur commentaire :
– Ou pire ! On dit qu’ils enlèvent les enfants !
– Oui, et qu’ils les tuent !
– Oui, et qu’ils les mangent !
– Quand ils ne les torturent pas avant, pour contenter leur Maître.
– Qui ça ? je demande.
– Le Diable !
Comme pour illustrer ces propos, des bruits sourds résonnent brusquement dans le souterrain et les parois se mettent à trembler légèrement. L’effroi gagne les personnes proches de moi. Curieux, je pousse mon interrogation :
– Mais ils viennent d’où, ces méchants hommes ?
Les regards se tournent vers moi, et la surenchère reprend :
– Ce ne sont pas des hommes, mais des monstres !
– Des démons !
– Ils ont des dents acérées !
– Et des ailes aussi noires que l’eau au fond du puits !
– Ils ont trois têtes qui crachent du feu !
– Et une queue qui claque dans les airs comme un fouet !
Tous, nous pouvons entendre les rugissements qui viennent de la surface, c’est à demi-étouffés qu’ils percent notre plafond pour résonner dans les murs, et dans les têtes. Certaines personnes prient en tremblant. Je demande :
– Vous les avez donc déjà vus ? Peut-on les combattre ? Il n’y a rien que vous puissiez faire pour vous défendre ?
Aucune réponse. C’est assez étrange, bien que mon allure et ma tête fassent complètement tache au sein de leur communauté, ils ne semblent pas s’interroger sur ma présence ici. Un vieux barbu prend finalement la parole :
– Eh bien euh... « vu » c’est un bien grand mot comme qui dirait. C’est notre guetteur du clocher de l’église qui sonne l’alarme quand il voit les Écorcheurs arriver au loin, il les repère facilement, car ils soulèvent des nuages de poussière à des kilomètres.
J’hausse un sourcil :
– Ils viennent à patte malgré leurs ailes ?
– Ben les ailes c’est ce qu’on dit. Ce sont des démons hein ! Les démons y ont des ailes, m’voyez ?
– Mais, personne ne les a vus de près ?
– Y a bien le père Deneu une fois qu’est resté là-haut...
– Il n’avait pas eu le temps de se réfugier ?
– Ben il est un peu sourd de la feuille, le père Deneu, alors il avait pas entendu les cloches.
– Woah ! Il s’est fait dévorer ?
– Non non ! Il est toujours là, je lui ai acheté deux poules y a une semaine.
- Ouais et tu lui dois toujours 4 pièces d’ailleurs ! s’indigne un membre de la petite assemblée.
– Oh ça va ! Ça va ! Je lui donnerai ses pièces ! Chui pas un voleur.
Un nouveau grondement envahit les souterrains et met fin à la discorde naissante. Les regards apeurés se multiplient. J’aimerais en savoir plus, je recentre donc la discussion :
– Donc il a pu voir les Écorcheurs de près ?
– Qui ça ?
– Le père Deneu !!
– Ah ! Oui oui il était dehors quand ils sont arrivés dans le village !
– Et donc ? Ils ressemblent à quoi ?
– Ben on lui a bien demandé, mais... dit-il en détournant le regard, sans rien ajouter.
Il ne termine jamais ses phrases le bougre ! Je n’en peux plus !
– Mais ?!?
– On l’a re...

Table des matières

  1. PARTIE I
  2. PARTIE II
  3. PARTIE III
  4. PARTIE IV
  5. PARTIE V
  6. EPILOGUE
  7. REMERCIEMENTS
  8. ENCORE UN MOT…