
- 80 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Recueil/Fanzine/Revue littéraire de formes courtes: poésies, nouvelles, théâtre etc.- Thématiques ouvertes et goût pour l'avant-garde / Collages, photographies et dessins en supplément.
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Informations

Le Mur de la Peste
De tous les silences, François savait que celui-là était le pire.
Il l’avait déjà senti à de nombreuses reprises, et se faisait maintenant les mêmes réflexions à ce sujet : le silence des dimanches après-midi est atroce, lourd et gras, comme le ventre d’un bourgeois après un repas de famille. On s’y englue. Il y règne une atmosphère de sieste et de digestion, et le murmure tiède du vent n’arrange rien à cette torpeur qui fige les tripes.
François avait passé l’après-midi à déchiffrer Kant, ligne par ligne, phrase par phrase ; il avait vite abandonné les Rêveries du Promeneur Solitaire car Rousseau l’agaçait, et il trouvait dans ce nouvel exercice, pourtant laborieux, quelque chose de stimulant. Il s’arrêta toutefois, car il ne cessait d’être distrait. Ses pensées valsaient. Il lui fallait une pause.
Il sortit de la grande maison désormais vide, que ses parents, morts brutalement il y a quelques mois, avaient laissée à ses sœurs et lui. Il ne pensait pas beaucoup à eux, il n’arrivait pas à y penser. Il lui restait surtout une sensation de vide, qui ne lui déplaisait pas tant que ça, en fin de compte.
La fratrie avait décidé de profiter des vacances estivales des uns et des autres pour revenir passer quelques jours dans ce domaine, où la famille avait passé de nombreux étés.
François, lui, avait ensuite voulu rester une semaine supplémentaire, pour étudier d’arrache-pied avant la rentrée.
Après l’après-midi passée dans une demi-ombre, le soleil d’août l’éblouit un peu ; mais son regard était fixé au sol. Il passa machinalement devant la place de l’église, dans la grand-rue. C’étaient ses pensées qui marchaient sans cesse. Que fait Esther à ce moment même, déjà rentrée à Paris, dans sa petite chambre ? Il ne l’avait pas appelée depuis plusieurs jours, et commençait à regretter le plaisir mélancolique que suscite une voix féminine qui s’étend et ruisselle, comme… Que ferait-il dans un an ? Il n’en avait aucune idée ; il faut trouver une voie sûre, qui l’intéresse et fournisse un poste tranquille.
Et encore, quel intérêt ? Quel intérêt à tout cela, si ce n’est lire, et lire encore : savoir.
Le silence fit de nouveau irruption dans ses pensées. Ah ce silence de sieste ! On dirait qu’il n’y a plus rien ici, ces gens se reposent tous chez eux – comme si une tâche importante les attendait bientôt. Et le sublime ? Car il n’y a que ça qui compte. Par ce silence lui revenaient des pensées familières – et, somme toute, banales : il n’y a plus vraiment d’absolu aujourd’hui. On dit souvent que la vie n’a plus de sens, mais c’est surtout que l’on n’a plus le sens de la vie, la mesure de la vie. Il faudrait quelque chose qui remette le sens du sublime par ici.
Il y a forcément quelque chose, quelque chose de bien plus fort que la voix d’Esther ; quelque chose d’universel, car la passion n’est qu’une parcelle, particulière, d’infini.
Il s’arrêta ; un chat blotti sur un muret le regardait, comme à travers un demi-sommeil. Recroquevillé comme il l’était, il semblait plus gras encore qu’il ne le fût réellement.
« Tu sais que t’es gros, toi ? Oui, visiblement tu es au courant… »
Le félin affichait un air de contentement comme s’il était lui aussi plongé dans une sieste digestive.
Mais non : on pouvait déceler dans son regard, si on y accordait suffisamment d’attention, quelque chose d’autre, l’attente désespérée d’un événement quelconque, qui poussât ce chat à être encore davantage chat. Il se tenait devant le silence dominical comme une jeune nymphomane devant un amant chaste, suppliant sans bruit le destin d’agir, de déchirer l’étoffe et la chair même de son existence… Mais rien ne viendrait.
« Bah ouais mon gros, t’es né pour attendre ; attends encore. »
François n’avait pas de but précis mais reprit sa marche ; en fait, si ;
sa marche avait un but ;
comme toutes ses autres balades ;
un but précis ;
mais qu’il n’avait jamais atteint – qu’il n’atteignait jamais
– qu’il n’atteindrait jamais ;
le but inavouable
qu’ont toutes
les promenades
sans but.
Il faudrait quelque chose qui remette le sens du sublime par ici.
On s’ennuie trop, ils dorment tous, Esther ne leur manque pas, et ces pauvres malheureux, ignorants de leur malheur, ont toujours leurs parents. Comment puis-je même étudier encore la philosophie si tout chante le même refrain, si tout tourne rond, tourne en rond, si tous croient éclairer les choses toujours aveugles de leurs sourires vides qu’ils pensent avoir le droit d’afficher insolemment parce qu’ils ont rempli avec maladresse la moindre faille vitale de leurs destins de plastique de sens de pacotille, de réponses hurlantes de mensonge, d’une opacité telle qu’elles enflent et prennent la forme d’un nouveau destin traître et synthétique, destin de lycra qui colle à la chair déçue et trompée pour ne plus jamais la lâcher, comment accorder du crédit à Aristote et Sarraute, Sartre et Leibniz quand ils ont répondu d’eux-mêmes, ignares et hilares, affichant l’orgueil de leur bêtise, et que tout tourne à vide comme s’il ne s’était rien passé, que la machine fait jouer ses engrenages brisés, feignant d’ignorer le grain de sable fou aux éclats de diamant ?
François marchait vite de plus en plus vite il faut purifier tout cela « Il faut purifier tout cela ! » s’écria-t-il en lui-...
Table des matières
- Indication
- Sommaire
- AVANT-PROPOS
- Alvaro
- Le Mur de la Peste
- Repeindre son crâne de l’intérieur
- Un vendredi matin de trois soleils
- POÉSIE
- Monstre
- Tête d’or
- Branféré
- Chanson du Pyrauste
- Visions
- Promenade
- D’un silence on fait la nuit
- SMACK !
- Je suis né comme toi
- INDEX
- Page de copyright