Ma vie et la psychanalyse
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Ma vie et la psychanalyse

  1. 142 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Ma vie et la psychanalyse

À propos de ce livre

Freud raconte dans ce livre sa vie et la naissance de la psychanalyse. Ce témoignage à la fois personnel et objectif, par un ds hommes qui ont décisivement façonné notre époque, est un des grands livres de notre temps.

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Informations

V

J'interromps ici l'exposé du développement interne de la psychanalyse et je vais m'occuper de ses destinées extérieures. Ce que j'ai fait connaître jusqu'à présent de ses acquisitions était dans ses grands traits dû à mon propre travail, j'ai cependant introduit dans l'ensemble aussi des résultats ultérieurs et n'ai pas séparé des miens les apports de mes élèves et disciples.
Pendant plus d'une décade, après ma séparation d'avec Breuer, je n'eus pasun seul disciple. Je restai absolument isolé. À Vienne on m'évitait, l'étranger m'ignorait. La Science des Rêves, parue en 1900, fut à peine mentionnée dans les revues de psychiatrie. Dans ma Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique, j'ai donné comme exemple de l'attitude des cercles psychiatriques de Vienne une conversation que j'eus avec un assistant de la clinique qui avait écrit tout un livre contre mes doctrines, mais n'avait pas lu mon livre.
On lui avait dit à la clinique que cela n'en valait pas la peine. Le médecin en question, devenu depuis agrégé, s'est permis de démentir le sens de cet entretien et de mettre en général en doute la fidélité de mon souvenir. Je maintiens chaque mot de ce que j'ai alors rapporté. Quand j'eus compris à quelles nécessités je m'étais heurté, je perdis beaucoup de ma susceptibilité. Mon isolement prit aussi fin peu à peu. D'abord un petit cercle d'élèves se rassembla autour de moi ; et après 1906 on apprit que les psychiatres de Zurich, E. Bleuler, son assistant C. G. Jung et d'autres portaient un vif intérêt à la psychanalyse. Des relations personnelles se nouèrent : en 1908, à Pâques, les amis de la science nouvelle se rencontrèrent à Salzbourg, décidèrent le retour régulier de ces congrès privés et la fondation d'une revue, devant paraître sous le nom de Jahrbuch für psychopathologische und psychoanalytische Forschungen (Journal des recherches psychopathologiques et psychanalytiques) et dont Jung devint le rédacteur en chef.
Les éditeurs en étaient Bleuler et moi ; le début de la guerre mondiale en interrompit la publication. Concurremment à la jonction des Suisses, l'intérêt pour la psychanalyse s'était partout éveillé en Allemagne, elle devint l'objet d'innombrables appréciations littéraires et de vives discussions dans les congrès scientifiques. L'accueil n'était nulle part celui d'une expectative amicale ou bienveillante. Après une très courte connaissance avec la psychanalyse, la science allemande était unanime à la rejeter.
Je ne puis naturellement pas aujourd'hui savoir quel sera le jugement définitif de la postérité sur la valeur de la psychanalyse en psychiatrie, en psychologie et dans les sciences de l'esprit en général. Mais je suis d'opinion que lorsque la phase que nous vécûmes alors trouvera un historien, celui-ci devra avouer que l'attitude de ses représentants d'alors ne fut pas glorieuse pour la science allemande. Je n'entends pas par là le rejet de la psychanalyse ni la façon résolue dont ce rejet eut lieu ; ces deux faits étaient aisés à comprendre, répondaient simplement à l'attente qu'on en pouvait avoir, et ne pouvaient du moins projeter aucune ombre sur le caractère des adversaires. Mais il n'est pas d'excuse pour l'excès d'arrogance, le dédain sans conscience de toute logique, la grossièreté et le mauvais goût dans l'attaque. On pourra me dire qu'il est puéril de donner libre cours à une telle susceptibilité après quinze ans révolus ; je ne le ferais d'ailleurs pas, si je n'avais encore quelque chose à ajouter. Des années plus tard, lorsque, pendant la guerre mondiale, un chœur d'ennemis éleva contre la nation allemande le reproche de barbarie, qui s'accorde avec tout ce que je viens de mentionner, il fut profondément douloureux, de par sa propre expérience, de n'y pouvoir contredire.
L'un de mes adversaires se vanta de fermer la bouche à ses patients dès qu'ils commençaient à parler de choses sexuelles, et déduisit évidemment de cette technique le droit de juger du rôle étiologique de la sexualité dans les névroses. Les résistances affectives mises à part, résistances qui s'expliquent facilement au jour de la théorie psychanalytique, et qui ne pouvaient nous déconcerter, le principal obstacle à l'entente entre nos adversaires et nous me sembla être ceci que ceux-ci virent dans la psychanalyse un produit de mon imagination spéculative et ne voulurent pas croire au travail long, patient et dénué de tout préjugé qui fut employé à l'édifier.
Comme d'après eux l'analyse n'avait rien à voir ni avec l'observation ni avec l'expérience, ils se tinrent aussi pour autorisés à la rejeter en dehors de toute expérience personnelle. D'autres, qui se sentaient moins assurés dans une telle conviction, répétèrent la manœuvre de résistance classique : ne pas regarder dans le microscope, afin de ne pas voir ce qu'ils avaient contesté. La façon incorrecte dont la plupart des hommes se comportent lorsqu'ils sont, à propos d'une chose nouvelle, réduits à leur propre jugement, est donc fort curieuse. Pendant de nombreuses années, et encore à l'heure qu'il est, j'entendis des critiques « bienveillants » me dire que la psychanalyse avait raison jusqu'ici ou jusque-là, mais qu'à ce point commençait son excès, sa généralisation injustifiée. Je sais cependant que rien n'est plus difficile que de tracer de pareilles frontières, et que les critiques eux-mêmes, il y a peu de jours ou peu de semaines, étaient dans une ignorance totale de la question.
L'anathème officiel contre la psychanalyse eut pour conséquence que les analystes resserrèrent leurs rangs.
A leur deuxième congrès, à Nuremberg, en 1910, ils s'organisèrent, sur la proposition de S. Ferenczi, en une a Association psychanalytique internationale », divisée en sections locales et mise sous la direction d'un président. Cette association a traversé, sans y sombrer, la guerre mondiale, elle existe encore à l'heure qu'il est et comprend les sections de Vienne, Berlin, Budapest, Zurich, Londres, de la Hollande, de New York, de la Pan-Amérique, de Moscou et de Calcutta [Et de Paris, où, le 4 novembre 1926, a été fondée la Société psychanalytique de Paris. qui publie, quatre fois par an, chez Doin, la Revue française de Psychanalyse. Un nouveau groupe vient aussi de se constituer au Brésil. (N. d. T.)]]. Je laissai élire, comme premier président, C. G. Jung, une démarche fort malheureuse, ainsi qu'il apparut plus tard. La psychanalyse acquit alors un second organe : la Revue Centrale de Psychanalyse (Zentralblatt für Psychoanalyse), rédigée par Adler et Stekel, et bientôt un troisième, Imago, destiné par les analystes non médecins, H. Sachs et O. Rank, aux applications de l'analyse aux sciences de l'esprit en général. Bientôt après, Bleuler publia sa défense de la psychanalyse (Die Psychoanalyse Freuds, 1910 - La Psychanalyse de Freud). Quelque agréable qu'il fût d'entendre au moins une fois dans le débat la voix de l'équité et de la probe logique, je ne pus pas me sentir absolument satisfait du travail de Bleuler. Il aspirait trop aux apparences de l'impartialité ; ce n'était pas un hasard que justement fût due à son auteur l'introduction du précieux concept de l'ambivalence dans notre science. Dans des articles subséquents, Bleuler a pris une telle attitude de refus contre le corps de doctrine analytique, il en a mis en doute ou rejeté de si essentielles parties, que je pus me demander avec étonnement ce qu'il en demeurait qu'il pût reconnaître.
Et cependant par la suite, il a non seulement fait les plus cordiales déclarations en faveur de la « psychologie des profondeurs », mais il a aussi fondé sur elle son exposé, aux si larges assises, des schizophrénies. Bleuler ne resta d'ailleurs pas longtemps dans l' « Association psychanalytique internationale », il la quitta à la suite de désaccords avec Jung et le « Burghölzli » fut perdu pour l'analyse.
L'opposition officielle ne put arrêter l'expansion de la psychanalyse ni en Allemagne ni dans les autres pays. J'ai d'ailleurs (Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique) suivi les étapes de son progrès et nommé les hommes qui se signalèrent comme ses représentants. En 1909, Jung et moi avions été appelés par G. Sanley Hall en Amérique, afin d'y faire pendant une semaine des conférences (en allemand) à la Clark University, Worcester, Mass., dont il était président, ceci à l'occasion du vingtième anniversaire de la fondation de celle-ci. Hall était à juste titre un psychologue et un pédagogue en vue, qui, depuis des années, avait fait entrer la psychanalyse dans l'enseignement ; il y avait en lui quelque chose du « Kingmaker » (faiseur de rois) à qui il plaisait d'investir et de déposer des autorités. Nous rencontrâmes là J. Putnam, le neurologue de Harvard, qui malgré son âge s'enthousiasma pour la psychanalyse et prit fait et cause pour sa valeur culturelle et la pureté de ses intentions, ceci avec tout le poids de sa personnalité respectée de tous. Nous ne fûmes gênés ici que par la prétention de cet homme excellent orienté de façon prépondérante, de par une disposition obsessionnelle, vers l'éthique, - de vouloir rattacher la psychanalyse à un système philosophique déterminé et de la mettre au service de tendances moralisatrices.
Une rencontre aussi avec le philosophe William James me laissa une impression durable. Je ne puis oublier cette petite scène : au cours d'une promenade il s'arrêta soudain, me confia sa serviette et me pria de continuer, il allait me suivre, aussitôt que serait passée la crise, qu'il sentait venir, d'angine de poitrine. Il mourut un an plus tard du cœur ; je n'ai cessé depuis de me souhaiter une pareille intrépidité en face de la fin proche.
J'avais alors 53 ans, je me sentais jeune et bien portant, le court séjour dans le Nouveau Monde fit certes du bien au sentiment de ma propre valeur ; en Europe je me sentais comme mis au ban; ici je me voyais accueilli par les meilleurs comme leur égal. Lorsque je gravis l'estrade à Worcester, afin d'y faire mes « Cinq conférences sur la psychanalyse », il me sembla que se réalisait un incroyable rêve diurne. La psychanalyse n'était donc plus une production délirante, elle était devenue une partie précieuse de la réalité. Elle n'a pas perdu de terrain en Amérique depuis notre visite, elle jouit dans le publie d'une popularité peu commune et est reconnue par beaucoup de psy- chiatres officiels comme une partie importante de l'enseignement médical. Malheureusement, là-bas aussi, il y a été mêlé beaucoup d'eau. Plus d'un abus, avec qui elle n'a rien à faire, emprunte son nom ; la possibilité y manque de former à fond des analystes quant à la technique et à la théorie. Elle se heurte aussi en Amérique au « Behaviourism », qui se vante dans sa naïveté d'avoir entièrement éliminé le problème psychologique.
En Europe, de 1911 à 1913, deux mouvements dissidents de la psychanalyse se produisirent, mouvements inaugurés par des personnes qui jusqu'alors avaient joué un rôle en vue dans la jeune science : Alfred Adler et C. G. Jung.
Ces mouvements paraissaient très dangereux et acquirent vite un grand nombre de partisans. Ils ne devaient cependant pas leur force à leur propre fond, mais au fait qu'ils permettaient, ce qui était séduisant, de se libérer des résultats, ressentis comme choquants, fournis par la psychanalyse, quand bien même on ne niât plus son matériel de faits. Jung tenta une transposition des faits analytiques sur le mode abstrait, impersonnel, sans tenir compte de l'histoire de l'individu, ce par quoi il espérait s'épargner la reconnaissance de la sexualité infantile et du complexe d'Oedipe, en même temps que la nécessité de l'analyse de l'enfance. Adler sembla s'éloigner encore davantage de la psychanalyse, il rejeta en bloc l'importance de la sexualité, rapporta exclusivement la formation du caractère comme de la névrose à la volonté de puissance des hommes et à leur besoin de compenser leur infériorité constitutionnelle ; il jeta par la fenêtre toutes les acquisitions psychologiques de la psychanalyse. Cependant ce qu'il avait rejeté s'est refrayé de force un chemin dans son système fermé ; sa « protestation mâle » n'est rien d'autre que le refoulement, injustement sexualisé. La critique fut des plus douces pour les deux « hérétiques », je ne pus pour ma part obtenir davantage que de faire renoncer Adler, comme Jung, à dénommer leurs doctrines « Psy- chanalyse ». On peut aujourd'hui, au bout de dix ans, constater que ces deux tentatives ont passé auprès de la psychanalyse sans l'atteindre.
Quand une communauté est fondée sur l'accord relatif à quelques points essentiels, il va de soi que ceux qui abandonnent ce terrain commun s'en séparent. Cependant on a souvent porté au compte de mon intolérance la défection de ces premiers élèves ou bien l'on a voulu y voir l'expression d'une fatalité particulière pesant sur mon destin.
Il suffit de répliquer qu'en face de ceux qui m'ont abandonné, tels Jung, Adler, Stekel et quelques autres, se trouve un grand nombre d'hommes tels Abraham, Eitingon, Ferenczi, Rank [Rank et Reik seront depuis séparés de Freud. (N. d. T.)], Jones, Brill, Sachs, le pasteur Pfister, van Emden, Reik [Rank et Reik seront depuis séparés de Freud. (N. d. T.)] , etc., qui depuis environ quinze ans me sont restés attachés en fidèle collaboration, la plupart aussi par les liens d'une amitié que rien n'a troublée. Je n'ai nommé ici que les plus anciens de mes élèves, ceux qui se sont déjà fait un nom dans la littérature psychanalytique ; l'omission d'autres noms n'implique pas une moindre estime, et justement parmi les jeunes et parmi ceux qui sont venus à moi plus tard se trouvent des talent sur lesquels on peut fonder de grandes espérances. Mais je dois faire valoir à mon profit qu'un homme dominé par l'intolérance et la présomption de l'infaillibilité n'aurait jamais pu s'attacher une pareille légion de personnalités d'une intellectualité supérieure, surtout quand il n'a pas plus que moi de séductions d'ordre pratique à leur offrir.
La guerre mondiale, qui a détruit tant d'autres organisations, ne put rien sur notre « Internationale ». La première rencontre après la guerre eut lieu en 1920, à La Haye, sur terrain neutre. La façon dont l'hospitalité hollandaise sut accueillir les Centraux affamés et appauvris fut touchante ; ce fut la première fois, à ce que je sache, que des Anglais et des Allemands s'assirent amicalement à la même table, mus par des intérêts scientifiques communs. La guerre avait même, en Allemagne comme dans les pays d'Occident, accru l'intérêt porté à la psychanalyse.
L'observation des névroses de guerre avait enfin ouvert les yeux aux médecins quant à la signification de la psychogenèse dans les troubles névrotiques, l'une de nos conceptions psychologiques : le « bénéfice de la maladie », la « fuite dans la maladie », devint vite populaire. Au dernier congrès tenu avant la défaite, à Budapest, en 1918, les gouvernements des Empires Centraux avaient envoyé des représentants officiels qui se mirent d'accord avec nous pour l'organisation de services psychanalytiques destinés au traitement des névrosés de guerre. On n'eut pas le temps de réaliser ce projet. De même, les vastes plans de l'un des meilleurs membres de notre Association, du docteur Anton von Freund, qui voulait créer à Budapest un institut ...

Table des matières

  1. Ma vie et la psychanalyse
  2. Préface
  3. I
  4. II
  5. III
  6. IV
  7. V
  8. VI
  9. BIBLIOGRAPHIE
  10. Page de copyright