
- 158 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
L'Hôtel du nord
À propos de ce livre
Lecouvreur et sa femme achètent l'Hôtel du Nord, situé au bord d'un canal, près de l'écluse. L'auteur brosse une galerie de portraits des gens demeurant à l'hôtel, ou de passage, vies d'ouvriers, de gens pauvres, avec leur bons et leurs mauvais moments. Puis vient l'expropriation...
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
- Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à L'Hôtel du nord par Eugène Dabit en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Littérature et Fiction historique. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
XVIII
Louise, qui ourle des essuie-mains, lève brusquement la tête. On a frappé à la porte du Bureau.
– Qu’est-ce que c’est ? crie-t-elle, sans quitter sa chaise. Personne ne répond. Alors elle se lève et va ouvrir. C’est un inconnu qui porte une valise.
– Excusez du dérangement, je cherche une chambre.
L’homme est convenablement habillé. Il paraît timide. Il pose à terre la valise qui lui bat les jambes et se découvre avec politesse. Louise lui jette un coup d’œil bienveillant.
– C’est une chambre de garçon que vous voulez ? demande-t-elle.
– Non. Nous sommes deux ; ma femme est restée à la porte. Attendez, je l’appelle… Eh, Ginette !
– J’ai quelque chose au troisième, déclare Louise. Quarante-cinq francs la semaine. Ça vous plairait-il ?
– Oui.
– Alors, asseyez-vous un instant. Je vais toujours vous inscrire. On montera après…
Elle tire de derrière le comptoir le « Livre de Police », un registre à couverture bleue, et l’ouvre avec soin sur une table.
– Vous avez des papiers ? Faut que j’aie tout votre état civil. C’est la barbe, mais il y a tant d’étrangers à Paris !
– Bien sûr. Je m’appelle Prosper Maltaverne.
L’homme sort une enveloppe de son portefeuille et la tend à Louise qui hésite une seconde.
– On s’y reconnaît plus dans ces paperasses. Maltaverne, Prosper… Ça, au moins, c’est facile à retenir. J’ai des Polonais, on n’arrive pas à écrire leurs noms… Faut pourtant que je tienne mon livre bien à jour. Dame ! un voleur pourrait se faufiler dans l’hôtel… Quelle profession ?
Maltaverne prend un air penaud et se penche :
– Je suis sergent de ville. Ça vous fait rien ?
– Je n’en ai jamais logé. Ce n’est pas parce qu’on est agent qu’il faut aller coucher sous les ponts… À votre tour, madame ».
– Mademoiselle Ginette Buisson.
– Je vous croyais mariés, remarque Louise. D’ailleurs, ça me regarde pas.
Elle achève d’écrire, referme son livre et sourit à ses nouveaux clients.
– Comme ça, tout est en règle. Vous le savez mieux que moi, monsieur Maltaverne, avec la police, on n’en a jamais fini. Ici, le « viseur » passe tous les deux jours… Montons voir la chambre, maintenant.
Au troisième, Louise ouvre une porte.
– Vous voyez, c’est très clair ; ça donne sur le canal. Il y a un poêle pour cuisiner, une armoire…
– Le lit est bon ? interrompt la femme.
– Chez nous les matelas sont propres. Regardez.
Elle soulève les couvertures. Maltaverne interroge Ginette du regard.
– Ça va, dit-il.
– Alors, je vous laisse, monsieur Maltaverne. Installez-vous.
« Il n’a pas l’air dégourdi, pour un flic, » pense-t-elle en sortant.
C’est bientôt l’heure du déjeuner et le couloir empeste la cuisine. Louise grimace.
« Ces ménages ! Ils en font des saletés avec leur popote. »
En passant, elle ouvre la porte des cabinets. « La blonde du 36 m’a encore fichu des cochonneries dans le trou, grogne-t-elle. Jamais, elle n’aura le courage de descendre ses ordures aux poubelles, celle-là ! Tant qu’on aura des ménages au troisième, on ne tiendra jamais la maison propre. »
Pendant que Maltaverne, soigneusement, installe dans l’armoire le contenu de la valise, Ginette, qu’un rien amuse, ouvre la fenêtre, regarde dehors et bat des mains. Elle n’a, pour ainsi dire, jamais quitté Paris. Elle a des cheveux frisottés, des yeux qui pétillent, le nez en l’air.
Elle s’écrie : « On est bien tombé ! Ce qu’on va être heureux, ici. »
Prosper approuve d’un signe de tête. Puis, bras-dessus bras-dessous, ils descendent dans la boutique. Kenel, au comptoir, bavarde avec le patron.
– Qu’est-ce que je vous offre ? demande Lecouvreur qui paye toujours une tournée aux nouveaux locataires.
Prosper hésite, mais Ginette déclare impétueusement :
– Servez-moi une amourette, monsieur.
– Une amourette ? fait Prosper, interloqué.
– Toutes les femmes sont folles de ce truc-là, dit Kenel à la cantonade.
Ginette, avec une gourmandise de jeune chatte, lape son apéritif. Elle a déjà lié connaissance avec Kenel.
– Nous sommes arrivés de ce matin. Nous habitons au 34.
– Par exemple ! Et moi, au 33. Il rit : Faudra qu’on tâche de s’entendre, hein ?
Puis, avec un geste aimable :
– Videz votre verre. Je paie une tournée.
Kenel et Prosper sont devenus inséparables. Le dimanche, en promenade, au café, on ne les voit jamais l’un sans l’autre, et, bien entendu, Ginette est toujours entre eux.
– Propro, tu offres un verre ? demande Kenel.
– Tu l’entends, Ginette ? Faut-il dire oui ?
Ginette minaude. « Tu sais bien qu’il est notre ami… »
Kenel l’enveloppe d’une œillade. Une perle, cette petite ! Dès le premier mois elle est devenue sa maîtresse et, chaque fois que Prosper a son service de nuit, elle va le retrouver.
Il se frotte les mains et flanque sur l’épaule de Prosper une tape à assommer un bœuf.
« Ce vieux frangin ! »
L’autre reste un instant abasourdi, puis rigole.
C’est vrai, Kenel, c’est comme un frère. Entre un ami pareil et une maîtresse toujours aux petits soins, comment ne pas trouver la vie épatante !
Ils dînent souvent ensemble, dans la chambre de Maltaverne, au 34. Prosper aime ces soirées tranquilles, les fins de repas où l’on digère en grillant une « cibiche ». Kenel, avec son accent faubourien, raconte des gaudrioles ou bien il se chamaille avec Ginette et Prosper est obligé d’intervenir.
– Eh, les enfants ! Soyez sages.
– Ginette peut pas m’encaisser, réplique Kenel.
Prosper se renverse sur sa chaise.
– Ha ! Ha ! Ha ! T’entends ça, Ginette ? Viens… Faites la paix. Embrasse-la, Kenel… Mais si, puisque je te donne la permission.
Il rit de les voir s’embrasser sur la joue.
– Allez, encore une fois… Na…
Il a l’air d’un coq en pâte. Quand on le voit arriver chez Lecouvreur, le visage épanoui, on lui demande :
– Ça va, la vie de famille ?
Il répond oui. Mais il sent souvent une intention ironique dans cette question. On le jalouse, parbleu !
Même, une fois, sur son passage, il a entendu murmurer un mot difficile à avaler.
– Lui, cocu ? D’abord Ginette ne connaît personne à Paris. Il n’y aurait que Kenel. Oui, mais avec celui-là, rien à craindre. N’empêche que cette idée l’a travaillé plus qu’il n’aurait voulu.
Un autre jour, il est tombé au milieu d’une conversation. La patronne disait : « C’est à croire qu’il tient la chandelle. » En le voyant, elle s’est tue. Sans demander d’explications, il s’est éloigné, perplexe. Est-ce de lui qu’on parlait ?
Maintenant, dès qu’il rentre de son service, il se met en civil et descend au café. À cause des cancans il ne veut plus laisser sa femme seule avec Kenel quand arrive l’heure de l’apéritif. Son apparition est toujours saluée par un « V’la Propro » sonore. Mais il ne sourit plus comme autrefois ; ce surnom de Propro lui est même devenu désagréable.
Un soir, Mimar et le père Deborger l’avaient, contre son habitude, entraîné dans une partie de cartes. Il jouait mollement, tout occupé, sans en avoir l’air, à surveiller du coin de l’œil Kenel et Ginette qui s’étaient installés de l’autre côté de la table ; il cherchait à surprendre des bouts de leur conversation.
Sa Ginette est penchée sur Kenel ; elle lui frôle le visage de ses cheveux blonds. Elle bavarde et soudain éclate de rire.
Prosper ne peut retenir un geste d’énervement. Il a mal à la tête ; il lui semble aussi qu’on l’observe sournoisement. « Atout et ratatout ! » s’écrie Mimar. J’ai gagné. »
Prosper jette son jeu sur la table ; plusieurs cartes tombent par terre, il se baisse pour les ramasser. Les jambes de Kenel et celles de Ginette sont entrelacées !
Il se relève, d’un bond, et sans réfléchir se précipite sur Kenel qui reçoit le coup de poing en plein visage. Les verres, l...
Table des matières
- L'Hôtel du nord
- I
- II
- III
- IV
- V
- VI
- VII
- VIII
- IX
- X
- XI
- XII
- XIII
- XIV
- XV
- XVI
- XVII
- XVIII
- XIX
- XX
- XXI
- XXII
- XXIII
- XXIV
- XXV
- XXVI
- XXVII
- XXVIII
- XXIX
- XXX
- XXXI
- XXXII
- XXXIII
- XXXIV
- XXXV
- Page de copyright