
eBook - ePub
La Martinique Mille et une facettes de l'île aux fleurs
Aujourd'hui encore nos ancêtres sont des gaulois
- 360 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
La Martinique Mille et une facettes de l'île aux fleurs
Aujourd'hui encore nos ancêtres sont des gaulois
À propos de ce livre
Ce livre décrit la société martiniquaise d'aujourd'hui et met en évidence, ce qu'il y a de pire et de meilleur dans cette société infantilisée à l'extrême par une politique à relent colonialiste que lui applique la France 70 ans après la départementalisation, où la carotte et le bâton vont de pair avec de temps à autre un zeste de paternalisme comme à l'époque de De Gaulle.
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Informations
17
Un kouli empreint de sagesse
Satisfaits de cet arrangement entre mes collaborateurs et moi, nous décidons de nous remettre immédiatement au travail et pour cela nous avons choisi de nous éloigner temporairement de Fort de France, ainsi nous reprenons notre enquête dans une commune du nord atlantique.
Après avoir garé notre véhicule et marché une douzaine de minutes sous un pâle soleil qui cherche à se faire une place parmi des nuages qui ont l’air de régner en maître dans un ciel qui aujourd’hui semble voué à la pluie, nous avisons un homme qui avance dans notre direction, avec la distance qui diminue rapidement la silhouette se précise et nous reconnaissons un homme de type indien vers lequel nous dirigeons nos pas.
- Bonjour, monsieur, excusez-nous d’interférer sur votre temps, mais nous effectuons en ce moment une enquête sur la société martiniquaise actuelle et souhaitons avoir votre participation, accepterez-vous de répondre à quelques questions ?
- Bonjour, mesdames et messieurs, si cela n’empiète pas sur ma vie privée et que vos questions ne sont pas trop indiscrètes, je veux bien vous accorder quelques minutes.
- Je vous rassure, monsieur, notre enquête se déroule sous le couvert de l’anonymat des personnes qui y participent, et elles peuvent refuser d’y participer si cela leur pose un problème au niveau de l’éthique, encore un point très important, mes collaborateurs et moi souscrivons au secret professionnel qui régit le cadre de notre enquête et vous n’avez à craindre aucune indiscrétion de notre part.
- C’est entendu, messieurs dames, je suis à votre disposition.
- Vous êtes d’origine indienne n’est-ce pas ?
- Oui, comme on dit chez nous je suis un kouli29.
- Ç’est merveilleux ! Car nous avons convenu mes collaborateurs et moi de faire participer à notre enquête tous les éléments humains qui composent la société martiniquaise.
Dites-moi, monsieur, comment ça se passe entre les indo-descendants et les afro-descendants au niveau relationnel ?
- Excusez-moi, monsieur, mais je ne saisis pas très bien votre question.
- C’est moi qui m’excuse, monsieur, j’ai peut-être mal formulé ma question, je vous demandais si les relations entre les martiniquais d’origine indienne et ceux d’origine africaine sont cordiales.
- Oh ! Il peut y avoir des frictions comme cela arrive partout, mais aujourd’hui cela n’a rien à voir avec le fait qu’on soit nègre ou kouli.
- Et par le passé ?
- Ils nous ont beaucoup aidés par le passé !
- Mais encore ?
- L’histoire ne nous a pas favorisé nous non plus, monsieur, mes ancêtres sont ceux que l’on appelait les travailleurs engagés, ils sont arrivés dans ce pays tout de suite après l’abolition de l’esclavage en 1848 afin de remplacer dans les plantations gérées par les békés les esclaves devenus libres. Leur statut était déterminé par un contrat de travail signé avec le gouvernement français de l’époque qui possédait un comptoir à Pondichéry,30 contrat qui devait durer cinq ans dans les exploitations où s’échinaient auparavant des esclaves du matin au soir.
Malheureusement, une fois arrivés dans ces plantations, les békés nous ont traité de la même façon qu’ils traitaient leurs esclaves, profitant de la bienveillance des autorités françaises qui fermaient les yeux sur les mauvais traitements qu’ils nous infligeaient et du non-respect de nos droits stipulés dans le contrat, ou que nous manifestons le désir de retourner en Inde lorsque que nous arrivons au terme de ce contrat
J’ai appris de mon père qui l’avait appris du sien et ainsi de suite en remontant dans notre lignée, que les nègres nous avaient beaucoup aidés durant ces dures épreuves, notamment quand l’un des nôtres était recherché par les gendarmes, ils le cachaient comme ils pouvaient en l’hébergeant et en lui apportant l’aide nécessaire en nourriture.
Par la suite, après que la Martinique soit devenue un département français, les rapports entre koulis et nègres se sont un peu dégradés sous la pression des néocolonialistes adeptes du diviser pour régner comme aimait à le souligner mon père, les koulis se sont donc repliés sur eux-mêmes pendant environ deux générations principalement dans les communes du nord-atlantique et du nord-caraïbe, tout en continuant à inscrire leurs enfants dans les écoles obligatoires pour tous, ce qui leur a valu d’être définitivement intégré dans la société martiniquaise.
- Mais, pourquoi ce que l’on pourrait appeler un revirement des nègres à l’encontre des koulis, après les avoir soutenus et aidés à traverser ces moments pénibles de leur existence dans les exploitations gérées par les békés des décennies auparavant ?
- Mon père était un homme bon et empreint de beaucoup de sagesse, il nous expliquait et répétait souvent que nous ne devons pas céder à la colère et laisser la haine envahir notre cœur, car ceux qui nous traitent par le mépris aujourd’hui sont les descendants directs ou indirects de ceux qui par le passé sont venus au secours de nos ancêtres contre la hargne du béké et le harcèlement incessant des gendarmes de l’époque, et c’est grâce à eux que nous sommes ici aujourd’hui à respirer les senteurs odorantes de notre île ainsi qu’à profiter de la douceur du soleil, il n’y a pas de haine qui se nourrit contre nous dans leur cœur, ajoutait-il, uniquement le mépris et la bêtise que seule génère leur nouvelle position sociale à l’instar du mulâtre qui fier de sa position sur l’échiquier social fustigeait le nègre.
Mon père dans sa grande sagesse avait coutume de dire que ce qui divise les hommes sur cette île, est beaucoup plus leur statut social que la couleur de leur peau, puisqu’au sein d’une même famille les nuances de teintes de peau sont tellement évidentes que plus personne n’y prête attention à moins de venir d’ailleurs ou d’être béké.
- Pensez-vous aujourd’hui au moment où nous parlons que la communauté indienne est totalement intégrée à la Martinique et à sa culture ?
- Le kouli au même titre que le nègre et les autres communautés, est une composante du peuple martiniquais, son intégration au niveau culturel et humain s’est faite dès la première génération de koulis nés sur le sol de cette île et est indissociable de la culture martiniquaise, et le fait le plus marquant s’il fallait citer un exemple est notre cuisine qui fait partie intégrante de l’art culinaire de la Martinique, comme le colombo, ou dans un autre registre le tissu madras31 dans lequel sont confectionnés les costumes traditionnels qui habillent de la tête au pied les martiniquaises lors des parades culturelles ou certaines cérémonies religieuses.
Ainsi, dès la première génération de jeunes koulis nés sur notre île, nous avons eu nos tambouyers32, nos danseurs du bèlè,33 dont certains sont devenus célèbres et ont occupé une grande place dans le cœur de tous les martiniquais, nos musiciens qui ont contribué et contribuent encore à la valorisation de notre musique dans notre île mais également ailleurs, des peintres, des sculpteurs, des écrivains qui diffusent la pensée martiniquaise dans le monde.
- Pourtant vous parlez d’intégration par l’école et les études.
- Oui, c’est un impératif ! Car notre intégration complète au niveau politique ne peux se faire que par les études universitaires dans le but d’acquérir les compétences nécessaires qui nous permettront d’accéder à des postes de décision et d’intervenir dans la gestion du pays Martinique, pour que notre participation soit elle aussi effective dans le développement de notre île et s’applique dans un cadre plus large afin d’apporter à notre peuple de meilleures conditions de vie, et je dois souligner qu’à ce niveau les koulis brillent par leur absence.
- Est-ce que vous voulez dire qu’il faudrait instaurer une sorte de parité ?
- Je vous en prie, monsieur, ne tombons pas dans l’absurde ! Les martiniquais sont des gens sérieux, pétris de sagesse, et n’ont pas besoin de ce genre de modèle que l’Europe a imposé à la France, croyez-vous sincèrement que l’on dirige un pays avec des concepts ?
Il suffit de regarder l’Europe elle n’a jamais été aussi divisée qu’aujourd’hui et le brexit n’est qu’un début, pour ce qui est de la parité dans l’hexagone, elle est basée sur une équation mathématique où seul l’équilibre entre le nombre d’hommes et de femmes est pris en compte au détriment de la compétence, le résultat aujourd’hui, c’est que la France est passée de la sixième à la septième place dans le classement des puissances économiques mondiales, cédant sa place à l’Inde qui de son côté est passée de la septième à la sixième place, et pour ceux qui pensent que le dynamisme économique d’un pays n’est pas tributaire de sa politique, je leur dis tournez votre regard vers l’Allemagne première puissance économique européenne et troisième du monde.
- Est-ce que vous voulez dire, intervient Horace, que c’est à cause du nombre de femmes peut-être un peu trop élevé au sein de notre gouvernement, que la France a rétrogradé de la sixième à la septième place dans le classement des puissances économiques mondiales ?
- Je vous en prie, monsieur, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, se défend-t-il, je parle au niveau de la compétence de chacun et de tous hommes et femmes compris, je viens à l’instant d’évoquer l’Allemagne pays dirigé depuis novembre 2005 par une femme, je suis martiniquais et je connais la valeur des femmes de notre île, nous savons tous à qui on décerne le titre de «poto mitan» (de pilier central) dans une famille martiniquaise et il ne me viendrait jamais à l’esprit de porter ce genre de jugement sur des femmes, mais je le répète, je ne suis pas sûr qu’un système qui a fait de la parité homme/femme son cheval de bataille puisse attacher une quelconque importance à la compétence des uns et des autres.
Dans notre île, les compétences de chacun et la bonne volonté de tous suffiront amplement pour faire avancer les choses, et permettre à chacun d’apporter sa pierre à la construction de l’édifice Martinique, je n’en doute pas une seconde, et espère que les békés eux aussi finiront par nous rejoindre pour ce grand projet.
- Encore une dernière question, il me semble que vous n’incluez pas le béké quand vous parlez de la composante du peuple martiniquais, est-ce volontaire de votre part ?
- Oui et non, oui j’ai omis volontairement de le mentionner en tant que composante de notre peuple, non je ne l’ai pas exclu du peuple martiniquais, il s’est exclu de lui-même et j’espère qu’il nous rejoindra le plus tôt possible car nous avons un pays à construire.
- Merci beaucoup, monsieur, d’avoir manifesté tant d’amabilités à notre égard et en acceptant de participer à notre enquête, nous vous souhaitons une excellente journée.
- Je vous remercie également, mesdames et messieurs, pour m’avoir invité à y participer, et vous souhaite à mon tour une excellente journée.
29 Mot créole n’ayant aucun caractère péjoratif et tiré de l’anglais coolie qui désigne un travailleur asiatique, principalement indien employé dans les colonies, et qui aujourd’hui sert à désigner les martiniquais d’ascendance indienne qui sont venus en Martinique après l’abolition de l’esclavage muni d’un contrat de travail accordé par le gouvernement de l’époque qui possédait un comptoir à Pondichéry, il faut souligner que ces transferts de population étaient soumis à l’approbation de l’Angleterre ces hommes étant des sujets britanniques.
30 Ville située sur la côte au sud-est de l’Inde, ancien comptoir français des Indes.
31 Ville située au sud-est de la péninsule indienne, renommée pour ses fabriques de textiles.
32 Joueurs de tambours en Martinique et Guadeloupe à la dextérité exceptionnelle.
33 Danse traditionnelle de la Martinique né du marronnage, le bèlè est une musique chantée et accompagnée aux tambours. Selon la tradition orale transmise, la danseuse noie le tambouyer en lui recouvrant la tête de sa jupe pour le faire arrêter, lorsque celui-ci ne l’accompagne pas comme il convient quand elle exécute ses pas.
18
Le rythme de la Martinique
Poursuivant notre enquête tout en profitant de la magnificence du lieu où nous sommes en cet instant, nous prenons la direction du front de mer où un couple de personnes a retenu notre attention, malgré l’éloignement conséquent, nous distinguons un homme et une femme, nous dirigeons nos pas de leur côté et sommes bientôt à proximité d’eux.
La soixantaine environ, ils sont assis sur un banc situé à quelques mètres de la jetée et semblent profiter en toute quiétude du soleil matinal tout en admirant les rayo...
Table des matières
- Avertissement aux lecteurs
- Introduction
- Obligation de mémoire
- Sommaire
- Première partie
- Deuxième partie
- Note de fin
- Page de copyright