Au commencement :
L'histoire débutait sous un ciel éclatant de lumière dans un grand parking d'un énorme Supermarché de la ville de La Nouvelle-Orléans aux États-Unis d'Amérique. Nous étions à l’aube des années 90. La décennie était déjà avancée d’au moins quatre ans. On était en l'an de grâce 1993-1994. Un Jeune Italo-Irlandais était placé devant le grand bâtiment.
Il s’appelait Tony John Looghan. L’élégant individu était âgé d’environ 25 ans. Le jeune Italo-Américain accostait tous les passants et toutes les personnes qui revenaient du magasin. Même ceux qui y entraient se voyaient eux aussi aborder sans aucun complexe de la même manière.
Le jeune homme agissait avec un petit rituel. D'abord, un grand sourire, ensuite, il enchaînait avec une minute de discussion pour, à la fin, leur tendre, de façon systématique, un prospectus. Certains flâneurs acceptaient le papier, mais d'autres refusaient catégoriquement de le prendre.
En observant l'action de loin, le manège donnait le sentiment de voir un excellent vendeur aborder les gens. Cela donnait l'impression d’avoir affaire à un représentant qui travaillait pour le compte du magasin devant lequel il se trouvait.
En réalité, ce n'était pas du tout le cas. Le jeune Irlando-Italo-Américain était bel et bien en train de bosser, mais pas pour l'Hypermarché. Il se trouvait en mission de service très commandé et amplement particulier. C'est à dire qu'il était là pour lui-même. Son but était d’apporter l'Évangile à d'autres personnes et à ses semblables.
Dans le jargon des « Chrétiens Évangéliques », cela s'appelait faire de l'évangélisation. En d’autres termes cela voulait dire annoncer l'Évangile à ceux qui ne connaissaient pas le Christ.
Le contenu des prospectus ne permettait pas de savoir à quelle dénomination exacte il appartenait. Mais, la seule chose qui était mise en avant, c'était la Personne de Jésus-Christ de Nazareth, mort puis ressuscité le troisième jour.
En tout cas, les gens saisissaient clairement et comprenaient qu'il n'était pas du tout Catholique. Et tous ceux qui manifestaient de l’intérêt et prenaient un peu de temps avec lui n’avaient pas à réfléchir très longtemps pour saisir que Tony était plutôt d’obédience chrétienne du côté protestant. C’était une sorte de calviniste très évangélique.
Après avoir passé toute une matinée à marcher, à parler et à distribuer les flyers, est venu le moment de la pause. L'adonis décida d'aller prendre quelque chose dans le magasin pour son repas du midi. Il alla d’abord ranger ses prospectus dans un petit sac qu’il portait en bandoulière.
Et, au moment où Tony s'apprêtait à franchir la porte du magasin, à ce moment précis, l’Homme de Dieu allait basculer dans une sorte de rencontre sans vraiment que cela en soit vraiment une. C’est-à-dire que c’était l’instant où il allait rencontrer l’autre personnage important de notre Histoire pour qui il s’était retrouvé devant ce magasin.
Au seuil de cette porte automatique du Supermarché, cet Irlando-Italo-Américain allait rencontrer la fameuse Mademoiselle Clara J. Rowling. Elle sortait du magasin avec un caddie bien rempli et contenant un sac rempli d'articles de voyage.
Le jeune homme ne la connaissait pas. Le Nom complet de la Dame était Clara Janet Rowling. C'était une grande vedette régionale qui présentait la météo dans une chaîne de télévision locale de moyenne audience dans la ville de Nouvelle-Orléans.
De nos jours, les générations de moins de vingt ans diraient que cette Dame était une sorte de « Has been », quelqu'un qui était célèbre autrefois, quelqu’un qui avait fait son temps et dont la célébrité était derrière elle.
Quelque part, en ce qui concernait Mademoiselle Clara J. Rowling, cela n'était pas tout à fait faux. Il s’agissait effectivement d’une femme qui aurait pu avoir une carrière magnifique, fulgurante et exceptionnelle.
Mais, dans sa trajectoire de vie compliquée, un événement terrible l'avait amenée à être clouée au fauteuil éternel de la starlette régionale du Nouvelle-Orléanais.
Il y avait énormément de personnes de la ville de Nouvelle-Orléans qui connaissaient et appréciaient encore cette éblouissante femme.
Et lorsqu’ils la rencontraient dans la rue, ils savaient parfaitement qui elle était. Mais notre jeune homme, Tony J. Looghan ne savait pas du tout qui était cette femme. Le plus surprenant était qu’il n'avait jamais entendu parler de cette ancienne actrice de séries B qui allait souvent tourner des films à Hollywood.
En fait, ce qui était particulier, dans cette situation de rencontre devant cette porte de Supermarché, c'était que ces deux individus auraient pu vraiment se voir plusieurs années auparavant, bien avant cette rencontre. Mais ils ne le savaient pas.
Au moment de cette période de la gloire de cette actrice, ils auraient pu être des grands amis il y avait à peu près dix ans. En fait, les deux personnes avaient « un ami commun ». Ils avaient un « humanoïde » qu'ils connaissaient en même temps. Mais, à cette époque, ils ne s'étaient jamais côtoyés.
Et la personne qui aurait pu entraîner cette fréquentation ne le voulait pas du tout. « Cet ami » que la femme et le jeune homme avaient de concert était l’autre personnage de cette histoire.
Il était assez complexe à cerner ou à définir. C'était d’abord un homme. Il s’appelait le Prêtre James Antonio Temple. C’était également un Italo-Américain comme Tony. Il était de surcroit un Sicilien. Et c’était quelqu’un qui avait considérablement imprimé au fer rouge la vie de ces deux protagonistes.
Ce Curé avait sciemment résolu, qu’à aucun moment, ces deux individus ne se croiseraient jamais. Et durant toute une décennie ce Prêtre œuvrait pour que cela ne puisse jamais arriver. Il n’y avait même pas eu un seul jour, et pourtant, ce n’était pas des occasions qui manquaient.
Et maintenant voilà, sous les linteaux de cette entrée du Magasin, les deux personnages se retrouvaient ensemble. Encore mieux, ils étaient en train de parler. Comme Clara J. Rowling allait dans le sens opposé, Tony J. Looghan revenait sur ses pas pour lui donner un prospectus qu'il sortait très rapidement de sa sacoche avec sa main droite.
L’introduction au dialogue se passait comme à son habitude, mais les choses ne passaient pas comme avec les autres interlocuteurs. Il y avait de la tension à couper à la tronçonneuse. Sur un ton très sec et assez haineux, Mademoiselle Clara J. Rowling faisait comprendre à Tony J. Looghan qu'il lui cassait les pieds avec ces histoires de Dieu.
Cherchant à partir loin du jeune homme en poussant son caddie, Clara J. Rowling lui disait ceci :
« Monsieur, vous savez... j'ai perdu totalement et il y a très longtemps tout respect des hommes d'églises. Et je dirais même toutes les personnes qui représentent de prêt ou de loin un quelconque clergé voire quoi que ce soit de doctrinale ».
Et la femme continuait de traverser le parking comme pour décamper avec son caddie. Cependant, le jeune Tony John Looghan ne s'arrêtait pas. Il suivait cette femme comme une ombre jusqu’à ce qu’elle arrivât à côté de sa voiture.
Comme c'était une Starlette de la Télévision, on aurait pu s'attendre à une grosse berline, mais non, c'était une modeste citadine qui dénotait totalement avec le niveau de vie de cette star régionale. Cela dit, ce qui sautait aux yeux et qui frappait le regard de celui qui regardait cette voiture, c'était le côté extraordinaire de l'empilage des affaires qui se trouvaient un peu partout. La petite voiture était lestée, avec la même allure et à la manière des chargements des Taxis de brousses africains.
Et l'arrimage excessif de ce petit engin indiquait clairement, et sans aucun doute, que son propriétaire était en train de quitter la ville. En d’autres termes, Mademoiselle Clara J. Rowling était en train de déménager. Tout observateur avisé pouvait saisir que ce n'était pas n'importe quel type de déplacements, que ce n’était pas un voyage de quelques kilomètres.
La manière dont la citadine était accablée montrait qu'il s'agissait très certainement d'une très, très, très longue promenade. Quelque chose qui allait vraiment amener la conductrice très, très, très loin vers le bout du monde.
Au moment où la femme et le jeune adulte arrivaient près de cette voiture, ce dernier proposait son aide pour le chargement. Et la femme choisissait d'ouvrir elle-même sa portière arrière gauche. Le jeune Tony revenait à la charge, se proposait de déposer le sac bien rempli d'articles sur le siège arrière de cette voiture totalement encombrée d’affaires de voyages. Mademoiselle Clara J. Rowling refusait à nouveau, restant toujours antipathique et sur un ton sec :
« Non ! Avez-vous vraiment compris ce que je vous ai dit tout à l'heure ? »
En essayant de garder tant bien que mal son calme, Clara J. Rowling installait elle-même son gros sac sur la banquette arrière. Tout en ne cherchant même plus à se préoccuper du jeune homme, elle s'installait rapidement au volant de sa voiture. Et de l’instant où elle tournait la clef pour démarrer la voiture à celui où elle s'apprêtait à enclencher la première vitesse, le jeune Mr Looghan s'avançait tout près de la portière de voiture. Cela s’enchaînait avec un sourire et un geste de la main qui lui demandait de descendre la vitre.
Par chance, il réussissait à la convaincre de le faire. Seulement, on remarquait que c’était par politesse que Mademoiselle Rowling baissait cette glace du côté chauffeur. Le geste se faisait très doucement, on aurait dit comme au ralenti. Le jeune Italo-Irlandais s'approchait du trou de la vitre que Clara avait laissé ouvert.
Et la scène durant laquelle la tête de Tony s'avançait vers cet espace laissé par la vitre donnait à tous les observateurs une impression d’action à la vitesse modérée. On aurait dit que ce temps se suspendait à la manière des scènes des films de John Woo, le célèbre réalisateur de Hong Kong.
En plus clair, une séquence d'action de mise en scène qui aurait les allures des combats du film Matrix : les choses allaient lentement tout en changeant de points de vue à chaque instant, de manière régulière, jusqu’à faire le tour des 360 degrés. On avait alors l'illusion de voir le même geste dans tous les angles existants que pouvait offrir l’espace du parking.
Et tout observateur qui était sur ce lieu pouvait s'interroger :
« Que va-t-il se passer ? Qu’est-ce que Tony peut encore lui dire dans ce pseudo tête à tête ? Comment va encore réagir Clara J. Rowling dans ce gros plan de rencontre avec quelqu'un qui symbolise son pire cauchemar ? » C’est-à-dire la Religion Chrétienne.
Honnêtement, toutes ces questions n’étaient pas des réflexions rhétoriques narratives pour le bien de l'histoire. Ces interrogations nous plongeaient et nous amenaient à l’antre du dragon de notre Histoire. Cela nous enfonçait dans un réel flash-back, comme il pourrait se faire dans le monde littéraire sur les deux destins de ces personnages.
Une sorte de « Retour vers le passé » qui nous introduisait à la découverte de celui que nous avions sommairement présenté un peu plus haut. C’est-à-dire leur fameux « ami commun ». Ce grand train intemporel de retour vers le temps ancien du trio, Mademoiselle Clara Janet Rowling, Le jeune Tony J. Looghan et Mr le Prêtre James Antonio Temple, demeurait ensemble sans pouvoir se voir.
Un tel flash-back était vital pour donner un éclairage, sans aucun doute, voire la vraie clef qui pouvait ouvrir la voie de la compréhension de toute cette histoire.
Un adage populaire affirmait et affirme encore de nos jours : « Honneur aux dames ». Ce retour en arrière commençait ce voyage au cœur de la vie de Mademoiselle Clara Janet Rowling.
Mettre le doigt sur ce qu’elle était et planter le curseur au bon endroit pour définir Clara sans risquer de passer à côté de quelque chose de capitale n’était pas facile.
La séduisante et merveilleuse belle femme avait vu le jour à La Nouvelle-Orléans un vendredi 13. Sa mère était une infirmière à l'Hôpital le plus important de la ville et son père était un grand professeur des écoles. Pour la petite histoire, tous les gens qui côtoyaient ce Monsieur ne savaient pas vraiment la matière qu'il enseignait. A certain moment, c'était la physique-Chimie, à d’autres moments, c'était les mathématiques et à d’autres cours, c’était surtout la biologie.
Les deux parents de cette femme nourrissaient de grands espoirs et des rêves de grandeur pour qu'un jour leur fille puisse devenir la plus grande chirurgienne cardiaque aux États-Unis d'Amérique et même dans le monde entier.
Seulement, avec les enfants, il arrive parfois que les parents fassent fausse route sans savoir nuancer leurs désirs et ceux de leur propre enfant. Car, alors que la Petite Clara avançait en âge, son intérêt se prononçait pour des matières comme les arts plastiques, la photographie, le Théâtre, le Cinéma et la vidéo.
Matières dans lesquelles Clara avait toujours été très douée même si de façon générale, on pouvait observer qu’elle était brillante dans ses études. Une excellence qui n’avait pas arrangé les choses dans son rapport avec ses parents car plus elle avait de bonnes notes plus ils nourrissaient leur fantasme de bien recevoir un second exemplaire de référence ? C’est à dire celui de la voir devenir le plus « Grand médecin » de la chirurgie du cœur.
Par conséquent, elle insistait sur ses propres opinions. Son penchant, contraire à ses apparentés, la poussait très vite à un choix compliqué : soit de rester chez ses parents ou bien d’aller vivre ailleurs.
La jeune Clara avait choisi de partir de la maison familiale. Ses parents étaient assez tristes, mais ils ne pouvaient pas changer cet état de fait. Malgré leur tristesse, ils firent le choix de garder de très bons rapports avec leur fille bien-aimée. Ils continuaient vraiment à bien s’occuper d'elle et ils accrurent même le fait de subvenir à tous ses besoins financiers.
A la fin de ses études, Mademoiselle Clara J. Rowling s’installait dans le Quartier French de la Nouvelle Orléans. Elle le partageait avec ses amies son grand Loft, assez confortable et très chic. Il était situé au niveau de Royal Street, à peu près à l'emplacement de l’actuel Beauregard House (ou La Maison Beauregard dans la Langue de Corneille).
C'était un bâtiment de quatre niveaux. Pour un observateur d’aujourd’hui, il était très facile d’imaginer, en fermant les yeux, que l'endroit se trouvait dans cette zone quadrillée par la Rue Bourbon Street, la rue Royal Street, l'Avenue Ursulines Avenue et la Rue Saint Philip Street.
Dans ce début des années 80, leur immeuble était assez différent des bâtiments qui se trouvaient dans les alentours, aucune autre construction n’était de cet acabit.
Les gens de cet endroit étaient très solidaires et communautaires par rapport au reste de la ville. Parce que dans les autres habitats, les relations de voisinages faisaient trop dans ce que les Anglais appellent « self-Fish ». C'est à dire assez individualiste.
Or, dans l...