Don Juan
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Don Juan

  1. 484 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre

Après la signature du traité de paix entre François Ier et Charles Quint, en 1538, la ville de Gand s'est rebellée.Afin de briser au plus vite cette mutinerie, l'empereur Charles Quint n'a q'une solution: passer avec ses troupes à travers le royaume de François Ier. C'est pourquoi il envoie à la cour du roi de France, son ambassadeur secret, don Sanche d'Ulloa. Ce dernier revient avec l'accord du roi mais en arrivant en Espagne, il a l'affreux pressentiment qu'un malheur s'est abattu sur sa famille laissée à Séville et sur ces ses deux filles; Reyna-Christa et Léonor.En effet, Reyna-Christa n'a pu résister à Tenorio, gentilhomme espagnol qui a bien que marié à dona Silvia, l'a séduite. Pour éviter le déshonneur et la honte, Reyna-Christa s'est laissée mourir. Léonor part alors à la recherche de son père, poursuivie à son tour par don Juan ébloui par sa fascinante beauté. Il va même jusqu'à demander sa main à don Sanche d'Ulloa qui pour venger cet affront et la mort de sa fille, Reyna-Christa, se bat en duel contre le vil Séducteur qui hélas le tue.Et l'empereur fiance Léonor - contre son gré à Amauri de Loraydan, un conseiller de François Ier. Heureusement que Léonor a pour défenseur un jeune chevalier, Clother de Ponthus et son valet, Bel-Argent. Sous la plume de Michel Zévaco, l'inoubliable auteur de Capitan et de Buridan, le mythe de Don Juan devient une époustouflante aventure de cape et d'épée, où le roi de France, François Ier et l'empereur Charles Quint jouent leur propre rôle

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Informations

Année
2018
ISBN de l'eBook
9782322144303

XVII

« La grâce de Dieu »

C’était le 18 de décembre.
C’était à une demi-lieue au-delà de Brantôme, au croisement d’un chemin de traverse.
Léonor d’Ulloa venait de s’arrêter là, mais sans mettre pied à terre. Elle venait de Périgueux et avait résolu d’atteindre Angoulême en une étape.
Vers dix heures du matin, les gens de Brantôme l’avaient vue traverser leur petite ville, caressant et excitant son beau genêt d’Espagne, – et les bonnes dames s’étaient étonnées à voir une noble demoiselle voyager sans escorte... mais Léonor n’avait pas peur de se trouver seule par les routes désertes, et la solitude ne pesait point à son fier esprit.
Qu’elle était jolie et gracieuse, hardiment campée sur sa selle, silhouette d’élégance et de poésie en ce sauvage coin de terre !
Toute la puissance de rêve qui fait l’immortelle force, et la gloire, et l’impérissable charme de la femme était en Léonor. Sa seule présence pouvait suffire à verser de l’espérance dans un cœur. Et qu’est-ce que la vie, sinon une espérance ?
Et sa présence, aussi, suffisait à éclairer la nature. Elle venue, l’âpre tristesse de ce canton s’évanouit, et toutes choses prirent leur aspect de douceur et d’amour.
Elle s’intéressa à ces paysages d’où se dégageait une sévère mélancolie ; et son regard, curieusement, interrogea les deux tours rondes d’un castel contre lequel des châtaigniers plaquaient l’armature de leurs branches sans feuilles, et elle songeait :
« Comme tout est calme en ce joli domaine !... Je suis la voyageuse qui passe et n’a pas le droit de s’arrêter tant que sa mission ne sera pas remplie... Je suis l’annonciatrice du malheur, et c’est de la douleur que je porte avec moi... Paisible castel, combien j’aimerais me reposer au pied de tes tours qui, sans doute, abritent du bonheur, loin des villes, loin des tumultes, loin des conflits d’âme, loin des pervers, loin des méchants... Ô Christa ; ô ma pauvre chère Christa... tu les as connus, toi, ces méchants... tu en es morte ! »
Et ce qu’elle regardait en rêvant ainsi, c’était le domaine de Ponthus...
Elle se remit en route, et bientôt, devant elle, assise au bord du chemin, aperçut la maison solitaire, la maison abandonnée... la maison où le Commandeur Ulloa s’était arrêté pour porter secours à Clother de Ponthus blessé... l’auberge de la Grâce de Dieu.
Et comme elle passait au pas devant cette maison, elle entendit un faible gémissement et s’arrêta.
Aussitôt un homme parut, qui s’avança en gémissant :
– Ma pauvre mère ! Blessée, mourante, peut-être ! Et personne pour m’aider ! Elle va donc périr faute de soins !...
Léonor, légèrement, sauta à terre. De la fonte de sa selle, elle tira un flacon qui contenait un baume, et des bandes de linge, objets qui faisaient partie du portemanteau de toute noble dame.
– Ne pleurez pas, dit-elle, allons soigner votre mère...
Bel-Argent la considéra une seconde. Peut-être tant de promptitude à la compassion active lui inspira-t-elle quelque remords. Au fond, ce n’était pas un méchant homme. C’était un de ces pauvres hères qui gagnaient leur vie moyennant les plus bizarres besognes. Son hésitation dura peu.
– Quoi ! s’écria-t-il, vous daigneriez consentir...
– Ne perdons pas de temps... montrez-moi le chemin...
– Laissez-moi au moins attacher votre cheval à cet anneau...
– Non, non. Reno est habitué. Il ne bougera pas. Vite, allons à votre mère...
– Venez donc, et que la Vierge vous bénisse !
Bel-Argent ouvrit la porte de la maison et s’effaça pour laisser passer Léonor.
Elle entra.
– Eh bien ? dit-elle. Où est votre mère ?
Elle se retourna et vit que la porte était fermée. L’homme n’était pas là... elle comprit le piège !
D’un rapide regard, elle inspecta cette salle délabrée au fond de laquelle se trouvait une vaste cheminée flanquée de deux portes : l’une d’elles s’ouvrit...
Don Juan parut.
Léonor pâlit un peu, sa lèvre frémit, mais aussitôt elle reprit son sang-froid et fut impassible.
Grâce à quelque étrange et obscur phénomène d’âme, cette haine que lui avait d’abord inspirée Juan Tenorio s’était abolie. Et elle ne le craignait pas plus qu’elle ne le haïssait. Ni peur ni haine. Son état d’esprit était d’une simplicité étonnante ; c’était, en fait, l’absence de tout sentiment à l’égard de don Juan. En vérité, Juan Tenorio, pour elle, était : Néant... Il n’existait pas. Ou du moins, elle se situait à une si prodigieuse distance de lui qu’il pouvait être considéré comme inexistant pour elle...
Cette distance, au bout du compte, est tout simplement celle qui sépare un cœur vivant d’un cœur putréfié.
Qu’est-ce que don Juan pour Léonor ?
Léonor, c’est la loyauté. Don Juan, c’est le mensonge.
Que peut-il y avoir de commun ? Le mensonge ignore la loyauté et en est ignoré. Aucun point de contact possible...
Léonor, en voyant s’avancer sur elle Juan Tenorio, n’éprouva donc que la rapide émotion qu’on a toujours, si brave soit-on, devant la possibilité d’un danger immédiat.
Juan Tenorio lui fit la plus gracieuse, la plus touchante révérence qui se pût voir. Il était passé maître en l’art de saluer une femme. Cette fois, sa salutation fut passionnée, elle fut à elle seule une déclaration d’amour exalté, elle fut presque un agenouillement. Et, s’il ne s’agenouilla pas tout à fait, ce fut simplement qu’il avait à parler, et il avait déjà éprouvé combien l’agenouillement est une posture difficile quand il s’agit de faire un discours... Et il parla.
Sa voix chantait. Il avait de ces accents de captivante harmonie auxquels les femmes ne résistent guère – nous entendons celles dont le sentiment est à fleur de nerfs..., à fleur de peau. Et il disait :
– Soyez rassurée, Léonor. Je jure Dieu qui m’entend et me juge, oui, je jure que vous êtes en sûreté ici, près de moi, autant que si votre mère sortie du tombeau fût venue assister à cet entretien. Quand j’aurai fini de parler, vous serez libre de partir. Mais je dois parler. J’ai voulu vous parler. La volonté de Juan Tenorio, vous ne la connaissez pas, vous apprendrez à la connaître... et aussi sa patience... et aussi... son amour...
Sa voix se brisa : il venait d’entrer dans la sincérité !
Venu pour débiter une harangue longuement méditée, préparée mot par mot, étudiée devant la glace pour les gestes, maintes fois récitée pour les intonations, répétée même à diverses reprises devant des servantes, des maritornes quelconques, oui, quand il eut prononcé le mot amour, don Juan, de plain-pied, entra dans la sincérité. Son discours, il l’oublia. Les gestes appris, les savantes intonations, tout ce fatras s’évanouit. Il ne fut plus qu’un amoureux, un pauvre amoureux emporté au tourbillon des sentiments qui prirent son cœur et le firent danser, valser, virevolter, comme les vents d’orage font danser une fleur, une feuille.
– J’ai voulu vous parler. Et vous n’avez pas voulu m’entendre. Depuis Séville, je vous suis pas à pas, et chaque fois que j’ai tenté de vous aborder, d’un regard vous m’avez balayé de votre chemin. Pourtant, j’avais décidé que je vous dirais ce que c’est que l’amour de Juan Tenorio. J’ai pris ce moyen, je vous ai tendu un piège, il faut maintenant que vous m’écoutiez... Voulez-vous m’écouter ?
Léonor ne détournait pas de lui son regard pur... elle n’avait pas à feindre l’indifférence puisqu’elle était toute l’indifférence. Elle écoutait don Juan, nous pouvons même dire qu’elle écoutait avec attention... mais c’était l’attention qu’on a devant la possibilité d’un danger qu’il faut surveiller.
Juan Tenorio eut-il l’intuition de cette indifférence ? Comprit-il alors combien lointaine de lui se trouvait Léonor ? Peut-être, car un soupir désespéré gonfla sa poitrine, et deux larmes brillèrent à ses paupières... Il était pris dans les tourbillons de la sincérité, autrement redoutable que ceux de comédie d’amour.
Sa parole trembla. Ses lèvres pâlirent. Un frisson l’agita.
– Vous ne me répondez pas, Léonor. Je sens que vous ne me répondrez jamais. Et moi, malheureux, je sais trop que je vous aimerai toujours. Quelle vie va être la mienne maintenant ? Quoi ! Ce cœur qui vit en moi avec tant de force va se briser ! Quoi ! Je ne serai pas aimé par celle que j’aime ! Quoi ! Chaque heure, chaque instant de ma triste existence ne sera plus qu’un soupir de regret, une plainte désespérée !...
Il s’écroula sur les genoux, et, le front dans les mains, se prit à sangloter.
Et soudain, la douce et plaintive ritournelle s’éleva dans son esprit, de la romance que, dans la salle à manger du palais Canniedo, une femme invisible lui avait chantée :
« Sommes-nous dix, sommes-nous vingt – qui l’avons vu se mettre à deux genoux... »
Il se releva lentement.
Léonor n’avait pas un geste, pas un mouvement. Elle le regardait. Elle l’écoutait ! Elle le surveillait.
– Non, non ! dit-il. Ce cœur que vous ne connaissez pas, Léonor, veut vivre encore. Il veut aimer encore. Il faut qu’il aime jusqu’à son dernier battement. Jusqu’à son dernier souffle, Juan Tenorio veut adorer Léonor. Oh ! vous ne savez pas ce que c’est que l’amour de Tenorio ! Mes fautes, mes crimes, je vous les ferai oublier ! Vous saurez ce que vaut cet amour que vous méprisez. Vous connaîtrez combien il est grand, et pur, et noble, et si loin de ce que les hommes osent appeler l’amour !... Ah ! ne me reprochez pas d’avoir causé la mort de celle que vous pleurez... de celle que je pleure... de celle qui dort dans la chapelle de Saint-François son paisible et innocent sommeil... Ne me reprochez pas de l’avoir trompée, trahie... Non, Léonor, je ne l’ai pas trompée ! Elle a été victime du destin qui a voulu que je vous aime ! Je le jure sur Dieu, à travers Christa, c’est vous, c’est vous seule que j’aimais !...
Léonor n’avait pas bougé. Seulement, au nom de Christa, elle était devenue un peu plus pâle.
Il se rapprocha d’un pas, joignit les mains, sa voix se fit ardente :
– Je vous aime. Vous êtes mon premier amour. Vous êtes mon unique amour. Vous êtes celle que j’attendais. Vous êtes celle que j’espérais. Que de fois j’ai prononcé le mot amour ! Et combien il était vide de sens !... Que de fois j’ai dit : Je t’aime ! Et combien mes lèvres mentaient ! Ou plutôt, comme elles se trompaient !... Savais-je, alors, ce que c’est qu’aimer ? Comment l’aurais-je su puisque c’est vous que j’attendais ! Tout ce que j’ai dit à Christa, c’est à vous, à vous seule que je le disais. Mes yeux la voyaient, et c’est vous que mon cœur cherchait. Quand je voyais Christa, j’étais heureux, certes, mais dès qu’elle prononçait votre nom adoré, je me sentais mourir d’amour, un étrange frisson me faisait palpiter tout entier, et bientôt j’ai dû reconnaître la douce et terrible vérité : à travers Christa, c’est Léonor, ah ! c’est Léonor seule que j’adorais, c’est aux pieds de Léonor que je jetais mon cœur !...
Un fugitif sourire passa sur sa physionomie lorsqu’il prononça cette phrase maintes fois répétée à d’autres. Il sortit de la sincérité avec la même soudaineté qu’il y était entré... il redevint don Juan... le sophisme jaillit :
– La morale des hommes ne peut ni me comprendre, ni me pardonner. Les conventions établies me condamnent. Mais mon amour se hausse au-dessus de toute morale. Mon amour est ce qu’il est. Mon amour fût-il même criminel, que puis-je contre sa puissance ? Répondez-moi, Léonor !... Quoi !... Pas un mot ?... Pas un regard ?... Un seul mot... M’écoutez-vous ?... M’entendez-vous ?...
Il fit un pas encore.
La passion lui montait au cerveau avec de soudaines pensées de violence. Don Juan ! Il était don Juan, maître de l’amour, maître des femmes ! Il se reprochait d’avoir humilié don Juan. Il s’affirmait que la manière supp...

Table des matières

  1. Pages de titre
  2. I
  3. II
  4. III
  5. IV
  6. V
  7. VI
  8. VII
  9. VIII
  10. IX
  11. X
  12. XI
  13. XII
  14. XIII
  15. XIV
  16. XV
  17. XVI
  18. XVII
  19. XVIII
  20. XIX
  21. XX
  22. XXI
  23. XXII
  24. XXIII
  25. XXIV
  26. XXV
  27. XXVI
  28. XXVII
  29. XXVIII
  30. XXIX
  31. XXX
  32. XXXI
  33. XXXII
  34. XXXIII
  35. XXXIV
  36. XXXV
  37. XXXVI
  38. XXXVII
  39. XXXVIII
  40. XXXIX
  41. Page de copyright