
- 259 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
L'orgue de Barbarie
À propos de ce livre
- Le tilbury de monsieur Anatole est prêt! dit le valet d'écurie en se montrant au seuil du petit salon, tortillant avec gaucherie son bonnet rayé dans ses doigts.- Eh bien, répondit M. Anatole, mets la couverture à mon cheval pour qu'il ne s'enrhume pas. Je perds trop d'argent pour m'en aller comme ça.Ceci se passait un samedi soir, jour de marché, à l'hôtel du Léopard, à Auxerre, dans un petit salon situé à gauche dans la cour, et dans lequel une demi-douzaine de jeunes gens buvaient du punch et jouaient au lansquenet.Les choses se passaient ainsi à peu près tous les samedis. Quelques jeunes gens des châteaux voisins se rencontraient à l'hôtel du Léopard.
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Informations
XXXV
– Eh bien ! monsieur Anatole, disait le Héron en se frottant les mains, voilà que ça y est, tout à l’heure.
– Hum ! répondit M. Anatole, tout va bien, c’est vrai, mais rien n’est fini.
– Dans trois semaines au plus tard nous serons de noces pourtant.
Anatole fronçait le sourcil.
– Je crains mon oncle, dit-il.
– Le commandant !
– Oui.
– Oh ! c’te bêtise ! fit le Héron avec étonnement.
– Tu verras. Au dernier moment, le vieux ne voudra pas, et s’il pouvait sortir de sa chambre et si on le tenait au courant de ce qui se passe, il nous ferait quelque tour, dit encore M. Anatole.
Le Héron l’écoutait avec étonnement.
Or, cette conversation plus étonnante encore, si on se souvient des derniers événements, avait lieu au pied même de cet arbre dont la branche creuse avait servi de boîte aux lettres, et le vaurien et son complice, assis sur le pan de mur, leurs fusils entre les jambes, s’étaient arrêtés là pour se reposer sans doute, car on était en plein jour, et il n’était pas probable qu’ils s’y fussent donné quelque mystérieux rendez-vous comme autrefois.
Nous disons autrefois, car ce n’était pas précisément le lendemain des événements que nous racontions naguère, et qui avaient eu pour dénouement la disparition de Jean de Mauroy dans les flots de l’Yonne, et l’entrée de Mlle Josèphe de Perne au couvent des carmélites.
Il s’était écoulé près de deux années, c’est-à-dire que Jean de Mauroy s’était jeté dans l’Yonne à la fin d’octobre de l’autre année, et que maintenant, à l’heure où le Héron et M. Anatole échangeaient les quelques mots que nous venons de rapporter, on était aux premiers jours de septembre et au surlendemain de l’ouverture de la chasse.
Le Héron paraissait satisfait et parlait du prochain mariage de M. Anatole.
Avec qui donc ? Josèphe n’était-elle pas au couvent ?
Il me faut donc, pour rendre compréhensibles les dernières paroles du Héron, raconter sommairement ce qui s’était passé durant ces deux années.
On a écrit une foule de livres dans lesquels les portes d’un cloître se referment et ne se rouvrent jamais pour les cœurs meurtris ; on a volontiers dépeint les supérieurs de couvents comme encourageant plus que de raison ces vocations instantanées qui sont l’œuvre du désespoir.
Ceux qui ont écrit cela étaient-ils bien renseignés ? Nous n’en savons rien ; mais nous allons vous dire ce qui se passa pour Mlle Josèphe de Perne.
Comme elle l’avait écrit à Jean de Mauroy, la jeune fille était partie du château de Pré-Gilbert en pleine nuit, et elle était arrivée à Auxerre avant le jour.
Le couvent des Carmélites se trouvait à la porte des Glainies et à l’extrémité de la rue de ce nom.
Pendant tout le voyage, Josèphe avait pleuré abondamment, au point que le petit groom qui conduisait la voiture en avait le cœur brisé, bien qu’il ne pût deviner la cause de ce subit désespoir.
À la porte du couvent, Josèphe l’avait renvoyé, et il s’en était allé sans avoir essayé de la dissuader de cette résolution extrême.
Bien que le jour fût loin encore, les saintes filles étaient levées et priaient à la chapelle.
Josèphe attendit au parloir que la supérieure pût la recevoir.
La supérieure se nommait sœur Marthe ; c’était une femme de grande naissance que l’amour de Dieu avait jetée à vingt ans dans le cloître et qui n’en était jamais sortie.
Elle écouta Josèphe, elle se fit la confidente de son désespoir, puis elle lui dit qu’elle n’avait pas le droit de la recevoir, que son père, le baron de Perne, n’eût donné son consentement.
Et Josèphe courba la tête devant cette femme en cheveux blancs qui plaçait au-dessus de tous les devoirs, le devoir filial.
Elle resta au couvent ce jour-là ; mais dans la soirée M. de Perne, prévenu par la supérieure, arriva tout en larmes.
Il se jeta aux genoux de sa fille, il pleura et supplia, et Josèphe consentit à retourner à Pré-Gilbert.
Pendant une année tout entière, la pauvre fille, vêtue de noir, avait vécu renfermée.
Si parfois elle sortait à la nuit tombante, c’était pour aller porter ses consolations aux pauvres et aux malades.
M. de Perne respectait cette douleur profonde ; mais il espérait que le temps finirait par en triompher.
Jean de Mauroy n’avait plus reparu.
Un pâtre qui gardait ses chèvres sur le coteau avait été témoin de la catastrophe, et soutenait qu’il s’était noyé.
Cependant on n’avait jamais retrouvé son corps, et comme on n’avait pu dresser son acte de décès, l’autorité avait mis ses biens sous le séquestre et les faisait administrer. Mais pour M. de Perne, pour Josèphe, Jean de Mauroy était mort.
Au bout d’un an, le désespoir de Josèphe s’était changé en une profonde mélancolie ; réfugiée dans l’amour de Dieu, elle vivait pour son père, et s’était fait le serment de retourner au couvent quand elle l’aurait perdu, car M. de Perne avait vieilli de dix années en quelques mois ; ses cheveux avaient blanchi, et la douleur de sa fille devenue sa propre douleur s’augmentait encore de cette pensée que Josèphe ne consentirait jamais à se marier et que sa postérité s’éteindrait.
Cependant, au mois d’avril de l’année suivante, un événement, était survenu qui avait modifié la face des choses.
Josèphe et son père se promenaient en voiture, un soir, sur la route de Pré-Gilbert à Vermenton.
Ils étaient dans un léger tilbury, attelé d’un cheval fringant, récemment acheté.
Il y avait eu foire à Cravant et la route était littéralement couverte de charrettes, de piétons, de troupeaux de bœufs et de moutons.
Le tilbury se trouva tout à coup au milieu d’une trentaine de bœufs que conduisait à grand-peine un boucher d’Avallon escorté de ses deux chiens.
M. de Perne modérait le plus possible l’allure du cheval, qui commençait à s’effrayer, lorsque l’animal reçut un coup de corne.
Alors il s’effraya, s’emporta, brisa les harnais et s’élança sur une pente rapide au bout de laquelle la route avait un tournant assez brusque.
Le tournant dominait un précipice ; quelques pas encore et le cheval, fou de douleur et d’effroi, sautait la rampe avec le tilbury, et c’était la mort pour le baron et sa fille.
Josèphe fit un signe de croix et recommanda son âme à Dieu ; le baron jeta un cri :
– Ma fille !
Soudain une détonation se fit entendre, et le cheval s’abattit.
De l’autre côté de la route, un chasseur, perché sur un rocher, avait vu le danger, et, avec une merveilleuse adresse et un prodigieux sang-froid, à quatre-vingts pas de distance, il avait envoyé une balle au cheval et lui avait cassé la tête.
Il était temps !
Le cheval était tombé à deux mètres du tournant, et le baron et sa fille, échappés ainsi miraculeusement à la mort, en avaient été quittes pour quelques contusions.
Ce chasseur n’était autre que M. Anatole, et, cette fois, le hasard seul s’était mis dans son jeu. Le Héron n’y était pour rien...
Ce qui s’était passé, on le devine.
M. Anatole savait assez bien son métier de don Juan.
Il était descendu du haut des rochers, avait aidé le baron et sa fille à se relever, avait accepté avec une réserve pleine de dignité leurs remerciements, et s’était retiré ensuite avec une discrétion parfaite.
Le lendemain, il avait reçu du baron une lettre de chaleureux remerciements.
Le baron s’excusait de ne le point aller voir, disant que la froideur qui régnait depuis plus de vingt ans entre son frère et lui lui interdisait l’accès de la Bertaudière ; mais il ajoutait que si les hasards de la chasse amenaient M. Anatole aux environs du château de Pré-Gilbert, il serait heureux de recevoir sa visite.
M. Anatole, en homme habile, n’avait point brusqué les choses.
Il avait mis huit jours pleins entre l’événement qui l’avait posé en sauveur et sa première visite.
Puis il s’était présenté un soir, à cette heure crépusculaire qu’on nomme entre chien et loup, bien certain de rencontrer le père et la fille.
Le baron l’avait accueilli avec une urbanité affectueuse.
Il était évident qu’il acceptait la légende universelle dans le pays, et tout en se gardant de lui donner un nom qu’il n’avait pas le droit de porter, il l’avait à plusieurs reprises appelé « son cher enfant. »
Josèphe, dont l’âme s’était détachée de la terre, avait revu son cousin avec une grâce triste, où perçait sa reconnaissance.
Le vaurien, nous l’avons dit, était joli garçon. En outre, il savait imprimer à son visage un reflet de mélancolie qui avait charmé M. de Perne.
Il avait parlé de son oncle en évitant de lui donner ce nom, et en se servant constamment de celui de bienfaiteur.
Enfin, il avait paru déplorer la brouille des deux frères et, par une phrase habilement tournée, il avait laissé entendre à M. de Perne qu’il renoncerait volontiers en faveur de Josèphe à une certaine partie de l’héritage du commandant.
M. de Perne était un homme naïf et chevaleresque ; il se laissait facilement séduire par ces apparences de loyauté et de simplicité.
Quand M. Anatole fut parti, il n’hésita pas à déclarer qu’il le trouvait charmant.
– Quel dommage ! pensa-t-il en regardant du coin de l’œil la pauvre fille qui semblait se mourir lentement, quel dommage que ce soit un bâtard, et le bâtard de mon frère ! Il aurait peut-être consolé ma Josèphe et effacé le souvenir toujours vivant de Jean de Mauroy.
Ce regret était comme une transaction entre la fierté du gentilhomme et la douleur du père.
Il se passa un grand mois sans que M. Anatole reparût.
Josèphe ne parlait jamais de lui. M. Anatole et le monde entier ne lui étaient-ils pas indifférents ?
En revanche, le baron en parlait quelquefois, et même il en demandait des nouvelles au Héron,...
Table des matières
- Pages de titre
- I
- II
- III
- IV
- V
- VI
- VII
- VIII
- IX
- X
- XI
- XII
- XIII
- XIV
- XV
- XVI
- XVII
- XVIII
- XIX
- XX
- XXI
- XXII
- XXIII
- XXIV
- XXV
- XXVI
- XXVII
- XXVIII
- XXIX
- XXX
- XXXI
- XXXII
- XXXIII
- XXXIV
- XXXV
- XXXVI
- XXXVII
- XXXVIII
- XXXIX
- XL
- XLI
- XLII
- XLIII
- XLIV
- XLV
- XLVI
- XLVII
- XLVIII
- XLIX
- L
- LI
- LII
- LIII
- LIV
- LV
- LVI
- LVII
- LVIII
- LIX
- LX
- LXI
- LXII
- LXIII
- LXIV
- Page de copyright