
- 370 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Baccara
À propos de ce livre
En bon père de famille soucieux du bien-être de sa progéniture, monsieur Adeline cherche une situation qui lui permettra de gagner l'argent nécessaire au mariage de sa fille. Aussi, lorsque Constant Adeline débarque à Paris, sa figure respectable en fait la victime idéale de Frédéric et Raphaëlle. Les deux compères comptent bien abuser de sa bonne volonté en lui proposent de devenir président d'un cercle de jeu: Le Grand International. L'honnêteté, la candeur et l'intégrité bien établie de M. Adeline servira de vitrine à leurs tricheries et diverses manigances. Mais quand les masques seront tombés, M. Adeline pourra-t-il duper sa propre conscience? Le gentilhomme saura-t-il refuser les compromissions et les sommes providentielles?
Foire aux questions
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Informations
I
En racontant à sa femme qu’il avait rencontré chez son collègue le
comte de Cheylus, ce vicomte de Mussidan, ce charmant homme du
monde qui s’était trouvé là si à propos pour lui prêter cinquante
mille francs, Adeline n’avait pas tout à fait dit la vérité.
En réalité, ce n’était point chez M. de Cheylus qu’il
avait fait cette rencontre, c’était chez Raphaëlle, la maîtresse de
ce collègue. Mais ce petit arrangement était pour lui sans
conséquence. À quoi bon parler de Raphaëlle à une honnête femme qui
ne savait rien de la vie parisienne ? Elle aurait pu se
tourmenter, se demander dans quel monde vivait son mari ! Il
aurait fallu des explications, des histoires à n’en plus finir. On
ne peut pas demander à une bonne bourgeoise d’Elbeuf des idées qui
ne sont ni de son éducation ni de son milieu. Elle n’aurait jamais
compris qu’un député invitât ses amis chez sa maîtresse, et qu’il
se trouvât des amis – alors surtout que c’étaient des députés –
pour accepter cette invitation ; la province a sur les
maîtresses et sur les députés des opinions qu’il est bon de laisser
intactes. Que serait l’existence d’une femme de député restant dans
sa ville, si elle pouvait supposer que son mari ne se nourrit pas
exclusivement de politique ; s’il fait des farces, ce ne peut
être qu’à la buvette, et s’il caquette, ce ne peut être qu’avec les
amies arrivant de son arrondissement pour lui demander une bonne
place de tribune.
Si Adeline allait parfois chez Raphaëlle, il ne faisait qu’imiter
plusieurs de ses collègues qui, pas plus que lui, ne se trouvaient
embarrassés à la table d’une ancienne cocotte. Bien au contraire,
on était là plus à son aise, on faisait meilleure chère, on
s’amusait plus que dans beaucoup d’autres maisons. En somme, qui
les invitait ? Le comte. C’était donc chez le comte qu’ils
dînaient. Il ne serait venu à l’idée d’aucun d’eux que ce n’était
pas le comte qui payait le loyer de cette aimable maison où ils
étaient si bien reçus, et qui payait aussi cette bonne chère. Le
comte était veuf, il recevait chez sa maîtresse, il aurait fallu un
excès de puritanisme pour s’en fâcher.
À la vérité, ceux qui connaissaient leur Paris savaient que depuis
longtemps déjà le comte de Cheylus n’était pas en état d’entretenir
le train de maison d’une femme comme Raphaëlle, mais tous les
députés qui connaissent à fond les dessous de la politique
française et étrangère n’ont pas pénétré aussi profondément les
dessous de la vie parisienne : ceux que
M. de Cheylus invitait, en les choisissant d’ailleurs
avec soin, voyaient ce qu’on leur montrait une maison agréable, une
femme qui, pour n’être plus jeune, n’en conservait pas moins
d’assez beaux restes et, ce qui valait mieux encore, une vieille
célébrité, et ils n’en demandaient pas davantage : chez qui
irait-on si l’on ne se contentait pas des apparences ?
D’ailleurs on ne refusait pas le comte de Cheylus, qui était
l’homme le plus aimable du monde et n’avait pas d’autre souci que
de plaire à tous, amis comme adversaires, et même à ses adversaires
plus encore qu’à ses amis peut-être. Préfet sous l’empire, il avait
administré les départements par où il avait successivement passé
avec de bonnes paroles, des sourires, des promesses, des
compliments, des poignées de main et des banquets à toute occasion.
Et quand, après vingt années de ce régime, la chute de son
gouvernement l’avait mis à bas, il s’était trouvé un de ces
arrondissements où les maires, les conseillers municipaux, les
curés, les pompiers, les orphéonistes, les fanfaristes, tous ceux
enfin qui l’avaient approché, étant restés ses amis, l’avaient
envoyé à la Chambre en dehors de toute opinion politique ? Que
leur importait à lui et à eux la politique, il les avait convertis
à son système : « Il n’y a pas d’opinion, il n’y a que
des intérêts. » À la Chambre il avait continué ses sourires,
ses amabilités, ses bonnes paroles ; bien avec son parti, très
bien avec ses ennemis, ce n’était pas lui qui faisait du boucan ou
qui se laissait emporter par la passion : la main toujours
tendue ; et « mon cher collègue » plein la bouche,
même avec ceux qui essayaient de le regarder du haut de leur
austérité ou de leur mépris et qu’il finissait par adoucir.
« Mon cher collègue, soyez donc assez aimable pour venir dîner
avec moi lundi prochain. »
Comment supposer qu’« avec moi » ne voulait pas dire chez
moi, alors qu’on arrivait de province, et que jusqu’au jour
bienheureux où les électeurs vous avaient envoyé à Paris, on avait
été l’honneur du barreau de Carpentras ou la gloire de la fabrique
elbeuvienne ? On savait que depuis longtemps le comte de
Cheylus était ruiné, mais puisqu’il donnait de bons dîners, c’est
qu’il avait le moyen de les payer. On se disait qu’il y a ruine et
ruine. Et la conclusion qu’on faisait pour les dîners, on la
faisait pour la maîtresse.
Quelle surprise si un Parisien de Paris avait révélé la vérité,
toute la vérité à ces honnêtes convives.
C’était vingt ans auparavant que le comte de Cheylus avait fait la
connaissance de Raphaëlle, alors dans toute sa splendeur, et au
mieux avec le duc de Naurouse, le prince Savine, Poupardin, de la
Participation Poupardin, Allen et Cie, le prince de Kappel,
en un mot avec toute la bohème tapageuse de cette époque ;
pour lui il n’était pas moins brillant, riche, bien en cour, en
passe de devenir un personnage dans l’État. Lorsqu’ils s’étaient
retrouvés, le comte avait dissipé toute sa fortune et il n’était
plus qu’un simple député, sans aucune influence même dans son
parti, où personne ne le prenait au sérieux ; quant à
Raphaëlle, si elle n’était pas ruinée, au moins avait-elle laissé
dévorer par des spéculations aventureuses la plus grosse part de ce
que son âpreté célèbre dans le monde de la galanterie lui avait
fait gagner, et sur elle plus encore que sur le comte ces vingt ans
avaient lourdement marqué leur passage : la maigriotte
Parisienne s’était alourdie et épaissie, ses yeux rieurs s’étaient
durcis, sa physionomie gaie et expressive toujours ouverte,
toujours en mouvement, s’était immobilisée, les teintures avaient
desséché les cheveux, les blancs, les rouges, les bleus avaient
tanné la peau.
Mais en fait de beauté féminine les yeux sont esclaves des
oreilles, et la tradition les rend aveugles à la réalité :
quand pendant dix ans on a été la belle madame X... ou la charmante
mademoiselle Z... pour les journaux et le monde, on a bien des
chances pour l’être pendant vingt-cinq ou trente ; il n’y a
pas de raisons pour que ça finisse ; il faut des catastrophes
pour casser les lunettes qu’on s’est laissé mettre sur le nez. Cela
s’était produit pour Raphaëlle, en qui M. de Cheylus
n’avait vu que « la charmante Raphaëlle » d’autrefois.
Elle comptait encore dans « tout Paris » ; on
parlait d’elle ; les journaux citaient son nom dans les
soirées théâtrales, on pouvait se montrer avec elle alors surtout
qu’on n’avait pas d’autre fortune que la maigre allocation d’un
député. Assurément, si elle lui revenait, ce n’était point par
intérêt, et cette conviction ne pouvait que chatouiller la vanité
d’un vieux beau : une femme comme elle acceptant un amant de
soixante-huit ans, sans le sou, montrait qu’elle se connaissait en
hommes, voilà tout ; et vraiment il ne pouvait que lui être
reconnaissant de cette preuve de goût.
– Amant de cœur à soixante-huit ans, hé ! hé ! il
n’était donc pas si déplumé !
Son ennui était de ne pouvoir pas le crier sur les toits ;
mais l’orgueil de l’homme ruiné l’emportait sur la fatuité du
triomphateur ; de là sa formule d’invitation à ses chers
collègues – « avec moi ».
Elle était réellement une providence pour lui, cette bonne fille,
et près d’elle il retrouvait dans son désastre un peu des
satisfactions de son ancienne existence : un intérieur à la
mode, une table bien servie et une femme, une maîtresse aussi
élégante que celles qu’il avait aimées autrefois.
Et ce qu’il y avait d’admirable dans cette femme dont la réputation
d’âpreté au gain s’était cependant établie sur tant de ruines,
c’est qu’elle ne voulait rien accepter de lui. Deux ou trois fois
il avait essayé d’employer en cadeaux les quelques louis que les
chances d’un écarté heureux avaient mis dans sa poche, et elle les
avait toujours refusés.
– Non, mon ami, je veux qu’entre nous il n’y ait même pas
l’apparence de l’intérêt : une fleur quand vous voudrez, tant
que vous voudrez, mais rien qu’une fleur.
Et il avait d’autant mieux cru à la fleur qu’une fois elle lui
avait demandé quelque chose, encore ne s’agissait-il que d’une
démarche, d’un acte de complaisance et de bonne amitié.
L’affaire était des plus simples et telle qu’on ne pouvait pas la
refuser à son influence : elle consistait à obtenir du préfet
de police l’autorisation d’ouvrir un nouveau cercle, dont le besoin
se faisait vraiment sentir ; il serait facile de le démontrer.
Bien entendu, ce n’était pas pour elle qu’elle demandait cette
autorisation. Qu’en ferait-elle ? Dieu merci, il lui restait
assez pour vivre, et elle ne tenait pas à gagner de l’argent ;
à quoi bon le superflu, quand on a le nécessaire ? Elle était
revenue de ses ambitions d’autrefois, car c’est le propre des
bonnes natures de s’améliorer en vieillissant.
C’était pour un jeune homme, un fils de grande famille, le vicomte
Frédéric de Mussidan, dont la sœur avait épousé Ernest Faré,
l’auteur dramatique. Dans cette demande il n’y avait pas que du
désintéressement, il y avait aussi un intérêt personnel qui la
faisait insister : si elle obtenait cette autorisation, Faré,
reconnaissant du service qu’elle aurait rendu à son beau-frère
pauvre, lui donnerait un rôle dans sa pièce nouvelle ; elle
rentrerait au théâtre par une création importante, et aurait ainsi
la joie de voir ses anciennes amies crever d’envie. Quant à lui,
comte de Cheylus, pourquoi n’accepterait-il pas la présidence de ce
cercle qui serait administré avec la plus rigoureuse
délicatesse ? cela lui vaudrait une vingtaine de mille francs
bons à prendre.
Elle n’eût point parlé de ces vingt mille francs qu’il eût fait la
démarche qui lui était demandée, il lui devait bien ça, à la bonne
fille ; mais les vingt mille francs donnèrent à sa parole une
conviction et une chaleur qui ordinairement lui manquaient ce
n’était plus le sceptique qui se moquait de lui-même et
accompagnait des discours les plus pathétiques d’un sourire
railleur : « Vous savez qu’au fond tout cela m’est bien
égal, qu’il ne faut pas le prendre au sérieux plus que moi, et que
vous n’en ferez que ce que vous voudrez. »
Jamais il n’avait été aussi éloquent, aussi persuasif, aussi
entraînant que lorsqu’il présenta la demande à son ami le préfet de
police, « à son cher préfet ».
– Un cercle dont vous seriez le président, mon cher député,
n’auriez-vous pas peur que votre bienveillance et votre indulgence
le laissassent bien vite tourner au tripot ?
– Pas plus que les autres.
– C’est qu’il y en a déjà bien assez, de ces autres.
Malgré ses instances, son éloquence, sa diplomatie, malgré ses
retours, il n’avait rien pu obtenir.
C’était alors que les sentiments de Raphaëlle s’étaient affirmés
dans toute leur beauté, et que son désintéressement avait éclaté –
aux yeux de M. de Cheylus. Il s’attendait à des reproches
ou tout au moins à du mécontentement ; non seulement elle
n’avait pas formulé le plus léger reproche, non seulement elle
n’avait pas montré de mécontentement, mais encore c’était ce
jour-là même qu’elle l’avait prié d’inviter quelques-uns de ses
amis à venir dîner le lundi chez elle.
– Ici n’êtes-vous pas chez vous ?
C’est qu’il n’était pas dans le caractère de Raphaëlle de se
laisser jamais emporter par la colère ou la fâcherie, ni de
compromettre ses intérêts.
Or, il y avait intérêt pour elle – un intérêt capital – à obtenir
cette autorisation, et là où le comte de Cheylus, sur qui elle
avait eu la simplicité de compter, échouait, d’autres réussiraient,
– il lui amènerait ces autres, et, en les étudiant à sa table, elle
choisirait celui qui serait en situation d’enlever de haute main
cette autorisation sans craindre de se la voir refuser.
L’année précédente, à Biarritz, dans un cercle qu’elle dirigeait
avec un ancien lutteur appelé Barthelasse, elle avait fait la
connaissance du vicomte de Mussidan, que le malheur des temps et
l’injustice du sort avaient fait échouer là comme croupier. Il
était jeune, il était beau, il était noble, elle l’avait aimé, et
elle s’était laissée affoler par l’envie de se faire épouser.
Vicomtesse de Mussidan ! Quel rêve, quand de son vrai nom on
s’appelle Françoise Hurpin, et qu’on a donné une notoriété vraiment
trop tapageuse à celui de Raphaëlle ! Deux de ses anciennes
amies enrichies avaient épousé vieilles des jeunes gens, mais
aucune n’avait pu se payer un vicomte. Elle avait eu des princes,
des ducs, un fils de roi pour amants, mais ils ne lui avaient pas
donné leur nom.
Dans l’état de détresse où se trouvait le vicomte de Mussidan, il
semblait qu’il dut se laisser épouser par une femme qui le tirerait
de la misère ; mais quand elle avait adroitement abordé la
question du mariage, il avait commencé par ne pas comprendre ;
puis, quand elle avait précisé de façon à ce qu’il lui fût
impossible de s’échapper, il avait nettement répondu par la
question de fortune.
– Qu’apportait-elle en mariage ?
Tout compte fait, il s’était trouvé que cette fortune ne suffirait
pas à la vie qu’il entendait mener.
Elle s’était désespérée, et, comme il était bon prince, il l’avait
consolée.
– Il n’y avait qu’à la doubler, qu’à la tripler, cette
fortune ; le moyen était en somme, assez facile : elle
avait des relations ; qu’elle obtint pour lui l’autorisation
d’ouvrir un cercle à Paris, et ils ne tarderaient pas, associés
elle et lui, tous deux dans la coulisse, à gagner ce qui leur
manquait. Alors ils se marieraient comme deux honnêtes fiancés qui
ont travaillé pour leur dot.
II
C’était dans les dîners auxquels l’invitait « son cher collègue » qu’Adeline avait fait la connaissance du vicomte de Mussidan, l’homme du monde le plus affable et le plus aimable qu’il eût jamais rencontré, Comment, dans ce jeune homme élégant et distingué, d’une politesse exquise, de grandes manières, reconnaître « Frédéric », l’ancien croupier de Barthelasse ? Personne n’en aurait eu l’idée, alors même qu’on l’aurait entendu prononcer les mots sacramentels : « Messieurs, faites votre jeu ; le jeu est fait », qui d’ailleurs ne lui échappaient point, car on ne jouait pas chez Raphaëlle.
Ils étaient fort agréables, ces dîners, où, à l’exception du vicomte de Mussidan et du père de la maîtresse de la maison, un ancien militaire de belle prestance et décoré, on ne rencontrait que des collègues avec lesquels on continuait les conversations commencées au Palais-Bourbon ; aussi était-il rare que les invitations de M. de Cheylus ne fussent pas acceptées avec empressement : c’était avenue d’Antin, à deux pas de la Chambre, que demeurait Raphaëlle ; en sortant après la séance, on était tout de suite chez elle ; et le soir, après le dîner, une promenade sous les arbres des Champs-Élysées, avant de rentrer chez soi, aidait la digestion des bonnes choses qu’on avait mangées et des bons vins qu’on avait bus.
Car on mangeait de bonnes choses dans cette maison hospitalière, et même on n’y mangeait que de très bonnes choses. Pendant qu’il était préfet de la Gironde, M. de Cheylus s’était fait de nombreux amis dans son département, et ceux-ci...
Table des matières
- Pages de titre
- Première partie
- I
- II
- III
- IV
- V
- VI
- VII
- VIII
- IX
- X
- Deuxième partie
- I - 1
- II - 1
- III - 1
- IV - 1
- V - 1
- VI - 1
- VII - 1
- VIII - 1
- IX - 1
- Troisième partie
- I - 2
- II - 2
- III - 2
- IV - 2
- V - 2
- VI - 2
- VII - 2
- VIII - 2
- IX - 2
- X - 1
- XI
- XII
- XIII
- XIV
- XV
- XVI
- XVII
- XVIII
- XIX
- Quatrième partie
- I - 3
- II - 3
- III - 3
- IV - 3
- V - 3
- Page de copyright