Les Filles du Feu
eBook - ePub

Les Filles du Feu

GĂ©rard de Nerval

Partager le livre
  1. 306 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Les Filles du Feu

GĂ©rard de Nerval

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

En publiant en 1854 Les Filles du feu, Nerval propose un recueil qui associe tous les genres, qui décline l'identité du sujet narratif selon chacune de ses vies imaginaires, et qui, en s'ouvrant virtuellement sur Aurélia et en se refermant sur les ChimÚres, épouse la logique romantique de l'oeuvre fragmentaire.

Foire aux questions

Comment puis-je résilier mon abonnement ?
Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Puis-je / comment puis-je télécharger des livres ?
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Quelle est la différence entre les formules tarifaires ?
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Qu’est-ce que Perlego ?
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Prenez-vous en charge la synthÚse vocale ?
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Est-ce que Les Filles du Feu est un PDF/ePUB en ligne ?
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  Les Filles du Feu par GĂ©rard de Nerval en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Literature et Historical Fiction. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Books on Demand
Année
2019
ISBN
9782322038312
Édition
1

Angélique

1re lettre Ă  M. L.D.

Voyage Ă  la recherche d’un livre unique. – Francfort et Paris. – L’abbĂ© de Bucquoy. – Pilat Ă  Vienne. – La bibliothĂšque Richelieu. – PersonnalitĂ©s. – La bibliothĂšque d’Alexandrie.
En 1851, je passais Ă  Francfort. – ObligĂ© de rester deux jours dans cette ville, que je connaissais dĂ©jĂ , – je n’eus d’autre ressource que de parcourir les rues principales, encombrĂ©es alors par les marchands forains. La place du RƓmer, surtout, resplendissait d’un luxe inouĂŻ d’étalages ; et prĂšs de lĂ , le marchĂ© aux fourrures Ă©talait des dĂ©pouilles d’animaux sans nombre, venues soit de la haute SibĂ©rie, soit des bords de la mer Caspienne. – L’ours blanc, le renard bleu, l’hermine, Ă©taient les moindres curiositĂ©s de cette incomparable exhibition ; plus loin, les verres de BohĂȘme aux mille couleurs Ă©clatantes, montĂ©s, festonnĂ©s, gravĂ©s, incrustĂ©s d’or, s’étalaient sur des rayons de planches de cĂšdre, – comme les fleurs coupĂ©es d’un paradis inconnu.
Une plus modeste sĂ©rie d’étalages rĂ©gnait le long de sombres boutiques, entourant les parties les moins luxueuses du bazar, – consacrĂ©es Ă  la mercerie, Ă  la cordonnerie et aux divers objets d’habillement. C’étaient des libraires, venus de divers points de l’Allemagne, et dont la vente la plus productive paraissait ĂȘtre celle des almanachs, des images peintes et des lithographies : le Wolks-Kalender (Almanach du peuple), avec ses gravures sur bois, – les chansons politiques, les lithographies de Robert Blum et des hĂ©ros de la guerre de Hongrie, voilĂ  ce qui attirait les yeux et les hreutzers de la foule. Un grand nombre de vieux livres, Ă©talĂ©s sous ces nouveautĂ©s, ne se recommandaient que par leurs prix modiques, – et je fus Ă©tonnĂ© d’y trouver beaucoup de livres français.
C’est que Francfort, ville libre a servi longtemps de refuge aux protestants ; – et, comme les principales villes des Pays-Bas, elle fut longtemps le siĂšge d’imprimeries qui commencĂšrent par rĂ©pandre en Europe les Ɠuvres hardies des philosophes et des mĂ©contents français, – et qui sont restĂ©es, sur certains points, des ateliers de contrefaçon pure et simple, qu’on aura bien de la peine Ă  dĂ©truire.
Il est impossible, pour un Parisien, de rĂ©sister au dĂ©sir de feuilleter de vieux ouvrages Ă©talĂ©s par un bouquiniste. Cette partie de la foire de Francfort me rappelait les quais, – souvenir plein d’émotion et de charme. J’achetai quelques vieux livres, – ce qui me donnait le droit de parcourir longuement les autres. Dans le nombre, j’en rencontrai un, imprimĂ© moitiĂ© en français, moitiĂ© en allemand, et dont voici le titre, que j’ai pu vĂ©rifier depuis dans le Manuel du Libraire de Brunet :
« ÉvĂšnement des plus rares, ou Histoire du sieur abbĂ© comte de Bucquoy singuliĂšrement son Ă©vasion du Fort-l’ÉvĂȘque et de la Bastille, avec plusieurs ouvrages vers et prose, et particuliĂšrement la game des femmes, se vend chez Jean de la France, rue de la RĂ©forme, Ă  l’EspĂ©rance, Ă  Bonnefoy. – 1749. »
Le libraire m’en demanda un florin et six kreutzers (on prononce cruches). Cela me parut cher pour l’endroit, et je me bornai Ă  feuilleter le livre, – ce qui, grĂące Ă  la dĂ©pense que j’avais dĂ©jĂ  faite, m’était gratuitement permis. Le rĂ©cit des Ă©vasions de l’abbĂ© de Bucquoy Ă©tait plein d’intĂ©rĂȘt ; mais je me dis enfin : je trouverai ce livre Ă  Paris, aux bibliothĂšques, ou dans ces mille collections oĂč sont rĂ©unis tous les mĂ©moires possibles relatifs Ă  l’histoire de France. Je pris seulement le titre exact, et j’allai me promener au Meinlust, sur le quai du Mein, en feuilletant les pages du Wolks-Kalender.
À mon retour Ă  Paris, je trouvai la littĂ©rature dans un Ă©tat de terreur inexprimable. Par suite de l’amendement Riancey Ă  la loi sur la presse, il Ă©tait dĂ©fendu aux journaux d’insĂ©rer ce que l’assemblĂ©e s’est plu Ă  appeler le feuilleton-roman. J’ai vu bien des Ă©crivains, Ă©trangers Ă  toute couleur politique, dĂ©sespĂ©rĂ©s de cette rĂ©solution qui les frappait cruellement dans leurs moyens d’existence.
Moi-mĂȘme, qui ne suis pas un romancier, je tremblais en songeant Ă  cette interprĂ©tation vague, qu’il serait possible de donner Ă  ces deux mots bizarrement accouplĂ©s : feuilleton-roman, et pressĂ© de vous donner un titre, j’indiquai celui-ci : l’AbbĂ© de Bucquoy, pensant bien que je trouverais trĂšs vite Ă  Paris les documents nĂ©cessaires pour parler de ce personnage d’une façon historique et non romanesque, – car il faut bien s’entendre sur les mots.
Je m’étais assurĂ© de l’existence du livre en France, et je l’avais vu classĂ© non seulement dans le manuel de Brunet, mais aussi dans la France littĂ©raire de QuĂ©rard. – Il paraissait certain que cet ouvrage notĂ©, il est vrai, comme rare, se rencontrerait facilement soit dans quelque bibliothĂšque publique, soit encore chez un amateur, soit chez les libraires spĂ©ciaux.
Du reste, ayant parcouru le livre, – ayant mĂȘme rencontrĂ© un second rĂ©cit des aventures de l’abbĂ© de Bucquoy dans les lettres si spirituelles et si curieuses de madame Dunoyer, – je ne me sentais pas embarrassĂ© pour donner le portrait de l’homme et pour Ă©crire sa biographie selon des donnĂ©es irrĂ©prochables.
Mais je commence Ă  m’effrayer aujourd’hui des condamnations suspendues sur les journaux pour la moindre infraction au texte de la loi nouvelle. Cinquante francs d’amende par exemplaire saisi, c’est de quoi faire reculer les plus intrĂ©pides : car, pour les journaux qui tirent seulement Ă  vingt-cinq mille, – et il y en a plusieurs, – cela reprĂ©senterait plus d’un million. On comprend alors combien une large interprĂ©tation de la loi donnerait au pouvoir de moyens pour Ă©teindre toute opposition. Le rĂ©gime de la censure serait de beaucoup prĂ©fĂ©rable. Sous l’ancien rĂ©gime, avec l’approbation d’un censeur, – qu’il Ă©tait permis de choisir, – on Ă©tait sĂ»r de pouvoir sans danger produire ses idĂ©es, et la libertĂ© dont on jouissait Ă©tait extraordinaire quelquefois. J’ai lu des livres contresignĂ©s Louis et PhĂ©lippeaux qui seraient saisis aujourd’hui incontestablement.
Le hasard m’a fait vivre Ă  Vienne sous le rĂ©gime de la censure. Me trouvant quelque peu gĂȘnĂ© par suite de frais de voyage imprĂ©vus, et en raison de la difficultĂ© de faire venir de l’argent de France, j’avais recouru au moyen bien simple d’écrire dans les journaux du pays. On payait cent cinquante francs la feuille de seize colonnes trĂšs courtes. Je donnai deux sĂ©ries d’articles, qu’il fallut soumettre aux censeurs.
J’attendis d’abord plusieurs jours. On ne me rendait rien. – Je me vis forcĂ© d’aller trouver M. Pilat, le directeur de cette institution, en lui exposant qu’on me faisait attendre trop longtemps le visa. – Il fut pour moi d’une complaisance rare, – et il ne voulut pas, comme son quasi-homonyme, se laver les mains de l’injustice que je lui signalais. J’étais privĂ©, en outre, de la lecture des journaux français, car on ne recevait dans les cafĂ©s que le Journal des DĂ©bats et la Quotidienne. M. Pilat me dit : « Vous ĂȘtes ici dans l’endroit le plus libre de l’empire (les bureaux de la censure), et vous pouvez venir y lire, tous les jours, mĂȘme le National et le Charivari. »
VoilĂ  des façons spirituelles et gĂ©nĂ©reuses qu’on ne rencontre que chez les fonctionnaires allemands, et qui n’ont que cela de fĂącheux qu’elles font supporter plus longtemps l’arbitraire.
Je n’ai jamais eu tant de bonheur avec la censure française, – je veux parler de celle des thĂ©Ăątres, – et je doute que si l’on rĂ©tablissait celle des livres et des journaux, nous eussions plus Ă  nous en louer. Dans le caractĂšre de notre nation, il y a toujours une tendance Ă  exercer la force, quand on la possĂšde, ou les prĂ©tentions du pouvoir, quand on le tient en main.
Je parlais derniĂšrement de mon embarras Ă  un savant, qu’il est inutile de dĂ©signer autrement qu’en l’appelant bibliophile. Il me dit : Ne vous servez pas des Lettres galantes de madame Dunoyer pour Ă©crire l’histoire de l’abbĂ© de Bucquoy. Le titre seul du livre empĂȘchera qu’on le considĂšre comme sĂ©rieux ; attendez la rĂ©ouverture de la BibliothĂšque (elle Ă©tait alors en vacances), et vous ne pouvez manquer d’y trouver l’ouvrage que vous avez lu Ă  Francfort.
Je ne fis pas attention au malin sourire qui, probablement, pinçait alors la lĂšvre du bibliophile, – et, le 1er octobre, je me prĂ©sentais l’un des premiers Ă  la Biblioth...

Table des matiĂšres