Lettre au vent

Le Maître Sans Nom

• Éditeur: Books on Demand
• Année: 2015
• ISBN:
  9782322040636
• Édition: 1
• Sujet: Literature
• Sous-sujet: Poetry

"Lettre au vent", recueil de pensées d'un maître taoïste resté anonyme, offre un saisissant témoignage de sagesse extrême-orientale à destination de tous.La vie, la mort, le bien et le mal, la parole et les mots, l'humilité et le renoncement, comment trouver sa place dans le monde sans lui nuire, autant de thèmes abordés au gré de pages lumineuses, réduites à l'essentiel, toutes marquées du sceau de l'insondable. En puisant à la source d'un Tao primitif, dans un style poétique épuré, "Lettre au vent" constitue un complément pertinent à la lecture de Lao Tseu et des textes fondateurs du canon taoïste.

1

Je ne suis pas plus que toi. 

Je ne suis pas moins que toi.

Ma seule différence 

Est d’être sans Nom.

Sans Nom, il m’est permis 

De ne pas peser sur le Monde, 

Et d’agir sans lui nuire.

 

2

Tout le monde sait parler

Mais personne ne détient la Parole.

Ceux qui prétendent l’inverse, 

Ne méritent pas ton écoute.

Sans Nom,

Il m’importe que les choses soient dites,

Non à dire les choses.

 

3

La beauté du Monde est sous nos yeux.

Pourtant, qui la voit ?

Sa vérité loge au creux de nos oreilles.

Pourtant, qui l’entend ?

Qui a vu la beauté du Monde

Sait que rien ne mérite d’être dit.

Qui connaît la vérité du Monde 

Ne peut se résoudre à la trahir.

4

Sans Nom, 

C’est encore un nom.

Un mot, 

Est un mot de trop.

Voilà la malédiction de l’Homme,

Disposant de plus 

Pour mieux pouvoir se plaindre,

Alors que moins lui suffirait.

Doué de parole, 

Et privé de la Parole.

   

5

La Parole ne se transmet pas, 

Et disparaît aussitôt qu’on la cherche.

Elle préfère se révéler selon ses propres modalités

Plutôt que d’être arrachée au silence originel.

Ainsi, tout ce qui est dit 

Est perdu ou tronqué.

Car la Parole ne s’incarne qu’à son détriment,

Dans les limites qui lui sont accordées.

 

6

Ces mots que tu entends

Sont le bruit qui va, 

Le vent qui souffle,

Et le feu qui s’éteint.

Puisse le bruissement dans tes oreilles 

Et son crépitement,

T’aiguiller sur le chemin de Vérité.

Si tel n’est le cas, alors détourne-t-en

En les remplaçant par d’autres.

7

De quoi pouvons-nous parler, alors,

Puisque notre action est réduite à compter nos mots

De peur que la P...