Pot-Bouille
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Pot-Bouille

  1. 555 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Pot-Bouille

À propos de ce livre

Pot-Bouille est le dixième volume de la célèbre série des Rougon-Macquart. Cette oeuvre magistrale du naturaliste Zola regroupe vingt titres peignant une famille sur cinq générations, révélant ses tares héréditaires et l'influence qu'elle exerce sur ses membres. Octave Mouret, le futur patron d'Au bonheur des dames, s'installe dans un immeuble bourgeois parisien rue de Choiseul. Séducteur et sociable, il nous fait entrer dans cette micro société que sont les résidents de l'immeuble et nous plonge dans l'intimité de ces familles bourgeoises. Entre mariages arrangés, soucis de rang à tenir mais aussi comportements médiocres, Zola nous montre un envers du décor aussi peu ragoûtant qu'un médiocre plat familial, un pot-bouille.

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Informations

Année
2020
ISBN de l'eBook
9782322202140

XVII

XVII
Des mois se passèrent, le printemps était venu. On parlait, rue de Choiseul, du prochain mariage d’Octave avec madame Hédouin.
Les choses, pourtant, n’allaient pas si vite. Octave, au Bonheur des Dames, avait repris sa situation, qui chaque jour s’élargissait. Madame Hédouin, depuis la mort de son mari, ne pouvait suffire aux affaires sans cesse croissantes ; son oncle, le vieux Deleuze, cloué sur un fauteuil par des rhumatismes, ne s’occupait de rien ; et, naturellement, le jeune homme, très actif, travaillé de son besoin de grand commerce, était arrivé en peu de temps à prendre dans la maison une importance décisive. Du reste, encore irrité de ses amours imbéciles avec Berthe, il ne rêvait plus d’utiliser les femmes, il les redoutait même. Le mieux lui semblait de devenir tranquillement l’associé de madame Hédouin, puis de commencer la danse des millions. Aussi, se rappelant son échec ridicule auprès d’elle, la traitait-il en homme, comme elle désirait être traitée.
Dès lors, leurs rapports devinrent très intimes. Ils s’enfermaient pendant des heures, dans le cabinet du fond. Autrefois, quand il s’était juré de la séduire, il avait suivi là toute une tactique, tâchant d’abuser de ses tendresses commerciales, lui effleurant le cou de chiffres murmurés, guettant les recettes heureuses pour profiter de ses abandons. Maintenant, il restait bonhomme, sans calcul, tout à son affaire. Il ne la désirait même plus, bien qu’il gardât le souvenir de son frisson léger, la nuit des noces de Berthe, lorsqu’elle valsait sur sa poitrine. Peut-être l’avait-elle aimé. En tout cas, il valait mieux rester comme ils étaient ; car elle le disait avec justesse, la maison demandait beaucoup d’ordre, c’était inepte d’y vouloir des choses qui les auraient dérangés du matin au soir.
Assis tous deux devant l’étroit bureau, ils s’oubliaient souvent, après avoir revu les livres et décidé les commandes. Lui, revenait alors à ses rêves d’agrandissement. Il avait sondé le propriétaire de la maison voisine, qui vendrait volontiers ; on donnerait congé au bimbelotier et au marchand d’ombrelles, on établirait un comptoir spécial de soierie. Elle, très grave, écoutait, n’osait se lancer encore. Mais elle concevait pour les facultés commerciales d’Octave une sympathie grandissante, en retrouvant chez lui sa propre volonté, son goût des affaires, le fond sérieux et pratique de son caractère, sous les dehors galants d’un aimable vendeur. Et il montrait, en outre, une flamme, une audace qui lui manquait et qui l’emplissait d’une émotion. C’était la fantaisie dans le commerce, la seule fantaisie qui l’eût jamais troublée. Il devenait son maître.
Enfin, un soir, comme ils demeuraient côte à côte devant des factures, sous la flambée ardente d’un bec de gaz, elle dit lentement :
– Monsieur Octave, j’ai parlé à mon oncle. Il consent, nous achèterons la maison. Seulement…
Il l’interrompit pour crier avec gaieté :
– Les Vabre sont coulés alors !
Elle eut un sourire, elle murmura d’un ton de reproche :
– Vous les détestez donc ? Ce n’est pas bien, vous êtes le dernier qui devriez leur souhaiter du mal.
Jamais elle ne lui avait parlé de ses amours avec Berthe. Cette brusque allusion le gêna beaucoup, sans qu’il sût pourquoi. Il rougissait, il balbutiait des explications.
– Non, non, ça ne me regarde pas, reprit-elle toujours souriante et très calme. Pardonnez-moi, ça m’a échappé, je m’étais promis de ne jamais vous en ouvrir la bouche… Vous êtes jeune. Tant pis pour celles qui veulent bien, n’est-ce pas ? C’est aux maris à garder leurs femmes, quand celles-ci ne peuvent se garder toutes seules.
Il éprouva un soulagement, en comprenant qu’elle n’était pas fâchée. Souvent, il avait redouté une froideur de sa part, si elle venait à savoir son ancienne liaison.
– Vous m’avez interrompue, monsieur Octave, recommença-t-elle gravement. J’allais ajouter que, si j’achète la maison voisine et que je double ainsi l’importance de mes affaires, il m’est impossible de rester seule… Je vais être forcée de me remarier.
Octave resta saisi. Comment ! elle avait déjà un mari en vue, et il l’ignorait ! Tout de suite, il sentit sa position compromise.
– Mon oncle, continuait-elle, me l’a dit lui-même… Oh ! rien ne presse en ce moment. Je suis en deuil de. huit mois, j’attendrai l’automne. Seulement, dans le commerce, il faut bien mettre le cœur de côté et songer aux nécessités de sa situation… Un homme est absolument nécessaire ici.
Elle discutait cela posément, comme une affaire, et il la regardait, d’une beauté régulière et saine, le visage très blanc sous les ondes correctes de ses bandeaux noirs. Alors, il regretta de ne pas avoir, depuis son veuvage, essayé encore de devenir son amant.
– C’est toujours grave, balbutia-t-il, ça demande réflexion.
Sans doute, elle était de cet avis. Et elle parla de son âge.
– Je suis vieille déjà, j’ai cinq ans de plus que vous, monsieur Octave…
Il l’interrompit, bouleversé, croyant comprendre, lui saisissant les mains, répétant :
– Oh ! madame !… oh ! madame !
Mais elle s’était levée, elle se dégageait. Puis, elle baissa le gaz.
– Non, c’est assez, aujourd’hui… Vous avez de très bonnes idées, et il est naturel que je songe à vous pour les mettre à exécution. Seulement, il y a des ennuis, il faut creuser le projet…. Je vous sais très sérieux, au fond. Étudiez ça de votre côté, je l’étudierai du mien. Voilà pourquoi je vous en ai parlé. Nous en recauserons plus tard.
Et les choses en restèrent là, pendant des semaines. Le magasin reprit son train habituel. Comme madame Hédouin gardait près de lui sa paix souriante, sans une allusion à une tendresse possible, il affecta d’abord une tranquillité pareille, il finit par être à son exemple d’une santé heureuse, confiant dans la logique des choses. Elle répétait volontiers que les choses raisonnables arrivaient toutes seules. Aussi n’avait-elle jamais de hâte. Les commérages qui commençaient à circuler sur son intimité avec le jeune homme, ne la touchaient même pas. Ils attendaient.
Rue de Choiseul, la maison entière jurait donc que le mariage était fait. Octave avait quitté sa chambre, pour aller se loger rue Neuve-Saint-Augustin, près du Bonheur des Dames. Il ne fréquentait plus personne, ni les Campardon, ni les Duveyrier, qui étaient outrés du scandale de ses amours. M. Gourd lui-même, quand il le voyait, affectait de ne pas le reconnaître, afin de ne pas avoir à le saluer. Seules, Marie et madame Juzeur, les matins où elles le rencontraient dans le quartier, entraient causer un instant sous une porte : madame Juzeur, qui l’interrogeait passionnément au sujet de madame Hédouin, aurait voulu le décider à venir chez elle, pour parler de ça, gentiment ; Marie, désolée, se plaignant d’être de nouveau enceinte, lui disait la stupéfaction de Jules et la colère terrible de ses parents. Puis, quand le bruit de son mariage devint sérieux, Octave fut surpris de recevoir un grand salut de M. Gourd. Campardon, sans se remettre encore, lui envoya à travers la rue un signe de tête cordial ; tandis que Duveyrier, en allant un soir acheter des gants, se montra fort aimable. Toute la maison commençait à pardonner.
D’ailleurs, la maison avait retrouvé le train de son honnêteté bourgeoise. Derrière les portes d’acajou, de nouveaux abîmes de vertus se creusaient ; le monsieur du troisième venait travailler une nuit par semaine, l’autre madame Campardon passait avec la rigidité de ses principes, les bonnes étalaient des tabliers éclatants de blancheur ; et, dans le silence tiède de l’escalier, les pianos seuls, à vous les étages, mettaient les mêmes valses, une musique lointaine et comme religieuse.
Cependant, le malaise de l’adultère persistait, insensible pour les gens sans éducation, mais désagréable aux personnes d’une moralité raffinée. Auguste s’obstinait à ne pas reprendre sa femme, et tant que Berthe demeurerait chez ses parents, le scandale ne serait pas effacé, il en resterait une trace matérielle. Aucun locataire, du reste, ne racontait publiquement la véritable histoire, qui aurait gêné tout le monde ; d’un commun accord, sans même s’être entendu on avait décidé que les difficultés entre Auguste et Berthe venaient des dix mille francs, d’une simple querelle d’argent : c’était beaucoup plus propre. On pouvait, dès lors, en parler devant les demoiselles. Les parents paieraient-ils ou ne paieraient-ils pas ? et le drame devenait tout simple, car pas un habitant du quartier ne s’étonnait ni ne s’indignait, à l’idée qu’une question d’argent pût déchaîner des gifles dans un ménage. Au fond, il est vrai, cette convention de bonne compagnie n’empêchait pas les choses d’être ; et la maison, malgré son calme devant le malheur, souffrait cruellement dans sa dignité.
C’était Duveyrier surtout, comme propriétaire, qui portait le poids de cette infortune imméritée et persistante. Depuis quelque temps, Clarisse le torturait à un tel point, qu’il revenait parfois pleurer chez sa femme. Mais le scandale de l’adultère l’avait aussi frappé au cœur ; il voyait, disait-il, les passants regarder sa maison de haut en bas, cette maison que son beau-père et lui s’étaient plu à orner de toutes les vertus domestiques ; et ça ne pouvait durer, il parlait de purifier l’immeuble, pour son honneur personnel. Aussi, au nom de la décence publique, poussait-il Auguste à une réconciliation. Malheureusement, celui-ci résistait, entretenu dans sa rage par Théophile et Valérie, qui s’installaient définitivement à la caisse, enchantés de la débâcle. Alors, comme les affaires de Lyon tournaient mal, et que le magasin de soierie périclitait faute d’avances, Duveyrier avait conçu une idée pratique. Les Josserand devaient souhaiter ardemment se débarrasser de leur fille : il fallait offrir de la reprendre, mais à la condition qu’ils paieraient la dot de cinquante mille francs. Peut-être, sur leurs instances, l’oncle Bachelard finirait-il par donner la somme. Auguste, d’abord, avait refusé violemment d’entrer dans cette combinaison ; à cent mille francs, il serait encore volé. Puis, très inquiet pour ses échéances d’avril, il s’était rendu aux raisons du conseiller, qui plaidait la cause de la morale et qui parlait uniquement d’une bonne action à faire.
Lorsqu’on fut d’accord, Clotilde choisit l’abbé Mauduit comme négociateur. C’était délicat, un prêtre pouvait seul intervenir, sans se compromettre. L’abbé, justement, éprouvait un grand chagrin des catastrophes déplorables qui s’abattaient sur une des maisons les plus intéressantes de sa paroisse ; et il avait déjà offert ses conseils, son expérience, son autorité, pour mettre fin à un scandale dont les ennemis de la religion auraient pu se réjouir. Cependant, lorsque Clotilde lui parla de la dot, en le priant d’aller porter les conditions d’Auguste aux Josserand, il baissa la tête, il garda un silence douloureux.
– C’est de l’argent dû que mon frère réclame, répétait la jeune femme. Comprenez bien que ce n’est pas un marché… D’ailleurs, mon frère s’obstine.
– Il le faut, j’irai, dit enfin le prêtre.
Chez les Josserand, on attendait de jour en jour la proposition. Sans doute, Valérie avait parlé, les locataires discutaient le cas : étaient-ils dans la gêne au point de garder leur fille ? trouveraient-ils les cinquante mille francs pour s’en débarrasser ? Depuis que la question se posait, madame Josserand ne dérageait plus. Eh quoi ! après avoir eu tant de peine à marier une première fois Berthe, voilà qu’il fallait la marier encore ! Bien n’était fait, on redemandait une dot, les ennuis d’argent allaient recommencer ! Jamais une mère n’avait eu à renouveler ainsi de pareils travaux. Et tout cela par la faute de cette grande cruche, qui poussait la stupidité jusqu’à oublier ses devoirs ! La maison devenait un enfer, Berthe y endurait une continuelle torture, car sa sœur Hortense elle-même, furieuse de ne plus coucher seule, ne prononçait pas une phrase, sans y glisser une allusion blessante. On en arrivait à lui reprocher ses repas. Quand on avait un mari quelque part, c’était drôle tout de même de rogner les plats de ses parents, déjà trop petits. Alors, la jeune femme, désespérée, sanglotait dans les coins, se traitant de lâche, ne se trouvant pas le courage de descendre se jeter aux pieds d’Auguste et de lui crier : « Tiens ! bats-moi, je ne puis pas être plus malheureuse ! » M. Josserand seul se montrait tendre pour sa fille. Mais il se mourait des fautes et des larmes de cette enfant, il agonisait des cruautés de la famille, en congé illimité, presque toujours au lit. Le docteur Juillerat qui le soignait, parlait d’une décomposition de sang : c’était une usure de l’être entier, où tous les organes se prenaient, les uns après les autres.
– Lorsque tu auras fait mourir ton père de chagrin, tu seras contente, n’est-ce pas ? criait la mère.
Et Berthe n’osait même plus entrer dans la chambre du malade. Dès que le père et la fille se voyaient, ils pleuraient tous les deux, ils se faisaient du mal.
Enfin, madame Josserand prit un grand parti : elle invita l’oncle Bachelard, résignée à s’humilier une fois encore. Elle aurait donné les cinquante mille francs de sa poche, si elle les avait eus, pour ne pas garder cette grande fille mariée, dont la présence déshonorait ses mardis. Puis elle venait d’apprendre des choses monstrueuses sur l’oncle, et s’il n’était pas gentil, elle voulait lui dire une bonne fois sa façon de penser.
Bachelard, à table, se conduisit d’une façon particulièrement malpropre. Il était arrivé dans un état d’ivresse avancé ; car, depuis la perte de Fifi, il tombait aux écarts des grandes passions. Heureusement, madame Josserand n’avait invité personne, par crainte d’être déconsidérée. Au dessert, il s’endormit en racontant des histoires embrouillées de noceur gâteux, et il fallut le réveiller pour le mener dans la chambre de M. Josserand. Toute une mise en scène y était préparée, afin d’agir sur sa sensibilité de vieil ivrogne : devant le lit du père, se trouvaient deux fauteuils, l’un pour la mère, l’autre pour l’oncle. Berthe et Hortense se tiendraient debout. On verrait un peu si l’oncle oserait mentir une fois encore à ses promesses, en face d’un mourant, dans une chambre si triste, qu’une lampe fumeuse éclairait mal.
– Narcisse, dit madame Josserand, la situation est grave…
Et, d’une voix lente et solennelle, elle expliqua cette situation, le malheur regrettable de sa fille, la vénalité révoltante du mari, la résolution pénible où elle était de donner les cinquante mille francs, pour faire cesser le scandale qui couvrait la famille de honte. Puis, sévèrement :
– Souviens-toi de ce que tu as promis, Narcisse… Le soir du contrat, tu t’es encore frappé la poitrine, en jurant que Berthe pouvait compter sur le cœur de son oncle. Eh bien ! où est-il, ce cœur ? le moment est venu de le montrer… Monsieur Josserand, joignez-vous à moi, indiquez-lui son devoir, si votre état de faiblesse vous le permet.
Malgré sa profonde répugnance, le père murmura, par tendresse pour sa fille :
– C’est la vérité, vous avez promis, Bachelard. Voyons, avant que je m’en aille, faites-moi donc le plaisir de vous conduire proprement.
Mais, Berthe et Hortense, dans l’espérance d’attendrir l’oncle, lui avaient versé trop souvent à boire. Il était dans un tel état, qu’on ne pouvait même plus abuser de lui
– Hein ? quoi ? bégaya-t-il, sans avoir besoin d’exagérer son ivresse, Jamais promettre… Comprends pas du tout. Répète un peu, Éléonore.
Celle-ci recommença, le fit embrasser par Berthe qui pleurait, le supplia au nom de la santé de son mari, lui prouva qu’en donnant les cinquante mille francs, Il remplissait un devoir sacré. Puis, comme il se rendormait, sans avoir l’air d’être affecté le moins du monde par la vue du malade et de cette chambre douloureuse, elle éclata brusquement en paroles violentes.
– Tiens ! Narcisse, il y a trop longtemps que ça dure, tu es une canai...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. I
  3. II
  4. III
  5. IV
  6. V
  7. VI
  8. VII
  9. VIII
  10. IX
  11. X
  12. XI
  13. XII
  14. XIII
  15. XIV
  16. XV
  17. XVI
  18. XVII
  19. XVIII
  20. Page de copyright