La vie amoureuse de Pierre de Ronsard
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La vie amoureuse de Pierre de Ronsard

Compagnes, muses et figures féminines de l'auteur de "Mignonne allons voir si la rose"

  1. 84 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La vie amoureuse de Pierre de Ronsard

Compagnes, muses et figures féminines de l'auteur de "Mignonne allons voir si la rose"

À propos de ce livre

RÉSUMÉ : "La vie amoureuse de Pierre de Ronsard" de Pierre de Nolhac plonge le lecteur dans l'univers intime et poétique de l'un des plus grands poètes de la Renaissance française. En explorant les relations amoureuses de Ronsard, ce livre offre une perspective unique sur les influences féminines qui ont marqué sa vie et son oeuvre. Chaque chapitre dévoile les histoires des muses et compagnes qui ont inspiré des poèmes aussi célèbres que "Mignonne, allons voir si la rose". L'auteur, Pierre de Nolhac, utilise une approche académique pour analyser les figures féminines qui ont laissé une empreinte indélébile sur l'oeuvre de Ronsard. Ce livre ne se contente pas de relater des faits biographiques, il s'attache à comprendre comment ces relations ont façonné la sensibilité poétique de Ronsard, enrichissant ainsi notre compréhension de ses écrits. À travers une écriture élégante et érudite, Nolhac nous guide dans une exploration des thèmes de l'amour, de la beauté et de la temporalité, omniprésents dans l'oeuvre de Ronsard. Ce livre est une invitation à redécouvrir Ronsard sous un angle nouveau, en mettant en lumière les influences féminines qui ont nourri son imagination et son art poétique. L'AUTEUR : Pierre de Nolhac, historien et écrivain français, est né le 15 décembre 1859 à Ambert et est décédé le 31 janvier 1936 à Paris. Il est principalement connu pour ses travaux sur la Renaissance et sa contribution à la redécouverte de cette période à travers ses recherches et ses écrits. Conservateur au musée de Versailles, Nolhac a consacré une grande partie de sa carrière à l'étude de l'art et de la littérature de la Renaissance. Sa passion pour cette époque se reflète dans ses nombreuses publications, où il s'attache à mettre en lumière les figures marquantes de la Renaissance française. Pierre de Nolhac s'est également intéressé à la poésie et à la vie de Pierre de Ronsard, l'un des poètes emblématiques de la Pléiade. Son travail sur Ronsard est reconnu pour sa rigueur académique et sa capacité à rendre accessible la complexité des relations et des influences qui ont façonné l'oeuvre du poète. En tant qu'auteur, Nolhac a su combiner ses talents d'historien et de conteur pour offrir des ouvrages qui captivent autant les spécialistes que les amateurs de littérature et d'histoire.

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Informations

Année
2020
Imprimer l'ISBN
9782322233946
ISBN de l'eBook
9782322177028

V. – Hélène de Surgères

Ronsard a vieilli très vite. Les veilles, le plaisir, l’intense vie de l’esprit l’ont usé. Il passe à la campagne deux années de repos (1568-1570), se partageant entre le Vendômois et la Touraine. La compagnie des Muses lui suffit.
Des bruits cependant lui parviennent de la cour et de Paris. Les poètes continuent à y briller, et l’un d’eux s’annonce comme un rival. Ce Philippe Desportes, qui fut à son école, commence à répandre des vers d’un style nouveau, dans le goût italien qui gagne chaque jour et dont les femmes raffolent. Auprès d’elles, la primauté du maître est-elle en péril ? Cassandre et Marie lui gardent-elles toujours les coeurs féminins ? Quand il reparaît, tout dédaigneux qu’il soit, il se sent obligé de se défendre avec un chef-d’oeuvre.
Le chef-d’oeuvre naîtra ; il répondra aux Amour d’Hippolite de Desportes par les immortels Sonnets pour Hélène. Le poète y conte une très noble histoire de sentiment, plus précise, plus circonstanciée que les précédentes, celle d’un homme d’âge, n’ayant recherché tout d’abord qu’un thème littéraire et s’enchantant peu à peu au charme d’une liaison intellectuelle.
Le nom d’Hélène de Surgères n’a rien de mystérieux. C’est celui d’une jeune fille qui vit auprès de Catherine de Médicis, dans ce milieu des filles d’honneur où Ronsard a aimé déjà de façons diverses. La baronnie de Surgères est au pays d’Aunis. Au milieu du XVe siècle, un gentilhomme de la maison espagnole de Fonseca l’a eue par son mariage avec l’héritière, Louise de Clermont. Leur petit-fils, René de Fonsèque, baron de Surgères, a épousé Anne de Cossé-Brissac, soeur du célèbre maréchal qui fut vice-roi du Piémont au temps des campagnes d’Italie. Anne de Cossé était une femme remarquable, d’un esprit vif et lucide ; on en juge par les lettres qu’elle écrivait à son frère le maréchal pour l’entretenir des choses de la cour et de la conduite de leurs affaires. Elle eut un fils, Charles de Fonsèque, baron de Surgères, chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de la Chambre, conseiller d’État, capitaine d’une cinquantaine d’hommes d’armes, et une fille, qui ne se maria point : l’Hélène de Ronsard.
Hélène tenait donc des deux noblesses française et espagnole. Ronsard aime rappeler à sa « belle Saintongeoise » le « sang ibérien » qui coule dans ses veines. Elle est née au commencement du règne d’Henri II. L’année reste incertaine, mais comme un poète donne volontiers des détails superflus, le nôtre, célébrant le jour anniversaire de cette naissance, nous apprend que ce fut un 9 avril. Par lui encore, nous savons qu’Hélène passa son enfance dans le Piémont, pendant la vice-royauté de son oncle maternel.
Elle est à la cour en 1566, comme « fille damoiselle », aux gages de 200 livres, portés à 400 quand elle figure comme « fille de chambre » de la Reine. On la voit inséparable de ses deux cousines, Diane et Jeanne de Brissac, filles du maréchal, et liée d’une intimité particulière avec la seconde, dont le caractère calme et sérieux s’accorde avec le sien. La mort enlève à ce petit groupe une quatrième compagne, Mlle de Bacqueville, sage et savante jeune fille appartenant comme ses amies au service de la Reine. En 1569, ces enfants ont encore à pleurer le frère des deux soeurs, Timoléon de Cossé, tué devant Mussidan, qui donnait aux armes françaises des espérances dignes de son nom. C’est ensuite un autre deuil qui atteint plus directement le coeur d’Hélène : dans la même guerre de religion périt son fiancé, Jacques de la Rivière, capitaine des gardes, et les vers de consolation que lui dédie Amadis Jamyn sur la mort de son « amy » peignent ses sentiments sous des couleurs assez vives.
De bons poètes d’alors, Desportes comme Jamyn, commencent à célébrer ces jeunes filles. Ils ont entouré de bonne heure ces trois cousines, qui aiment à lire et à étudier ensemble ; ils apprécient leur jugement, développé par la connaissance des langues parlées à la cour, l’espagnole et l’italienne. Baïf compose une longue pièce pour les féliciter de préférer aux plaisirs courtisans les graves joies de l’étude, et pour recommander ses livres à leur gracieuse protection :
Souci des Muses immortelles,
O pair de compagnes fidèles,
Qui, outre le sang qui vous joint,
Vous belles et bonnes cousines,
Sentez mêmes grâces divines
Sous même désir qui vous point !
Quand, du vrai savoir curieuses,
Je vous vois toujours studieuses
Tenir quelque livre en la main,
En langue nôtre ou étrangère,
Nymphes de Brissac et Surgères,
Que vous ne feuilletez en vain…
Ces livres qui forment l’esprit de cette jeunesse, nous en savons l’étrange substance. C’est la littérature morale et poétique qui transmet au siècle de la Renaissance la doctrine néoplatonicienne de l’amour. De la Parfaicte Amye d’Héroet aux dialogues De l’Amour de Léon Hébreu, il n’y a de différence que dans le degré de l’exaltation. La Beauté sur la terre est une émanation directe de l’harmonie divine. L’amour vrai ne se satisfait que par l’union des âmes, à l’exclusion de la chair. L’amante parfaite est celle qui domine et purifie les passions des hommes. Cet amour spirituel est tout sourire et toute joie. Mais, selon des thèses raffinées, sa fin suprême ne peut être que Dieu lui-même ; par les vertus intellectuelles qu’il développe dans l’âme humaine, il la prépare merveilleusement à la contemplation éternelle. Comme l’élève d’Horace et d’Anacréon est loin de ces visions surhumaines ! Et quels malentendus l’attendent dans la voie nouvelle où il va s’engager !
Est-ce Catherine de Médicis, ainsi qu’Hélène voudra plus tard le laisser croire, qui l’a désignée au poète comme particulièrement digne de ses chants ? Est-ce la voix publique, qui l’appelle familièrement « la Minerve » ou, comme dit Brantôme, « la docte de la cour » ? Croyons plutôt à l’instinct d’un choix qui va royalement à la plus parfaite. Il a remarqué cette jeune fille, au teint mat, aux longs cheveux presque noirs, sans traits souverains, mais douée du charme des brunes aux yeux bleus. Il avait pu l’apercevoir dans les jardins, seule, un livre à la main, traduisant ou récitant des vers. Un mot suffit à l’y peindre :
Regarde-la marcher toute pensive à soi…
Pressant dessous ses pas les herbes bienheureuses.
Hélène aussi connaissait Ronsard. Dès son arrivée à la cour, ses compagnes le lui avaient montré parmi les courtisans où le distinguait moins sa prestance de gentilhomme que son beau regard de poète. Avec les autres, elle chantait ses vers, vêtue en nymphe ou en sirène, à Saint-Germain ou à Fontainebleau. On peut croire qu’à lire les poèmes pour Cassandre, plus d’une fois elle se prit à envier sa renommée. Elle avait aimé ; mais le jeune capitaine de qui elle fut la fiancée n’aurait pu lui donner ce qu’une femme lettrée comme elle devait désirer. Par l’exemple de Laure, dont toutes les dames de ce temps ont envié l’honneur, elle savait ce que vaut l’amour des poètes quand ils ont assez de génie pour en imposer le respect aux temps à venir. Pierre de Ronsard étant de ceux qui disposent des grandes couronnes, Hélène comme tant d’autres désirait confusément être choisie.
Au mois de mai 1572, la cour revenait de Touraine, ayant séjourné près d’un an à Amboise, à Blois et à Chenonceau. Par ce printemps léger de Paris, Hélène se promenait aux Tuileries, le beau jardin particulier de la reine Catherine, orné de labyrinthes et de fontaines et planté dans un ordre parfait. Le château en construction apparaissait à travers les arbres, et plus loin les tours du vieux Louvre, que joignait le bâtiment nouveau. Les barques passaient sur la Seine, qui baignait les murs du jardin royal. Au bord d’une eau jaillissante, Hélène était assise avec une amie. Ronsard saisit cette occasion de lui parler. Il vint auprès d’elle, et elle l’interrogea sur ses nouveaux poèmes, d’une voix chantante qui le charma. Il parla surtout de ses tristesses, de ses ennuis de courtisan et d’écrivain, et soutint que, si l’on pouvait se passer de gloire, on ne peut se passer d’amour. Hélène écoutait, émue et déjà conquise. Il lui rappela une église où il avait pris la hardiesse de contempler ses yeux, ce qui n’était peut-être qu’une réminiscence de Pétrarque ; et quand vint enfin, sur les lèvres du poète, l’aveu qu’elle attendait, elle sourit sans répondre.
Elle eût préféré, sans doute, que tout cela s’enveloppât des subtilités à la mode et de dissertations préalables « sur la nature de l’amour ». La véhémence de Ronsard avait, d’un seul coup, jeté bas ces frêles obstacles. La jeune compagne ne suivait qu’à demi leur discours, et les interrompait sans cesse. Malgré l’importune présence, le poète fut si heureux de cette première causerie que, longtemps après, il en fixe avec précision tous les détails, comme s’il voulait ne rien perdre de ces souvenirs.
De ce jour, Pierre s’attacha aux pas d’Hélène. Mais il l’aima d’abord sans passion ; la « vertu » seule de son amie la faisait choisir pour l’objet de ses vers :
Ce premier jour de mai, Hélène, je vous jure
Par Castor, par Pollux, vos deux frères jumeaux…
Et par les rossignols, miracle des oiseaux,
Que seule vous serez ma dernière aventure.
Vous seule me plaisez ; j’ai par élection
Et non à la volée, aimé votre jeunesse…
La vertu m’a conduit en telle affection.
Bien que le mot de « vertu » n’ait pas tout à fait, au XVIe siècle, le sens purifié de nos jours, et qu’il garde quelque chose de la virtu un peu païenne de la Renaissance d’Italie, il implique avant tout la hauteur de l’âme et la noblesse des désirs. Hélène y ajoutait une chasteté souriante qui étonnait un peu le poète et lui présentait un charme de plus :
La chasteté qui est des beautés ennemie,
Comme l’or fait la perle honore son printemps…
Le siècle où tu naquis ne te connaît Hélène
… Il met comme ignorant les vertus à dédain.
Cette âme charmante, révélée à Ronsard par le son de la voix, était singulièrement mélancolique. Elle aimait, entre tous, les poèmes, assez rares en son temps, qui parlaient au coeur pour l’apaiser ; elle avait dû goûter pleinement certains sonnets de Joachim du Bellay et les lire quand elle était seule, « toute pensive à soi » ; elle choisissait de préférence, pour en écouter l’écho, les grands vers tristes de Ronsard :
Nous promenant tout seuls, vous me dîtes, maîtresse,
Qu’un chant vous déplaisait s’il n’était doucereux ;
Que vous aimiez les plaints des chétifs amoureux,
Toute voix lamentable et pleine de tristesse.
« Et pour ce (disiez-vous) quand je suis hors de presse,
Je choisis vos sonnets qui sont plus douloureux ;
Puis, d’un chant qui est propre au sujet langoureux ;
Ma nature et l’amour veulent que je me paisse. »
Au milieu de cette cour bruyante et frivole, Hélène souffrait. L’intrigue et la violence habitaient ce Louvre brillant, où l’existence la plus parée n’était qu’esclavage. Cérémonies, divertissements, voyages, la fatiguaient. Plus d’une fois, elle rêva le repos du cloître, les jeûne...

Table des matières

  1. Sommaire
  2. Introduction
  3. I. – Cassandre Salviati
  4. II. – Marie l’Angevine
  5. III. – Dame Genèvre
  6. IV. – À la cour des Valois
  7. V. – Hélène de Surgères
  8. Épilogue
  9. Sonnet pour Hélène
  10. Page de copyright