A la recherche du temps gagne  et des perspectives du Globe
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A la recherche du temps gagne et des perspectives du Globe

Le plongeon insolite d un geographe atypique dans un Univers tourmente

  1. 220 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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A la recherche du temps gagne et des perspectives du Globe

Le plongeon insolite d un geographe atypique dans un Univers tourmente

À propos de ce livre

Résumé du livre: L'ouvrage porte sur un profil familial et sociétal alsacien-mosellan Wackermann-Martin, remontant au Second Empire, ayant de fortes connotations géopolitiques depuis le milieu du XXe siÚcle..Il est dédié à l'épouse de l'auteur, Arlette, la Maman, décédée le 1. mars 2015, ainsi qu'aux enfants, Marie-Françoise, Jean-Brice, Marie-Emmanuelle, aux petits-enfants, Anaïs, Amaury, Chiara, Martheo, Anaëlle et Eliot, et leurs familles à venir.Biographie de l'auteur: Gabriel Wackermann, né le 18 mars 1928 à 67500 Woerth s/Sauer, d'abord professeur de lettres, puis professeur agrégé d'histoire-géographie, docteur-Ús-lettres en géographie, élu professeur des universités en urbanisme et aménagement des territoires, a été parmi les pionniers des pluri- et transdisciplinarités propres aux exigences de la gestion scientifique du globe. En Alsace, puis à la Sorbonne et comme chargé d'enseignement et de recherches à l'université de Bùle, il a dirigé de nombreux travaux, masters et thÚses dans le monde entier. Il a été expert prÚs de multiples organismes socio-économiques régionaux, nationaux et internationaux. Il a été expert à la CNUCED, ainsi qu'aux Nations-Unies, notamment dans le cadre du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement). Il continue à codiriger une étude sur l'environnement et ses incidences socio-culturelles dans la Caraïbe à l'Université des Antilles-Guyane.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Books on Demand
Année
2020
Imprimer l'ISBN
9782322238637
ISBN de l'eBook
9782322214488

QUATRIEME PARTIE

REPENSER LE MONDE, C’EST REPENSER SES FINALITES

ET SES MODES DE DEVELOPPEMENT

« Nous sommes la premiĂšre civilisation du monde oĂč la vie n’a pas de sens »
André Malraux (1967)
Repenser le monde en repensant ses finalitĂ©s, c’est aussi vivre ses territoires, la symbiose des paysages, des populations, ainsi que des richesses du sol et du sous-sol, dans toutes leurs facettes et propriĂ©tĂ©s, dans l’expression de leur identitĂ©. C’est aller Ă  la dĂ©couverte des produits, des rapports entre les ĂȘtres humains, la flore et la faune, en veillant Ă  leur harmonie dans leur fonctionnement, en tenant compte des indispensables adĂ©quations entre les conditions climatiques et mĂ©tĂ©orologiques avec les terroirs.
Une connaissance intime des relations entre la gĂ©ographie et l’histoire s’impose de prime abord, conciliant le droit du sol avec celui du sang, la notion de nation, excluant tout nationalisme, avec l’humanisme universel, leurs richesses et leurs valeurs. Un vrai questionnement permanent de la raison d’ĂȘtre du vĂ©gĂ©tal et de l’animal s’avĂšre ĂȘtre nĂ©cessaire. Au Salon de l’agriculture 2018, le jeune agriculteur Viki Mittov, du Val d’Oise, a montrĂ© qu’il s’est lancĂ© dans la production de viande vĂ©gĂ©tale en 2016 : autant d’innovations qui vont s’inscrire dans le dĂ©roulement du temps, de notre temps. DĂ©sormais aussi, les ocĂ©ans et les mers sont les espaces de circulation privilĂ©giĂ©s du trafic mondial. Vraquiers imposants et superconteneurs sont habituĂ©s Ă  une logistique aux rĂšgles universelles.
Face au mouvement accĂ©lĂ©rĂ© introduit grĂące aux sciences, techniques et technologies, Ă  une mobilitĂ© qui s’est gĂ©nĂ©ralisĂ©e, l’humanitĂ© pensante, dont la culture s’appuie maintenant tant sur la connaissance et la transmission que sur l’information et la communication, le maĂźtre Ă  penser franco-tchĂšque, Milan Kundera, est clair : dans son ouvrage intitulĂ© « L’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre » (Kundera, 1984), il est venu affirmer, en page 216 : « les hommes avancent dans la vie comme dans le brouillard [
] Ne pas voir les testaments trahis, c’est oublier ce qu’est l’homme, oublier ce que nous sommes nous-mĂȘmes ».
Dans leur livre, « En terrain minĂ© » (Fontenay et Finkielkraut, 2019), Elisabeth de Fontenay, cataloguĂ©e « de gauche », et Alain Finkielkraut, considĂ©rĂ© comme « de droite », aprĂšs avoir Ă©tĂ© maoĂŻste dans une jeunesse fougueuse, tous deux amis depuis 1981, dans un dĂ©bat Ă  fleurets non mouchetĂ©s ont tentĂ© de persuader les lecteurs que la France est « aimable », qu’elle assimile les siens, immigrĂ©s inclus, qu’elle a diffusĂ© la langue française sur l’ensemble de son territoire, mĂ©tropolitain et ultra-marin. Finkielkraut, toutefois, venant lui-mĂȘme d’une famille immigrĂ©e, en balayant vigoureusement les clichĂ©s sur les territoires « mis au ban », ce que d’autres ont nommĂ© « les territoires perdus de la RĂ©publique », est demeurĂ© fidĂšle Ă  lui-mĂȘme : en parlant de clichĂ©s figurant parmi les plus mĂ©diatiques et les plus contestĂ©s, il continue Ă  nier des Ă©vidences, montrant une fois de plus qu’il a perdu le sens des rĂ©alitĂ©s, bien calfeutrĂ© dans son univers Ă  lui, autoconstruit. Le message d’un penseur autrement profond que lui, Kundera, faisant foi. Demeurons donc modestes et balayons bien devant notre propre porte !
Constatons aussi que l’Occident, souvent trop triomphaliste, doit beaucoup Ă  l’Asie dont il s’est inspirĂ© dans beaucoup de domaines : les trois religions du Livre sont d’origine asiatique, de la marge occidentale de ce vaste continent, du Proche-Orient. De nombreuses techniques d’irrigation, de culture, des connaissances fondamentales en astrologie nous ont Ă©tĂ© transmises par les Arabes, parfois via l’Espagne. A l’époque de Charlemagne, les Chinois connaissaient l’écriture et disposaient dĂ©jĂ  d’une Gazette.
Mais, mĂȘme en Occident, l’Europe est loin de constituer la seule centralitĂ©. Le continent amĂ©ricain l’emporte largement. De nombreux produits agricoles tropicaux proviennent des AmĂ©riques, une AmĂ©rique qui a contribuĂ© Ă©galement sensiblement Ă  la pensĂ©e et Ă  l’innovation universelle. Dommage que, forte d’énormes richesses complĂ©mentaires, une rĂ©elle solidaritĂ© universelle ne puisse pas apporter un peu plus de bonheur Ă  l’humanitĂ© morcelĂ©e, divisĂ©e, Ă  une Europe souvent nombriliste!

Orientations bibliographiques

- Fontenay E. de, Finkielkraut A., En terrain miné, 2019, Paris, Ed. Gallimard, 240 p.
- Kundera M., L’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre, 1984, Paris, Ed. Gallimard, nrf, 393 p.

PREMIER CHAPITRE

DEPASSER LA TECHNICITE

« Ne renions pas notre monde moderne, merveilleux malgrĂ© le vertige et l’inquiĂ©tude qu’il peut
inspirer. Cette machine est entre nos mains. A nous de la rendre saine [
] Il nous faut pour cela
beaucoup de prĂ©sence d’esprit [
] et beaucoup de dĂ©passement et d’amour pour la rendre humaine »
Louis Leprince-Ringuet
« Sciences et bonheur des hommes, 1973, Paris, Flammarion, p. 264.
Au IVe siĂšcle avant J.C., Aristote a rĂ©pondu de la façon suivante Ă  la question qui lui a Ă©tĂ© posĂ©e de savoir quelle diffĂ©rence il y a entre un homme instruit et un ignorant : « La mĂȘme qu’entre un vivant et un mort ». Ce fut une imposante contribution au savoir universel. Alighieri Dante dĂ©jĂ  a appelĂ© Aristote « le maĂźtre de ceux qui savent », le savoir consistant Ă  scruter et Ă  penser l’ensemble du monde, Ă  expliquer tout ce qui concerne l’ĂȘtre humain, ses connaissances, ses institutions, ses finalitĂ©s, son rapport Ă  la nature et au cosmos. A son Ă©poque, Aristote a ainsi dĂ©signĂ© la philosophie comme Ă©tant la science occidentale.
DĂ©passer la technicitĂ©, c’est disposer au prĂ©alable d’une stratĂ©gie. L’expression « l’intendance suivra » n’est-elle pas de l’un des plus grands stratĂšges de l’Histoire, l’empereur NapolĂ©on I. ? En plus, il importe, dans le mouvement permanent des faits et de la pensĂ©e, de ne pas confondre le progrĂšs et le simple changement. La notion de progrĂšs est nĂ©e d’une mutation, celle des LumiĂšres : elle postule que l’usage de la raison porterait la construction, la rĂ©alisation d’un futur meilleur.
DĂ©passer la technicitĂ©, ne signifie pas agir seulement par la raison, mais y associer intimement l’affect, le sentiment, l’émotion face Ă  l’injustice. Gonzague Saint-Bris, Ă©crivain et historien, crĂ©ateur de « La ForĂȘt des livres », festival littĂ©raire, a eu ce mot significatif de l’importance de l’affect : « Le comble de l’intelligence, c’est la bontĂ© ». Concilier affection pour les ĂȘtres humains et affection pour les « choses », dont la nature, est un vieux rĂȘve, rĂ©actualisĂ© par Lamartine dans son interrogation romantique : « Objets inanimĂ©s, avez-vous donc une Ăąme, et la force d’aimer ? ». Le Journal « Le Monde » a publiĂ©, dans son Ă©dition du 2 avril 2020, un texte, selon lequel le dĂ©sastre sanitaire et politique aux Etats-Unis est dĂ» Ă  Donald Trump et, avant lui, Ă  quarante annĂ©es de conservatisme social et de libĂ©ralisme Ă©conomique, ces deux derniers termes signifiant absence de sentiment humain et sociĂ©tal dans une Ă©conomie qui vise prioritairement le profit Ă  base de spĂ©culation financiĂšre, c’est-Ă -dire de « sĂ©cheresse absolue du cƓur » ou presque.

I – Les progrĂšs scientifiques et techniques ont contribuĂ© au long cheminement de l’humanitĂ© vers la lutte contre l’obscurantisme

Pour le disciple de Raymond Aron, le philosophe Pierre Manent, les droits individuels rĂšgnent sans contre-poids jusqu’à faire pĂ©rir l’idĂ©e du bien commun » (Manent, 2018). Le respect de la loi dĂ©mocratique s’impose dans la marche pour la libertĂ©. En 480 avant J.C., face Ă  plusieurs milliers de soldats de l’Empire achĂ©mĂ©nide, face aux Perses, l’opposition de l’alliance des citĂ©s grecques, en nette infĂ©rioritĂ©, leur chef, LĂ©onidas, en tĂȘte, avec 300 hoplites spartiates, se sont sacrifiĂ©s hĂ©roĂŻquement pour dĂ©fendre le Droit. Une stĂšle rappelle ce mĂ©morable Ă©vĂ©nement, avec l’inscription « Vas, Ă©tranger qui passe ici, dire Ă  Sparte, que nous gisons ici, fidĂšles Ă  ses lois ».
La CitĂ© de PĂ©tra, vaste citĂ© taillĂ©e dans la pierre, fondĂ©e Ă  la fin du VIe siĂšcle avant J.C. par les nomades nabatĂ©ens, peuple arabe ingĂ©nieux Ă©tabli en Jordanie depuis plus de 2000 ans, qui s’y est installĂ© pour en faire sa capitale au IVe siĂšcle, illustre l’ aptitude d’une culture Ă  faire progresser un peuple. PĂ©tra, aprĂšs avoir fondĂ© un carrefour stratĂ©gique Ă  la jonction des routes de commerce de la soie et des Ă©pices, reliant la Chine, l’Inde et l’Arabie mĂ©ridionale Ă  l’Egypte, la Syrie, la GrĂšce et Rome, est parvenue Ă  se muer en une oasis florissante, atteignant quelque 30 000 habitants lors de son apogĂ©e. Et tout cela, en dĂ©pit de son annexion par les Romains, d’un sĂ©isme de magnitude 8-9 en 363, puis de l’occupation byzantine. Un symbole de la force d’une culture qui a contribuĂ© aux lents progrĂšs de l’humanitĂ©.
Outre la nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre aux principes Ă©thiques dans toute action humaine, l’une des caractĂ©ristiques fondamentales du progrĂšs est la crĂ©ativitĂ©. Celle-ci ne s’exprime pas seulement dans la facultĂ© de produire des visions Ă  long terme, nouvelles et pertinentes, mais dans la capacitĂ© d’écoute, de dĂ©chiffrage. L’observation des signaux dits faibles, des indices cachĂ©s, est souvent dĂ©cisive, porteuse d’avenir. Pour pouvoir rectifier, il importe de scruter le fin-fond des informations qui rĂ©vĂšlent des ambigĂŒitĂ©s, parce que peu compatibles avec le discours habituel de l’organisation sociĂ©tale.
Dans son Ă©mission « Course Ă  l’espace - Le « New Space » » du 30 dĂ©cembre 2017, Christine Ockrent a montrĂ© que l’espace astral sera sans doute le prochain domaine de la super-innovation, l’humanitĂ© Ă©tant en train de chercher Ă  se projeter au-delĂ  de la Terre. Google et Amazon, notamment, sont sur la piste. Boeing rĂȘve de vols lointains, un phĂ©nomĂšne spĂ©cifique aux Etats-Unis. La planĂšte la plus habitable est Mars, parce que l’on peut y atterrir, s’installer lĂ  oĂč seront les matiĂšres premiĂšres qui finiront pas manquer sur la Terre.
Le Luxembourg a dĂ©jĂ  pris des initiatives de ce genre et a proposĂ© une lĂ©gislation Ă  ce sujet, accompagnĂ© d’un cadre financier et logistique. Seulement, l’accĂšs au capital extra-europĂ©en s’impose encore comme Ă©tant lourd en investissements de toute nature. Si Airbus est un outil, Ariane 6 aussi, si l’Europe a dĂ©jĂ  manquĂ© la pleine mutation vers le numĂ©rique, l’intelligence artificielle, et la robotique, les Etats du Golfe sont Ă  mĂȘme de disposer des moyens financiers requis. Tout est en outre liĂ© au modĂšle de lancement que l’Europe avait du mal Ă  mettre en place.
Le principal obstacle n’était pas l’insuffisance de l’innovation, nous venons de le voir, mais l’encore impossibilitĂ© technologique de revenir sur la Terre ! A prĂ©sent, les projets lunaires ont Ă©tĂ© lancĂ©s avec succĂšs. Le 30 mai 2020, Ă  21 heures 22, un partenaire privĂ© de la NASA, l’industriel milliardaire Elon Musk, mais aussi grand visionnaire, est parvenu Ă  devancer le tandem sino-russe, en lançant depuis Cap Canaveral, la navette Ă  un Ă©tage avec la capsule Dragon SpaceX en direction de la Station spatiale internationale lunaire, avec deux astronautes Ă  bord. Un vol, d’une durĂ©e de 19 heures, permettant de passer de la fiction Ă  la rĂ©alitĂ©. L’humanitĂ© est allĂ©e au-delĂ  du dicton plein d’ironie : « tirer des plans sur la planĂšte » ! Musk a pour ambition de dĂ©velopper des vols commerciaux, donc des navettes habitĂ©es par de riches candidats aux sensations fortes, Ă  base de toutisme spatial. Il a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  dresser sa liste.
L’ouvrage dirigĂ© par Jean-Claude CarriĂšre, sur « Du nouveau dans l’invisible » (CarriĂšre, 2017), part du constat que tout systĂšme fermĂ©, tel que celui de la Terre, est vouĂ© au dĂ©clin, et que notre esprit est trĂšs limitĂ© face aux milliards d’astres. CarriĂšre observe que l’univers offre un champ illimitĂ© Ă  la science et Ă  l’ouverture d’esprit, ainsi qu’à la tolĂ©rance. D’extraordinaires potentialitĂ©s, qui sont source d’espoirs et qui nous incitent Ă  poursuivre, en attendant, nos nombreux efforts de prospective.
Dans « Simples propos », Louis Armand a tracĂ© une voie dĂ©terminante destinĂ©e Ă  rĂ©partir les rĂŽles entre les scientifiques et les politiques (Armand, 1968). Dans le sillage de Gaston Berger et de son mouvement « prospective », il a soulignĂ© l’ardent dĂ©sir des prospectivistes d’obtenir que les responsables politiques acceptent l’apport des facteurs humains dans le dĂ©veloppement technique et Ă©conomique. Il a mis Ă©galement l’accent sur l’exigence d’une rĂ©partition Ă©quitable du produit du travail dans l’organisation de la sociĂ©tĂ©, demandant en page 79 que l’ingĂ©nieur soit Ă  mĂȘme de prĂ©senter des propositions dans ce sens, sous rĂ©serve que la dĂ©cision finale, qui ne peut ĂȘtre que politique, en tienne compte.
A la fin du mĂȘme siĂšcle, en 1998, l’Allemand Joschka Fischer, ministre Ă©cologiste des Affaires Ă©trangĂšres et vice-chancelier dans le gouvernement Schröder, « rebelle » issu du mouvement de 1968, a entendu marquer de son empreinte son passage en politique, Ă  l’ñge de 50 ans, en essayant de faire, cahin-caha, un bout de chemin, encore pĂ©nible, dans ce sens. Il a dĂ» constater que, pour rĂ©ussir, il fallait, non seulement de la tĂ©nacitĂ© appuyĂ©e sur la compĂ©tence, mais le temps suffisant pour ĂȘtre Ă  mĂȘme de rĂ©aliser au moins une partie de la tĂąche escomptĂ©e. En sachant que les tribulations politiques obscurcissent rĂ©guliĂšrement les chances de succĂšs. C’est pourtant lui qui n’a pas osĂ© s’imposer, devenu ministre, donc arrivĂ© au pouvoir, en participant Ă  la dĂ©cision politique de la crĂ©ation de la premiĂšre ligne ferroviaire mondiale Ă  sustention magnĂ©tique, appelĂ©e Maglev, de Berlin Ă  Hambourg !

II – Les dangers d’une emprise dĂ©sinvolte de la technicitĂ© sur le devenir de l’humanitĂ©

Nous l’avons entrevu, Johann Wolfgang von Goethe dĂ©jĂ , dans son Ɠuvre rĂ©volutionnaire « Faust », a fait apparaĂźtre l’effet de MĂ©phisto, l’apprenti-sorcier Faust finissant par accuser les esprits malfaisants de l’avoir ensorcelĂ© (« Die Geister die ich rief, die werde ich nicht mehr los »). La toute-puissance des technocrates, surgie Ă  la faveur du progrĂšs scientifique et technologique, est difficile Ă  conjurer, mais la dĂ©marche, devenue indispensable, doit ĂȘtre poursuivie, une ambition Ă©thique Ă  l’appui de la compĂ©tence technologique. Savoir et savoir-faire fondĂ©s sur les sciences et techniques sont Ă  prĂ©sent les garants qui sous-tendent la marche de l’humanitĂ© vers son Ă©mancipation culturelle et la « maĂźtrise des Ă©lĂ©ments » qui rĂ©gissent le fonctionnement de la Terre.
La France, est, hĂ©las ! « le pays des concours », pour « des tĂȘtes bien pleines », alors que la marche de l’humanitĂ© requiert « des tĂȘtes bien faites ». Elle n’a pas besoin d’ « Ă©lites », mais d’ « Ă©diles », ainsi que l’a proposĂ© fort pertinemment Jean-François Gravier (voir prochaine subdivision). C’est parce que les responsables politiques n’ont pas forcĂ©ment le niveau requis -nul ne peut leur en vouloir - qu’ils se tournent vers des experts. C’est lĂ  que le bĂąt blesse : encore faut-il que ceux-ci soient autre chose que des technocrates, c’est-Ă -dire des personnalitĂ©s ouvertes aux vraies rĂ©alitĂ©s, Ă  une vision durable Ă  long terme !
TrĂšs souvent aussi, le politique met Ă  profit son pouvoir de dĂ©cision discrĂ©tionnaire pour imposer l’idĂ©ologie de son parti ou ses propre...

Table des matiĂšres

  1. Sommaire
  2. Introduction
  3. PremiĂšre partie : les fondamentaux
  4. DeuxiĂšme partie : La fragilitĂ© de l’oekoumĂšne et ses profondeurs historiques
  5. TroisiĂšme partie : Du fractionnement de l’humanitĂ© Ă  l’universalitĂ© des territoires
  6. QuatriĂšme partie : Repenser le monde, c’est repenser ses finalitĂ©s et ses modes de dĂ©veloppement
  7. Conclusion
  8. Page de copyright