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George Sand et sa fille, d'après leur correspondance inédite
(1855-1873)
- 34 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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George Sand et sa fille, d'après leur correspondance inédite
(1855-1873)
À propos de ce livre
La mort subite de Jeanne Clésinger (13 janvier 1855), au début d'une année qui semblait pleine de promesses, avait foudroyé la mère et la grand'mère. La correspondance de George Sand et de Solange nous montre la persistance de cette prostration. « Je vais tous les jours pleurer dans le chalet toute seule, écrit George Sand le 12 février. Je ne peux pas prendre le dessus. Je suis trop vieille pour me consoler. » Encore la grand'mère est-elle moins à plaindre que la mère. Car cette mère, en perdant son enfant, a perdu la direction même de sa vie. Elle est libre, il est vrai, après avoir été esclave de son mari, et esclave maltraitée. Mais cette liberté, qu'en faire désormais?
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Informations
III
George Sand semble désespérer d’amender ce caractère déconcertant. Au fond, elle espère toujours. C’est que, dans la riche nature de Solange, le remède est à côté du mal. Il ne lui manque que de vouloir. Déjà, lors de ses accès de folle mondanité coupés de dégoûts et de lassitude, la mère avait jeté à sa fille cet avertissement : « Je ne croirai jamais que cela [tes qualités] doive aboutir à faire de toi une lionne. » Dès 1851, elle la pique, elle la stimule, elle l’entraîne au travail. Dans la crise morale, autrement grave, qui suivit la mort de Jeanne, George Sand attendait le moment propice pour tenter, par le travail encore, une cure définitive. Hérédité à part, toutes sortes de raisons conseillaient à la femme séparée, si intelligente et si désœuvrée, une occupation sérieuse. Jusqu’à un certain point même, les circonstances lui commandaient une tâche lucrative. Le budget de Solange était alors dès plus minces. Son mari, — disparu en Italie, — n’avait garde de payer les intérêts de la dot dissipée, quoique tenu par un jugement de le faire ; son père, malgré ses bonnes intentions, comptait très irrégulièrement la petite pension dont il l’aidait (9); le plus clair des ressources de Solange venait de Nohant, et, à Nohant même, on n’était pas très au large. Les années 1857 à 1860 furent terribles pour la librairie. L’attentat d’Orsini avait provoqué des mesures draconiennes envers la presse. Malgré ses relations personnellement bonnes avec le prince Napoléon et même avec l’Empereur, George Sand subissait le contre-coup de ces « rudes avertissemens » suivis de suspensions, qui équivalaient souvent à une ruine. Elle en fit l’épreuve pour la Daniella et même pour les Beaux Messieurs de Bois-Doré (10). En 1859, la situation était très précaire, et la tâcheronne de Nohant l’établissait ainsi, à la fois pour elle et pour sa fille :
… Tu m’as parlé de ta situation, qui n’est pas satisfaisante et que j’ai le chagrin de ne pouvoir améliorer. Que faire ? J’ai cinquante-cinq uns et ne puis renouveler les forces que la nature va sans doute bientôt me refuser. Je n’ai pas placé un centime, je ne l’ai jamais pu. Il eût fallu me retirer dans un petit coin et vivre absolument seule, n’en jamais sortir, et faire des économies. Il n’a jamais dépendu de moi de régler ainsi mon existence ; et, depuis ton mariage et la révolution de Février, tu sais le changement qui s’est fait dans mes ressources. Tu me demandais conseil l’autre jour à Paris. Je ne pouvais que te rabâcher : Vis de peu, ou apprends à travailler. A tout, tu réponds : C’est impossible. Que veux-tu donc que j’invente pour toi, ma pauvre enfant ? Je ne puis changer les conditions de la vie. Il t’a fallu du luxe. Je t’ai donné, l’un dans l’autre, beaucoup plus du tiers de notre avoir. Il faut bien songer que l’on frère doit en avoir autant pour s’établir. Il me restera alors à peine un quart, sur lequel je te ferai encore 2 400 francs. J’ai établi mon bilan dernièrement avec des hommes d’affaires. Si Maurice se marie, il me restera, les impositions payées, 1 000 à 1200 francs de rente. Tu dis à cela que je travaille. Oui. Je travaillerai tant que je pourrai. Mais quand je ne pourrai plus ? Impossible depuis deux ans de vendre autre chose que ce que je produis au jour le jour. En présence des grands événemens qui se produisent et qui causent une crise générale peut-être très longue, et très grave à envisager, je n’ai pas l’espérance de faire une affaire quelconque avec cette propriété littéraire, peut-être considérable un jour comme valeur. Mais quel jour ? quand j’aurai soixante-cinq ou soixante-dix ans ? Tout cela ne m’affecte pas pour moi-même. Le jour où je ne pourrai plus soutenir la vie de Nohant, je trouverai moyen de me passer d’un reste de bien-être. Ce qu’il faut, il le faut, et la plainte ne sert de rien. Ce qu’il y a de certain, c’est que je n’ouvrirai pas de souscription Lamartine. Ce qui m’afflige et m’abat, c’est de ne pouvoir te faire un meilleur sort. Si tu m » le reproches, tu as bien tort. J’en souffre plus que tu ne penses, et, plus je m’en tourmente, moins les forces me reviennent. Le seul conseil que je puisse te donner, c’est d’avoir une forte volonté pour les privations ou pour le travail. Et quand tu dis ça m’ennuie, je n’ai plus rien à dire. La volonté ne se donne pas. Bonsoir, ma mignonne, je ne puis écrire davantage. Je te bige mille fois.
A la date de cette lettre (1859), Solange avait déjà essayé du travail. Mais le grand effort, le saut définitif lui coûtait encore. Elle ne le fera jamais, quoiqu’elle ait produit deux ouvrages, et qu’à une certaine époque, elle ait eu plusieurs autres essais sur le métier. Commencer lui coûtait peu. Mais continuer, mais achever ! Une fois la première fièvre tombée, elle laissait tout languir. C’est que, avec trop de goût naturel pour se satisfaire à bon compte, elle n’eut jamais assez de persévérance pour triompher de toutes les difficultés du métier. « C’est un métier, dit La Bruyère, de faire un livre, comme de faire une pendule. » C’est même un métier que de faire un article ; plus facile d’ailleurs, et auquel une femme vive, spirituelle est vite dressée. Solange le prit d’abord par ce bout-là. Mais c’est le cas de détailler un peu. En raccourci, l’exemple de Solange peut nous montrer ce qu’était une femme de lettres amateur sous le second Empire, et quelles difficultés rencontre une essayiste, même bien douée, lorsque d’amateur elle veut s’élever au rang d’auteur.
Cela commença par des vers, naturellement. Une jeune femme qui souffre incline à chanter sa douleur. George Sand encourage (26 avril 1856) : « Je vois avec plaisir que la veine poétique persiste. Va toujours. Tu sais qu’il faut publier un volume. Tout petit, ce sera de bon goût. Mais il faut que ça siète du bon. » Ce n’était encore que de lassez bon. Solange avait jeté son dévolu sur les petits poèmes à forme fixe du XVIe siècle, triolets, rondeaux, etc. Voici un échantillon de son envoi à sa mère :
Reprenez votre cours, mes pleurs,
Vos sources ne sont point taries ;
Vous ne savez tous mes malheurs,
Reprenez votre cours, mes pleurs.
La vie est changeante en douleurs,
Qui se déroulent par séries ;
Reprenez votre cours, mes pleurs,
Vos sources ne sont point taries.
George Sand poursuit :
Je n’ai pas fait l’illustre Manceau seul juge de tes poésies. Je les trouve très jolies de forme, un peu creuses de sens. Les rondeaux et triolets ont l’inconvénient de rendre l’esprit plus chercheur de rimes que d’idées. Je sais bien qu’il n’en faut pas faire une grande consommation en vers ; mais encore en faut-il un peu, ou au moins il faut une grande clarté dans ce peu. Quand tu dis : vous ne suivez tous mes malheurs, on ne sait pas du tout si c’est aux larmes que tu t’adresses, ou à quelque auditeur. Du reste, c’est très joli à l’oreille, très coulant. Avec quelques mois d’étude, ça peut devenir bon. Par étude, j’entends qu’il faut en faire souvent et beaucoup. La forme te deviendra alors si facile que tu pourras n’en être pas gênée pour accuser un peu plus le fond.
Ce premier projet fut bientôt abandonné. Trois autres petites pièces, du même style, prouvent que Solange pratiqua quelque temps ce pastiche, d’ailleurs facile. Mais il ne fut plus reparlé d’un volume de vers, même « tout petit, » sinon beaucoup plus tard, et, même alors, ce projet n’aboutit pas.
L’année 1856 ne s’était pas écoulée que Solange projetait un autre essai, probablement un roman. Je viens de finir un autre roman, — lui écrit sa mère, en décembre. — Et toi ? Te voilà dans de superbes projets. Pourvu qu’il y ait autre chose de fait que les titres des chapitres ! Je désire excessivement que ton ardeur ne se passe pas en paroles et en projets : et, si tu veux me faire tout de bon plaisir, tu mèneras la chose à bonne fin. Le travail relève de toutes les méchancetés du dehors, et de tous les ennuis du dedans.
Ce nouvel ouvrage dut être bientôt délaissé. Il pouvait attendre, puisqu’il avait déjà ses titres de chapitres ! C’est sans doute à lui que George Sand faisait allusion, lorsqu’elle lui écrivait malicieusement (une fois n’est pas coutume) le 14 janvier 1859 : « Je n’ai pas besoin de te dire de ne pas trop te fatiguer à ton roman, Il ne me paraît pas qu’il t’enivre… »
Si Solange n’écrivait pas le roman projeté, c’est peut-être qu’elle en vivait un autre. Sur ces entrefaites, elle avait renoué avec l’ami dont la correspondance, surprise par Clésinger en 1854, avait provoqué l’éclat que nous avons raconté plus haut. Cet ami était le comte A***, député du Piémont ; sa résidence ordinaire était à Turin, mais il faisait à Paris des passages ou des séjours. Le 26 mars 1858, Solange parle de lui à sa mère sur un tel ton que celle-ci lui répond : « On voit bien à ton style que c’est le descendant du Corneille de l’Italie. » Solange, sans doute invitée par lui, veut partir pour Turin. Cet imprévu l’attire. Le Piémont, d’ailleurs, était fort intéressant à cette époque, à la veille de l’indépendance italienne. Et Turin, ville de tout temps à demi française, comptait, en outre, des exilés ou des victimes de l’Empire. Un des meilleurs amis berrichons de George Sand, Ernest Périgois, s’y trouvait entre autres, avec Etienne Arago. C’était là matière à devis politiques, à observations, à écritures.
Un livre sur le Piémont ! Solange le voit luire dans l’éclair de sa fantaisie. Et la voilà qui se prépare à ce fascinant voyage. Elle empile sur sa table et dévore simultanément : une grande biographie de Victor Alfieri, les lettres du président de Brosses sur l’Italie, celles de Mlle de Lespinasse et enfin les ouvrages… du maréchal de Saxe ! Férue tout à coup d’enthousiasme pour son grand ancêtre de la main gauche, Solange ambitionne d’écrire, elle une femme, l’ouvrage d’histoire grave, technique, profond, dont son héros est digne et qui lui manque encore. La tête échauffée de ces projets multiples, elle part pour Turin. Sitôt arrivée, elle tombe à plat, et s’ennuie. Elle se plaint de cet ennui à Ernest Périgois, et à sa mère. Celle-ci lui répond : Écoute un peu les conseils d’Ernest, qui sont excellens et aussi bien dits que bien pensés. Je les signe des deux mains. Il ne tient qu’à toi d’être charmante et d’avoir une vie à la hauteur de ton esprit. Tout ce que tu me dis de toi, aujourd’hui, est naturel et aimable. Eh bien !...
Table des matières
- Sommaire
- Chapitre I
- Chapitre II
- Chapitre III
- Chapitre IV
- Chapitre V
- Chapitre VI
- Page de copyright