Chemins Arvernes
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Chemins Arvernes

Des monts Dore aux monts Dôme

  1. 188 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Chemins Arvernes

Des monts Dore aux monts Dôme

À propos de ce livre

Lacs, volcans, l'eau et le feu, termes évocateurs qui convainquirent Jean-Marc de tenter l'aventure pédestre avec moi, en Auvergne. L'itinéraire sillonne des territoires d'exception, traverse des étendues sauvages, des régions naturelles aux paysages remarquables: forêts, rivières, estives, tourbières, montagnes, crêtes, cascades, landes. Commençant à Saint-Nectaire dans les monts Dore, reliefs aux apparences de massifs alpins, il se poursuit dans les immensités herbeuses du Cézallier, côtoie les confins du Cantal, plus vaste stratovolcan européen, s'infiltre dans le pays de l'Artense, contrée aux apparences nordiques, regagne les monts Dore avec l'ascension du Puy de Sancy, atteint la chaîne des Puys, muséum du volcanisme grandeur nature et revient au point de départ.

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Informations

Année
2020
Imprimer l'ISBN
9782322235629
ISBN de l'eBook
9782322177844

DANS LES MONTS DORE, RETOUR 1

De Chareire à Orcival
Étape 6 : Chareire – La Bourboule
Temps nuageux, pluie et ensoleillé le 17.05.2012
(28 km – 3 à 15 °C)
Emmitouflé jusqu’aux oreilles, j’avance seul, au ralenti, ahanant, sur le sol neigeux d’une pente abrupte, interminable, sous un ciel sombre, baigné d’une atmosphère surprenante. À chaque pas, mes semelles marquent l’étendue blanche, mais aucun craquement, aucun bruit aux alentours. Où marche Jean-Marc ? Devant moi, pas de traces, derrière moi, les miennes. Je m’époumone à l'appeler ; mes cris demeurent inaudibles, aucun son ne sort de ma gorge : l’air glacial les annihile. L’ambiance oppressante me fige, jusqu’à me retenir captif, au sein d’un milieu hallucinant, sans horizon. Il ne ressemble à rien qui me soit connu. Une sensation d’étouffement me pousse à fuir, sans pouvoir courir. Ex abrupto, je me réveille, suffocant et en sueur. Un cauchemar, un vrai cauchemar issu de mon inconscient… Le temps de comprendre que l’étape de demain perturbe mon esprit et je me rendors.
Éveillés de bonne heure, après une nuit agitée en ce qui me concerne, nous sommes dans un état d’excitation inhabituel. L’ivresse des cimes qui nous attend, sans doute… Le matériel rangé, vêtus de double, voire triple couches, nous sommes prêts à lutter contre le froid et à braver la montagne. Sac sur l’épaule, nous descendons à la salle à manger. Debout près du bar, Laurette nous salue et pointe du doigt la table qu’elle a préparée en retrait du zinc :
« Que buvez-vous, café, thé, chocolat ?
–– Thé vert nature pour chacun s’il vous plaît ! annonce Jean-Marc.
–– Installez-vous, j’arrive. »
Après avoir posé sacs et bâtons aux pieds d’une chaise, nous nous attablons. Le pain, le beurre, le sucre, les confitures, les fruits et le jus d’orange trônent sur la nappe à carreaux rouges et blancs. Dans un vase de grès, rond et ventru, des fleurettes champêtres jaunes et bleues complètent la décoration. Notre hôtesse ne tarde pas à venir avec les mugs, les sachets de thé et l’eau chaude. Le petit-déjeuner nous régale.
Chacun avec une pomme en poche pour la route, maraudée sur la table avec l’assentiment de Laurette, nous nous levons et allons au comptoir. Sur les étagères d’une vitrine réfrigérée des fromages et charcuteries attirent mon regard. Je ne résiste pas à un appétissant morceau de Saint-Nectaire fermier et Jean-Marc cède à la tentation d’un saucisson sec, pur porc. Laurette suggère que nous lui achetions du pain, car il est impossible de se ravitailler en chemin. Va pour une baguette de campagne farinée, mais enveloppée dans un sachet ! Des poids supplémentaires sur le dos… Nous réglons nos dus, nous nous équipons. Avant de sortir, je demande à Laurette :
« Que prévoient les bulletins météorologiques pour la journée ?
–– Nuages et averses ce matin, vent d’ouest et apparition du soleil au début de l’après-midi.
–– Et la température ? poursuit Jean-Marc.
–– Deux à trois degrés ce matin, jusqu’à quinze degrés dans l’après-midi selon le journal.
–– Bien couverts, nous nous réchaufferons rapidement, merci pour tout. Au revoir !
–– Au revoir ! ajoute mon compagnon.
–– Bonne route et à bientôt peut-être ! lance Laurette avec un grand sourire et un signe amical de la main. »
Nous sortons. D’un mouvement synchrone et ascendant, nos regards se portent vers le Puy de Sancy. D’énormes nuages sombres masquent les crêtes du stratovolcan, tandis qu’à l’opposé des clairières illuminent le ciel. Nous nous mettons en marche à pas lents, comme accablés par ces présages. L’air vif cingle nos figures. Songeur, Jean-Marc enfile ses gants ; je remonte le col de ma veste. Je considère, sans le dire, que le parcours de vingt-huit kilomètres sera une laborieuse entreprise. Au fur et à mesure que nous avançons, les pas s’allongent. Mon ami rompt le silence :
« Qu’en penses-tu ?
–– Je pense que nous avons bien fait d’établir un plan de repli. Remercions Anouk et Pierre de nous l’avoir suggéré, mais n'anticipons pas.
–– Nous verrons en temps voulu. »
À l’orée de la forêt sectionale de la Morangie, plus particulièrement celle du bois de Domais, nous nous engageons sur une piste de terre qui traverse un large passage dépourvu d’arbres. Puis, elle s’engouffre dans le sous-bois, franchit la rivière Tarentaine avant d’atteindre et contourner La Morangie. À la sortie du hameau, un chemin empierré, bordé de blocs de granite et de clôtures, s’étire en direction du nord-est. Là-bas, les flancs sud du Sancy se dressent devant nous. Au loin, la forme caractéristique du neck30 de la Banne d’Ordanche se découpe dans le ciel devenu gris clair. Le vent d’ouest chasserait-il les nuages ?
Une trouée, dans la hêtraie que nous parcourons, permet d’apercevoir le buron de Merdençon perché sur une ligne de crête. La piste creuse, jonchée de branches et de feuilles rousses sur lesquelles perle encore la rosée matinale, sinue dans le sous-bois. Entre les troncs des fayards aux pieds moussus, telles des monstres endormis dont les dos seraient couverts d’un lainage couleur d’émeraude, nombre de roches granitiques façonnées par les millénaires, gisent parmi les racines noires qui émergent du sous-sol. L’humus embaume le silence troublé par le glissement de nos pas et de rares chants d’oiseaux. Les ramées nouvelles forment un dais mouvant qui filtre le jour en une lueur vert pâle. Nous sortons de ce bois enchanteur et débouchons à la jonction avec la voie balisée qui se dirige vers la vallée de la Fontaine Salée.
Nous nous arrêtons devant le poteau indicateur : vers le nord-est, le Puy de Sancy, vers le nord-ouest, la station de Chastreix-Sancy. Au-dessus le ciel bas traîne les nuages gris vers le massif du Sancy. Les yeux accrochés aux nues, Jean-Marc me pose la question :
« Que faisons-nous ?
–– Le vent souffle dans la bonne direction, les nuages filent au nord-ouest, le ciel s’éclaircit par l’ouest et les averses nous épargnent. Les prévisions météo décrites par Laurette semblent se confirmer, continuons par le GR30. Qu’en penses-tu ?
–– Je suis d’accord.
–– Au col du Couhay, nous grignoterons un peu.
–– Parfait, mais avant d’entreprendre l’ascension, allons jusqu’à la Fontaine Salée31 ! suggère Jean-Marc. »
Nous cheminons hors circuit, franchissons une passerelle en bois, longeons une clôture de fils barbelés et aboutissons à un ruisseau. Issu du cirque glaciaire, creusé sur le flanc sud du Puy de Sancy, il s’écoule dans une large vallée. Au sein de cette zone naturelle protégée, s’étendent de vastes pâturages parés de cortèges floristiques multicolores, parsemés d’imposants blocs morainiques, boisés de saulaies. Nous suivons la rive vers l’aval jusqu’à une modeste étendue d’eau peu profonde. Du fond de couleur rouille, sourdent trois sources ferrugineuses d’où s’échappent des bulles gazeuses – traces de l’activité volcanique souterraine actuelle – qui, crevant à la surface, se répandent en ondes concentriques. Espèces rescapées de la dernière période de glaciation, les saules des Lapons entourent la petite nappe d’eau. Les droséras occupent ses abords à l’affût d’insectes insouciants du danger. En contrebas d’un sommet arrondi situé au nord-ouest, des cavalières et cavaliers descendent en file indienne vers le fond de la vallée. Les chevaux avancent au pas dans ce panorama grandiose composé d’immenses prairies et de pics en arrière-plan ; au milieu de ce décor de western ne manquent que les troupeaux de Texas longhorn… Afin que l’illusion soit parfaite, nous devrions revenir en juin après la transhumance du gros bétail ! Séances de photos et nous regagnons le GR30.
L’un après l’autre, nous utilisons le passe-clôture et posons les pieds sur le sol humide de la Montagne Haute. Parmi d’énormes rochers et l’herbe brune, nous commençons l’ascension par une mise en jambes vers le sud-est. Sur le versant abrupt, le sentier serpente, s’incurve au sud, puis une large courbe l’oriente au nord. Au fur et à mesure que nous nous élevons, nous dominons les hêtraies traversées auparavant et le site de la Fontaine Salée. Au loin, se distinguent les monts du Cantal, le Puy Mary, le Plomb du Cantal dont les sommets, couverts de plaques neigeuses, se détachent dans le gris bleuté du ciel. Le vent a forci ; il pousse vers le massif de sombres et inquiétantes nues. Que nous réservent-elles ?
La course se poursuit, le Puy Gros en point de mire. Nous atteignons l’étage subalpin, zone montagnarde de pelouses et pacages brûlés par les intempéries hivernales, égayé d’épars bouquets de jonquilles. Les corolles à trompettes, chahutées par le vent, se balancent sur leur longue tige. Voilà une demi-heure que nous grimpons vers les éboulis étalés au pied des pentes, notre objectif dans l’immédiat. À quelques semaines de l’été, les névés, accrochés aux bas-fonds des adrets, se résolvent en eau. À présent, de lourds nuages masquent les pics du massif, plombent le ciel qui menace de se vider sur nous. Une halte s’impose afin de souffler et admirer les paysages. Nous gravons les sites environnants dans la mémoire numérique de nos appareils. Je regarde vers le col du Couhay, le désigne de l’index et suggère à Jean-Marc :
« Il pleut là-haut, nous devrions revêtir nos habits de pluie.
–– D’accord, ils nous protégeront aussi du vent. »
Nos sacs à dos posés, nous en sortons nos vêtements imperméables. J’enfile le mien, remonte la fermeture à glissière et serre le cordon du capuchon. J’aide mon ami à endosser le sien, un poncho acquis à Saint-Jean-Pied-de-Port lorsque nous marchions sur le chemin de Compostelle. Celui-ci recouvre son sac en entier et le protège avec efficacité, mais la première expérience avait laissé présager qu’il ne pourrait jamais l’enfiler tout seul32. Préfiguration confirmée !
Dès que nous repartons, de lourdes gouttes commencent à tomber et crépitent avec force sur les pierriers tout proches. En un instant, elles submergent les lichens et les mousses qui poussent sur les lithosols voisins. Mon compagnon marche devant moi ; je l’imite en baissant la tête afin que la pluie n’éclabousse pas mes lunettes. Le vent soulève ma cape, mon pantalon se mouille jusqu’aux genoux, en peu de temps. Nous longeons un névé dont l’averse détrempe la surface gelée et parvenons à un large espace de neige durcie. Le vallon est recouvert d’une langue de glace ; il est inévitable de marcher dessus afin de rejoindre le sentier en face. Jean-Marc s’arrête, se retourne et m’interpelle, un sourire goguenard aux lèvres :
« Prends la tête, tu as davantage l’expérience de la neige.
–– De la neige, c’est possible, de la glace, pas certain.
–– En tout cas, tu connais la montagne mieux que moi, alors…
–– Alors, tu me promeus premier de cordée ?
–– Et guide de haute montagne, par la même occasion !
–– Reste ici, j’y vais donc d’abord.
–– Sois prudent, je te surveille ! lance mon ami en demeurant sur place. »
Confiant à la vue des nombreuses traces de pas devant moi, je pose mes semelles sur la surface gorgée d’eau et glissante. Mes chaussures s’enfoncent dans la neige fondue. La forme bombée du terrain dissimule des excavations dans l’épaisseur de glace. Je les découvre au fur et à mesure de ma progression vers le fond du vallon. J’avance avec lenteur, à pas mesurés, concentré, en appui sur mes bâtons de marche. Près de l’une d’elles, je me penche et aperçois un ruisselet qui dévale la pente à près de deux mètres en dessous. Stupéfait, je recule d’un brusque mouvement. Jean-Marc, qui suit mon avancée, s’écrie :
« Que t’arrive-t-il ?
–– La fonte des neiges crée des écoulements en profondeur. Je marche sur un pont de glace ! dis-je en donnant de la voix.
–– Ne bouge pas, je regarde la carte IGN. »
Il la déplie, la consulte et reprend à pleins poumons :
« C’est un ruisseau, La Trentaine. Plus loin, il y a celui de Chareire !
–– Je vais franchir le premier. »
Sur le qui-vive, l’ouïe et la vue aux aguets du moindre craquement, du moindre affaissement suspect, je franchis l’intégralité du pont et atteins, enfin, le sentier. La gadoue noire du plancher des vaches me rassure. Je me retourne : Jean-Marc s’est approché du névé et s'apprête à marcher dessus. Je lève le bras et lui signifie de venir.
Nous tournons le dos au Puy Gros et poursuivons sur la sente qui remonte. Plus haut, nous dominons le vallon au fond duquel coule l’autre ruisselet, en partie caché sous la glace. L’eau bouillonnante s'engouffre dans un grand orifice sombre creusé sous ce qu’il reste de la neige hivernale… Le sentier descend jusqu’à un autre pont de glace et de neige, situé à proximité du point de départ des téléskis du Ferrand Su...

Table des matières

  1. Du même auteur
  2. Indication
  3. Dédicace
  4. Epigraphe
  5. Sommaire
  6. AVANT-PROPOS
  7. DANS LES MONTS DORE
  8. LE PLATEAU DU CÉZALLIER
  9. LE PAYS DE L’ARTENSE
  10. DANS LES MONTS DORE, RETOUR 1
  11. LES MONTS DÔME
  12. DANS LES MONTS DORE, RETOUR 2
  13. REMERCIEMENTS
  14. Plus d'infos
  15. Page de copyright