Bataille dâArras
Le plan de bataille conçu par lâEntente prĂ©voyait, dâun cĂŽtĂ© une offensive franco-anglaise sur un large front et le mĂȘme terrain de bataille de la Somme, en second lieu une offensive française entre Soissons et Reims, dâĂ©craser les lignes allemandes entre Soissons et Roye et terminer lâenveloppement par la jonction de ces deux armĂ©es.
Pour la rĂ©ussite de ces plans, des prĂ©paratifs massifs furent entrepris et rĂ©alisĂ©s. Des wagons pleins de munitions convergĂšrent vers les points de dĂ©part et de regroupement, divisions par divisions sont retirĂ©es des fronts pour ĂȘtre rééquipĂ©es Ă neuf, complĂ©tĂ©es et instruites aux nouvelles tactiques misent au point par le rĂ©cent vainqueur de Douaumont. Des milliers de batteries dâartillerie lourde et sur rails sillonnaient le bassin de lâOise ; rails, routes et ponts furent crĂ©e. Toutes les zones furent divisĂ©es, repĂ©rĂ©es tel un Ă©chiquier et dans les rĂ©giments des corps dâarmĂ©es, la prĂ©diction de la victoire Ă cette bataille dĂ©cisive de cette guerre mondiale apportera la Paix dâici quelques semaines galvanisa dâautant la troupe.
Le mois de mars fut entamĂ© et cette « usine » gigantesque fut presque terminĂ©e; il ne resta plus quâĂ rassembler la force humaine pour mouvoir ce coup de bĂ©lier et animer cette machinerie de guerre moderne.
LâactivitĂ© inhabituelle des Anglais prĂšs dâArras fut remarquĂ©e par lâOHL de lâArmĂ©e de Rupprecht von Bayern dont le chef dâEtat-major, le Generalleutnant von Kuhl, prit immĂ©diatement des contre-mesures.
A partir du 19 mars dĂ©buta Ă lâarriĂšre du front de la 6e ArmĂ©e, le renforcement par des Divisions en soutien.
Les convois par chemin de fer circulaient sans interruption. De longues colonnes dâartillerie lourde et de campagne sillonnaient les routes de campagne en direction du front. Des escadrilles dâavions, des compagnies de mitrailleurs, prirent leurs quartiers dans les villages Ă©loignĂ©s aux arriĂšres de la ligne de dĂ©fense. Un nombre incalculable dâouvriers travaillĂšrent nuit et jour, quelques fois sous la portĂ©e de lâartillerie ennemie, Ă creuser et Ă©riger un rĂ©seau de dĂ©fense. Aux points dâapprovisionnements, une noria de trains venant directement dâAllemagne, dĂ©versaient matĂ©riaux et munitions. Dans les dĂ©pĂŽts de munitions autour de Douai, sâĂ©levaient des montagnes dâobus dâoĂč partaient des convois en colonnes continues approvisionner les positions dâartillerie de plus en plus voraces et consommatrices dâobus.
Le grand Etat-major allemand estima que durant les combats, lâassaut ennemi se dirigera vers le Sud vers notre jonction avec la 1e ArmĂ©e. La dĂ©cision fut prise de faire passer sous le commandement de la 6e ArmĂ©e, les rĂ©giments de lâaile droite de la 1e ArmĂ©e, les deux autres groupes passĂšrent sous le commandement de la 2e ArmĂ©e, ceci en simplification du commandement.
Le repos hivernal prit fin. Devant Arras la mort prĂ©parait ses armes et son Ćuvre sanglante, tel que lâĂ©crivit prosaĂŻquement Werner Beumelburg.
La bataille dâArras se dĂ©roulera sur une ligne partant de Loos au Nord, vers QuĂ©ant au Sud, passant la Scarpe qui, prĂšs de Blangy, coupe vers lâest nos lignes en deux zones. La partie au Nord de la Scarpe est une campagne de collines qui se transforme en plateau au Nord de Givenchy puis retombe vers lâEst dans une plaine dĂ©nudĂ©e, dans laquelle sâĂ©rige la ville de Douai. Au Sud de la Scarpe le vallonnement est plus prononcĂ©. Au creux des vallĂ©es, marais et boqueteaux boisĂ©s complĂštent le paysage. Parmi les routes qui sâĂ©talent telles des pattes dâaraignĂ©e, celle dâArras â Cavrelle â Douai ainsi quâau Sud celle dâArras â Cambrai prirent de lâimportance durant les combats Ă venir.
La ville dâArras, qui donna son nom Ă cette bataille, fut un point et le nĆud important dâacheminement en renfort de troupe pour lâEntente et le passage obligĂ© pour lâartillerie anglaise et ses prĂ©paratifs. Les ruines de la ville sont Ă©vacuĂ©es de la population civile. Dans lâexĂ©cution projetĂ©e du plan anglais afin de percer le front, on relĂšve trois temps:
- Dans la semaine du Lundi de PĂąques, soit du 9 au 13/04/1917, une attaque frontale sur lâensemble du front. (First Battle of the Scarpe)
- De mi Ă fin avril 1917, assauts gĂ©nĂ©ralisĂ©s sur lâensemble du front, dans un premier temps plus appuyĂ© au Sud pour se transfĂ©rer vers le front Nord de la ligne de dĂ©fense. (Second Battle of the Scarpe 23-24 April 1917)
- Combats avec tous les moyens sur certains terrains favorables durant mai et juin 1917 (Third Battle of the Scarpe 3 â 4 Mai 1917)
Du coté anglais
La bataille dâArras (First Battle of the Scarpe) devait dĂ©buter primitivement en mars. Le dĂ©placement en repli de lâarmĂ©e allemande (environ 1 mile œ) dans des abris fortifiĂ©s construits derriĂšre lâancienne ligne de front, laissa des points comme Beaurains dans les mains des Anglais.
CotĂ© Anglais, la 3e ArmĂ©e fut positionnĂ©e au Sud dâArras. Elle occupa un front depuis Vimy au Nord jusquâavant Bullecourt. Les divisions du VII Corps se tenaient en face des troupes allemandes au Nord de Neuville-Vitasse.
La 56e Division anglaise par une offensive de son aile droite, devait empĂȘcher les Allemands de dĂ©garnir leur ligne pour se porter en renfort sur Vimy, objectif principal des Anglais pour percer le front. Ceci ne fut pas chose aisĂ©e car la Siegfried âStellung de la ligne Hindenburg se dressait en face depuis le nord de Neuville âVitasse, passant par lâagglomĂ©ration et filer vers le Sud-Est.
Cette 56e Division est composĂ©e par les brigades 167, 168 et 169. Les Rangers qui affrontĂšrent lâIR163 le 9 avril 1917 venaient de la 168e Brigade dâInfanterie composĂ©e par le 4th Royal Fusiliers, London Scottisch (14th London Rgt), Kensingtons (13th London Rgt) et bien sĂ»r les Rangers (1/12th London Rgt).
La 14e Division (41, 42 et 43e Brigade) devait passer Ă lâoffensive Ă 07H30 ; la 56e Ă 07H45 ; la 30e Division devait envoyer une brigade Ă 12H55, les 2 autres devaient se lancer Ă 16H15 en mĂȘme temps que la 21e Division Ă lâaile extrĂȘme droite, avec lâeffectif dâune brigade. Tout ceci dĂ©pendait de la percĂ©e rĂ©ussie des 14e & 56e Divisions vers; la colline du TĂ©lĂ©graphe (TelegraphenhĂŒgel), Neuville-Vitasse et le contournement de la ligne Hindenburg par son arriĂšre.
Un simple échec et les offensives de 16H seront de véritables suicides.
Durant tout le mois de mars, les Rangers se prĂ©parĂšrent Ă lâassaut de la ligne Hindenburg au sud dâArras, lors de manĆuvres Ă Iverguy et Gouy-en âArtois. Cet entrainement avant bataille sera une nouveautĂ© et fut certainement Ă la base de la rĂ©ussite du Corps Canadien pour la reprise de la colline de Vimy. Le constat fut fait aprĂšs la bataille de la Somme que les forces britanniques composĂ©es de volontaires et dâappelĂ©s sous le drapeau furent dâune moyenne dâĂąge jeune certes, mais trĂšs professionnels.
Dans le village détruit de Ransart à quelques encablures de Gouy-en-Artois, les Rangers se formÚrent au combat dans les ruines en modifiant leur tactique et méthode en conséquence.
En une Ă©tude comparative de topographie de Neuville-Vitasse avec Ransart, la similitude du rĂ©seau routier et du terrain saute aux yeux. MĂȘme les tranchĂ©es avec le rĂ©seau de barbelĂ©s ressemblaient Ă ceux de Neuville-Vitasse.
LâObere Heeres Leitung (OHL) prit dĂšs la mi-janvier la contre mesure en raccourcissant le front et opĂ©ra le repli (Alberichbewegung) dans la Siegfriedstellung qui se termina mi-mars.
DĂ©sormais le front aura 70 kms de moins mais permettra de dĂ©gager 10 Divisions qui pourront ĂȘtre envoyĂ©es en renfort vers « les points chauds ». La flexibilitĂ© de lâArmĂ©e Allemande devait rĂ©pondre Ă lâeffet « rouleau compresseur » des Anglais.
LâavancĂ©e anglaise Ă travers un terrain dĂ©vastĂ© et villages en ruines se fit prudemment et câest fin mars quâelle se trouva en face de la ligne de dĂ©fense allemande. Aux points extrĂȘmes de la Siegfriedstellung c.a.d Ă la Scarpe et Ă lâAisne, que se mit en place le dispositif en tenaille de lâennemi. Les Anglais Ă la Scarpe et les Français Ă lâAisne. Câest en ces points que dĂ©buta la bataille du matĂ©riel mĂ©canique qui, par sa force et violence, relĂ©gua dans lâombre tous les faits antĂ©rieurs de cette guerre. Selon le plan du gĂ©nĂ©ral Nivelle, les positions allemandes devaient ĂȘtre en premie...