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Cahiers de Chantilly n°10
Etudes d'histoire et d'art du sud de l'Oise
- 128 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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Cahiers de Chantilly n°10
Etudes d'histoire et d'art du sud de l'Oise
À propos de ce livre
Les Cahiers de Chantilly sont une publication créée en 2008 par le département d'histoire locale du centre culturel de Chantilly. Ils traitent de sujets inédits, dans des domaines aussi divers que l'histoire politique, sociale, artistique, littéraire de Chantilly et sa région de l'époque médiévale à nos jours.- Le tournant urbain de chantilly pendant les Trente Glorieuses: l'exemple du Coq Chantant par Sarah Gillois, animatrice de l'architecture et du patrimoine à Chantilly- Aryanisation et spoliation des biens juifs à Chantilly entre 1940 et 1944 par Caroline Bitsch, docteur en histoire-Eugène Garreau, carnet de campagne, mars-juin 1916 par Michèle Schaeffer, petite fille d'Eugène Garreau
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Informations
ARYANISATION ET SPOLIATION DES BIENS JUIFS
À CHANTILLY ENTRE 1940 et 1944
par Caroline BITSCH
« Heureux comme un Juif en France »22 était devenue une assertion courante depuis que, en 1791, la citoyenneté pleine et entière avait été reconnue aux Juifs de France. Pays pionnier de l’émancipation, la France n’avait pas, pour autant, échappé à l’antisémitisme. Exacerbé au moment de l’affaire Dreyfus, il avait connu un relâchement pendant la Grande Guerre, où Juifs et Goys combattaient ensemble dans l’enfer des tranchées, et dans la décennie suivante, puis un retour de fièvre dans les années 30. Dans un contexte troublé par la crise économique internationale, l’émergence et le développement des extrémismes politiques en Europe, l’antisémitisme avait été soigneusement entretenu par les ligues d’extrême droite et alimenté par une presse partisane comme Je suis partout, l’Action française ou encore Gringoire. Son porte-parole, le député Xavier Vallat, s’indignait le 6 juin 1936 à la Chambre, lors de l’investiture de Léon Blum, du fait que « pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain ser[ait] gouverné … par un juif ».
Mais on oublie trop souvent que c’est la victoire allemande de 1940 qui permit l’accession au pouvoir de l’extrême droite à travers le gouvernement de Vichy. Acteur et témoin « du plus atroce effondrement de notre histoire »23, l’historien Marc Bloch perçoit tout de suite les conséquences pour les Juifs de la défaite française devant l’armée d’Hitler. Il écrit dans ce qui sera sa dernière œuvre, L’Étrange défaite, rédigée de juillet à septembre 1940 : « Je suis Juif, sinon par la religion, que je ne pratique point, non plus que nulle autre, du moins par la naissance. Je n’en tire ni orgueil ni honte, étant, je l’espère, assez bon historien pour n’ignorer point que les prédispositions raciales sont un mythe et la notion même de race pure une absurdité […]. Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite. Mais peut-être les personnes qui s’opposeront à mon témoignage chercheront-elles à le ruiner en me traitant de « métèque ». Je leur répondrai, sans plus, que mon arrière-grand-père fut soldat, en 93 ; que mon père, en 1870, servit dans Strasbourg assiégé ; que mes deux oncles et lui quittèrent volontairement leur Alsace natale, après son annexion au IIe Reich […] ; que la France, enfin, dont certains conspireraient volontiers à m’expulser aujourd’hui et peut-être (qui sait ?) y réussiront, demeurera, quoi qu’il arrive, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J’y suis né, j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour de la défendre de mon mieux »24. Son patriotisme le conduira sur les chemins de la Résistance. Le 16 juin 1944, après avoir été torturé par la Gestapo, il est fusillé à Saint-Didier-de-Formans. En tombant, il crie : « Vive la France ».
LES JUIFS À CHANTILLY DANS LA FRANCE OCCUPÉE
La défaite de l’armée française, le chaos provoqué par l’exode, sur les routes de France, de huit millions de réfugiés fuyant l’avancée allemande, l’atomisation de la société civile conduisent le maréchal Pétain, alors président du Conseil, à demander l’armistice le 22 juin 1940. Le 10 juillet, les parlementaires votent les pleins pouvoirs constitutionnels à celui qui appelle de ses vœux une Révolution nationale pour régénérer une France décadente et « enjuivée » et qui incarnera bientôt, depuis la ville thermale de Vichy, le nouvel État français, réactionnaire et xénophobe. Le 12 juillet, le premier gouvernement est constitué autour de Pétain et les premières mesures antisémites sont édictées sans aucune pression des autorités allemandes, même si celles-ci exigeront, dès le 27 septembre, le recensement, dans les trois mois, des Juifs de la zone occupée25. Ceux qui s’exécutèrent virent leurs cartes d’identité et d’alimentation frappées de la mention « juif ». Cette même ordonnance interdisait aux Juifs « qui ont fui la zone occupée » d’y retourner, empêchant ainsi les soldats juifs français, démobilisés en zone sud, de retrouver leur famille…
En 1939, environ 330 000 Juifs vivaient en France26, la majorité dans le sud ou dans l’est du pays et dans les grandes villes : Paris, Lille ou Lyon. L’ordonnance allemande impose aux Juifs de se faire recenser auprès du sous-préfet de leur arrondissement. Françoise Leclère-Rosenzweig27 analyse, pour le département de l’Oise, les résultats du processus effectué dans le courant du mois d’octobre. Ainsi, le recensement fait état de 271 Juifs sur une population totale d’un peu plus de 400 000 habitants. Le département de l’Oise comptait alors trois arrondissements : 114 Juifs étaient dénombrés dans celui de Compiègne, 48 pour Beauvais et 109 pour Senlis. À Chantilly, relevant de ce dernier arrondissement, vivaient 18 Juifs selon la définition qu’en faisait l’article premier de la loi, édictée par Vichy le 1er octobre 1940, dite du « statut des Juifs » : « Est regardé comme juif […] toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif ». Ce recensement ne prend pas en compte les Israélites, parisiens pour la plupart, qui possédaient une propriété, une entreprise ou une écurie de course sans y résider de façon permanente. Cette catégorie regroupe une douzaine de personnes.
Les Juifs cantiliens en 1940
Que peut-on dire des Juifs vivant à Chantilly en 1940 ? On remarque d’emblée une surreprésentation féminine, douze femmes, dont quatre sont veuves, pour cinq hommes et un jeune garçon. Sur les cinq hommes, trois sont des anciens combattants de la Grande Guerre, tous décorés. Isidore Smolenski a la médaille de Verdun, Ernest Ulmann et Hugo Boda, la croix de guerre, avec étoile d’argent pour ce dernier. La majorité, quatorze sur dix-huit, sont français de naissance ou naturalisés. Quatre d’entre eux, des femmes, sont étrangères. Toutes, Ernestyna Herschdorfer et ses deux filles, qui vivent au 33 de la rue du Connétable, ainsi que Thérèse Sussmann, réfugiée chez Mademoiselle Charmier, au 5 de la même rue, sont originaires d’Autriche. Comment expliquer l’importance de cette communauté à Chantilly ? Un lieu d’accueil pour les réfugiés juifs aurait été ouvert par les Rothschild à Vineuil-Saint-Firmin. Des dizaines de Juifs autrichiens, poussés à l’émigration par les excès consécutifs à l’Anschluss qui avaient rendu leur existence impossible, s’y seraient retrouvés.
Le cas de Thérèse Sussmann
Le dossier médical de Thérèse Sussmann, conservé au centre hospitalier de Clermont, révèle quelques bribes des motifs qui l’ont poussée à fuir son pays natal. Le 12 janvier 1941, le docteur Mailliez, installé au 113 de la rue du Connétable, l’examine et rédige une demande urgente d’admission dans une « maison de santé », « cette femme étant dangereuse pour elle-même et pour l’entourage ». Elle « présente des troubles dont le début remonte à un an environ. Actuellement on constate une prostration psychique, fibrillation par intermittence, gesticulation, vision d’être imaginaire, désir répété au suicide ». Dès le lendemain, elle est admise à l’hôpital psychiatrique de Clermont, dans le service général des femmes dirigé par le docteur Ceillier. Il décrit en quelques mots l’état de sa nouvelle patiente : « Atteinte d’un état de stupeur avec mutisme. Ne répond à aucune question et n’exécute aucun ordre. Attitude très déprimée, mélancolique avec stupeur. Très mauvais état général. Émaciation musculaire. État cachectique. Pronostic vital réservé… À observer ».
Famille Bechmann
- Maud née Dreyfous du Moulin, veuve G. Bechmannn née le 11/01/1896 à Londres, sans profession
- Ghislaine née le 12/02/1921, sa fille
- Lysiane née le 2/07/1925, sa fille
Dernière adresse connue : 29 rue du Connétable
Le 16 février 1942 la famille se réfugie au 9 rue Goethe à Paris 16e. En juillet 1942, elle est à Londres.
Famille Boda
- Hugo né le 16/07/1891 à Riga (alors en Russie). naturalisé français en 1900, dessinateur industriel, déporté à Aurigny par le convoi n° 641 en 1943
- Georgette Steinmann, « aryenne », sa femme
- 4 enfants
Dernière adresse connue : 120 rue du Connétable.
Famille Cahen
- Georges, né le 23/07/1888 à Paris, chef d’une fabrique de brosses à Béthancourt aryanisée le 13 mars 1941
- Jeanne née Rasse, sa femme, née en 1890
Dernière adresse connue : Villa Les Tamaris, 28 rue de Gouvieux
Arrêté par la Gestapo le 17 juillet 1943, G. Cahen est déporté à Auschwitz le 2/09/1943. Sa femme se réfugie en zone libre.
Famille Herschdorfer
- Ernestyna née Flecker née le 8/06/1860 à Lemberg (alors en Autriche), sans profession
- Maria née le 9/10/1897 à Borislaw (alors en Autriche), sa fille
- Stéphania née le 21/08/1902 à Borislaw (alors en Autriche), sa fille. Dernière adresse connue : 33 rue du Connétable
Le 16 février 1942 Ernestyna et ses deux filles sont toujours à Chantilly. Maria et Stéphania sont déportées à Auschwitz le 21/08/1942 par le convoi n°22.
Famille Lazard
- Coralie, née Alexandre en 1880 à Saint-Denis (Seine), veuve de Georges Lazard, mort le 25/01/1940, gérante de l’école d’équitation le Manège Lazard, 8 rue d’Orgemont
- Marcelle, sa belle sœur, épouse de James Watson, entraineur, 5 square des Aigles
- Odette, sa fille, représentante en pharmacie
Dernière se réfugie adresse en zone connue libre : à 8 Lyon rue au d’Orgemont. 51 bis avenue Elle Lacassagne, peut-être avec sa fille Odette ?
Famille Smolenski
- Isidore, né le 8/12/1888 à Paris, chef d’une entreprise Chapellerie & Chemiserie, 5 place de l’hospice
- Laure, sa femme, née Weill le 22/10/1893 à Wasselonne (Bas-Rhin)
- Jean-Pierre, son fils né le 2/03/1929 à Paris
Dernière adresse connue : 5 place de l’hospice (Omer Vallon), puis 18 rue d’Orgemont. La famille Smolenski est déportée à Sobibor depuis Drancy le 25/03/1943 par le convoi n° 53.
Famille Sussmann
- Thérèse née Locker le 10/07/1860 à Kalisz (Galicie Autrichenne) , veuve de L. Sussmann, sans profession
- Frédéric, son fils, né en Autriche en 1908
- Edith, sa fille, née en Autriche en 1913
Dernière adresse connue rue du : vit chez Mademoiselle Charmier au 5 Connétable jusqu’au 13 décembre 1941, jour où elle est internée à l’hôpital de Clermont.
Famille Ulmnann
- Ernest né le 29/09/1882 à Besançon, courtier en bestiaux
- Henriette Molinat, sa femme« aryenne »
- Sans enfant
Dernière adresse connue : Villa Les Troënes, avenue André.
Qu’est-il arrivé à Thérèse Sussmann qui puisse expliquer une telle déchéance ? Il faut attendre le 8 janvier 1942 pour y voir plus clair. Son état est « très amélioré à tous les points de vue » même si la patiente demeure « faible physiquement ». « Moralement », elle est « beaucoup plus présente ». Elle répond même aux questions qui lui avaient été posées lors de son premier examen et qui étaient restées sans réponse. « Elle demande à manger davantage alors qu’à son entrée elle refusait la nourriture ». Le 20 janvier, elle « répond aux question...
Table des matières
- Indication
- Sommaire
- Éditorial par le maire de Chantilly
- Avant-propos par le comité de rédaction des Cahiers de Chantilly
- Le tournant urbain de Chantilly pendant les Trente Glorieuses : l’exemple du Coq Chantant par Sarah Gillois, animatrice de l’architecture et du patrimoine à Chantilly
- Aryanisation et spoliation des biens juifs à Chantilly entre 1940 et 1944 par Caroline Bitsch, docteur en histoire
- Collection : Eugène Garreau, carnet de campagne, mars - juin 1916 par Michèle Schaeffer, petite-fille d’Eugène Garreau
- Et pour mieux comprendre les propos d’Eugène…
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