Dol-Combourg et la légende du Graal

Christophe Déceneux

• Éditeur: Books on Demand
• Année: 2016
• Imprimer l'ISBN: 9782322041688
• ISBN de l'eBook: 9782322022939
• Édition: 1
• Sujet: Storia
• Sujet: Storia mondiale

La légende du roi Arthur se construit au douzième siècle, sur la base de traditions celtiques galloises et armoricaines dites Matière de Bretagne. Avec l'Histoire des Rois de Bretagne, Geoffroy de Monmouth rédige vers 1135 le texte fondateur, véritable prototype des romans arthuriens: ainsi naissent Arthur, Guenièvre, Merlin, la fée Morgane. La légende du Graal se développe également, en parallèle. Nous allons découvrir le rôle important joué par la seigneurie des Dol-Combourg située aux Marches de la Bretagne armoricaine.

Annexe 1

Notices concernant le Mont-Dol et Combourg

Ces deux notices sont le fruit d’un travail déjà ancien. Elles sont extraites d’un livre collectif présenté et dirigé par le Docteur Georges Bertin, paru en 2011 aux éditions Charles Corlet : Le Nouveau Guide Arthurien Normandie-Maine, la route arthurienne aux Marches de Gaule et de petite Bretagne. Ces deux notices constituent notre participation à l’ouvrage.

Rappelons que Georges Bertin, qui supervise l’étude, est l’un des plus grands spécialistes français de la légende du roi Arthur et du graal. Docteur en sciences de l'éducation habilité à diriger des recherches en sociologie, ses livres sur le cycle arthurien font référence.

MONT-DOL

L’histoire du Mont-Dol est presque indissociable de celle du Mont-Saint-Michel. La montagne sacrée, comme se plait à la nommer Chateaubriand, deviendra dans les romans du Graal le passage obligé d’un Perceval au terme de sa quête. A 20 km à l’ouest du mont de l’archange, cette terre de légendes est le mont douloureux du cycle de la Table Ronde, site magnifique, table d’orientation naturelle dominant toute la région.

Christianisé au VIe siècle par saint Samson, venu du pays de Galles, le Mont-Dol fut l’un des tous premiers sites armoricains voués à saint Michel. L’évêque gallois fait table rase des anciennes croyances du mont Jovis devenu mont Dol ; Jupiter et Mithra sont remplacés dans leurs rôles solaires par l’archange Michel. En 1158, l’archevêque de Dol fait don de la chapelle Saint-Michel aux bénédictins. Selon la tradition, cet édifice fut construit sur la base et avec les matériaux d’un temple païen dédié à Diane, ce qui semble vraisemblable : on sacrifiait à la déesse des taureaux et des cerfs blancs. Or, deux autels tauroboliques sont attestés au Mont-Dol, servant tour à tour les cultes de Diane et de Mithra.

D’emblée, l’histoire du Mont sonne bien aux oreilles des amoureux du cycle arthurien : si Brocéliande est une forêt au bord de la mer de Cornouaille, c'est-à-dire la Manche actuelle, ce territoire mythique va d’Avranches à Saint-Malo. Les forêts normandes et bretonnes, de part et d’autre du fleuve Sélune, nourrissent le légendaire de la Table Ronde. Au XII^e siècle, Guillaume de Saint-Pair nomme cet espace forestier Quokelunde (dont l’étymologie est comparable à celle de Brocéliande). C’est là que Viviane, la Dame du Lac de Diane, recueille Lancelot ; que l’enchanteur Merlin rencontre la fée, prenant parfois l’apparence d’un cerf blanc. Diane et le cerf blanc qu’on lui sacrifie constituent, au Mont-Dol, une source évidente d’inspiration pour les trouvères du cycle arthurien.

La parenté du site avec le légendaire de la Table Ronde devient limpide à la lecture du Perceval de Chrétien de Troyes. Le récit précise que Merlin place colonne et croix au sommet du tertre destiné à recevoir le meilleur chevalier du Monde. Historiquement, une colonne romaine christianisée au VI^e siècle est attestée au sommet du Mont-Dol, aujourd’hui réemployée dans l’église paroissiale (une visite s’impose). Perceval y attache son cheval, reçu par la fille de Merlin, la Demoiselle du Grand Puits. Là encore, une particularité géologique fait surgir une source et un lac au sommet de l’éminence rocheuse. De là, Perceval rejoindra le roi pêcheur en Terre Gâte, sur les bords de la Sélune, cours d’eau infranchissable ; rive droite comme rive gauche, ce fleuve est bordé de toponymes issus de la Terre Gâte des romans arthuriens. Saint-Laurent-de-Terregatte et Saint-Aubin de Terregatte jalonnent la route de notre héros qui le mènera de Dol au roi pêcheur, jusqu’au Graal. Est-ce aussi la route que suivra Yvain, le Chevalier au Lion, cheminant jusqu’aux sources du fleuve Sélune, à la Fontaine de L’Air S’ouvre près de Barenton en Normandie ? C’est au Mont-Dol enfin que Viviane enfermera Merlin dans une grotte, sur le flanc nord du rocher (accès difficile).

La grotte du Mont-Dol, tombeau de Merlin

Le visiteur ne quittera pas Dol sans une visite de sa cathédrale du XIII^e siècle et, sur la route de Combourg, de la fontaine merveilleuse de Saint-Samson à Carfantin, gardée par le menhir du Champ Dolent : une légende rapporte que cette pierre de près de 10 mètres de haut sépara deux frères prêts à s’entretuer ; un thème arthurien s’il en est.

Le menhir du Champ Dolent

COMBOURG

A une trentaine de kilomètres au sud-ouest du Mont-Saint-Michel, la forteresse médiévale de Combourg (motte féodale au XI^e siècle, château actuel du XIII^e au XV^e siècle) est le cœur de la Bretagne Romantique immortalisée par Chateaubriand. Bretagne du roman aussi : Geoffroy de Monmouth, dont la famille, les Baderon, est issue de la seigneurie des Dol-Combour, posera les premiers jalons de la légende arthurienne dans La Vie de Merlin et l’Histoire des Rois de Bretagne.

Comme le Passais normand, cette terre est frontière. Le château, pièce maîtresse du dispositif des Marches de Bretagne, a pour fonction originelle la défense de la cathédrale de Dol. Lourde tâche ! L’archevêque Baudry de Bourgueil relate dans sa chronique de Dol, au début du XII^e siècle, le séjour de son prédécesseur Budoc à Jérusalem au VI^e siècle : Quelle fut la sainteté de cet homme, Saint Budoc, c’est ce qu’atteste le précieux cadeau qu’il ramena de la cité sainte de Jérusalem : à savoir la coupe et le plateau dont le seigneur se servit lors de la dernière Cène qu’il fit avec ses disciples.

L’étymologie-même de Combourg (Vallée-Frontière) rappelle que de part et d’autre du fleuve Sélune s’étend le territoire des Marches dont Lancelot est l’un des héros.

François-René de Chateaubriand confie dans Les Mémoires d’Outre Tombe : « C’est dans les bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis ». Et l’illustre écrivain de situer ici la forêt de Brocéliande, qui s’étendait jusqu’à l’océan. « Aujourd'hui, le pays conserve des traits de son origine : entrecoupé de fossés boisés, il a de loin l'air d'une forêt et rappelle l'Angleterre : c'était le séjour des fées, et vous allez voir qu'en effet j'y ai rencontré ma sylphide » écrit Chateaubriand.

La visite actuelle du château commence par un vestibule au plafond ornementé des blasons d’illustres familles : les Chateaubriand, bien sûr, qui sauvent la vie du roi saint Louis lors des croisades, et les compagnons d’arme, Coëtquen et Lusignan. Le visiteur ayant une bonne connaissance de l’iconographie arthurienne ne manquera pas de relever ici, non sans surprise, que les armes attribuées à Perce...

Table des matières

• À propos du livre
• Sommaire
• La seigneurie des Dol-Combourg
• Des Dol-Combourg à Monmouth : vers la légende arthurienne
• Geoffroy de Monmouth invente le mythe arthurien
• Quand Geoffroy évoque le Pays de Dol
• Arthur au Mont Saint Michel
• Samson contemporain d’Arthur
• Le Graal à Dol-de-Bretagne : une relique
• 1155 : Wace traduit Geoffroy de Monmouth… et introduit Brocéliande
• Dernier quart du douzième siècle, début du treizième : Perceval et Lancelot-du-Lac
• Et Brocéliande ?
• Paimpont
• Pour Chateaubriand, Brocéliande à Combourg et Dol
• Dol-Combourg et la légende du Graal
• Des Dol-Combour à Monmouth
• L’histoire des Rois de Bretagne
• A Dol, le Graal fait son apparition
• Annexe 1
• Mont-Dol
• Combourg
• Annexe 2 : Dol-Combourg en images
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