
- 136 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Le dernier livre
À propos de ce livre
Fin novembre 2009, le début de pandémie du virus H1N1 a fait naître «le dernier livre» sous la plume, qu'on pourrait croire visionnaire, de Fabienne PRECARDI. Cependant, pour cette écrivaine, la contamination mondiale de l'humanité par un virus n'est qu'une question de logique, un aboutissement prévisible. Comment Sara, l'héroïne de ce roman, vivant dans le Verdon, va-t-elle organiser sa survie? Quel sens va-t-elle trouver à sa nouvelle existence? Pour fuir les miliciens, elle prend la route la menant à la terre de ses ancêtres. Sa rencontre avec deux rescapés va lui apporter une lueur d'espoir...
Foire aux questions
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Informations
Se reconstruire avec les autres.
Sa portière s'ouvre brutalement. Sara tourne la tête vers l'homme d'une quarantaine d'années, grand et brun. Il a un visage aux traits réguliers mais son regard est dur.
« - sortez ! Et gardez vos mains en l'air !
— est-ce que j'ai le droit de me moucher ? »
Il observe ses larmes et d'un signe de tête acquiesce.
— Vous êtes seule ?
— Ça ne se voit pas ? Et vous, combien êtes-vous ? Je cherche des survivants depuis des mois et quand j'en trouve une, elle s'enfuit, et vous, vous me traitez comme si j'étais une meurtrière en cavale.
— C'est bon, Patrick, on ne craint rien. Elle n'est ni contaminée, ni dangereuse pour nous ».
Sara se retourne vers la femme qu'elle n'a pas entendu venir derrière elle. Celle-ci est menue, blonde aux yeux bleus et lui sourit. Le cœur de Sara fond. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas vu le sourire d'un humain ? « La blonde que j'ai croisée hier ! »
« - oui, nous nous sommes croisées hier sur cette route. En fait, mon frère et moi, on vous attendait depuis ce matin. On vous a vu passer et on vous a rattrapée. Je m'appelle Florence.
— bon les filles, il ne faut pas rester là à papoter ! On est à découvert. Comment t'appelles-tu ?
— Sara. (Elle nota le soudain tutoiement sans s'en offusquer).
— Monte dans ta voiture et suis-nous ! ».
Elle ne se rebella pas devant l'autorité de cet homme, peut-être rassurée par le sourire de sa sœur ou trop heureuse de retrouver « les autres ».
Ils quittèrent bientôt la nationale pour grimper sur une petite route sinueuse tracée dans une forêt de chênes. Au bout de quelques kilomètres, ils garèrent leurs véhicules au pied d'une maison en ruine. Sara prenant son sac de voyage, se réjouissait de rejoindre un groupe. « Enfin un bout de civilisation ! ». Ils entrèrent au rez-de-chaussée d'une petite ferme possédant encore une toiture. La cuisine était sommairement meublée mais chaleureuse. Dans un angle, un lit simple. Patrick surpris le regard de Sara et montra un petit escalier étroit.
— je dors dans le grenier, ça c'est le lit de Florence. On va t'en trouver un autre qu'on placera contre ce mur-ci.
— Qui te dis que je veux rester avec vous ? Où sont les autres ?
— Quels autres ? Nous ne sommes que deux. Tu t'imaginais rejoindre une tribu ?
Dépitée, Sara ne répond pas et sous le coup de sa déception, s'assoit sur un tabouret. Pendant ce temps, Florence prépare le déjeuner. Patrick met le couvert. Ils respectent un silence qui permet à Sara de digérer le choc. Ils ne sont que deux. « Même pas un début de civilisation ! »
Après le repas plutôt silencieux, Florence incite Sara à faire une sieste en lui prêtant son lit. La jeune femme ne se fait pas prier. Les émotions de la matinée l'ont vidée de toute énergie.
Le bruit des couverts posés sur la table la réveille. La nuit tombe. Elle n'en revient pas d'avoir dormi autant et en fait la remarque à ses hôtes.
« - C'est normal, lui dit Florence. Tu t'es sentie en sécurité et tu as pu dormir sans être sur le qui-vive. Viens à table, le repas est prêt. Tu vas pouvoir nous raconter ton histoire ».
Sara énumère les grandes lignes de son existence jusqu'à ce qui a motivé son départ de la caverne. Elle s'attend à un flot de questions à la fin de son récit. Il n'en est rien. Patrick prend la parole pour narrer à son tour les points essentiels de la vie de sa sœur et de la sienne. Ce sont des bretons. Lui était chef cuisinier et sa sœur institutrice. Ils ont perdu chacun leur conjoint et leurs enfants au troisième mois de l'épidémie. Ils sont partis de Bretagne, fuyant leurs souvenirs et enfreignant la loi qui les obligeait à rester dans leur région. Eux non plus ne comprennent pas pourquoi ils ont résisté au virus. Qu'avaient-ils de plus ou de moins que le reste de leur famille ?
« - dis-moi Florence, quand vous m'avez arrêtée sur la route, tu as dit à Patrick que vous n'aviez rien à craindre de moi. Comment le savais-tu ?
— ma sœur a un don. Depuis toujours. Dès qu'elle rencontre une nouvelle personne, elle sait d'instinct si celle-ci a de bonnes intentions ou pas et elle ressent les maladies graves».
Sara observe Florence qui a un rictus de gêne. « Une mutante ! Quoique si je considère mes rêves-flash, je n'ai peut-être rien à lui envier».
La soirée est bien avancée quand ils décident d'aller se coucher. Pendant la sieste de Sara, Patrick et Florence lui ont installé un sommier à lattes et un matelas en mousse dans la cuisine, entre un grand placard et la porte donnant sur la petite salle de bains.
Le lendemain matin, c'est la lumière du jour passant par la fenêtre en face de son lit, qui réveille Sara. Un coup d’œil vers l'autre côté de la cuisine, lui permet de voir que Florence dort toujours. Sara se lève sans bruit et s'habille. Elle sort de la pièce. Elle a besoin d'air frais. Elle s'étire et marche en direction du puits devant le bastidon. Son instinct lui fait tourner la tête à droite. Patrick adossé contre un gros platane ferme ses yeux. Elle admire son profil. « C'est un bel homme » pense-t-elle. Sara va se retirer sans faire de bruit lorsqu'il lui dit :
« - Alors, bien dormi ?
— cela fait longtemps que je n'ai pas dormi autant en vingt-quatre heures.
— J'ai vu des cartons de nourritures dans ta voiture, tu accepterais d'en partager quelques uns avec nous ?
— Bien sûr ! Je vais les chercher.
— Je vais t'aider à les porter. Que comptes-tu faire maintenant ? Retourner dans le Verdon dans quelques jours ? Nous avons compris que tu étais déçue que nous ne soyons que deux, ici. Mais, tu peux rester avec nous. Cela ferait plaisir à Florence, une compagnie féminine.
— Pas à toi ? La question directe avait fusé. Sara la regretta.
— Cela dépend de ton comportement. Car nous ne sommes pas vraiment seuls ici. Il faudra que tu te montres prudente et discrète pour ne pas nous mettre en danger. Il y a un mois, nous avons aperçu des militaires dans une jeep. Au moment où j'allais crier pour signaler notre présence, j'ai vu un civil à l'arrière du véhicule. La femme avait les poignets liés. Elle était enceinte. Florence et moi sommes restés cachés dans le bois que traversait la route. La femme s'est mise à hurler. On a compris qu'elle allait accoucher. Ils l'ont détachée et installée sur un lit de camp. Ils ont monté une tente autour. On l'a entendu crier pendant quatre heures. Puis ce fut le silence. Même pas le cri du nouveau-né. Ils ont démonté la tente. La femme était inerte sur le lit de camp, une masse rouge sur son ventre. Les militaires ont déposé ce corps sur le bord de la route et sont partis. Je suis allé voir la femme et son bébé, ils étaient morts tous les deux. J'ai failli creuser un trou pour les enterrer mais si les militaires étaient revenus j'aurais ainsi signaler notre existence. Nous perdons toute humanité ».
Patrick baisse la tête, ses yeux fixent le sol, ses épaules sont voûtées, ses mains dans les poches de son jean. « Il a l'air tellement malheureux » pense Sara. Elle s'approche de lui, prend ses mains dans les siennes et le regardant au fond des yeux le rassure :
« - non, Patrick, tu n'es pas inhumain, tu éprouves encore de la compassion pour les autres. Ce virus a changé beaucoup de choses, il a pratiquement anéanti toute la population, mais, nous, nous sommes encore là et ce n'est peut-être pas par hasard. »
Il l'attire contre lui et la serre dans ses bras tel un enfant qui cherche le réconfort. Sara sent qu'il tremble. « Lui, un grand gaillard ! » Elle n'en est que plus émue.
« - Et bien ! Vous n'avez pas perdu de temps ! » Florence se tient à quelques mètres d'eux, les mains sur les hanches, comme une mère qui surprend son adolescent en train de flirter dans le jardin. Mais elle a un sourire de connivence qui les fait éclater de rire.
Leur vie s'organise dans ces ruines cachées dans la forêt de chênes verts. Au bout de deux semaines, Sara dort à l'étage avec Patrick. Les trois réfugiés se découvrent des goûts communs et s'entendent très bien. Ils préparent l'hiver et font des conserves avec les légumes du petit jardin créé grâce aux semences récupérées au Prieuré de Ganagobie. A la mi-octobre, Sara comprend qu'elle est enceinte. Elle ne s'y attendait pas du tout car elle approche la quarantaine. De plus, lorsqu'elle vivait avec Alex, elle ne prenait aucune contraception depuis une dizaine d'années. Elle pensait qu'elle était devenue stérile. En fait c'était son mari qui l'était. Patrick et Florence sont ravis par l'annonce de la future naissance. « C'est la vie qui reprend le dessus ! »
Avant que l'automne ne prenne fin, Patrick et Sara se rendent dans le Grand Canyon du Verdon afin de récupérer les albums photo et les réserves de nourriture de Sara. Il était temps que la jeune femme trouve un autre abri car la route étroite à flan de falaise est devenue difficile d'accès. Des éboulements s'étalent sur la chaussée. Patrick a du sortir les pelles du coffre de la voiture à plusieurs reprises et user de ses forces pour faire rouler les plus grosses pierres. Le compagnon de Sara est impressionné par ce paysage sauvage fait de roche et d'eau. Quant à Sara, la sinuosité de la petite route lui donne des nausées et c'est avec soulagement qu'une fois arrivée à destination, elle ouvre la portière de la voiture. Les deux voyageurs descendent avec précautions jusqu'à la plate-forme naturelle. Sara fait coulisser le panneau qui cache l'entrée de la caverne. Patrick posté sur le bord du balcon observe le Verdon, le bien nommé, qui trace son chemin parmi les énormes blocs de pierres grises.
« - Il y a un moyen de descendre au fond du canyon ?
— oui, il y a le fameux sentier Blanc-Martel, du nom des découvreurs du site au tout début des années 1900. Isidore Blanc était instituteur à Rougon, un village à 10 km d'ici et Edouard Martel était un ingénieur de Paris missionné par le ministère de l'agriculture afin d'évaluer la possibilité de canaliser le Verdon pour produire de l'électricité. Les travaux avaient débuté, puis se sont arrêtés à cause de la nature de la roche, incompatible avec le projet. C'est pour cela qu'il y a de longs tunnels percés dans la paroi, dont deux d'entre eux font partie du chemin de randonnée qui descend dans le canyon et longe la rivière. En bas, le paysage est magique, fait de plages de galets, de défilés étroits, de grottes et de falaises impressionnantes. Mais tu n'as pas le temps d'y aller et de toute façon, avec tes baskets, tu n'es pas correctement chaussé.
Pivotant sur lui-même, Patrick, après avoir allumé sa lampe de poche, pénètre dans la cavité obscure. Il est admiratif devant l'aménagement réalisé par Sara.
« - tu l'a vraiment bien organisée. Cela ne m'étonne pas de toi, maintenant que je te connais.
- merci. J'avais pensé qu'on aurait pu l'habiter tous les trois en cas de nécessité mais cela n'est plus possible.
- pourquoi ? A cause des éboulements sur la route ?
- pas seulement ! » Elle pointa son index sur son ventre. Tu nous vois avec un bébé qui, à un an, commencera à marcher dans une caverne, à deux cents mètres au-dessus du fond du canyon ? »
Le retour vers leur petite maison est plutôt silencieux. Sara n'a pas le moral. Elle quitte définitivement le pays du Verdon. Encore une porte de son passé récent qu'elle ferme. « Je suis une nomade. Mais enfin, je ne devrais pas être triste car je ne suis plus seule, et je suis même très bien accompagnée ». Elle regarde avec affection le profil de son compagnon qui conduit.
L'hiver est long. La première neige est tombée dès le 1er novembre. Jusqu'au début du mois d'avril le trio évite tout déplacement extérieur car les traces laissées dans la neige sont faciles à suivre. Pendant la journée, ils chauffent la cuisine qu'ils occupent avec un poêle à pétrole. Dès la nuit tombée, ils peuvent allumer un bon feu de bois grâce à l'insert placé dans la vieille cheminée. La nuit, on ne voit pas la fumée. Pour passer le temps, le trio joue aux cartes et à d'autres jeux de société. Patrick s'est découvert un talent de peintre. Il a fait le portrait très ressemblant de sa sœur et de Sara. Pendant ce temps, celles-ci constituent le trousseau du nouveau membre de la famille dont l'arrivée est prévue pour fin juin. Les jeunes femmes s'initient également aux vertus des plantes médicinales grâce à des livres trouvés dans les librairies. Pour le moment, ils possèdent suffisamment de médicaments, mais il arrivera un temps où ceux-ci seront périmés. Il sera utile de savoir se soigner grâce à la pharmacie offerte par la nature.
Le trio vit dans une sorte d'osmose. Souvent, Florence se met à fredonner une chanson qui trotte dans la tête de Sara au même instant. Patrick peut se mettre à parler d'un sujet auquel l'une ou l'autre des femmes est en train de réfléchir. Après les premières interrogations sur ce phénomène, ils s'habituent et se contentent de rire chaque fois que cela arrive. Il fait bon vivre dans cette petite maison, une vie du siècle dernier.
Noël est une épreuve. Ils ont décidé de ne pas le fêter. Étant tous les trois athées, cela ne leur pose pas de problème de conscience religieuse, mais il est difficile de chasser les souvenirs de ces jours heureux de fête familiale particulièrement réservés aux enfants. Florence ne peut se retenir de pleurer en pensant à ses deux petites filles qu'elle a mises en terre dans le jardin de sa propriété. Comment ne pas s'associer à son chagrin ?...
Table des matières
- Sommaire
- AVANT-PROPOS
- LE DERNIER LIVRE
- Écraser ses regrets, organiser sa nouvelle vie.
- Saisir le sens des ses rêves
- Retrouver son passé, chercher les autres
- Se reconstruire avec les autres.
- Page de copyright