DEUXIÈME PARTIE :
VOYAGES, MISSION ET PASSION DE JÉSUS
CHAPITRE VII :
LES VOYAGES DE JÉSUS
Dans la première partie de notre œuvre, nous avons étudié la grande personnalité de Jésus, nous avons passé en revue les mythes et légendes relatifs à sa naissance que tous ses historiens se sont efforcés de rendre mystérieuse ; nous avons discuté la question importante de savoir si Jésus était Sémite ou Aryen, nous avons fait une longue étude sur l’Essénianisme, enfin nous avons parlé de la naissance, de l’enfance et de l’éducation du divin Maître.
Dans cette seconde partie, nous allons voir les voyages de Jésus, l’état de la Judée un peu avant lui et de son vivant, enfin sa mission publique.
Nous étudierons aussi ses miracles, au point de vue scientifique, nous passerons en revue ses aphorismes, sentences et paraboles. Puis par une fiction, par un récit tout d’imagination, nous rétablirons la vie domestique juive dans ses détails, mœurs et coutumes ; dans une visite de Jésus chez Lazare, qu’on nomme ordinairement visite de Jésus à Marthe et à Marie, le récit que nous donnons est une aquarelle véritable, si l’on peut dire, de la vie juive ; enfin, nous amènerons le divin Maître jusqu’au Golgotha, c’est-à-dire que nous ferons une revue rapide de son arrestation, de son jugement et de sa condamnation, en un mot de sa Passion.
Nous étudierons enfin, avec la plus scrupuleuse attention, le grand problème si contesté de sa résurrection.
Nous pensons avoir apporté dans la résolution de cet important problème de nouvelles clartés qui l’éclaireront certainement d’un jour nouveau, car nous y donnons toutes les explications et toutes les solutions possibles et imaginables.
En mettant sous les yeux de nos lecteurs un fait d’intuition d’un des biographes de Jésus, de M. Schuré, nous avons vu précédemment comment le doux Nazaréen parvint à la connaissance de sa Mission messianique. Nous avons dû aussi faire de grands efforts de pensée et de recherches pour reconstituer avec une sorte d’intuition, sinon de révélation, une très grande partie de la Vie de Jésus, que les Évangiles et autres livres sacrés ou profanes laissent dans les ténèbres, dans l’ombre la plus obscure, la plus noire, pouvons-nous dire, cette partie de la Vie de J.-C. Qu’a pu faire en effet le Seigneur dans son adolescence et dans la force de l’âge ? C’est-à-dire depuis l’âge de douze ans, où nous le voyons discuter dans la synagogue au milieu des docteurs (Rabbi) jusqu’à l’âge de 3i ou 32 ans et même de 33, où nous le voyons alors commencer sa mission publique, qui n’a pas duré trois ou quatre ans, comme l’ont dit de trop nombreux historiens, mais seulement quatorze à quinze mois tout au plus.
Dans le présent chapitre, nous voyons le doux Essénien, le bon Nazaréen quitter la Galilée, la Judée pour se rendre en Égypte à Alexandrie sur le conseil qu’il reçut de son père nourricier, de Joseph. De l’Égypte, J.-C. dut probablement passer dans l’Inde où il a certainement résidé de longues années, une vingtaine d’années, au moins, pour parfaire son instruction et y recevoir les grandes initiatiques de l’Ordre Essénien ou de toute autre Fraternité. Après avoir terminé son instruction et avoir reçu le plus haut grade de l’Initiation, J.-C. retourna dans son pays d’origine, dans son pays natal.
La pistis sophia 77 nous dit : « Il arriva, lorsque Jésus fut ressuscité d’entre les morts, qu’il passa onze ans à parler à ses disciples et à les instruire (de ce qui se trouvait) jusqu’aux lieux des premiers Ordres seulement et jusqu’aux lieux du premier mystère qui est à l’intérieur du voile qui est dans le premier Ordre, lequel est le vingt-quatrième mystère, et en dessous de ceux qui sont dans le second Emplacement du premier mystère qui est avant tout mystère : le Père à la ressemblance de Colombe. »
Nous venons de signaler ce passage de l’Érudit E. Amelineau pour témoigner de deux faits qui ont une grande importance ; premièrement, que Jésus après sa résurrection avait parlé pendant onze ans à ses disciples, ensuite qu’il était réellement Initié. Que le lecteur prenne bien acte de ces faits, d’autant que nous pensons, nous, que Jésus-Christ après sa passion a passé encore sur la terre environ quarante ans en humain, dans son corps physique. Nous aurons occasion de revenir sur ce sujet, quand dans le chapitre xvii, nous étudierons la question de la Résurrection de J.-C.
Je sais bien qu’on pourra objecter que le manuscrit de la Pistis Sophia est un ouvrage gnostique du ixe ou même du xe siècle et peut avoir été fait par un Père de l’Église et qu’il ne prouve rien au sujet des propos que l’on prête à Jésus, etc. — Avec de pareils raisonnements on peut tout nier, on ne pourrait employer aucun document comme étant en partie du moins historique, nous ferons cependant observer que le texte des manuscrits tels que celui de Pistis Sophia repose en partie sur la Tradition, or pour nous, nous ajoutons autant de foi à la Tradition qu’à un écrit quelconque ; nous ne connaissons que par la Tradition l’Histoire des religions, tous les mythes, tous les symboles, toutes les légendes qui tous renferment une partie de vérité, et c’est à l’écrivain, au philosophe, au penseur à avoir le flair, l’intuition de démêler le vrai du faux et savoir extraire du milieu de l’ivraie, le bon grain. Que certains auteurs possèdent plus ou moins le génie intuitif nécessaire pour écrire l’Histoire, c’est là un fait incontestable et ce qui le démontre, c’est qu’il y a fort peu de véritables historiens un peu ésotéristes, car tout lecteur complètement ignorant de l’ésotérisme, ne pourra comprendre bien des passages de notre œuvre.
Est-ce à dire que l’exposé qui précède signifie que seul, nous avons écrit une véritable Histoire de la vie de Jésus, nous n’avons pas une telle prétention, ce serait de l’outrecuidance et nous n’avons jamais été outrecuidant.
Que nous nous soyons montré dans nos écrits un pionnier d’avant-garde, soit : cette qualité nous a même fait traiter de fou par bien des lecteurs, mais peu nous importe, cela n’a jamais pu empêcher notre plume d’écrire. Et pour le présent ouvrage, nous dirons que nous ne le considérons que comme un pont, une simple passerelle même si l’on vent, jeté entre le Christ fabuleux et le Christ historique.
De ce qui précède et de ce que nous allons ajouter, il est certain que J.-C. a été en Égypte autrement qu’en fuyant la persécution d’Hérode et qu’il y a vécu, puisque son existence a donné lieu à une sorte d’Évangile, à la Pistis Sophia. Ce fait est corroboré par quantité de détails qu’on peut trouver dans l’ouvrage de M. G. Lejeal, nous nous bornerons à signaler ici un seul passage, mais qui nous paraît typique, car on y verra que Jésus cherche à fonder sur les bords du lac de Génézareth un établissement à l’instar dirait-on aujourd’hui « de l’Institut d’Égypte des Thérapeutes, par sa situation sur les bords du lac Mariout ».
Jésus, nous dit M. Lejeal 78, fit en ce sens trois tentatives différentes à Cora-zaïm, à Bethsaïda ensuite, puis en dernier lieu à Capernaüm où il demeura le plus longtemps 79. C’est là qu’il habite avec ses disciples 80 ; c’est là qu’il rencontre ses disciples les plus fidèles 81, c’est de là que sa prédication rayonne dans les villes et villages d’alentour, c’est de là qu’il envoie ses disciples en mission 82, c’est là qu’ils viennent lui en rendre compte……
A en croire le texte actuel de Flavius Josèphe, poursuit l’auteur, il était resté à Capernaüm de singuliers souvenirs de l’Égypte. « On y voit, dit-il, une source très abondante que quelques-uns croient une petite branche du Nil, parce que l’on y trouve des poissons semblables au Caracin d’Alexandrie, qui ne se voit nulle part que là et dans ce grand fleuve 83 ».
Or le poisson icquj est on le sait le symbole de Jésus-Christ.
Nous croyons ne pas devoir insister davantage pour démontrer que Jésus a été et a séjourné en Égypte.
Voyons si maintenant Jésus a été dans l’Inde et y a séjourné. — Pour nous, ceci ne fait pas l’ombre d’un doute, mais la proposition demanderait d’assez longues explications et ferait du reste double emploi avec tout ce que nous rapporterons plus loin au chapitre xx, Origines orientales du christianisme ; nous prions donc ceux de nos lecteurs qui auraient hâte d’étudier le sujet de se porter au chapitre que nous venons de leur signaler et nous terminerons celui-ci, en disant que sans s’en douter Renan constate un fait qui a une certaine importance, c’est que Jésus aurait créé un genre d’entretien, de causerie bien à lui, la parabole, usitée seulement dans l’Inde.
Voici ce passage, auquel nous attachons un grand prix 84 :
« C’est surtout dans la parabole que le Maître excellait. Rien dans le Judaïsme ne lui avait donné le modèle de ce genre délicieux 85. C’est lui qui l’a créé. Il est vrai qu’on trouve dans les livres bouddhiques des paraboles exactement du même ton et de la même facture que les paraboles évangéliques 86.
Mais il est difficile d’admettre qu’une influence bouddhique se soit exercée en ceci. L’esprit de mansuétude et la profondeur de sentiment qui animèrent également le christianisme naissant et le bouddhisme suffisent peut-être pour expliquer ces analogies.
Nous ne le pensons pas, nous savons au contrai j re que Jésus, après avoir séjourné en Égypte, a été également dans l’Inde pour y achever son Initiation et c’est là, où il a puisé le système parabolique signalé par Renan ; c’est donc encore une preuve en faveur de notre thèse.
Nous avons exprimé à diverses reprises l’idée qui précède ; ceci n’est pas par négligence, c’est bien voulu. — Les répétitions que renferme notre œuvre sont nécessaires, car celle-ci n’est pas simplement une Vie ésotérique de Jésus ; c’est encore et surtout un livre d’enseignement et c’est pour cela que nous n’avons pas craint de dire et de répéter certains principes, afin de les inculquer dans l’esprit de l’étudiant sérieux, de l’homme qui veut apprendre et arriver à embrasser la religion Sagesse, l’antique Théosophie, qui représente merveilleusement la doctrine admirable enseignée par J.-C.
CHAPITRE VIII :
ÉTAT DE JUDÉE AVANT JÉSUS
Étudions l’époque et le milieu dans lesquels se trouvait Jésus, au moment où il vint accomplir sa mission. Il y avait en ce moment plusieurs partis. L’un maintenait envers et contre tous, et cela d’une façon stricte, la Loi de Moïse, la loi judaïque ; ce parti espérait qu’un jour le peuple hébreu serait sauvé par un prince, par un Prophète issu de la famille de David. Ce dernier parti se rangeait du côté des Scribes et des Savants de leur École.
Un autre parti était constamment en guerre avec l’élément étranger au Judaïsme, élément assez nombreux en Judée, principalement en Galilée ; enfin, un troisième parti annonçait à tous que le royaume de Dieu était beaucoup plus proche qu’on ne pouvait le supposer. On pouvait même hâter son avènement en se repentant de ses fautes et en faisant pénitence.
ÉCOLES JUIVES
Parmi les Écol...