L’Office fédéral du sport à Macolin

Walter Mengisen, Reto Mosimann, Dieter Schnell, Martin Schwendimann

• Éditeur: Gesellschaft für Schweizerische Kunstgeschichte
• Année: 2019
• ISBN de l'eBook: 9783037973806
• Sujet: Architecture
• Sujet: Architecture General

Au-dessus du lac de Bienne, le hameau de Macolin fut d'abord un lieu de cure avant de devenir un complexe voué au sport unique en son genre. Une promenade entre l'ancien Grand Hôtel à l'architecture classique jusqu'au lieu-dit de la « Fin du monde » traverse 150 ans d'histoire du sport et de l'architecture. On y découvre les bâtiments construits juste après la fondation de l'École fédérale de sport en 1944, encore influencés par le Landistil, et les célèbres réalisations de Max Schlup, érigées dès les années 1970. Avec ses bâtiments et ses installations harmonieusement intégrés dans le paysage jurassien, le siège de l'Office fédéral du sport OFSPO jouit d'une renommée internationale et offre aujourd'hui des espaces pour la formation, la recherche, et l'entraînement.

Cours de gymnastique aux engins vers 1955.

L’École fédérale de gymnastique et de sport EFGS entre 1944 et 1970

Conçue au départ pour former des moniteurs pour l’instruction préparatoire, l’EFGS de Macolin se vit progressivement confier d’autres tâches, parmi lesquelles l’organisation de cours pour l’instruction préparatoire volontaire et le développement de la recherche scientifique, en particulier dans le domaine médical. Les sociétés de gymnastique et les associations sportives purent y organiser leurs propres cours et formations. Une filière pour professeur de sport fut créée en 1950; à noter cependant qu’elle était conçue pour former des personnes destinées à enseigner seulement dans les associations, mais non dans les écoles publiques. Pour pouvoir assumer cette mission toujours plus large, l’EFGS avait besoin d’infrastructures appropriées, dont la réalisation progressive débuta en 1949 avec la construction de la grande salle de sport. L’association nationale d’éducation physique (aujourd’hui Swiss Olympic) soutint la construction de plusieurs bâtiments, parmi lesquels la Maison Brésil et la Maison Suisse, où furent logées les équipes nationales de football des deux pays durant la Coupe du monde de football de 1954. Afin de répondre au développement de la recherche scientifique dans le domaine du sport dans les années 1960 et d’élargir les domaines étudiés, un institut de recherche (aujourd’hui la Haute école Place des Mélèzes) fut construit en 1967. La première pierre de ce qui allait devenir la Haute école fédérale de sport de Macolin HEFSM était posée.

WM

Le concours d’architecture

Lancement et programme du concours

Le Conseil fédéral ayant approuvé le 3 mars 1944 la création d’une école fédérale de gymnastique et de sport sur le site de Macolin, un concours d’idées fut lancé la même année. Il était ouvert à 23 bureaux d’architecture choisis dans toute la Suisse et à tous les architectes installés à Bienne depuis 1943. Les juges spécialisés du jury étaient les architectes Hans Hofmann (ancien architecte en chef de la Landi, l’exposition nationale de 1939, professeur ordinaire à l’EPF de Zurich depuis 1940), Otto Pfister (cofondateur avec son frère Werner du bureau d’architecture Pfister Frères à Zurich, très actif durant la première moitié du XX^e siècle), Ferdinand Decker (Neuchâtel), Hans Schöchlin (chargé de cours en architecture et directeur du Technicum de Bienne) et Josef Kaufmann (vice-directeur des constructions fédérales à Berne).

La présentation du concours décrivait en détail l’orientation que l’on souhaitait donner à l’école: «Outre la formation technique sportive proprement dite, le centre devra être un foyer d’éducation destiné à favoriser le développement de la culture générale des participants. Cette éducation se fera par le chant et la musique, par le contact avec des œuvres d’art variées et de qualité ainsi que par l’enseignement de l’histoire et de la géographie locale et régionale, l’éducation civique et la transmission des valeurs éthiques. […] L’influence du paysage jouera à cet égard un rôle prépondérant». Les organisateurs du concours avaient également une vision concrète du caractère général que devrait avoir l’architecture: «Ces tâches exigeront des installations appropriées et des locaux d’enseignement et d’hébergement qui, tout en étant d’une simplicité exemplaire, devront inspirer l’esprit et stimuler le tempérament. L’ensemble de l’infrastructure devra aussi être accessible au public. […] Les infrastructures devront pouvoir être utilisées par plusieurs centaines de participants sans qu’ils se dérangent mutuellement et aient l’impression d’une grande affluence (répartition des places d’exercice). L’ensemble des installations devra être implanté sur le site de façon à ce que le paysage puisse toujours influer sur les participants, en particulier par la vue sur le Plateau et les Alpes».

Le programme des locaux, très étendu, avait été par précaution divisé en deux étapes de réalisation. Les installations sportives les plus urgentes comme les terrains et les salles de sport, la piscine et les pistes de ski de fonds devaient être réalisées en premier. La seule surprise du programme de cette première étape était un sauna finlandais, dont l’usage était encore très peu connu en Suisse et qui devait être aménagé dans une cabane en rondins. La seconde étape prévoyait des bâtiments d’hébergement, de formation et de restauration, une église, un petit et un grand auditoire en plein air (pour 400 personnes) et un «lieu de rassemblement central». La ville de Bienne ayant mis l’ancien Grand Hôtel à disposition, l’hébergement ne faisait pas partie de la première étape du programme.

Le projet lauréat

Vingt-six projets furent rendus. En automne 1945, le jury décerna le premier prix au projet des architectes Werner Schindler de Bienne et Edy Knupfer de Zurich, qui avaient formé à cette occasion un groupement de bureaux. Le deuxième prix fut attribué à Hans et Gret Reinhard (Berne), le troisième à Hermann Rüfenacht (Berne), le quatrième aux architectes Frey et Schindler (Olten et Zurich) et le cinquième à Ernst Egli (Meilen, ZH). Sept projets réalisés par des bureaux connus encore aujourd’hui furent en outre achetés.

Le jury louait la très bonne situation d’ensemble du projet lauréat, ainsi que la disposition claire des installations sportives, des bâtiments d’hébergement et d’enseignement et des salles communes. Un article paru dans la revue spécialisée Werk décrivait l’objectif architectural du projet lauréat ainsi: «L’expression artistique des objets est essentiellement déterminée par le choix de leur implantation et leur interaction avec le paysage et le bâti existant. Les objets qui revêtent une grande importance par leur programme et leur fonction spirituelle comme l’église, la place des fêtes et l’amphithéâtre, sont situés à des emplacements qui les mettent en valeur par l’atmosphère créée avec les alentours. Les objets d’importance plus modeste, par exemple une petite maison d’hébergement, sont placés près d’objets équivalents de façon à former un groupe. […] Face à la grandeur majestueuse du décor naturel, l’approche architecturale opte pour une sobriété qui s’exprime par le choix de matériaux de construction locaux (pierre brute de carrière, maçonnerie avec enduit et construction en bois)». La revue Schweizerische Bauzeitung ayant publié les plans de situation des cinq projets primés, la comparaison des vues d’ensemble montre que les gagnants du concours étaient non seulement ceux qui avaient le plus dispersé les installations sur le site, mais qui avaient aussi le plus cherché à les concevoir en harmonie avec les qualités paysagères propres à chaque emplacement.

Projet lauréat de Schindler et Knupfer pour l’école de gymnastique et de sport: vue d’ensemble.

Projet lauréat de Schindler et Knupfer: plan de situation et plans des bâtiments pour le village des sportifs.

En 1948, les lauréats envoyèrent leur projet au concours olympique d’architecture à Londres et obtinrent la médaille d’argent. Couronnés par des médailles, ces concours olympiques d’architecture, de sculpture, de peinture, de littérature et de musique s’étaient tenus pour la première fois en 1912 lors des Jeux de Stockholm. En 1952, à Helsinki, ces concours ne furent pas reconduits, soi-disant par manque de temps, et ont été abandonnés depuis. Les plans de Schindler et Knupfer étaient accompagnés d’une maquette du projet de 8 m de long, extrêmement réaliste, dont il ne reste malheureusement plus que des photographies. La modélisation précise du terrain et le rendu exact des arbres et des buissons prouvent une fois de plus l’importance primordiale accordée au paysage.

Le cœur architectural du projet était constitué par un village, qui ne sera finalement jamais exécuté. Comprenant des logements et des salles communes, ce village aurait dû être réalisé lors de la seconde étape de construction. Situé entre la piscine en plein air et la place des Mélèzes, le pré choisi pour son emplacement est encore non bâti à ce jour, le propriétaire s’étant résolument opposé à le céder à la Confédération. Tournés vers la vue, les bâtiments d’hébergement de deux niveaux étaient placés le long des courbes de niveau de façon à former un ensemble bâti donnant l’impression d’une disposition libre. Le centre du village comprenait une salle plus élevée, légèrement décalée en direction de la piscine et orientée perpendiculairement par rapport à la ligne des logements, destinée à accueillir diverses manifestations et, au sud de cette salle, un bâtiment pour la restauration. Alors que les bâtiments d’hébergement étaient des édifices solitaires, les bâtiments du centre, se touchant presque, formaient un groupe de c...

Table des matières

• Cover
• Table des matières
• Macolin comme lieu de cure
• La fondation de l’École fédérale de gymnastique et de sport EFGS en 1944
• L’École fédérale de gymnastique et de sport EFGS entre 1944 et 1970
• Œuvres d’art de l’OFSPO
• Développement de l’école de sport entre 1970 et 1982
• Développement et perspectives à partir de 1982
• Appréciation
• Annexes
• Mentions légales