
- 196 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Que serait la communauté française de Barcelone sans la multitude d'acteurs institutionnels et associatifs qui l'ont forgée et qui continue encore à la faire vivre?En presque 600 ans de présence, celle-ci n'a cessé d'évoluer.C'est à travers son Histoire que nous voulons vous faire voyager et mieux connaître son périple avec la Catalogne.Ce livre est illustré de plus de 100 photos et documents historiques.Cet ouvrage est placé sous la direction de Guillaume Horn, diplômé d'Histoire de l'ENS (Ecole Normale Supérieure), en collaboration avec l'ensemble des associations et entités françaises présentes à Barcelone, pour la plupart engagées depuis le XIXème siècle.
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Informations
PARTIE 1 UNE COMMUNAUTÉ RESTREINTE BALLOTTÉE ENTRE DEUX PAYS (XVE-XIXE SIÈCLE)
I. Des premiers Français de Barcelone au premier rattachement à la France (1450-1652)
Des Français à Barcelone, il y en a en nombre depuis le XVe siècle. C’est ce que démontre le Livre des Épousailles des Archives de la Cathédrale de Barcelone dont le premier exemplaire nous apparaît en 1451. Mais ce n’est qu’à la fin du Moyen-Âge que l’élite de la petite communauté française de Barcelone, composée principalement de négociants et d’artisans, s’organise pour la première fois afin de resserrer les liens de solidarité entre Français de toutes conditions sociales comme c’était souvent le cas pour tout groupe d’intérêt dans la société féodale. Elle crée pour cela une confrérie dont le but avoué est d’aider les malades français et de couvrir les frais d’enterrement des plus démunis. C’est en référence à cette mission d’entraide que cette confrérie se place sous la protection du seul roi de France connu pour s’être mêlé aux plus nécessiteux : Saint Louis (XIIIe siècle). La confrérie prend ainsi le nom de « Confrérie de Saint Louis ». Mais son rôle ne se limite pas à cela et, peu à peu, elle organise les différentes fêtes religieuses pour les Français de la ville, sans oublier celle de Saint Louis, au mois d’août. Son rôle communautaire est en conséquence important. Seuls les Français, de lignée masculine, de troisième génération peuvent y entrer (Moreu-Rey, 1948).
C’est à la même période que le poste de consul apparaît. Mais, à la différence d’aujourd’hui, il est choisi parmi les marchands et doit défendre leurs intérêts auprès des autorités locales ; c’est-à-dire ceux des plus riches et des plus influents. L’office n’est en rien rattaché à l’État français. Il est même commun qu’il se transmette de père en fils ou s’acquiert par enchère.

Murailles médiévales de Barcelone, 2019.
La présence de Français à Barcelone, dès cette période, n’est pas étonnante car, contrairement aux idées reçues, les populations se mélangent et se déplacent au cours du Bas Moyen-Âge. Ces déplacements concernent des groupes spécialisés urbains comme les commerçants et artisans (Boucheron, Menjot, 2011). Le lien qu’entretient le sud de la France avec la Catalogne, surtout lors de son essor au XIIIe siècle, favorise l’implantation des Français. Leur nombre reste cependant très limité, loin derrière les puissants Génois. Une série d’évènements qui s’étirent sur deux siècles va pourtant contribuer à modifier la composition et l’image de la communauté française. Tout d’abord, au XIVe siècle, l’Europe est touchée par la peste. La crise de la dette qui frappe la cité comtale, à laquelle s’ajoute au cours du XVe siècle la guerre civile, n’arrange pas la situation. Démographiquement, la Catalogne n’a pas le temps de se relever. Les marchands se tournent donc vers Valence. C’est lorsque la région se pacifie enfin, à la fin du XVe siècle, suite à la Sentence de Guadalupe (1486), que la Catalogne connaît une très forte migration de Français. Ceux-ci cherchent autant à fuir la surpopulation des Pyrénées et la violence des rues provoquée par les guerres de religion du XVIe siècle qu’à profiter des avantages de la Sentence de Guadalupe ; celle-ci offre aux paysans le droit de vendre sans autorisation leur production sur le marché. Une première pour l’époque et une opportunité que des dizaines de milliers de Français ne veulent pas laisser passer (Poinard, 1988 ; Torres Sans, 2002).
Cette vague migratoire a d’importantes conséquences démographiques puisque, dans l’ensemble de la Catalogne sous Philippe II (entre 1540 et 1590), 1 homme sur 5 est Français (20 %). À Barcelone, il y en a tant qu’un cimetière leur est réservé, comme à Mataró, Sant Boi de Llobregat, Vilafranca del Penedès. Elle provoque aussi la paralysie de la Confrérie de Saint Louis qui n’arrive pas à prendre en charge tous les Français, souvent indigents, qui arrivent en ville. Ils doivent donc se tourner vers les hôpitaux de la ville qui se retrouvent submergés par le nombre de Français. En attestent les listes de patients de l’Hôpital de Santa Creu de Barcelone : alors qu’ils n’étaient qu’une infime minorité au XVe siècle (4,4 %), les Français représentent la moitié des patients entre 1540 et 1570 (Torres Sans, 2002).
Cette vague d’immigration nourrit un sentiment xénophobe à l’égard des Français. Des mesures sont prises dans l’ensemble de la Catalogne contre les Français. Les mariages mixtes sont interdits à Vic. À Igualada, devenus plus nombreux que les Catalans, il leur est interdit d’assister à l’assemblée municipale. À Barcelone, le nombre de Français tailleurs et couturiers est tellement important qu’on leur interdit l’accès aux hautes fonctions de leur corporation. Les troubadours français ont même remplacé les Catalans dans les petits et moyens centres urbains. Ce sentiment est attisé par le nombre de Français sans ressources, basculant dans le banditisme de grand chemin. L’Inquisition les poursuit durement et n’épargne même pas le consul français, Pierre Alguer, en 1584, qui est poursuivi pour avoir injurié un lieutenant. Dans Cataluña Ilustrada, Esteban de Corbera qualifie même les Français de
[…] servil de condición baja, que idolatran en el interés, y que por el fe aventura a qualquier trabajo, y ejercicio por vil, y abatido que sea [...] y se emplean en todo lo que imaginan les ha de ser de algún provecho. [...] son de ordinario los que cometen las violencias, y robos en los caminos, los incendios en las casas, los cautiverios y plagios en los hombres y niños, y otros muchos delitos.

Convocation pour le défilé de la Flagellation, 1802. Archives Diplomatiques de Nantes.
Une description loin d’être gratifiante et qui représente bien le mépris envers les Français perçus comme des profiteurs.
Ce mouvement de rejet des Français ne les empêche pas de s’intégrer peu à peu et cela rejaillit sur la Confrérie de Saint Louis. En 1615, la communauté française est invitée pour la première fois à participer au défilé de la Semaine Sainte, grâce aux efforts de son consul Pierre Ortiz qui aspire à mieux l’intégrer à la société catalane (Moreau, archives del Pi). Mais pour ce faire, elle doit reproduire la scène de la Flagellation du Christ nommée « Mystère de la Flagellation » (un Mystère est un ensemble de statues). C’est une représentation publique coûteuse mais très prestigieuse. La confrérie s’intègre alors à une autre confrérie, celle-ci catalane, qui regroupe l’ensemble des participants de la procession : la « Confrérie du Sang de Jésus Christ » en référence au sang versé par le Christ lors de son martyre et qui est connue pour s’occuper de l’enterrement des condamnés à mort. Elle y forme toutefois un groupe autonome qui obtient le droit de se réunir au Couvent des Cordeliers de Notre Dame de Jésus (actuel ferrocarril de la rue Aragón). En octobre 1616, les franciscains qui dirigent ce dernier mettent à la disposition de ce groupe un terrain sur le chemin de Gràcia où une chapelle dédiée à Saint Louis est édifiée. Le « Mystère de la Flagellation » y est déposé et entretenu. C’est autour d’une statue de Saint Louis que, tous les ans à la période de Pâques, les membres de la confrérie se retrouvent pour l’élection de leurs officiers. Ils s’y retrouvent également la veille de la Saint Louis. Ce lieu se transforme alors en premier centre catholique français (Moreau, archives del Pi).

Statuts de la Fraternité et Confrérie de la Nation Française de Barcelone, 1666. Archives Diplomatiques de Nantes
Un évènement de taille se produit quelques décennies plus tard : en 1635, les relations franco-espagnoles se dégradent considérablement avant d’être simplement rompues. La participation des Français à la procession n’étant pas encore une coutume établie, il est probable que les Français aient perdu le droit d’y faire acte de présence. La montée des tensions incite les autorités espagnoles à créer un organisme chargé de surveiller les Français du royaume afin de pouvoir éviter la fuite de matières premières ou manufacturées par la voie du commerce vers la France : la Junta de represalia de franceses. C’est dans cette optique qu’un recensement des Français de Barcelone est établi en 1637. En tout ce sont 1 297 pères de famille qui sont recensés, soit 5 190 personnes qui sont considérées comme françaises, fils de Français ou petit-fils de Français. À l’échelle de Barcelone cela représente environ 10 % de la population. Mais ce n’est pas la seule information qu’apporte le document. Pour s’assurer que certains Français présents ne soient pas des agents infiltrés il est également demandé la durée de résidence. Nous apprenons que près de 75 % des Français de la ville résident depuis au moins 20 ans et que 50 % d’entre eux ont moins de 15 ans. Les secteurs d’activité sont principalement ceux de l’artisanat. En tout premier lieu, le textile de la laine, le lin et la soie, viennent ensuite dans l’ordre d’importance ceux liés à la fabrication du pain (meunier, boulanger), de l’argile (potier, tuilier), des métaux (forgeron, serrurier), du bois (charpentier, menuisier) et de la viande et ses dérivés (boucher, cordonnier).
La deuxième catégorie importante est celle des journaliers, c’est-à-dire travaillant à la journée, souvent pour des artisans ou des laboureurs selon les besoins et la saison. Après eux viennent les transporteurs de marchandises maritimes et terrestres, ceux liés au monde agraire (horticulture, pâture) et enfin les taverniers ; en effet, pas moins de 62 pères de famille sont taverniers ! Une infime partie des Français de la ville se détache de cette masse : ceux ayant intégré ou ayant approché les hautes sphères. L’un d’entre eux est devenu portero real, un autre meunier des moulins royaux, un autre chargé du courrier du roi. Nous rencontrons également le premier étudiant français de la ville, un étudiant de philosophie. Une grande partie possède d’ailleurs plusieurs maisons (jusqu’à trois) et vit de leurs rentes. En somme, la communauté française de Barcelone en 1637 est très diversifiée socialement. Dans ce document il est également spécifié l’adresse de chaque propriétaire. Grâce aux travaux de Rizo Blasco Josep, nous avons pu retracer sur une carte la localisation approximative des propriétaires français. Il apparaît qu’une grande partie est implantée dans le quartier de San Pere et du Born. Mais en dehors de ces deux fortes concentrations la population française est plutôt éparpillée dans la ville.

Localisation des Français recensés par la Junta de Represalia en 1637.
Cependant, la situation se retourne brutalement lorsqu’en 1641 la Généralité proclame la République et rompt son allégeance à la monarchie arago-castillane. En prévision d’une très probable débâcle militaire face aux armées castillanes, les autorités catalanes prêtent allégeance au roi de France, Louis XIII. Ce dernier est donc couronné comte de Barcelone et souverain du Principat sous le nom de Louis Ier. La Catalogne devient pour la première fois française et plusieurs vice-rois français vont se succéder à sa tête. Parmi l’un des plus importants Philippe de la Mothe Houdancourt en poste de 1642 à 1645 puis de 1651 à 1652. Mais les complications s’accumulent peu à peu. Les Catalans pro-français veulent confisquer les biens des Catalans pro-espagnols qui ont fui pour mieux se les répartir. Par crainte de nourrir les jalousies entre ses partisans, Louis XIII décide de les distribuer aux seuls officiers français venus appuyer le mouvement. De plus, l’entrée de la Catalogne dans le royaume de France a entraîné l’arrivée de commerçants français et d’une importante concurrence. Le mécontentement augmente. C’est alors qu’en 1643, le fils de Louis XIII, Louis XIV, encore enfant, lui succède sous le nom de Louis II. Le jeune roi doit affronter la Fronde en France. La Catalogne n’est plus une priorité. En 1652, il rend la Catalogne et Barcelone à Philippe IV d’Espagne mettant fin au mandat de son dernier vice-roi. Ce retour dans le giron espagnol n’a semble-t-il pas de fortes répercussions sur les Français de la ville car la Confrérie de Saint Louis n’est pas remise en cause. Au contraire, alors qu’elle a probablement récupéré le droit de participer à la procession de la Semaine Sainte, lors de l’incorporation de la Catalogne à la France, elle est confortée dans sa position en 1658, lorsque la Confrérie du Sang de Jésus Christ décide de lui céder à perpétuité la partie du défilé de la Flagellation. Dès lors, le « Mystère de la Flagellation » prend le nom de Mystère des Français et, au fil du temps, un pouvoir surnaturel va lui être attribué, peut-être lié au don de guérison des rois de France (Moreau, Archives del Pi). Ceci incite les Français à revoir leur organisation. La Confrérie de Saint Louis, devenue à une date inconnue, Confrérie des Français, modifie ses statuts en 1666 et prend le nom de « Fraternité et Confrérie de la Nation Française » comme nous l’enseigne des documents conservés à Nantes. Elle est toujours placée sous la protection de Saint Louis dont la principale fonction est celle de garantir le repos des âmes des confrères. Cependant, ces changements vont au-delà de la modification du nom car c’est bel et bien la première communauté de solidarité qui est créée -d’où le nom de Fraternité-. Ses membres reçoivent des aides s’ils sont malades ; huit sous par jour. Les frais d’enterrement sont pris à charge en échange d’une cotisation annuelle de six pesetas. Seul bémol, ne pouvait en être membre que les personnes âgées de moins de 40 ans. Passé cet âge, il fallait démontrer une condition physique robuste. Ceci démontre que cette solidarité avait pour objectif d’éviter que des individus jeunes, avenir de la communauté, ne meurent brutalement laissant à l’abandon leur famille.

Extrait de la procession des Français de la ville, 1817. Archives de la Paroisse de Santa Maria del Pi. En tête, se trouve la Croix de guide. Elle est suivie d’individus portant de longues robes, celles-ci servent à masquer les prétendues chaînes qu’ils traînent. Eux-mêmes sont suivis d’un individu, noble, probablement le consul, accompagné d’un domestique qui porte la traînée de sa robe. Tous portent des torches. Jusqu’au XVIIe siècle, les flagellations étaient publiques. Au-delà, celles-ci passent dans la sphère privée et ne sont plus admises dans les processions.
II. La progressive mise sous tutelle du Consulat par la France (1670-1789)
Ce maintien n’empêche pas que les relations entre le Consulat et les autorités catalanes ou espagnoles se tendent. Ceci s’explique par le fait que la fonction de consul est en train d’être mise sous tutelle directe de la monarchie française. Autrement dit, le consul n’est plus un représentant des marchands mais un agent de l’État français en terre étrangère (Boulanger, 2017). Cette situation déplaît fortement aux autorités espagnoles car les consuls servent de plus en plus à couvrir les activités commerciales illégales des Français. Cette ingérence de la monarchie française dans les affaires du Consulat a d’...
Table des matières
- Couverture
- Grand titre
- Crédits
- Préface
- Avant-propos
- Partie 1. Une communauté restreinte ballottée entre deux pays (XVe-XIXe siècle)
- Partie 2. Une communauté en expansion (1815-1918)
- Partie 3. Une communauté entre deux guerres (1918-1944)
- Conclusion – Des ruines tenaces (1944-1947)
- Sources
- Bibliographie (Liste non exhaustive)
- Remerciements