Les Trois Yeux
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Les Trois Yeux

  1. 238 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Les Trois Yeux

À propos de ce livre

Vers le milieu du XXe siècle, sur le mur d'un enclos où sont groupés les laboratoires d'un vieux savant, Noël Dorgeroux, apparaissent d'extraordinaires visions animées, qui reproduisent aussi bien des scènes de l'époque que du temps passé, et qui, toutes, sont précédées par l'image géométrique de trois figures, trois yeux bizarres disposés aux trois angles d'un triangle. Le neveu du savant, Victorien Beaugrand, qui, beaucoup plus tard, décrit les visions dont il fut dans sa jeunesse le témoin stupéfait, interroge vainement son oncle. Celui-ci garde son secret d'autant plus jalousement qu'il veut l'exploiter, et qu'il se sent épié et menacé. De fait, un mois avant l'inauguration de l'amphithéâtre qu'il a fait construire en plein air pour exploiter sa découverte, il est assassiné au pied même du mur miraculeux. En même temps, sa filleule, Bérangère Massignac, disparait. Est-elle complice des assassins? Le formidable secret est-il perdu?...

Foire aux questions

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Informations

Année
2021
ISBN de l'eBook
9782322230457

X. LA FORMULE.

Velmot mort, Bérangère vivante… Quelle joie je ressentis ! Quelle sécurité soudaine ! Cette fois la mauvaise aventure était finie, puisque celle que j’aimais n’avait plus rien à craindre. Et aussitôt ma pensée remonta vers Noël Dorgeroux : la formule qui résumait le grand secret était sauvegardée. Avec les indications et les éléments d’action que l’on possédait par ailleurs, l’humanité se trouvait maintenant en état de continuer l’œuvre de mon oncle.
Bérangère m’appela :
– Il est mort n’est-ce pas ?
J’eus l’intuition que je ne devais pas lui dire une vérité trop lourde à porter pour elle, et qu’elle redoutait, et je déclarai :
– Mais non… nous ne l’avons pas vu… il se sera échappé…
Ma réponse parut la soulager, et elle murmura :
– En tout cas, il est blessé… je suis sûre de l’avoir atteint.
– Repose-toi, lui dis-je, et ne te tourmente plus de rien, ma chérie.
Elle m’obéit, et elle était si lasse qu’elle ne tarda pas à s’endormir.
Avant de la ramener, le comte et moi nous retournâmes auprès du cadavre et le fîmes glisser sur la pente du ravin que nous suivîmes jusqu’au mur qui entourait le domaine. Comme il y avait une brèche en cet endroit, le comte affirmait que Velmot n’avait pu entrer que par là. En effet, un peu plus loin, au débouché d’une route forestière isolée, nous découvrîmes son automobile. Le corps y fut placé, le revolver déposé sur la banquette, et la voiture conduite à un kilomètre de distance et abandonnée au seuil d’une clairière.
Nous n’avions rencontré personne. Nul doute qu’on ne crût à un suicide. Une heure plus tard, Bérangère de retour au château, étendue sur son lit, me donnait sa main que je couvrais de baisers. Nous étions seuls, sans plus d’ennemis autour de nous. Aucune figure hideuse ne rodait dans les ténèbres. Personne ne pouvait plus s’opposer à notre juste bonheur.
– Le cauchemar a passé, lui disais-je. Il n’y a plus d’obstacle entre nous. Tu ne chercheras plus à t’enfuir, n’est-ce pas ?
Je la regardai avec une émotion où persistait beaucoup d’inquiétude. La chère petite demeurait encore pour moi pleine de mystère et d’inconnu, et bien des secrets se cachaient dans l’ombre de cette âme où je n’avais jamais pénétré. Je le lui dis. À son tour elle me regarda longtemps, de ses yeux las et brillants de fièvre, si différents des yeux insouciants et rieurs que j’avais aimés autrefois, et elle murmura :
– Des secrets ? Beaucoup de secrets ? Non. Il n’y en a qu’un en moi, et c’est celui-là qui est la cause de tout.
– Peux-tu me le confier, Bérangère ?
– Je vous aime.
Je frissonnai de joie. Cet amour, j’en avais eu souvent l’intuition profonde, mais entravée par tant de défiance, de soupçons et de rancune ! Et voilà qu’elle m’en faisait l’aveu, gravement et loyalement…
– Tu m’aimes… Tu m’aimes… Pourquoi ne me l’as-tu pas dit plutôt ? Que de malheurs auraient été évités ! Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?
– Je ne le pouvais pas.
– Et tu le peux maintenant, parce qu’il n’y a plus d’obstacle entre nous ?
– Il y a entre nous toujours le même obstacle.
– Lequel ?
– Il y a mon père.
Je prononçai à voix basse :
– Tu sais que Théodore Massignac est mort.
– Je le sais.
– En ce cas…
– Je suis la fille de Théodore Massignac.
Je m’écriai vivement :
– Bérangère, il est une chose que je désire te révéler, et j’affirme d’avance…
Elle m’interrompit.
– N’en dites pas davantage, je vous en supplie. Il y a cela qui nous sépare. C’est un abîme qu’il ne faut pas espérer combler avec des mots.
Elle semblait si épuisée que je voulus la quitter. Elle m’en empêcha.
– Non, dit-elle. Je ne serai pas malade… quelques jours, tout au plus. Auparavant, je veux que tout soit très clair entre nous, et que vous n’ignoriez pas un seul de mes actes. Écoutez-moi…
– Demain, Bérangère.
– Aujourd’hui, ordonna-t-elle. J’ai besoin de me confier à vous tout de suite. Rien ne peut me donner plus de calme. Écoutez-moi.
Il n’était pas nécessaire qu’elle me priât longtemps. Comment me serais-je lassé de la contempler et de l’entendre ? De telles épreuves nous avaient assaillis quand nous étions loin l’un de l’autre, que je craignais, malgré tout, de n’être plus auprès d’elle !
Elle passa son bras autour de mon cou, ses jolies lèvres frémissaient sous mes yeux. Voyant que mon regard s’y posait, elle sourit.
– Vous vous rappelez, dans l’Enclos… la première fois… De ce jour-là je vous ai détesté… et adoré. J’étais votre ennemie… et votre esclave… Oui, toute ma nature indépendante, un peu farouche, se révoltait de ne pouvoir s’affranchir d’un souvenir qui me faisait tant de mal… et tant de bien !… J’étais domptée. Je vous fuyais, Je revenais à vous… et j’y serais revenue tout à fait, si cet homme… cet homme que vous savez, ne m’avait pas abordée un matin…
– Velmot ! Que venait-il faire ? Que voulait-il ?
– Il venait de la part de mon père. Ce qu’il voulait – je m’en suis aperçu peu à peu – c’était pénétrer par moi dans la vie de Noël Dorgeroux et lui voler le secret de son invention.
– Pourquoi ne m’avoir pas averti ?
– Dès la première minute, Velmot m’avait demandé de me taire. Plus tard, il me l’ordonna.
– Il ne fallait pas obéir.
– À la moindre indiscrétion de ma part, il vous eût tué. Je vous aimais. J’ai eu peur, et j’avais d’autant plus peur que Velmot me poursuivait d’un amour que ma haine exaspérait. Comment douter que sa menace ne fût sérieuse ? Dès lors, j’étais prise dans l’engrenage. De mensonge en mensonge, je devenais sa complice… ou plutôt leur complice, puisque mon père vint le rejoindre au cours de l’hiver. Ah ! quelle torture ! Cet homme qui m’aimait… et ce père indigne… J’ai vécu dans l’horreur et dans la honte… espérant toujours qu’ils se lasseraient, puisque leurs machinations n’aboutissaient à rien…
– Et mes lettres de Grenoble ? Et les craintes de mon oncle ?
– Oui, je sais, votre oncle m’en parlait souvent, et, sans lui révéler le complot, moi-même je le mettais en garde. C’est sur ma demande qu’il vous a envoyé ce rapport qui fut dérobé. Seulement, je n’ai jamais prévu le crime. Le vol, oui, et, malgré ma surveillance, je voyais bien que je n’étais pas de force, que mon père, la nuit, pénétrait au Logis, qu’il disposait de moyens que j’ignorais. Mais de là au crime ! à l’assassinat !… Non, non, une fille ne peut croire à cela.
– Alors, le dimanche, quand Velmot est venu te chercher au Logis, en l’absence de Noël Dorgeroux ?…
– Ce dimanche-là, il m’a dit que mon père, renonçant à son projet, voulait me faire ses adieux, et qu’il m’attendait près de la chapelle du cimetière abandonné, où tous les deux ils avaient tenté des expériences avec les fragments de l’ancien mur de l’Enclos. Justement Velmot profita de sa visite au Logis pour dérober un des flacons bleus qui servaient à mon oncle. Lorsque je m’en aperçus, il avait déjà versé une partie du liquide sur l’écran improvisé de la chapelle. Je pus saisir le flacon et le jeter dans le puits. À ce moment même, vous m’appeliez. Velmot se rua sur moi et m’emporta jusqu’à son automobile où, après m’avoir étourdie d’un coup de poing et attachée, il me dissimula sous un grand manteau. Je me réveillai de mon évanouissement dans le garage du quartier des Batignolles. C’était le soir. Je pus manœuvrer la voiture, l’approcher d’un vasistas qui ouvrait sur la rue, et sauter. Un monsieur et une dame qui passaient me relevèrent, car je m’étais démis le pied en tombant. Ils m’emmenèrent ici, chez eux. Le lendemain, par les journaux, j’apprenais l’assassinat de Noël Dorgeroux.
Bérangère se cacha la figure entre les mains.
– Ce que j’ai souffert ! Cette mort, n’en étais-je pas responsable ? Je me serais dénoncée, si M. et Mme de Roncherolles, qui furent pour moi les amis les meilleurs, ne me l’avaient interdit. Me dénoncer, c’était perdre mon père, et, par là, anéantir le secret de Noël Dorgeroux. Cette dernière considération me décida. Il fallait réparer le mal que j’avais fait involontairement et lutter contre ceux que j’avais servis. Dès que je fus rétablie, je me mis à l’œuvre. Connaissant l’existence des instructions écrites par Noël Dorgeroux derrière un portrait de d’Alembert, je me fis conduire au Logis, la veille, ou plutôt le matin, de l’inauguration. J’avais alors l’intention de vous voir et de tout vous confier. Mais il se trouva que la porte de service était ouverte et que je pus monter sans éveiller l’attention de personne. C’est alors, dans la chambre de parrain, que vous m’avez surprise.
– Mais pourquoi t’enfuir, Bérangère ?
– Vous aviez le document, cela suffisait.
– Non, tu devais rester, t’expliquer…
– Alors il ne fallait pas me parler d’amour, répondit-elle tristement. On n’aime pas la fille de Massignac.
– De sorte que, ma pauvre chérie, lui dis-je en souriant, de sorte que Massignac, qui se trouvait justement dans la maison, dont il avait une clef, et qui entendit notre conversation, me reprit le document, et, par ta faute, resta le seul maître du secret… Sans compter que tu me laissais en face d’un rude adversaire.
Elle hocha la tête.
– Vous n’aviez rien à craindre de mon père. Le danger pour vous venait de Velmot, et celui-là je le surveillais.
– Comment ?
– J’avais accepté l’hospitalité au château de Pré-Bony parce que mon père et Velmot, je le savais, habitaient l’autre hiver dans cette région. De fait, un jour, je reconnus l’automobile de Velmot qui descendait la côte de Bougival. Après quelques recherches je découvris le hangar où il remisait son auto. Or, le soir du quinze mai, j’étais postée de ce côté quand il rentra en compagnie de deux hommes. D’après quelques phrases, je compris qu’ils avaient enlevé mon père à la fin de la représentation, qu’ils l’avaient transporté dans une île voisine qui servait de retraite à Velmot, et que, le lendemain, celui-ci devait le contraindre par tous les moyens à parler. Que faire ? Livrer Velmot à la justice, c’était fournir contre mon père des preuves irrécusables. D’autre part, mes amis Roncherolles étaient absents de Pré-Bony. Avide de secours, je courus à l’Auberge-Bleue et vous donnai rendez-vous par téléphone.
– Rendez-vous auquel je suis venu dans la nuit, Bérangère.
– Vous êtes venu cette nuit-là ? demanda-t-elle avec surprise.
– Mon Dieu oui, et, à la porte de l’auberge, envoyé par toi, m’attendait un gamin q...

Table des matières

  1. Les Trois Yeux
  2. AVANT-PROPOS.
  3. PREMIÈRE PARTIE. LES TROIS YEUX.
  4. I. BERGERONNETTE.
  5. II. LES « CERCLES TRIANGULAIRES ».
  6. III. UNE EXÉCUTION.
  7. IV. LE FILS MORT DE NOËL DORGEROUX.
  8. V. LE BAISER.
  9. VI. INQUIÉTUDES.
  10. VII. L’HOMME AUX YEUX FÉROCES.
  11. VIII. « QUELQU’UN SORTIRA DE L’OMBRE ».
  12. IX. CELUI QUI EST SORTI DE L’OMBRE.
  13. DEUXIÈME PARTIE. LE RAYON B.
  14. I. LA FOULE VOIT.
  15. II. LA BASILIQUE.
  16. III. « LES FORMES ».
  17. IV. LE VOILE S’ÉCARTE…
  18. V. MASSIGNAC ET VELMOT.
  19. VI. LA SPLENDIDE HYPOTHÈSE.
  20. VII. LES LÈVRES JOINTES.
  21. VIII. VISIONS SUPRÊMES…
  22. IX. LE CHATEAU DE PRÉ-BONY.
  23. X. LA FORMULE.
  24. Page de copyright