PREMIÈRE PARTIE
101 IDÉALS
Ce qui suit n’est ni un inventaire exhaustif des idéals, ni un système, ni un traité analysant ou défendant des idéals. Il s’agit d’une suite d’impressions relatives à certaines expériences, d’indices, d’observations, de sensations, de pistes, mais aussi d’évocations, de témoignages et de réflexions. Pas un programme ni des leçons, juste des aperçus (inspirants, je l’espère) de ces « révélateurs de Vie » que sont les idéals.
Comme je l’ai dit dans mes autres livres, si vous trouvez dans ces pages quelques échos à ce que vous vivez, si cela parle à votre cœur comme à votre esprit, si vous sentez comme une lumière s’allumer en vous en les lisant, si cela résonne en vous comme pour mieux faire entendre une vérité, alors ce livre aura pleinement rempli sa mission.
Pour cette lecture, prenez votre temps, ne lisez pas trop de notes d’affilée. Il ne s’agit pas d’emmagasiner des informations, ni de répondre à une éventuelle avidité intellectuelle, mais d’aller vers des expériences qui libèrent, qui soulagent, qui grandissent, et qui nous rappellent qui nous sommes profondément.
Encore une chose, un idéal peut signifier « ceci » pour moi et pour vous, autre chose. Les définitions ne sont, en fait, pas importantes ; ce qui compte, c’est de ressentir les idéals. L’essentiel n’est pas de dire où le rouge commence ni où il s’arrête, c’est d’en faire pleinement l’expérience. Les étiquettes, comme vous le savez, ne peuvent couvrir sans équivoque le spectre des couleurs, la gamme des expériences. Elles glissent, s’étirent, se chevauchent parfois. À ce sujet, vous verrez que je me suis permis d’utiliser plusieurs fois la même étiquette pour des expériences parfois différentes.
PRÉSENCE
Ce qui nous manque dans la vie, ce n’est pas tant de l’argent, du pouvoir, un partenaire formidable, un gouvernement efficace, une intelligence supérieure, des connaissances ou un talent particulier, ce qui nous manque, c’est essentiellement nous-même, c’est notre présence.
ESTIME DE SOI
Je ne peux pas me haïr. C’est impossible. Ce que je n’aime pas, ce n’est pas moi, mais une image de moi, autrement dit ce que je pense être. Ce que je suis réellement, profondément est totalement aimable, inattaquable.
Je ne veux être personne d’autre que moi-même…
ÉGALITÉ
En général, nous faisons des alliances avec certains, mais pas avec tous. Nous avons nos familles, nos fréquentations habituelles, nos ennemis favoris, nos communautés, nos réseaux, nos affiliations, nos couleurs… C’est assez commun, je pense, et souvent, sans nous en rendre compte, nous en venons parfois à croire qu’il existe une sorte de hiérarchie chez les êtres, que certains sont meilleurs ou moins bons que d’autres. C’est ce que j’ai fait pendant un certain temps. En fonction des personnes que je rencontrais, je réagissais différemment. Certains avaient droit à ma considération, ma sympathie, mon estime, d’autres non, ou beaucoup moins. J’avais mon propre système de cotation qui opérait de manière arbitraire, et, comme je ne le remettais guère en question, il me paraissait légitime. N’était-ce d’ailleurs pas ce que l’on m’avait enseigné ? Il fallait être critique et sélectif, savoir faire des différences, voire être exclusif. Il y avait ceux qui réussissaient dans la vie et ceux qui ne réussissaient pas, il y avait les bonnes et les mauvaises personnes, il y avait les cultivés et les incultes, il y avait les amis et les ennemis, les originaux et le commun des mortels, les meneurs et les suiveurs, les ouvriers et les employés, etc. Un tas de distinctions basées sur des jugements de valeur.
Un jour, je me suis demandé à quoi cela rimait, je me suis demandé ce qui me mettait si mal à l’aise, par exemple, en face de certaines personnes, pourquoi je voulais en fréquenter certaines et pourquoi j’étais comme rebuté par d’autres. N’était-ce tout simplement pas parce que je leur niais le fait qu’elles étaient déjà « bonnes », qu’elles étaient déjà « dignes d’amour » ? Je leur demandais de faire quelque chose pour l’être. Je leur demandais d’être différentes. En gros, je leur disais : « Votre salut est là-bas, votre beauté est là-bas, mais vous en êtes encore séparées. Il vous reste encore quelques kilomètres à parcourir ». C’était une manière de les condamner, de leur dire qu’elles n’étaient pas encore dignes d’être aimées, qu’elles ne pouvaient pas être comme elles étaient en cet instant. Ça a été un petit choc de voir cet aspect en moi. Je me considérais comme quelqu’un d’assez respectueux, d’assez respectable, mais, apparemment, je voulais que certains le soient moins que moi, qu’ils soient un cran en dessous de moi. En somme, je ne croyais pas en une égalité parfaite des êtres.
CRÉATIVITÉ
Avant d’être des créateurs dans le sens courant de ce mot, nous sommes les créateurs de nos vies.
Quelle est la vie que je veux mener ? Cela n’a pas besoin d’être grandiose ou de plaire à mon voisin, mais cela devra me faire vibrer.
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C’est comme si j’étais devant un miroir vide et que je regardais dans ce miroir. Qu’est-ce que je veux voir ? Comment est-ce que je veux me voir ? Que vais-je offrir au monde et à moi-même ? Si je veux éprouver des sentiments positifs, c’est le moment d’y penser. Si je veux vivre telle expérience, c’est le moment d’y croire. Je prends possession de mon pouvoir créatif en pensant à ce que j’aimerais vivre.
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L’imagination, ce n’est pas du fantasme ni de la fiction, c’est un outil créatif à notre disposition, un outil au service de la création.
LUCIDITÉ
Lorsque nous avons un problème, nous le voyons dans le monde. Le problème semble venir du monde. Il nous vient rarement à l’esprit que le problème pourrait venir de nous. Il y a comme une amnésie bien gardée qui empêche cette reconnaissance. Un voile d’oubli tombe comme une large paupière et fait en sorte que nous ne remontons pas à la source du problème. Qui oserait dire que la souffrance qu’il ressent vient de lui ? Qui admettrait qu’il se fait « ça » à lui-même ? Peu de personnes. Le découvrir est peut-être la plus difficile des découvertes sur soi. Cela implique de reconnaître une division en soi, une source de souffrance cachée en soi. C’est aussi la plus réjouissante des découvertes, car si on se fait « ça » à soi, on peut cesser de se le faire : le monde n’a pas le pouvoir qu’on lui avait attribué.
QU’EST-CE QU’UN IDÉAL ?
Cela ne concerne pas vraiment la morale. Ce n’est pas une chose imaginaire. Ce n’est pas un modèle de perfection défini ni une vue intéressée auxquels il s’agirait de se conformer. L’idéal est avant tout une expérience, une expérience révélatrice, une expérience de la grandeur naturelle de notre être, de notre unité, de notre entièreté. C’est, tout à la fois, une idée à vivre pour se connaître dans sa vastitude, un appel de la Vie à la vie, un éclairage sur soi, une manière d’exprimer l’être profond que nous sommes et de nous y relier dans une expérience.
Joie, amour, liberté, confiance…, voici des idéals. Ils ne sont pas éloignés de ce que nous pouvons connaître au quotidien. Nous pouvons expérimenter un idéal ou des idéals de manière fréquente au cours de la journée. Par exemple, si nous sommes dans la joie sans raison particulière, nous sommes unis à un idéal. Si nous avons confiance dans le déroulement des choses, nous sommes unis à un idéal. Si nous apprécions ce que nous faisons, nous sommes unis à un idéal. D’une manière générale, les idéals nous relient à ce que nous sommes vraiment (ce que nous sommes, pas ce que nous pensons être ni ce que nous pensons devoir être). S’unir à un idéal est une sorte de lâcher-prise qui permet d’être soi, amplement. Un idéal nous dit que nous pouvons coïncider avec nous-même. À la base, nous sommes paix, nous sommes joie, nous sommes enthousiasme, confiance, appréciation… Nous sommes, en fait, un diamant à plusieurs facettes, et les idéals nous le montrent.
PASSION
« C’est parce que je l’ai choisi ! C’est parce que je le choisis ! » semble dire celui qui est passionné.
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Comme on me l’a fait remarquer, sans passion nous existons peut-être, mais nous n...