
- 328 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
L'habitation comme vecteur de lien social
À propos de ce livre
En s'intéressant à certaines populations socialement disqualifiées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l'un des déterminants de la santé et du bien-être mais également comme un lieu d'intervention majeur dans le domaine des services sociaux.
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Informations
Sujet
Sciences socialesSujet
Sociologie PARTIE 1
CHEZ-SOI, SANTÉ MENTALE ET LIEN SOCIAL
Paul Morin
L’habitation nous inscrit dans un territoire, dans un mode d’existence social. Pour les personnes exclues de la sphère économique, elle constitue d’ailleurs le mode d’inscription privilégié dans un plus vaste réseau et, de ce fait, représente l’un des éléments clés de toute politique sociale visant à contrer la pauvreté et l’exclusion sociale (Ulysse et Lesemann, 2004). La problématique de l’habitation pose également d’emblée des questions primordiales sur le rapport de l’être humain à l’espace et à l’appropriation de l’espace. Contrôle, territorialité, sécurité, ces concepts reviennent constamment dans la littérature sur l’habitation (Heywood, 2005). Tous et toutes nous souhaitons avoir un chez-soi; celui-ci représente une aspiration légitime à l’intimité, à la sécurité, à la souveraineté que procure un espace privé. Et il en va de même pour les personnes ayant des problèmes sévères de santé mentale ne font pas exception (Borg, 2007). À une époque où l’hôpital psychiatrique pouvait être assimilé à un lieu d’enfermement, Tranchina écrivait justement que « L’asile est la destruction de la sphère privée dans une société basée sur la propriété privée » (Tranchina, 1976, p. 108, notre traduction).
Si nous n’en sommes plus là, force est de reconnaître que cette destruction de la sphère privée se poursuit mais en se déclinant différemment selon la logique de la transinstitutionnalisation; un nombre substantiel de personnes ayant des problèmes sévères de santé mentale sont alors tout simplement traitées comme des objets que l’on déplace. Dévoilée dès 1976, par Castel, Castel et Lovell, dans La société psychiatrique avancée, cette logique a malheureusement toujours cours au Québec (Castel, Castel et Lovell, 1976).
Ainsi à l’automne 2003, à Montréal, les aspects sociaux de la santé mentale ont occupé le devant de la scène médiatique à la suite de la fermeture d’un pavillon affilié à l’hôpital psychiatrique Douglas et d’un foyer clandestin qui hébergeait six personnes psychiatrisées dont plusieurs y avaient été envoyées par le département de psychiatrie de l’hôpital Jean-Talon. Dans les deux cas, les conditions insalubres dans lesquelles vivaient ces personnes ont provoqué leur fermeture. Quelques mois plus tard, le vérificateur général du Québec, madame Paradis, a dénoncé à son tour ces situations d’exclusion sociale où isolement rime avec pauvreté, humiliation et contrôle: « Présentement plusieurs personnes ayant des problèmes de santé mentale sont en attente ou à la recherche d’une ressource résidentielle qui répondent à leurs besoins… plusieurs personnes doivent vivre dans des conditions insalubres, voire dans la rue. » (Vérificateur général du Québec, 2004, p. 35-36.) Pourtant le rapport Deschênes et Gagnon sur les personnes vulnérables susceptibles de bénéficier d’un régime de protection avait déjà clairement reconnu les chambreurs comme étant des « personnes extrêmement fragiles qui ne sont pas détectées par notre système sociosanitaire » (Deschêne et Gagnon, 1998, p. 22).
Cela demeure pourtant hors de portée pour nombre de personnes ayant des problèmes de santé mentale et surtout pour celles ayant des problèmes majeurs (Dorvil et al., 2005; Kushel et al., 2003). Ainsi, une recherche effectuée auprès de 1 200 travailleurs sociaux aux États-Unis, intervenant auprès de telles personnes, révèle d’ailleurs que l’un des aspects les moins satisfaisants de leur profession est de les retourner dans des « […] poverty stricken residences where they’ll be taken advantages of » (Newill et Korr, 2004, p. 304).
TENIR À DISTANCE
Plus globalement, le zonage, un mécanisme de division des sols et de ségrégation des populations, a joué un rôle majeur dans la reproduction de rapports sociaux fondés sur une distance par rapport à la folie. Il s’agit du contrôle de l’action humaine par le contrôle de l’espace. Le zonage, comme technique de contrôle du territoire, est ainsi devenu l’instrument privilégié d’exclusion des populations marginalisées, aux États-Unis comme au Canada. « Le zonage est une stratégie spatiale visant à préserver la propriété foncière et à promouvoir l’harmonie sociale en ségréguant des utilisations incompatibles de territoires. » (Herbert, 2000, p. 106.) Aux États-Unis et au Canada, c’est par le biais du zonage que l’administration municipale s’est occupée des résultats locaux de la désinstitutionnalisation et de la décentralisation des services de santé mentale. Les valeurs du mouvement de désinstitutionnalisation ont alors été confrontées aux normes dominantes de la société, telles que les normes familiales et le respect de la propriété privée. Les règlements de zonage, conçus pour déterminer l’usage des terrains d’une municipalité et non pour servir d’instrument de politique sociale, se sont ainsi transformés en outils de discrimination envers les personnes aux prises avec un trouble d’ordre mental. Nous sommes donc passés d’un isolement de jure réalisé par l’internement asilaire à un isolement de facto induit par les normes de zonage. Un processus de ghettoïsation non planifié s’est ainsi concrétisé dans plusieurs grandes villes d’Amérique du Nord, tant américaines que canadiennes et québécoises (Morin, 2001, 1994).
Ces rapports sociaux distants s’appuient encore et toujours sur des stéréotypes associant maladie mentale et dangerosité. Cela est perçu de façon non équivoque par les personnes usagères qui relèvent que la peur de la stigmatisation fait partie intégrante de leur vie quotidienne (Corrigan, 2004; Wahl, 1999). Il ne suffit donc pas que la personne souffrant de problèmes sévères de santé mentale ait un chez-soi, encore faut-il que l’environnement concoure à son inclusion dans la société. Ainsi, la recherche qualitative de Yanos, Barrow et Tsemberis (2004) auprès de 80 personnes logées dans des appartements en raison de leur condition de sans-abri ayant des problèmes de santé mentale a révélé qu’un tiers de celles-ci estimaient problématique leur intégration dans leur nouveau quartier, à cause d’une intolérance à l’égard de la différence. Une recension des écrits préparée pour le Social Exclusion Unit par Watson et Hacker (2003) sur le thème « Mental Health and Housing » a aussi permis de constater, en Grande-Bretagne également, les limites de l’habitation comme vecteur d’inclusion social. Les recherches de Tarpey et Watson (1997) et de Ford et al. (1997) sont citées à cet égard. Des 500 personnes suivies dans un quartier par des équipes de santé mentale, 14 % vivant dans leur maison ou en appartement souhaitaient déménager de même que 26% de celles qui étaient hébergées chez leurs parents ou des proches. Les disputes avec le voisinage ou des allégations de harcèlement étaient le plus souvent mentionnées. Alors que les résultats de recherches (Rog, 2004; Fakhoury et al., 2002) s’accumulent en faveur de la mise en œuvre généralisée du modèle du logement avec soutien dans la communauté et que le plan d’action en santé mentale 2005-2010 du MSSS cherche notamment à développer ce type de services, il est de première importance de bien cerner les potentialités et les limites de l’habitation comme vecteur de lien social.
UN POINT DE DÉPART
Les textes qui suivent ont justement pour objectif de contribuer à mieux cerner quand et comment le logement peut devenir un point de départ pour les relations sociales (social networks) et même parfois être à l’origine de la création d’un petit réseau d’entraide et de voisinage (social support) selon la distinction classique renvoyant à la qualité et au type de soutien fourni par un membre du réseau social (Stansfeld, 2006). Le premier texte (Morin et Dorvil), qui a comme cadre d’analyse l’approche des déterminants sociaux de la santé mise en lien avec l’approche du rétablissement, illustre clairement – au-delà de la provenance des personnes (Québec, Ontario, Grande-Bretagne) – les conditions communes de logement. Celui-ci constitue une aspiration profonde mais les obstacles du marché du logement et les obstacles cognitifs, motivationnels et cliniques représentent des difficultés majeures. Il se dégage de cette recherche que plus la personne gagne en autonomie, plus son chez-soi devient relationnel et s’ouvre à l’extérieur. Afin de contrer l’appauvrissement du réseau social, résultante des troubles mentaux et de la réponse de la société à leur égard, l’accès à un logement est indispensable, mais les personnes interviewées sont explicites: l’adéquation revenu/logement devient difficile quand on laisse le marché imposer ses lois. Les logements sociaux sont nettement insuffisants.
Morin et Dorvil présentent ensuite un texte sur le pouvoir d’agir en maison de chambres, un lieu emblématique des transformations qui ont suivi la désinstitutionnalisation puisque nombre de personnes ayant des problèmes sévères loge maintenant dans ces lieux. Issu également d’une recherche, ce texte nous fait pénétrer dans cet univers peuplé de marginaux où certains d’entre eux arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu malgré les contrôles exercés par les propriétaires. Il s’agit d’un lieu où l’espace réduit de la chambre, l’absence d’intimité et les contrôles des propriétaires font obstacle aux visites, que ce soient des parents ou des amis. Certains chambreurs fréquentent les organismes communautaires ou encore des lieux publics bien précis, par exemple des restaurants du type Tim Horton ou Dunkin’ Donuts. Toutefois, les chambreurs qualifiés de « dépendants délaissés » dans cette recherche forment une population fort vulnérable, n’ayant presque aucun contact avec l’extérieur. Nous sommes donc ici dans un espace où les liens sociaux peuvent être généralement qualifiés de négatifs.
Le texte suivant (Dorvil et Morin) a trait à la réadaptation psychosociale des personnes usagères dans leurs familles naturelles, les résidences d’accueil et les logements sociaux avec support communautaire. L’utilisation d’une méthode comparative pour analyser ces trois milieux de vie permet de commencer à appréhender les liens entre certaines formes d’hébergement (résidence d’accueil) et de logement (famille naturelle, logement social avec soutien communautaire) et l’inclusion de ces personnes dans des réseaux sociaux hors de la famille. Lorsqu’elles habitent dans leur famille, celle-ci constitue véritablement leur premier réseau et le nombre d’amis et de connaissances varie en fonction de la stabilité résidentielle et de la fréquence des activités hors de la maison. En résidence d’accueil, la famille joue aussi un rôle central; en général, ces personnes ont peu d’amis et de relations avec les membres de la communauté. Finalement, les personnes en logement social s’insèrent dans le réseau d’organismes communautaires de leur quartier; ils ont également un réseau d’amis sur lequel ils peuvent compter en cas de besoin. L’habitation semble donc un vecteur de lien social lorsqu’on n’habite pas chez autrui, par exemple lorsqu’on est hébergé en résidence d’accueil. Plus le milieu de vie est encadré et normé, moins le lien social s’épanouit.
Boucher nous propose, quant à lui, une étude de cas sur le « particularisme outaouais » qui a développé depuis plusieurs années de nouveaux modes d’intervention en hébergement et en logement social avec support communautaire. Son texte démontre que pour contrer les risques qui guettent continuellement les personnes fragilisées, la mise en place de nouvelles filières d’intervention est indispensable. Ces nouveaux modes d’intervention insérés dans le tissu social permettent alors aux personnes usagères d’avoir un logement qui sauvegarde leur intimité dans la communauté des autres; d’où l’importance de juxtaposer intervention individuelle et intervention collective afin que non seulement les personnes aient accès à une habitation, mais que celle-ci puisse devenir un vecteur de lien social.
BIBLIOGRAPHIE
BORG, M. (2007). The Nature of Recovery as Lived in Every Life: Perspectives of Individuals Recovering from Severe Mental Health Problems, Norwegian University of Science and Technology, Department of Soci...
Table des matières
- Couverture
- PAGE TITRE
- Copyright
- Table des matières
- INTRODUCTION GÉNÉRALE
- PARTIE 1 - CHEZ-SOI, SANTÉ MENTALE ET LIEN SOCIAL
- PARTIE 2 - HLM ET LIEN SOCIAL
- NOTICES BIOGRAPHIQUES
- DANS LA MÊME COLLECTION
- QUATRIÈME DE COUVERTURE