La collaboration dans le milieu de l'éducation
eBook - ePub

La collaboration dans le milieu de l'éducation

Dimensions pratiques et perspectives théoriques

  1. 248 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La collaboration dans le milieu de l'éducation

Dimensions pratiques et perspectives théoriques

À propos de ce livre

Le partage des savoirs et la concertation s'avèrent essentiels à la qualité de la formation des apprenants. Comment instaurer une culture de collaboration professionnelle et interprofessionnelle en milieu scolaire? L'ouvrage approfondit les fondements théoriques et éducatifs de la collaboration.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à La collaboration dans le milieu de l'éducation par Lilianne Portelance,Cecilia Borges,Joanne Pharand en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Éducation et Éducation générale. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

PARTIE 1

Le dialogue au service d’une culture de collaboration

 

CHAPITRE 1

Regard sur le dialogue comme condition de la collaboration en stage ou en accompagnement mentoral

Stéphane Martineau
Professeur titulaire
Université du Québec à Trois-Rivières
Denis Simard
Professeur titulaire
Université Laval
Résumé
Ce chapitre aborde la question du dialogue en contexte de collaboration professionnelle. Il s’agit en particulier d’une réflexion théorique inspirée de la philosophie herméneutique. Les auteurs proposent une définition du dialogue comme rencontre aux dimensions tant cognitives qu’éthiques. À partir de cette définition, ils établissent ensuite certaines conditions nécessaires à sa mise en place. Enfin, tout en mettant en lumière les possibilités offertes par le dialogue sur le plan professionnel, ils analysent les attitudes qui le favorisent.

Introduction

Les recherches portant sur la collaboration en enseignement semblent mettre en évidence l’importance capitale des échanges verbaux entre les protagonistes en tant que moments de partage de savoirs (Lessard et Portelance, 2005). Plus encore, dans la perspective d’une collaboration pleinement réussie (en stage ou en mentorat), ce partage de savoirs gagnerait, semble-t-il, à être bidirectionnel, c’est-à-dire qu’il prendrait véritablement la forme d’un échange (Portelance et Durand, 2006). C’est dire que les recherches n’envisagent pas la collaboration sous l’angle d’une formation de type artisanal (où les échanges verbaux jouent un rôle plus que mineur), mais bien sous celui d’une formation professionnelle (où la parole et le discours prennent une grande place). Or cette question des échanges verbaux entre acteurs, du partage des savoirs, du recours à la parole dans l’optique d’une intercompréhension a, en quelque sorte, été traitée en philosophie sous l’angle de la problématique du dialogue (Martineau et Simard, 2001). Notre texte se veut une réflexion sur la question du dialogue, de sa nature et des conditions pour le rendre possible en contexte d’échanges professionnels. Cette réflexion ne repose pas sur une recherche empirique mais, en accord avec la tradition de pensée philosophique, sur la seule conduite de la raison soutenue par des références jugées pertinentes.

1. Bref aperçu des fondements philosophiques du dialogue

Le rôle du dialogue dans la recherche de sens et l’élaboration du savoir a été largement mis en lumière par l’herméneutique (Simard, 2004). Tout d’abord méthode d’interprétation des textes sacrés, puis profanes et juridiques, l’herméneutique a acquis au xxe siècle le sens plus large d’une théorie philosophique de l’interprétation (Gadamer, 1996). Elle occupe aujourd’hui une place capitale en philosophie, place qui justifie pleinement son titre de prima philosophia de la fin du xxe siècle (Grondin, 1993a, 2003; Vattimo, 1990, 1991, 1997). À la suite des travaux de plusieurs philosophes tels ceux de Heidegger, Gadamer, Ricœur (Huneman et Kulich, 1997) ou encore ceux de Habermas (1987, 1992), la pensée herméneutique a contribué à renouveler plusieurs problématiques en sciences humaines et sociales (Grondin, 2003; Haber, 2001). On pense notamment aux questions relatives à la théorie de l’action, à la théorie de la justice ou à l’éthique dans la communication.
Pour Gadamer (1996) et Ricœur (1986), le dialogue joue un rôle de premier plan dans toute recherche de compréhension et de construction des savoirs, recherche qui ne peut jamais se reposer sur la possession définitive d’une vérité et qui, pour cette raison même, implique une ouverture à l’altérité (que cette altérité s’incarne dans un texte, une œuvre d’art ou une personne en chair et en os). En fait, la compréhension humaine est essentiellement dialogue: dialogue entre moi et l’autre, entre l’interprète et un texte, entre le présent et le passé. La compréhension et le langage présentent ainsi la structure dialogique de la question et de la réponse (Gadamer, 1996; Deniau, 2004). La promotion d’un art du dialogue est donc associée à une prise de conscience de la finitude de la compréhension humaine et de l’impossibilité de parvenir à une connaissance définitive du monde. En conséquence, nous sommes donc en quelque sorte condamnés à dialoguer entre nous (Grondin, 1993b).

2. Qu’entend-on alors par dialogue?

Afin de caractériser ce que nous entendons par dialogue, il convient d’établir quelques distinctions. D’abord, nous allons les présenter brièvement, puis détailler quelque peu.
Depuis Socrate, le dialogue se distingue de la causerie quotidienne. Il s’agit d’un exercice rigoureux qui n’a en effet rien à voir avec le bavardage. Ce dernier n’est pas orienté vers le souci de connaissance, comme c’est le cas du dialogue. Le bavardage a plutôt comme fonction première la création ou le maintien des liens sociaux. Le dialogue, ce n’est pas non plus la dispute sophistique. Cette dernière a pour principal souci non pas la connaissance, mais le pouvoir. Enfin, le dialogue n’est pas l’endoctrinement. En effet, il n’est ni dressage ni propagande. Contrairement à ceux-ci, il refuse la violence symbolique, la manipulation, la tromperie. Il s’agit ici du refus de l’usage instrumental du langage, au sens où l’entend par exemple Habermas (1987).
Le dialogue est en fait un exercice rigoureux et exigeant qui n’a rien à voir avec le bavardage ou la conversation quotidienne. Selon Thérien (1997), dans la causerie quotidienne, le discours est au service d’un souci qui n’est pas dirigé par l’intérêt de connaissance. On parle alors de tout et de rien, et ce qui importe vraiment au fond c’est d’être avec l’autre. Le dialogue se distingue des opinions que l’on échange tous les jours au hasard de nos rencontres. Ces opinions ont, le plus souvent, pour fonction de maintenir le lien social.
Si le dialogue ne saurait être une simple causerie, il ne se confond pas non plus avec la dispute sophistique. Dans cette dernière, le discours se met au service d’un souci qui n’est pas dirigé par l’intérêt de connaissance, mais plutôt par le désir de gagner. Discuter alors, c’est remporter une victoire dans une joute verbale (Angenot, 2008). Le dialogue se distingue enfin de toute espèce de dressage ou d’endoctrinement, de conditionnement ou de toute forme de violence symbolique et de manipulation, où le discours poursuit l’intention de tromper et de piéger l’autre, ce qui rend l’intercompréhension impossible.
Pour réaliser un dialogue véritable, il faut donc que:
  • le discours soit au service d’un souci qui est orienté par l’intérêt de connaissance;
  • le point de vue de l’autre soit considéré comme un apport essentiel à notre recherche commune de vérité (Thérien, 1997).
Ainsi, le dialogue peut se définir comme une rencontre, une rencontre qui comporte les dimensions suivantes:
  • une finalité: rappelons-le, le dialogue est au service d’un souci orienté par l’intérêt de connaissance;
  • une épistémologie: le discours d’Autrui est porteur de sens non seulement pour lui, mais aussi pour moi;
  • une éthique: Autrui est un interlocuteur valable et ma connaissance est faillible.
Nous reviendrons sur ces éléments plus loin dans le texte, mais voyons d’abord certains points essentiels. Premièrement, il y a dialogue lorsque les interlocuteurs se mettent sous la conduite du sujet. Comme l’écrit Gadamer (1996, p. 390): «Être en dialogue signifie se mettre sous la conduite du sujet que visent les interlocuteurs.» Le vrai dialogue se reconnaît à la préoccupation des interlocuteurs pour la chose dont ils discutent et dont ils cherchent à dégager une vérité par le dialogue. Contrairement à la causerie quotidienne, l’important n’est pas simplement d’être avec l’autre, mais d’être avec l’autre en fonction de la chose discutée. Par conséquent, le dialogue est au service d’un souci qui est dirigé par l’intérêt de connaissance (Thérien, 1997). Ainsi, cet intérêt prime sur le fait d’être avec (bavardage), de dominer (dispute), de tromper (propagande) (Thérien, 1997). Cela implique l’acceptation de la faillibilité de son point de vue sur la chose, et donc la reconnaissance que l’autre peut aussi m’apprendre quelque chose.
Deuxièmement, le dialogue véritable prend non seulement comme point d’orientation l’objet à connaître, mais aussi la parole de l’autre comme un apport essentiel à la compréhension (Warnke, 1991). Autrui doit être traité comme un égal, c’est-à-dire comme un interlocuteur dont le point de vue peut m’éclairer, enrichir mon point de vue. «Être en dialogue, ce n’est pas réduire l’autre au silence par l’argumentation, c’est au contraire déterminer le poids réel de son opinion.» (Gadamer, 1996, p. 390.) Ainsi, à travers le dialogue peut se construire une compréhension renouvelée de la chose discutée, compréhension qui s’élabore à partir d’une recherche commune. Selon cette posture, comprendre, c’est pour l’essentiel parvenir à une nouvelle entente (Gadamer, 1996; Ricœur, 1986), car comprendre un énoncé, c’est comprendre ce qui le rend acceptable pour Autrui (ses raisons) et potentiellement pour moi aussi (mes raisons) (Habermas, 1992; Jervolino, 2002).

3. Trois grandes conditions du dialogue

Comme nous l’avons soutenu dans un écrit antérieur (Martineau et Simard, 2001), pratiquer le dialogue est un exercice passablement exigeant. Pour qu’il se réalise, nous devons rassembler un certain nombre de conditions. Nous en mentionnerons trois que nous jugeons essentielles: le dialogue véritable exige ce que Gadamer appelle une docta ignorantia; le dialogue véritable exige un langage commun; le dialogue exige l’écoute mutuelle. Voyons-les un peu plus en détail.

3.1. La docta ignorantia

Le dialogue véritable commande l’adoption de la posture de la docta ignorantia. Cela signifie qu’il faut d’abord reconnaître sa propre ignorance pour s’ouvrir à l’autre. C’est la condition minimale ouvrant à l’acceptation que nous avons besoin d’Autrui. En fait, la recherche d’une meilleure compréhension suppose toujours de maintenir entière une ouverture à l’altérité, ouverture qui est la marque du dialogue véritable. La docta ignorantia, c’est reconnaître la faillibilité de son point de vue. Aucun dialogue ne saurait être possible en l’absence de cette reconnaissance première que nous ne sommes pas omniscients.

3.2. Le partage d’un langage commun

Le dialogue véritable exige aussi le partage d’un langage commun. Dialoguer implique que les interlocuteurs puissent se comprendre. Or pour qu’un v...

Table des matières

  1. Titre
  2. Presses de l’Université du Québec
  3. Copyright
  4. INTRODUCTION
  5. PARTIE 1
  6. CHAPITRE 1
  7. CHAPITRE 2
  8. CHAPITRE 3
  9. PARTIE 2
  10. CHAPITRE 4
  11. CHAPITRE 5
  12. CHAPITRE 6
  13. PARTIE 3
  14. CHAPITRE 7
  15. CHAPITRE 8
  16. CHAPITRE 9
  17. CHAPITRE 10
  18. CHAPITRE 11
  19. CONCLUSION