Les transitions à la vie adulte des jeunes en difficulté
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Les transitions à la vie adulte des jeunes en difficulté

Concepts, figures et pratiques

  1. 346 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Les transitions à la vie adulte des jeunes en difficulté

Concepts, figures et pratiques

À propos de ce livre

En regard de la responsabilisation et de l'autonomie exigées de la part des jeunes, cet ouvrage veut à la fois tracer les contours des expériences que vivent les jeunes en difficulté dans leur passage à la vie adulte, mais aussi cerner les modalités de régulation de ce passage.

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P A R T I E
1
DES CONCEPTS IMPORTANTS
POUR LIRE LES TRANSITIONS
DES JEUNES EN DIFFICULTÉ
C H A P I T R E
1
SOIS AUTONOME!
LES PARADOXES DES POLITIQUES PUBLIQUES À DESTINATION DES JEUNES ADULTES EN DIFFICULTÉ
Jacques Moriau
Cela fait maintenant plusieurs années que la question des «jeunes adultes» est devenue une préoccupation supplémentaire pour les acteurs publics comme pour les intervenants sociaux. Pour les premiers, il s’agit d’abord d’une déclinaison inédite de la question sociale dans laquelle le problème du déficit de formation, le non-travail qui en découle et les risques associés d’exclusion sociale précoce sont prépondérants1. Pour les seconds, les jeunes adultes représentent une nouvelle frange d’usagers qui se caractérisent par le fait d’être à la fois légalement majeurs et dénués de tous les attributs habituellement associés au statut d’adulte: indépendance, responsabilité, considération. Confrontés au délitement des mécanismes classiques d’intégration (scolarité, emploi, fondation d’une famille), ces jeunes se trouvent face à des demandes sociales, notamment énoncées en termes d’autonomie, qu’ils ne peuvent assumer. Outre des difficultés certaines à trouver des moyens d’existence, ils éprouvent également de graves problèmes à définir leur place dans une société qui ne leur en laisse guère. Cantonnés dans une jeunesse sans fin (Nagels et Rea, 2007), ils peinent à développer leurs propres projets de vie.
Ces deux visions, les faits sur lesquels elles s’appuient et les pratiques qu’elles génèrent, ne sont évidemment pas sans points communs. Leur convergence concourt d’ailleurs à solidifier chaque jour un peu plus la catégorie des jeunes adultes. Mais les politiques publiques ciblées, souvent mises en place à destination des jeunes âgés de 18 à 25 ans, ne rencontrent pas toujours, voire accentuent, les problèmes dont les professionnels des services sociaux ont connaissance. Travailler en faveur de l’indépendance financière, par exemple, ne donne pas ou peu de réponses à la question de l’autonomie. D’un point de vue sociologique, la question des jeunes adultes ne peut se réduire à une inadéquation structurelle entre formations et emplois; elle touche à de multiples autres dimensions que nous allons tenter de mettre en lumière dans les pages qui suivent.

1. LA JEUNESSE, CATÉGORIE FLOUE ET MOUVANTE

Si la jeunesse n’est pas «qu’un mot2» (Bourdieu, 1984), elle n’est assurément pas non plus une catégorie naturelle. Il suffit de porter un regard rétrospectif sur les façons changeantes dont, en Occident, on a historiquement séparé les individus selon le critère de l’âge (Ariès, 1975) pour comprendre à quel point l’idée que l’on se fait de la jeunesse peut considérablement varier selon les milieux et les époques.
Dans la société contemporaine, la réalité de la jeunesse est sous-tendue par un ensemble d’institutions sociales, de politiques publiques et de savoirs qui contribuent à établir des barrières entre les groupes d’âge, permettent la reconnaissance de catégories et façonnent les expériences typiques liées à chaque moment des trajectoires individuelles. Ainsi, la «jeunesse» se constitue à travers une série de repères partagés, qu’ils soient biologiques (puberté, croissance), culturels (la ou les cultures jeunes), juridiques (âge de la majorité légale, droit de la jeunesse) ou sociaux (attribution de droits, d’obligations et d’attentes spécifiques). Catégorie pratique, expérience vécue, la jeunesse est plus qu’un moment dans la trajectoire biographique de chacun d’entre nous. Elle est un ensemble complexe de règles, de prescriptions, d’émotions, de valeurs, d’images, qui confèrent aux individus «jeunes» une identité, un rôle à tenir au sein de la société en précisant ce que les autres (jeunes, adultes, institutions) sont en droit d’attendre d’eux et ce qu’eux-mêmes peuvent légitimement revendiquer. En ce sens, la jeunesse ne se réduit pas à des instants plus ou moins heureux, elle est aussi une façon socialement produite de régler les conduites et de gérer la succession des générations.
Pour autant, la jeunesse comme expérience, comme processus de maturation, n’est évidemment pas un moment précisément identifiable, ni un temps équivalent pour chacun. Là où les repères légaux et administratifs, comme l’âge de la majorité légale ou la fin de l’obligation scolaire, valent pour tous et dessinent les étapes de la vie à un niveau formel, la jeunesse, elle, demeure pour chacun une période différente en temps et en contenu. Si la majorité légale marque bien l’entrée dans la responsabilité juridique et transforme les droits et obligations qui influent sur la conduite des jeunes, elle ne transforme pas magiquement et dans toutes ses dimensions un adolescent en adulte. Atteindre sa dix-huitième année ne signifie pas ipso facto que la jeunesse en tant que ressenti ou en tant que rôle social s’arrête instantanément. La majorité ne suppose ni n’exige la maturité.
En fait, tout indique que le travail nécessaire à cette transformation du jeune en adulte, principalement porté par une série d’institutions comme la famille, l’école ou l’emploi, prend de plus en plus de temps. Non seulement, et de manière paradoxale, la jeunesse comme «façon d’être» – avec tout ce que cela peut impliquer dans le rapport à soi et aux autres – est un état largement valorisé, notamment à travers les médias, mais, de plus, les épreuves sociales qui confèrent le statut d’adulte semblent de plus en plus difficiles à franchir. Ces raisons, avec d’autres, accréditent l’idée selon laquelle nous assistons depuis quelque temps à la formation d’une nouvelle étape dans les trajectoires biographiques: une sorte de phase de transition entre l’adolescence proprement dite, marquée par la puberté, et l’âge adulte.
Un résultat direct de cet allongement de la jeunesse est la rupture de concordance entre le seuil défini de la majorité légale, c’est-à-dire l’âge à partir duquel un jeune se voit soumis aux obligations et obtient les droits dévolus aux adultes, et les seuils sociologiquement identifiables de séparation entre l’expérience vécue de «jeune» et celle propre à l’adulte. En témoigne la recherche de nouveaux vocables ( «adulescent», «jeunes adultes»), en sociologie comme dans la vie courante, pour désigner ces modes de vie émergents caractéristiques de ce temps étiré entre ces deux pôles, de cet espèce d’entre-deux qui pourrait petit à petit devenir un nouvel âge de la vie (Galland, 1990).
Depuis le début des années 1980 en effet, la signification du syntagme «entrer dans la vie adulte» se modifie en profondeur. Des chercheurs comme Olivier Galland (1996) ou Vincenzo Cicchelli (2001) ont mis en évidence le fait que les repères sociologiques de la transformation des jeunes en adultes devenaient soit de plus en plus difficiles à identifier, soit de moins en moins assignables à un moment précis de la trajectoire biographique des jeunes.
Le constat est le suivant. Dans la société industrielle, qui prévalait jusque tout récemment, le passage de la jeunesse à l’âge adulte est clairement réglé aux yeux de tous par trois critères principaux: l’accès à l’emploi, le départ du logement parental, l’installation en couple. Même si le franchissement de ces différentes étapes n’est pas obligatoirement simultané et que l’âge du franchissement et la plus ou moins grande simultanéité de celui-ci sont révélateurs des différences socioéconomiques et culturelles entre les différentes strates de la population, il reste que ces changements importants se réalisent dans un laps de temps court et de façon très rapide après la fin des études. Ces trois transformations majeures de la vie du jeune marquent de façon significative son installation dans son nouveau statut: elles sont facilement identifiables, publiques, et s’inscrivent dans des dimensions pratiques ayant des conséquences importantes sur la vie quotidienne.
La situation économique des Trente glorieuses explique en grande partie cet état de fait: le plein emploi et la particulièrement grande disponibilité d’emplois peu qualifiés permettent aux jeunes des milieux populaires de s’émanciper rapidement du milieu familial et de fonder leur propre foyer après leurs études secondaires, et ce, dans un contexte de contestation de l’autorité et de redéfinition des interactions familiales. Pour les jeunes des classes les plus favorisées, la période des études supérieures reste, à cette époque comme précédemment, un moment privilégié, celui de l’apprentissage d’une autonomie «encadrée» avant l’entrée dans leur vie d’adulte. Pour les autres, la facilité d’accès à l’indépendance financière ouvre la possibilité d’expérimenter des façons de faire sa vie, différentes de celles dont ils ont héritées des générations précédentes, répondant ainsi aux exigences nouvelles d’autonomie.
Les années 1980 sonnent la fin de ce modèle. Les étapes qui marquaient relativement clairement le passage du statut de jeune à celui d’adulte deviennent de moins en moins identifiables. Premièrement, l’intensification de la crise de l’emploi rend de plus en plus difficile pour les jeunes l’obtention d’un statut professionnel précis et définitif, et ce, d’autant plus que le niveau de qualification scolaire est bas. Non seulement, de façon générale, le temps de recherche d’emploi s’allonge de façon significative, mais, en outre, les premiers emplois sont souvent précaires. De plus en plus, les premières situations de travail s’entrecroisent avec des périodes de chômage, d’inactivité ou de formation, ce qui rend malaisée une identification professionnelle forte que ce soit de la part du jeune ou de ceux qui l’entourent, ce qui hypothèque les possibilités d’indépendance financière. Deuxièmement, la propension au mariage jeune, typique des années 1970, laisse place à d’autres configurations: cohabitation en couple ou entre amis, prolongement du temps de vie chez ses parents, etc. Ces évolutions vont dans le sens d’une indétermination croissante des frontières. Au modèle de l’installation se substitue celui du «différemment» de l’entrée dans l’âge adulte. Un moment supplémentaire s’institue entre l’adolescence et l’âge adulte, qui emprunte caractéristiques et prérogatives d’un côté comme de l’autre. Se mêlent ainsi désir d’indépendance et indétermination, revendication d’un droit à l’expérimentation et exigences de stabilité, demande de considération et attitude «fun». Tout se passe comme si l’opposition jeunes/adultes ne permettait plus de rendre précisément compte de la façon dont les trajectoires biographiques sont aujourd’hui façonnées par les multiples institutions de la vie sociale. L’âge perd son rôle de critère essentiel dans l’organisation de ces biographies et dans le règlement des transactions entre les individus. Les modifications récentes de l’expérience des jeunes liées aux évolutions des contextes sociaux et économiques ont en fait bouleversé les façons d’accéder au statut d’adulte, propres au modèle industriel. Cela est particulièrement vrai pour les catégories sociales qui connaissent les formes de passage les plus longues: les jeunes d’origine ouvrière ou les enfants des classes moyennes ayant suivi des formations peu adaptées au marché de l’emploi.
Au regard des trois critères cités plus haut – à savoir: accès à l’emploi, départ du logement parental, installation en couple –, on assiste en fait à un «allongement de la jeunesse», et ce, dans tous les pays d’Europe (Galland, 2000). Bien que la majorité légale soit toujours atteinte à 18 ans, le rapport qui lie les jeunes aux générations précédentes se caractérise aujourd’hui par une dépendance plus longue. En effet, de façon générale, les jeunes poursuivent des études pendant plus longtemps ou accèdent plus difficilement à l’emploi stable d’une part, et, d’autre part, quittent l...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Copyright
  3. AVANT-PROPOS
  4. INTRODUCTION - LES TRANSITIONS À LA VIE ADULTE DES JEUNES EN DIFFICULTÉ - Martin Goyette et Céline Bellot
  5. PARTIE 1 - DES CONCEPTS IMPORTANTS POUR LIRE LES TRANSITIONS DES JEUNES EN DIFFICULTÉ
  6. PARTIE 2 - FIGURES DE TRANSITIONS DE GROUPES PARTICULIERS DE JEUNES EN DIFFICULTÉ
  7. PARTIE 3 - ACTIONS PUBLIQUES ET PRATIQUES D’INTERVENTION - UNE PERSPECTIVE CRITIQUE
  8. CONCLUSION - LES PARADOXES DE L’AUTONOMIE - Céline Bellot et Martin Goyette
  9. NOTICES BIOGRAPHIQUES
  10. Quatrième de couverture