La transformation sociale par l'innovation sociale
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La transformation sociale par l'innovation sociale

  1. 498 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La transformation sociale par l'innovation sociale

À propos de ce livre

Les innovations sociales, à la manière de bougies d'allumage, engendrent des actions collectives qui proposent des solutions différentes de celles des pratiques dominantes en mettant l'économie au service des personnes et de la société. Or la simple multiplication des innovations sociales ne peut générer la transformation sociale à elle seule. La mise en relation des mouvements sociaux et de leur visée émancipatoire est nécessaire pour façonner de nouvelles normes et règles et mettre en place de nouveaux sentiers institutionnels.Ce sont certains de ces nouveaux sentiers que montrent les textes regroupés dans cet ouvrage. Fruit du ive Colloque international du Centre de recherche sur les innovations sociales, il expose les enjeux que pose la trans-formation sociale par l'innovation sociale et les documente par des illustrations ciblées sur des thématiques ou des expériences précises. Une discussion théorique sur le lien entre l'innovation sociale et la transformation sociale est d'abord proposée, puis les méthodes d'analyse de l'innovation sociale, le partage de connaissance entre les chercheurs et les acteurs sociaux, le rôle de l'État et des politiques publiques, l'économie solidaire et la place de l'entreprise sociale sont abordés.L'ensemble des textes analytiques et des textes illustratifs de cet ouvrage offre des pistes de réflexion sur la transformation sociale par l'inno-vation sociale, c'est-à-dire sur la façon dont certaines expérimen-tations aboutissent à la transformation de la société. L'ouvrage met ainsi de l'avant le rôle des citoyens et des organisations qui travaillent pour le bien-être des collectivités en expérimentant des solutions à leurs problèmes et en se mobilisant pour exiger leur reconnaissance. Il vise à poser les jalons pour comprendre et participer à la reconstruction sociale déjà à l'œuvre, dans le but de la renforcer.

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PARTIE 1
L’innovation et la transformation sociales
Vers un arrimage théorique
Le maillage entre l’approche de l’innovation sociale et celle de la transformation sociale n’est pas toujours naturel. L’une fait référence au temps court de l’expérimentation et l’autre au temps long de l’évolution des sociétés. Les textes présentés dans cette partie cherchent à faire le pont entre ces deux approches et à inscrire l’innovation sociale au cœur d’un modèle interprétatif de la transformation des sociétés. Pour débuter, Jean-Louis Laville dégage les visions qui se confrontent (ou qui s’ignorent) dans le champ de l’analyse de l’innovation sociale et donne des outils pour saisir le sens des transformations souhaitées par les promoteurs de l’innovation sociale, qu’ils soient étatiques, philanthropiques, citoyens ou issus du tiers secteur. Ensuite, le texte de Benoît Lévesque campe les approches théoriques de l’innovation sociale et explore différents arrimages entre innovation et transformation sociales abordés ou sous-entendus dans ces approches. Puis, le texte d’Enzo Mingione, en abordant l’innovation sociale à partir d’un cadre interprétatif basé sur la vision polanyienne, approfondit cette mise en relation et observe, à partir du cas européen, la dualité du potentiel transformateur de l’innovation sociale, laquelle peut favoriser l’émancipation sociale ou la reproduction des inégalités. Pour conclure cette partie théorique, le texte de Jürgen Howaldt, en s’appuyant sur les notions d’invention et d’imitation, trace les contours d’une théorie sociologique de l’innovation où l’innovation sociale est abordée en tant que mécanisme du changement. L’analyse du lien entre l’innovation sociale et la transformation sociale est d’autant plus importante que l’innovation sociale s’inscrit dans des sentiers institutionnels et dans des rapports sociaux qui conditionnent ses résultats. L’innovation sociale ne conduit donc pas toujours aux transformations attendues par les acteurs qui en sont les protagonistes.
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L’économie sociale et solidaire, l’entrepreneuriat social et l’innovation sociale
Une mise en perspective historique
Jean-Louis Laville
Nous pouvons observer un certain décalage entre la capacité de transformation sociale de l’innovation sociale et son traitement dans l’actualité politique. En effet, au sein de cette actualité, les innovations sociales ne sont pas traitées en tant qu’éléments clés de la construction d’un nouveau compromis. Pour élucider ce décalage de perceptions, nous ferons un détour du côté politique sans pour autant nous éloigner du champ scientifique. Nous pouvons citer à ce propos Paul Ricœur selon lequel il n’y a que deux façons de faire des sciences sociales, soit en déniant ses présupposés normatifs et en les réintroduisant de manière subreptice, soit au contraire en les assumant dès le départ (Ricœur, 2001). Nous tenterons ici de les assumer.
Le décalage observé et le malaise que nous éprouvons à associer l’innovation sociale à la transformation sociale proviennent en partie de l’engouement actuel pour l’innovation sociale, notion qui apparaît consensuelle alors qu’elle demeure polysémique (Howaldt et Schwarz, 2010). Et si ce consensus reposait justement sur cette polysémie ? Nous vous proposons ici d’aller au-delà de ce consensus apparent pour soulever des conflictualités signifiantes dans le rapport à l’innovation sociale. Nous nous inspirerons de l’épistémologie initiale du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) qui, en réaction à une science sociale purement critique, a eu le souci d’articuler la dimension critique à une dimension que l’on pourrait qualifier, en suivant Hirschman (1986), de possibiliste, c’est-à-dire d’ouverture du champ des possibles par une attention portée aux émergences. Cependant, nous ne sommes plus à l’époque des débuts du CRISES qui remontent aux années 1980 et nous observons aujourd’hui un retour des problématiques fonctionnalistes qui nous amène à être toujours attentifs aux émergences, mais à réaffirmer une dimension critique, qui s’est peut-être estompée depuis quelque temps sur la scène de la réflexion sur l’innovation sociale. Cette contribution propose donc d’aborder l’innovation sociale en intriquant les dimensions critique et possibiliste.
Pour aller en ce sens, nous allons procéder en trois temps. Dans un premier temps, nous insisterons sur l’importance de situer l’innovation sociale au cœur d’un débat datant de plus de deux siècles opposant deux conceptions de la solidarité. L’hypothèse est ici que l’innovation sociale est une reformulation de ce vieux débat, ce qui nous poussera à réfléchir dans une perspective de longue durée. Dans un deuxième temps, nous reviendrons rapidement sur l’origine du terme même d’innovation sociale et sur le contexte historique de son émergence. Dans un troisième temps, nous aimerions examiner avec vous, les offres institutionnelles actuelles en matière de soutien à l’innovation sociale et dégager deux modèles très contrastés de soutien à l’innovation sociale qui expliquent un certain nombre d’ambiguïtés contemporaines.
1. Un retour sur l’histoire : les deux conceptions de la solidarité
L’innovation sociale s’inscrit dans un débat de longue durée. Dès le début du xixe siècle, lorsque l’incomplétude du marché pour structurer intégralement la société moderne est devenue manifeste, est apparu le concept de solidarité qui, suivant les cas, était amené soit à remplacer le marché, soit à le compléter. Mais cette solidarité s’est tout de suite déclinée de deux différentes façons : une déclinaison démocratique et une déclinaison philanthropique. D’une certaine façon, il s’agissait, d’un côté, d’une définition forte de la solidarité et, de l’autre, d’une définition faible.
Qu’est-ce qui caractérise la solidarité forte, la solidarité démocratique, au moment où elle émerge ? Elle est destinée à élargir la démocratie, qui vient d’être obtenue sur le plan politique, à l’ensemble de la vie économique et sociale, et ce, en luttant contre les inégalités et en revendiquant la justice sociale à travers des formes d’auto-organisation et une approche des « communs » (Bollier, 2014 ; Ostrom, 2010). Au demeurant les « communs » ne sont pas simplement des biens, mais sont également des coactivités, des activités menées collectivement qui permettent de définir progressivement des règles. Ainsi, nous nous retrouvons bel et bien face à un processus indissociable de la finalité démocratique. Les apprentissages et les formes de socialisation démocratiques font émerger des institutions nouvelles caractérisées par leur volonté de coupler protection et émancipation. Il y a donc tout un mouvement de solidarité démocratique qui émane de la société dès la première moitié du xixe siècle.
Cette solidarité démocratique, cette solidarité forte, sera rapidement remise en cause avec l’entrée dans l’idéologie du progrès d’où émerge une façon d’envisager la solidarité plus compassionnelle, bienveillante, paternaliste, et donc aussi moralisatrice. Nous allons ainsi passer progressivement à une conception philanthropique de la solidarité où cette dernière n’est plus destinée à revendiquer l’égalité, mais uniquement à combattre la pauvreté. La solidarité sera ainsi assimilée au problème d’un groupe particulier, celui touché par la misère, et nous allons perdre de vue que celle-ci était initialement un principe pour l’ensemble de la société. L’affrontement entre ces deux formes de solidarité va perdurer pendant une longue partie du xixe siècle pour déboucher sur ce que nous pourrions appeler le triomphe de la solidarité démocratique, mais dans une version modifiée qui n’est plus celle de l’auto-organisation collective et des communs, mais bien celle de l’État social qui en appelle à la mise en place de politiques publiques. Nous pouvons donc affirmer que l’action collective et les communs ont précédé les politiques publiques dans une volonté de garantir à la fois protection et émancipation.
À partir du début du xxe siècle, l’architecture institutionnelle qui va dominer pendant tout ce siècle se met en place, celle dans laquelle règne la confusion entre l’économie et le marché, d’une part, entre la solidarité et l’État social, d’autre part. Dans cette architecture, l’économie sociale n’occupe qu’une place résiduelle par rapport aux deux piliers essentiels que sont le marché et l’État. Toutefois, à la fin du siècle dernier, nous pouvons appréhender l’innovation sociale comme un signal de la déstabilisation de cet agencement entre marché et État puisque, comme nous le verrons, une nouvelle formulation de la solidarité est proposée à travers cette notion.
2. L’entrée en scène de l’innovation sociale
Nous allons ici nous pencher sur les conditions d’émergence de la notion d’innovation sociale à la fin du xxe siècle. Comme nous l’avons mentionné précédemment, son apparition est liée à la crise de la synergie entre marché et État qui régnait auparavant. Mais il serait plus juste d’employer « crises » au pluriel puisque nous pouvons distinguer deux crises qui se sont succédé et sédimentées. La première est une crise, quelque peu oubliée, de nature culturelle. Nous pourrions la définir succinctement comme l’effritement de l’idéologie du progrès. Elle s’est manifestée à traver...

Table des matières

  1. COUVERTURE
  2. AVANT-PROPOS
  3. TABLE DES MATIÈRES
  4. TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX
  5. LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
  6. INTRODUCTION
  7. PARTIE 1 L’innovation et la transformation sociales : Vers un arrimage théorique
  8. PARTIE 2 La mise en œuvre de l’innovation sociale : Outils et dimensions
  9. PARTIE 3 La coconstruction et l’apprentissage collectif : Le partage des savoirs
  10. PARTIE 4 L’État et la politique publique : Un développement à partir des territoires
  11. PARTIE 5 L’innovation sociale et l’économie solidaire
  12. PARTIE 6 La réinvention de l’entreprise dans le social
  13. CONCLUSION
  14. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
  15. NOTICES BIOGRAPHIQUES
  16. INDEX ONOMASTIQUE