
- 220 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
L'entretien de recherche qualitatif occupe une place de choix parmi les moyens dont dispose le chercheur pour collecter ses données. Cette méthode est aujourd'hui utilisée dans de nombreux domaines: ethnographie, anthropologie, sociologie, psychologie, sciences de l'éducation ou de la santé, etc. Par ailleurs, avec les années, la notion d'«entretien de recherche» s'est enrichie: il ne saurait être question aujourd'hui de la réduire à une simple conversation visant à rassembler des informations sur un sujet donné. L'entretien de recherche qualitatif est désormais assujetti à de nombreuses conditions que le chercheur doit connaître et maîtriser le mieux possible s'il veut en assurer la qualité scientifique.
C'est précisément pour répondre à cette exigence que l'auteur du présent ouvrage offre au lecteur des renseignements de base sur les origines de ce type d'entretien, sur ses caractéristiques et sur ses modalités d'utilisation. Cette nouvelle édition lui a permis de revoir en profondeur le contenu de son livre et d'en enrichir plusieurs passages, dont ceux concernant les types d'entretiens et les modalités de collecte de données. Enfin, il y a ajouté deux nouveaux chapitres, l'un portant sur les conditions de scientificité de l'entretien qualitatif, et l'autre sur la rédaction du rapport de recherche, du mémoire ou de la thèse doctorale.
Ce livre s'adresse aux étudiants de deuxième et troisième cycles ainsi qu'aux lecteurs intéressés par ce mode de collecte de données de recherche. Les chercheurs trouveront ici un guide pratique qui les accompagnera tout au long de leur démarche, de l'établissement de la problématique à la rédaction du rapport final.
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Informations
Sujet
Sciences socialesSujet
SociologieCHAPITRE 1 /
Les paradigmes de la recherche en sciences humaines
Deux traditions épistémologiques
La façon d’effectuer une recherche ainsi que celle d’interviewer une personne sont marquées par l’idée que les auteurs se font des fondements de la science, de la nature humaine et bien évidemment de la recherche elle-même. Cette problématique renvoie au débat entre les tenants de l’approche quantitative et ceux de l’approche qualitative dont il convient de rappeler ici les principaux aspects. Ainsi, si le chercheur s’inspire d’un paradigme1 positiviste, il empruntera la façon habituelle de «faire de la recherche» en privilégiant la démarche dite objective. Les éléments constitutifs de cette application la plus rigoureuse possible de la démarche expérimentale classique sont bien connus, à savoir: l’élaboration d’hypothèses, l’expérimentation, l’analyse des données à partir d’un devis préétabli, la validation et la généralisation des résultats obtenus. Le chercheur verra à utiliser des instruments validés, standardisés, tentera d’isoler des catégories parfois avant même de commencer son étude; il visera également à déterminer très tôt les relations entre ces différentes catégories. Le chercheur en qualitatif, plutôt, isolera et définira ses catégories en cours de route. Pour la première personne, les catégories bien définies sont des moyens de recherche, alors que, pour l’autre, elles sont des objets de recherche en tant que tels.
En effet, le chercheur qui se réclame d’une philosophie de type qualitatif accorde à la subjectivité une place de choix ou, du moins, il ne tente pas de la nier. Selon ce paradigme, le chercheur est en soi un instrument, voire l’instrument privilégié, de la recherche. Selon Taylor et Bogdan (1984), cités par Mucchielli (2009, p. 73), «[l]e chercheur qualitatif est donc un artisan en ce sens qu’il crée lui-même sa propre méthodologie en fonction de son terrain d’investigation». Cette assertion n’implique pas que ce chercheur peut se dispenser de s’astreindre à des règles méthodologiques et éthiques de plus en plus précises.
Les implications de ces différences de points de vue entre l’approche quantitative et l’approche qualitative méritent plus qu’un moment d’attention. Seule une étude approfondie de ces paramètres, qui sont de plus en plus souvent abordés par les auteurs d’ouvrages portant sur les méthodologies de la recherche scientifique, peut permettre au chercheur de se situer face à ces divers paradigmes. Peut-être sera-t-il mieux en mesure alors d’éviter des attitudes extrêmes et de prendre position par rapport au sujet à l’étude plutôt qu’à partir d’une «idéologie» toute tracée à l’avance. C’est du moins ce que suggère Foddy (1993, p. 12-24), dans un chapitre très percutant sur la question des fondements théoriques de la recherche en sciences humaines.
1.1 /Les fondements de la recherche quantitative
Les fondements de la recherche de type quantitatif, dite scientifique ou expérimentale, sont bien connus et se retrouvent souvent explicités au début des ouvrages portant sur la méthodologie de recherche (notamment Kaplan, 2004, Ouellet, 1994, et Robert et Allaire, 1988). Le but de l’approche quantitative est d’isoler et de définir les catégories, de manière aussi précise que possible, avant même le début de la recherche, et, ensuite, de déterminer avec une grande précision les relations entre elles. La visée en recherche qualitative consiste à cerner et à définir les catégories au cours du processus de recherche. Le chercheur qui s’inscrit dans ce processus compte sur la nature et la définition des catégories analytiques* pour changer le cours d’un projet (Glaser et Strauss, 1967). En somme, alors que dans le premier champ le fait d’établir des catégories bien définies représente le but de la recherche, pour l’autre, celui du qualitatif, les catégories constituent l’objet même de la recherche.
À vrai dire, l’approche quantitative s’inspire du paradigme positiviste* dont le béhaviorisme* est l’expression la plus connue et sans doute la plus documentée. Selon ce paradigme, le monde représente une réalité finie, mesurable. La distinction entre l’esprit et la matière est établie comme un préambule à toute démarche de recherche. Cette position, surtout quand elle est poussée à ses extrêmes, est aujourd’hui largement débattue; la critique qu’en font notamment les nouveaux physiciens retient de plus en plus l’attention des chercheurs en sciences humaines.
L’application de la démarche scientifique classique est encore très courante en sciences de l’éducation et dans les autres domaines des sciences psychosociales. En revanche, les courants de l’approche holistique* (Ouellet, 1994) et de la recherche phénoménologique (Van Manen, 2002) qui se sont développés au cours des dernières années remettent en question la suprématie du seul modèle expérimental classique sans pour autant en nier l’importance. Ce qui ne signifie pas toutefois que tous les paradoxes dépendent forcément du choix d’une méthode. «Chaque méthode, soutient Van der Maren (1996, p. 81), a ses avantages et ses inconvénients, et le choix de l’une implique souvent de renoncer aux avantages de l’autre», d’où l’importance de bien se documenter afin de procéder à un choix éclairé.
1.2 /Les fondements de l’approche qualitative
L’approche qualitative ou interprétative est beaucoup redevable à la phénoménologie*, à l’anthropologie, de même qu’à l’ethnographie. En effet, comme le soulignent fort justement Huberman et Miles (1983), les techniques ethnographiques s’inscrivent dans le prolongement de la tradition développée par les anthropologues et les sociologues. Ces méthodes se sont très tôt révélées utiles et pertinentes dans la collecte de certaines données ou informations qui ne pouvaient pas être obtenues par les méthodes quantitatives même les plus sophistiquées, comme le soulignent
Paillé et Mucchielli (2003).
La base épistémologique de cette «nouvelle» méthodologie s’appuie sur deux hypothèses, à savoir la perspective naturaliste-écologique et la perspective phénoménologique. Ces deux hypothèses, prises dans leur ensemble, se retrouvent à la base même de la recherche de type qualitatif, pour reprendre les mots de Bogdan et Biklen (1998).
1.2.1 /La perspective naturaliste-écologique
La plupart des spécialistes des sciences sociales estiment que le comportement humain est influencé de façon significative par le milieu dans lequel il se manifeste. Ces spécialistes sont alors convaincus que l’étude des phénomènes psychologiques doit s’effectuer en milieu naturel et soutiennent que ces composantes de l’environnement engendrent des «régularités» dans le comportement qui transcendent souvent les différences entre les individus. De nombreuses recherches ont été conduites, surtout en ethnographie, qui ont démontré l’importance de l’influence des composantes environnementales (appelées «settings» en anglais) sur le comportement des sujets soumis à une investigation. On a pu observer également des différences de résultats parfois très grandes selon que le même phénomène était observé en laboratoire ou sur le terrain. De tels constats ont conduit les scientifiques d’inspiration écosystémique* à soutenir que, si l’on espère généraliser des résultats de recherche à la vie quotidienne, la recherche doit être conduite sur le terrain comme le préconise Bronfenbrenner (1979).
Cette position, même si elle peut paraître extrême aux yeux de certains, a tout de même le mérite d’attirer l’attention des chercheurs sur l’importance du contexte dans lequel se déroule l’action ou le phénomène qu’ils étudient. Les psychologues sociaux, pour ne donner qu’un exemple, se rendent compte que leurs expérimentations dénotent des influences autres que celles qui sont relatives aux éléments sur lesquels ils avaient mis l’accent. Ainsi, la personne interviewée peut adopter des attitudes et des comportements qui risquent de nuire à la valeur de l’entretien, si l’on n’y prend pas garde. Cette personne peut, par exemple: a) entretenir de la suspicion envers la personne qui l’interroge ou envers l’auteur de la recherche; b) se faire une idée préconçue du comportement que l’on attend d’elle; c) établir avec l’intervieweur une relation interpersonnelle spéciale qui prend la forme d’une certaine séduction ou encore d’une attitude de défense; d) vouloir «performer» dans le but d’être évaluée de façon positive.
Ces différents facteurs, et bien d’autres sans doute, peuvent contribuer à faire dériver la recherche du but qu’elle poursuit. Effectivement, la personne qui remplit un questionnaire, participe à un entretien ou participe à une expérience, même si elle tente d’être authentique, peut ne pas être en mesure de fournir une information exacte au sujet de son comportement habituel dans des circonstances réelles souvent complexes, en général soumises à un ensemble parfois impressionnant de stimuli qui sont difficilement identifiables même par le sujet concerné. Un domaine dans lequel cette limite apparaît particulièrement comme une source de frustration est bien celui de la recherche sur les attitudes: plusieurs auteurs (Erickson, 1986; Miles et Huberman, 2003; Erickson, 1986) font justement remarquer que la corrélation entre les réponses données au moment du questionnaire ou de l’entretien et les actions observées dans les actions de la vie quotidienne n’est pas toujours satisfaisante. Cet écart apparemment incontournable fait partie des invariants* de toute prise de données et préoccupe de plus en plus les chercheurs. Ainsi, la distance entre la représentation que se fait une personne de ses actions et les actions elles-mêmes a été largement étudiée au cours des dernières années.
On peut bien sûr réagir différemment à ces commentaires concernant l’artifice et les limites de la recherche. Il existe une panoplie de dispositifs destinés à réduire ces effets, souvent qualifiés de pervers, dans la mesure du possible. La méthode la plus courante pour contrer ces difficultés consiste à étudier le phénomène en milieu naturel, comme le proposait déjà Campbell (1955) il y a fort longtemps. Dans les conditions de l’observation naturelle, le comportement étudié est sujet aux influences du contexte naturel plutôt qu’à celles des contextes de recherche en laboratoire.
Ce point de vue est de plus en plus adopté par un nombre grandissant de chercheurs. Ne s’appuie-t-il pas, au départ, sur l’observation qui fait partie intégrante de la tradition de recherche dans le domaine des sciences naturelles et humaines? Même si l’approche écologique exige que le comportement soit observé sur le terrain, le reste de la technique classique demeure souvent identique. Même en adoptant une telle démarche, on peut émettre des hypothèses a priori, définir des catégories opérationnelles d’observation, élaborer des méthodes objectives de collecte de données et recourir à des analyses statistiques appropriées.
1.2.2 /La perspective phénoménologique
Les sciences sociales, du moins dans le contexte nord-américain, s’inspirent encore abondamment, comme on vient de le voir, d’un modèle emprunté aux sciences naturelles, notamment en ce qui a trait à la question de l’objectivité. Cette façon de privilégier un seul paradigme a fait que la phénoménologie, dont il faut retracer les origines en Europe, a été largement négligée par les chercheurs en éducation tant aux États-Unis que dans de nombreux autres pays. Sans doute peut-on voir dans cet état de choses un besoin pour les chercheurs en sciences humaines de se rapprocher du modèle expérimental classique afin de s’assurer d’une plus grande crédibilité*, étant entendu que les sciences pures ou exactes ont pris beaucoup de temps pour remettre en cause certains diktats de l’«expérimentalisme» du XIXe siècle.
Les tenants du courant phénoménologique suggèrent une vision différente de la question de l’objectivité et des méthodes de travail destinées à l’étude du comportement humain. Ils affirment que l’intervenant ou le chercheur dans le domaine des sciences sociales ne peut pas comprendre le comportement humain sans une saisie du cadre de référence selon lequel les sujets interprètent leurs pensées, leurs sentiments et leurs actions. Ils déplorent le fait que l’approche de la science naturelle en ce qui concerne la recherche absolue de l’objectivité exige que le chercheur impose des limites a priori sur les données qu’il s’apprête à recueillir. Cette façon d’agir rend difficile, selon eux, la découverte des perspectives des sujets eux-mêmes.
Établie par Husserl (1859-1938), la phénoménologie, rappelons-le, veut saisir la logique des phénomènes subjectifs. Elle résulte de la convergence de deux courants: du courant existentialiste illustré notamment par Brentano (1838-1917), Heidegger (1889-1976) et Sartre (1905-1980) et du courant désigné souvent sous l’appellation d’«antiobjectivisme*», dont Gaston Bachelard et Merleau-Ponty ont défendu les thèses. Elle poursuit, selon Bullington et Karlson dans Tesch (1988, p. 1), «l’investigation systématique de la subjectivité, en d’autres termes des contenus de la conscience». Une telle approche, on le voit, met l’accent sur les données expérientielles*. De leur côté, Pourtois et Desmet (1997) insistent sur la nécessité de prendre en considération le sens que les individus attribuent à tel ou tel phénomène, compte tenu de leur «projet du monde». Nous ajouterions que cette compréhension s’appuie sur l’image que ces individus se font des personnes et des objets qui les entourent.
La phénoménologie représente un effort pour prendre les choses telles qu’elles se présentent à la conscience, comme le souligne Giorgi (1985, 1997). Elle décrit le psychisme humain comme étant d’emblée «en rapport au monde expérientiel*». Il convient, pour reprendre l’expression bien connue de Husserl, «de retourner aux choses mêmes telles qu’elles se manifestent à la conscience de la personne» (1997, p. 342). Ce courant philosophique2, dont s’inspire largement la recherche qualitative, connaît actuellement un regain d’intérêt: il représente une réaction parfois exacerbée, selon certains, au courant matérialiste et positiviste dans les sciences psychosociales. Faut-il rappeler que la phénoménologie s’intéresse à la lo...
Table des matières
- Couverture
- Page légale
- Table des matières
- Remerciements
- Avant-propos
- Liste des tableaux
- Introduction
- Chapitre 1 / Les paradigmes de la recherche en sciences humaines: deux traditions épistémologiques
- Chapitre 2 / L’entretien de recherche: définitions, typologies, buts et fonctions
- Chapitre 3 / La communication: élément de base de l’entretien
- Chapitre 4 / Les personnes interrogées et les dimensions éthiques
- Chapitre 5 / La conduite de l’entretien individuel
- Chapitre 6 / La collecte, l’organisation et l’analyse des données
- Chapitre 7 / Les conditions de scientificité de l’entretien de recherche
- Chapitre 8 / La rédaction du rapport de recherche
- Annexe / Indications générales pour l’élaboration d’un guide d’entretien de recherche
- Bibliographie générale
- Glossaire
- Quatrième de couverture